Don des vaisseaux — Wikipédia

Gravure allégorique de 1762 présentant à Louis XV le don des vaisseaux. La liste des vaisseaux présentée sous l'image est incomplète à cette époque et avec des erreurs sur l'armement des navires.
Le Bretagne, trois-ponts issu du « don des vaisseaux », incarne avec les autres unités construites la volonté de revanche des Français après les défaites de la guerre de Sept Ans.

Le don des vaisseaux correspond aux souscriptions des provinces, des villes, des corps constitués ou des individus données à l'État français pour construire des navires de guerre. Ces dons se renouvelèrent à plusieurs reprises, d'abord en 1761-1766 sous Louis XV, puis en 1782-1790 sous Louis XVI et enfin sous la Révolution et l'Empire.

Le contexte du premier don

[modifier | modifier le code]

À la fin de la guerre de Sept Ans, le secrétaire d'État à la Marine Choiseul fait appel à la générosité des habitants du royaume pour financer la construction de vaisseaux : la flotte française a perdu nombre de ses unités (six vaisseaux à Louisbourg, cinq à Lagos, trois aux Cardinaux et quinze autres de façon isolée) et surtout l'État est très largement endetté[1].

Les fortes sommes offertes permettent la construction de dix-huit vaisseaux.

Appel aux dons

[modifier | modifier le code]

Tout commence avec la demande en 1761 du duc de Choiseul (alors secrétaire d'État à la Marine) à son ami le comte de la Roche-Aymon (alors archevêque de Narbonne et président des États de Languedoc) de proposer aux délégués du Languedoc « d'offrir à Sa Majesté un vaisseau de ligne de 74 pièces de canon et de donner par cette démarche au reste de la France (...) le signal de ce que peuvent et doivent faire les sujets véritablement dignes du meilleur des maîtres (...). Il n'est point de bon Français qui ne se sente animé du désir de tout sacrifier pour concourir aux efforts du roi et du ministre sage et éclairé pour restaurer la marine française »[2].

Cet exemple est suivi dès l'année suivante par les États d'autres provinces (Bretagne, Bourgogne, Artois, Flandres...), des villes (Paris, Bordeaux, Montpellier, Marseille, etc.), des institutions (les Postes, les marchands de Paris, les fermiers généraux, les chambres de commerce...) et de simples particuliers. L'émulation, le patriotisme et la fierté font que chaque donateur veut que son vaisseau soit plus grand que celui des autres ; le financement se fait par des emprunts et par des dons.

« Non seulement les provinces donnèrent, dans cette occasion, des marques distinguées d'un zèle rare, mais M. de Choiseul m'a dit qu'il recevait journellement des lettres de particuliers qui lui offraient de l'argent. Il en eut une entre autres d'un simple gentilhomme de Champagne du nom duquel malheureusement il ne s'est pas souvenu, et qui lui mandait que n'étant pas riche et ayant des enfants, il n'était pas trop en état de donner ; que cependant, comme ils étaient en bas âge, il pouvait se passer de mille écus qu'il avait amassés et qu'il les lui envoyait pour être employés au service du roi. M. de Choiseul lui répondit que sa Majesté, après les avoir acceptés, les lui restituait pour qu'ils aidassent à l'éducation de ses enfants, qui ne pouvaient manquer, avec un tel père, de lui rendre de grands services. »

— Pierre de Besenval[3].

Vaisseaux financés

[modifier | modifier le code]
Le Marseillois est un des vaisseaux offerts. Maquette du musée de la Marine de Marseille.

Sur les trente vaisseaux lancés dans la décennie 1760-1769, dix-sept sont financés par les dons (un total de 13 millions de livres), notamment les deux seuls trois-ponts français (la Ville de Paris et la Bretagne) employés au début de la Guerre d'Amérique :

Un nom cache souvent plusieurs commanditaires, comme le Bordelais qui bénéficie des contributions volontaires de presque toutes les localités de la province (l'intendant de Bordeaux Boutin et le ministre Choiseul y veillèrent) : Bazas, Sainte-Livrade, Bergerac, Sainte-Foy, Agen, Libourne, Blaye, Marmande, Thiviers, Monflanquin, Langon, Cadillac, Libourne, Sainte-Bazeille, La Réole, Agen, Penne, Casteljaloux, Rions, Condom, Villeneuve, Périgueux, Damazan, Puymirol, Bordeaux, Villeton, Castelmoron d'Albret, Issigeac, etc.[4]

Deuxième et troisième dons des vaisseaux

[modifier | modifier le code]

L'appel aux dons pour renouveler la flotte est lancé de nouveau en 1782-1790, sous Louis XVI, après la défaite des Saintes lors de la Guerre d'Amérique) :

L'opération d'appel aux dons est renouvelée en 1793-1794 sous la Convention, puis sous l'Empire :

  • le Commerce-de-Paris en 1806 (110 canons).

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Meyer et Acerra 1994, p. 115.
  2. Discours de l'archevêque devant les États, 26 novembre 1761, Archives départementales de l'Hérault, C 7530, folii 160 & 161.
  3. Pierre de Besenval, Mémoires du Baron de Besenval sur la cour de France, 1805, p. 124.
  4. Correspondance de Boutin, intendant de Bordeaux, avec les subdélégués, concernant les dons et contributions volontaires pour la construction d'un vaisseau offert au Roi par les villes et communautés, 1762-1763. « Correspondance de l'intendant de Bordeaux (archives départementales de la Gironde, C 1665, C 1666, C 1667) », sur archives.gironde.fr.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Articles connexes

[modifier | modifier le code]