Drehu — Wikipédia
Drehu Qene drehu | ||
Interview en drehu et français lors des États généraux du multilinguisme dans les outre-mer (décembre 2011). | ||
Pays | Nouvelle-Calédonie (France) | |
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Région | Lifou | |
Nombre de locuteurs | 15 949 (2014) | |
Classification par famille | ||
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Statut officiel | ||
Régi par | Académie des langues kanak | |
Codes de langue | ||
IETF | dhv | |
ISO 639-3 | dhv | |
Étendue | langue individuelle | |
Type | langue vivante | |
WALS | dre | |
Glottolog | dehu1237 | |
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Le drehu (autonyme : qene drehu, /de.hu/), anciennement appelé dehu ou lifou, est une langue austronésienne du groupe des langues kanak parlée principalement sur l'île de Lifou, dans l'archipel des îles Loyauté, en Nouvelle-Calédonie.
C'est la langue kanak qui comporte le plus de locuteurs. En 2014, ils sont 15 949[1],[2], à Lifou mais également dans le Grand Nouméa, où le drehu est la principale langue kanak avec environ 9 300 locuteurs[réf. souhaitée]. Elle a aujourd'hui le statut de langue régionale faisant partie des cinq langues kanak sur vingt-huit autorisées en option au baccalauréat, sur place ou en France métropolitaine.
La langue drehu est également enseignée depuis 1973 à l'Institut national des langues et civilisations orientales[3] (INALCO), à Paris, et depuis 2000 à l'université de la Nouvelle-Calédonie[4], à Nouméa.
L'Académie régionale drehu de l'Académie des langues kanak est inaugurée le [5]. En 2009, Léonard Drilë Sam publie un ouvrage intitulé Propositions d'écriture de la langue drehu afin de normaliser l'orthographe de la langue[5]. Langue de tradition orale, elle a été pour la première fois transcrite au milieu du XIXe siècle par les missionnaires britanniques et polynésiens de la London Missionary Society. Depuis, plusieurs normes orthographiques étaient en usage[5].
Un certain registre de la langue drehu appelé qene miny, aussi considérée comme une langue à part entière, était autrefois utilisé pour s'adresser aux chefs.
Phonologie
[modifier | modifier le code]Le drehu comporte 46 phonèmes : 14 voyelles, dont 7 courtes et 7 longues, et 32 consonnes.
Voyelles
[modifier | modifier le code]Tableau des phonèmes vocaliques du drehu selon l'Académie des langues kanak[6].
Antérieure | Postérieure | |
---|---|---|
Fermée | i iː | u uː |
Moyenne | e eː | o oː |
Mi-ouverte | ɛ ɛː | ʌ ʌː |
Ouverte | ɑ ɑː |
Les sept voyelles du drehu peuvent être courtes ou longues. L'allongement de la voyelle a valeur phonémique.
Consonnes
[modifier | modifier le code]Tableau des phonèmes consonantiques du drehu selon l'Académie des langues kanak[6].
Bilabiale | Labio- dentale | Dentale | Alvéolaire | Palato- alvéolaire | Alvéo- palatale | Palatale | Vélaire | Glottale | |
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Occlusive et affriquée | p (b) | t̪ d̪ | t d | t͡ʃ (d͡ʒ) | c ɟ | k g | |||
Nasale | m̥ m | n̥ n | ɲ̊ ɲ | ŋ̊ ŋ | |||||
Fricative | f (v) | θ ð | s z | ʃ | x | h | |||
Latérale | l̥ l | ||||||||
Semi-voyelle | w̥ w | ||||||||
Roulée | r |
Presque toutes les consonnes du drehu ont une version sourde et une version voisée, à part /ʃ/, /h/, /r/ et /x/.
Écriture
[modifier | modifier le code]Le drehu s'écrit à l'aide de l'alphabet latin. Depuis 2009, un système d'écriture normalisé existe, proposé par Léonard Drilë Sam de l'Académie des langues kanak[5]. L'alphabet drehu comporte vingt-cinq lettres de base notant chacune un phonème. Les phonèmes restant sont notés par des digrammes, des trigrammes ou un tréma sur les lettres ‹ ë › et ‹ ö ›. Les voyelles longues sont marquées par une double voyelle écrite : ‹ aa › pour la voyelle longue /ɑː/ en opposition à ‹ a › pour la voyelle courte /ɑ/.
