Décolonisation de l'Amérique — Wikipédia
La décolonisation des Amériques est le processus d'accession à l'indépendance des pays du continent américain.
Contexte
[modifier | modifier le code]Affaiblissement des pouvoirs coloniaux
[modifier | modifier le code]L'Europe est sans cesse en guerre à partir de la fin du dix-huitième siècle, entre autres en raison des guerres napoléoniennes[1].
Les armées européennes sont renforcées en Amérique latine, notamment celle d'Espagne, et des milices sont créées au sein des populations autochtones. Les Espagnols doivent faire des concessions pour renforcer leurs défenses : à Chiloé, les autorités espagnoles promettent aux autochtones qu'ils seront libérés de l'encomienda s'ils défendent le fort d'Ancud. Les organisations locales étant de plus en plus libres et efficaces, elles peuvent désormais remettre en cause la domination militaire coloniale[2].
En mai 1808, Napoléon fait installer son frère Joseph Bonaparte sur le trône espagnol. Cette action brise les liens de l'Espagne avec certaines colonies restées fidèles à la maison de Bourbon. Les élites créoles de certaines colonies espagnoles créent des juntes et se déclarent indépendantes temporairement, pendant l'absence de Ferdinand VII. Quand il reprend la couronne espagnole en 1814, sa politique de reprise du pouvoir absolu déçoit cependant les juntes, qui constatent l'ampleur de la violence exercée par les forces royalistes et la dureté du règne de Ferdinand[1].
Esclavage
[modifier | modifier le code]Le , à Bois-Caïman, dans la Plaine-du-Nord de Haïti, de nombreux esclaves décident de se révolter, sous l'autorité de Dutty Boukman, assisté de Jean-François et Georges Biassou. En quelques jours, toutes les plantations du Nord sont en flammes, et un millier de blancs massacrés[3],[4]. Dès le début de la révolution, les participants au grand soulèvement des esclaves, qui commence en 1791 à Saint-Domingue, proclament leur loyauté au roi et à la religion[5].
En 1795 au Venezuela, José Leonardo Chirino (es) et José Caridad González (es) démarrent une révolte violente inspirée de la révolution haïtienne[6].
Chronologie
[modifier | modifier le code]Indépendance des États-Unis
[modifier | modifier le code]Afin d'amortir le coût de la guerre de Sept Ans (1756-1763), la Grande-Bretagne impose des taxes à ses treize colonies d’Amérique du Nord sans les consulter[7]. Les colons américains protestent auprès du roi George III et du Parlement du Royaume-Uni, puis lancent une révolte[8] que la métropole tente d'étouffer en envoyant des troupes armées[9].
Le , les représentants des colonies réunis à Philadelphie adoptent la Déclaration d'indépendance[10], et, après une série de revers de l’armée continentale commandée par George Washington, la guerre contre la Grande-Bretagne tourna à l’avantage des Américains. En 1783, Londres reconnaît l’indépendance des États-Unis[11]. Les États-Unis deviennent ainsi la première nation indépendante d'Amérique et le premier pays à s'émanciper du pouvoir colonial européen[12].
Le nouveau pays se dote d’une Constitution (1787) qui s’inspire de la philosophie des Lumières[13],. George Washington est élu président en 1789 mais les premières années du nouveau pays furent marquées par des oppositions politiques et des tensions sociales[14].
Révolution haïtienne
[modifier | modifier le code]À la suite de la Révolution française, les idéaux de liberté se sont diffusés jusqu'à Haïti, où une révolte d'esclaves débuta en 1791.
Le , Dessalines déclare l'indépendance d'Haïti qui devient la deuxième nation indépendante des Amériques. Haïti est le seul pays des Amériques pour lequel une révolte d'esclaves a directement mené à l'indépendance.
Canada
[modifier | modifier le code]Guerres d'indépendance hispano-américaines
[modifier | modifier le code]La première partie de la décennie 1820 voit la dislocation de l'empire espagnol, par la création d'une série de républiques indépendantes en Amérique latine.
La domination économique de la métropole mécontente les élites créoles (blancs nés dans les colonies). À l'instar de Simón Bolívar, elles s'inspirent de la Révolution française, et profitent de l'occupation de l'Espagne par Napoléon Ier en 1808 pour proclamer l'indépendance des pays d'Amérique latine, malgré la répression espagnole et plusieurs affrontements militaires entre 1811 et 1825. Il proclame l'indépendance de la Vice-royauté de Nouvelle-Grenade qui devient la République de (Grande) Colombie. Tandis que la Vice-royauté du Río de la Plata, sous l'impulsion de José de San Martín, devient la République argentine. La Nouvelle-Espagne devient à son tour indépendante en 1821 sous le nom de Mexique.
Les interventions militaires des États-Unis contre l'Espagne entre 1898 et 1901 à Cuba et aux Philippines se soldent par la mainmise du pays sur ces deux territoires, considérant le continent américain comme une chasse gardée. C'est à cette occasion qu'est annexée, à perpétuité, la baie de Guantánamo.
Brésil
[modifier | modifier le code]En 1808, le roi du Portugal Jean VI doit fuir Lisbonne pour Rio de Janeiro devant les troupes napoléoniennes qui envahissent son pays. Rio devient alors capitale de l’empire colonial portugais.
C’est alors que le pays perdit son statut colonial et put commercer avec tous les pays (Carta Regia), l’interdiction de créer des manufactures fut levée et la première université fondée. L’Angleterre assura la protection du Brésil en échange d'intéressants contrats commerciaux. Même après le départ des troupes napoléoniennes du Portugal, la cour resta à Rio.
Après un soulèvement le , des élections désignèrent des Cortes constituants. Une régence de 5 personnes gouverna jusqu'au quand Jean VI prit ses fonctions de roi constitutionnel au Portugal après avoir quitté le Brésil le . Le fils de Jean VI, Pierre I (Pierre Ier du Brésil - Pierre IV de Portugal) resté au Brésil comme régent, refusa de se rendre au Portugal et proclama l’indépendance du Brésil le à São Paulo. Ceci rentra à la postérité comme le cri d’Ipiranga.
Décolonisations au XXe siècle
[modifier | modifier le code]Sur le plan international, le , l’Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU) devenue une tribune pour les pays récemment indépendants, proclame le droit des territoires non-autonomes et sous tutelle à disposer d’eux-mêmes[15].
Les pays concernés sont essentiellement des îles des Caraïbes, ainsi que le Guyana et le Suriname.
- Jamaïque : du Royaume-Uni, en 1962
- Trinité-et-Tobago : du Royaume-Uni, en 1962
- Guyana : du Royaume-Uni, en 1966
- Barbade : du Royaume-Uni, en 1966
- Bahamas : autonomie en 1964, puis indépendance complète du Royaume-Uni, en 1973
- Grenade : du Royaume-Uni, en 1974
- Suriname : des Pays-Bas, en 1975
- Dominique : du Royaume-Uni, en 1978
- Sainte-Lucie : du Royaume-Uni, en 1979
- Saint-Vincent-et-les-Grenadines : du Royaume-Uni, en 1979
- Antigua-et-Barbuda : du Royaume-Uni, en 1981
- Belize (précédemment Honduras britannique) : du Royaume-Uni, en 1981
- Saint-Christophe-et-Niévès : du Royaume-Uni, en 1983
Bilan de la colonisation
[modifier | modifier le code]Racisme et esclavage
[modifier | modifier le code]Malgré l'indépendance, le sort des Amérindiens encore majoritaires dans la plupart de ces pays n'évolue pas beaucoup. L'esclavage est aboli dans certains pays libérés (Chili dès 1811, Argentine en 1813, Venezuela en 1816, Bolivie en 1826) mais parfois sous condition d'un enrôlement des hommes dans l'armée[16].
Territoires considérés comme des colonies par l'ONU
[modifier | modifier le code]Représentations culturelles de la décolonisation des Amériques
[modifier | modifier le code]- Kathleen J. Renk, University of Virginia Press, Caribbean shadows & Victorian ghosts (œuvre académique), Charlottesville, .
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Decolonization of the Americas » (voir la liste des auteurs).
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Décolonisation » (voir la liste des auteurs).
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Révolution américaine » (voir la liste des auteurs).
- Chambers, Sarah C., and John Charles Chasteen. Latin American Independence: An Anthology of Sources. Indianapolis: Hackett Pub., 2010.
- (es) Juan Luis Ossa Santa Cruz, « La criollización de un ejército periférico, Chile, 1768 to 1810 », Historia, vol. 42, no II, , p. 413–448 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- Jean-Michel Caroit, « L'indépendance de la première république noire, une page d'histoire longtemps mésestimée », Le Monde, (lire en ligne)
- Robert Cornevin, Haïti, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 2e éd., « L'insurrection des esclaves du Nord », p. 30-32
- Jeremy D. Popkin, « Colonies françaises », dans Jean-Clément Martin (dir.), Dictionnaire de la Contre-Révolution, Perrin, 2011, p. 185.
- (es) Aizpurua, « La insurrección de los negros de la Serranía de Coro de 1795: una revisión necesaria », (ISSN 0254-7325, consulté le ), p. 705–723
- (Wood 2002, p. 17-18).
- (en) Thomas Kindig, « Proclamation of 1763 », Independence Hall Association, 1999-2007 (consulté le ).
- Élise Marienstras et Naomi Wulf, Révoltes et révolutions en Amérique, Atlande, coll. « Clefs concours », (ISBN 978-2-35030-015-3), p. 60
- B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p.192.
- B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p. 267.
- (en) « Colonialism facts and information », sur Culture, (consulté le )
- B. Cottret, La Révolution américaine..., 2003, p. 307.
- É. Marienstras, N. Wulf, Révoltes et révolutions ..., 2005, p. 128.
- « La décolonisation, un combat pour l’indépendance », sur cahiersdhistoire.net (consulté le ).
- Struggle against slavery.
- « Territoires non autonomes | Les Nations Unies et la décolonisation », sur www.un.org (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles liés
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- The Newer Caribbean : decolonization, democracy, and development (œuvre écrite), Philadelphie, .