Les lettres de bases reprennent l'alphabet latin à sauf la lettre y : a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, z. La lettre ‹ y › est utilisée seulement dans le digramme ‹ ny › et le trigramme ‹ hny ›.
Correspondance graphème/phonème selon l'ordre alphabétique | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Graphème | a | aa | b | c | d | dj | dr | e | ee | ë | ëë | f | g | h | hl | hm | hn | hng | hny | i | ii | j | k | |||||||||||||||||||||||
Phonème | /ɑ/ | /ɑː/ | /b/ | /c/ | /d̪/ | /ɟ/ | /d/ | /e/ | /eː/ | /ɛ/ | /ɛː/ | /f/ | /g/ | /h/ | /l̥/ | /m̥/ | /n̥/ | /ŋ̊/ | /ɲ̊/ | /i/ | /iː/ | /ð/ | /k/ | |||||||||||||||||||||||
Graphème | l | m | n | ng | ny | o | oo | ö | öö | p | q | r | s | sh | t | th | tr | u | uu | v | w | x | z | |||||||||||||||||||||||
Phonème | /l/ | /m/ | /n/ | /ŋ/ | /ɲ/ | /o/ | /oː/ | /ʌ/ | /ʌː/ | /p/ | /w̥/ | /r/ | /s/ | /ʃ/ | /t/ | /θ/ | /t/ | /u/ | /uː/ | /v/ | /w/ | /x/ | /z/ |
Grammaire
[modifier | modifier le code]Comme la plupart des langues océaniennes, le drehu a trois nombres grammaticaux : le singulier, le duel et le pluriel. Il fait également la distinction entre le nous inclusif et le nous exclusif.
Pronoms personnels
[modifier | modifier le code]Singulier
- Eni/ni : je, moi
- Eö/ö : tu, toi
- Nyipë/nyipëti : vous de politesse, lorsque l'on s'adresse à un aîné ou à un chef (joxu)
- Nyipo/nyipot(i) : vous de politesse quand on s'adresse à une aînée
- Angeic(e) : il, elle
- Nyidrë/nyidrët(i) : il, lorsque l'on évoque un aîné
- Nyidro/nyidrot(i) : elle, lorsque l'on évoque une aînée
- Xapo : il, elle (quand la personne est absente)
- Ej(e) : il, elle (pour une chose, un animal)
Duel
- Eaho/ho : nous deux (interlocuteur exclus, moi et lui)
- Easho/sho (easo/so) : nous deux (interlocuteur inclus, toi et moi)
- Epon(i)/pon(i) : vous deux
- Eahlo : ils, elles deux
- Lue ej(e) : ils, elles, eux deux (pour deux choses, deux animaux)
Pluriel
- Eahun(i)/hun(i) : nous (interlocuteur exclus, eux et moi)
- Eashë/shë, easë/së : nous tous (interlocuteur inclus)
- Epun(i)/pun(i) : vous tous
- Angaatr(e) : ils, elles, eux
- Itre ej(e) : ils, elles, eux (pour les choses, les animaux)
Marqueurs aspectuels
[modifier | modifier le code]- A exprime que l'action est en train de s'accomplir ou un état présent.
- Eni a papaathe la wahnawa : Je suis en train de râper la banane.
- Nyipë a tro ië ? : Où vas-tu ?
- Angeic a madrin : Il/elle est content(e).
- Kola exprime l'idée d'un constat présent.
- Kola mani : Il pleut.
- Kola hnötr : Il fait froid.
- Kola meköl la nekönatr : L'enfant dort.
- kola qaja : on dit… il se dit...
- Ka : exprime un état permanent, durable ou un résultat
- foë ka mingömingö : une jolie fille
- Hna exprime l'accompli.
- Hna mani : Il a plu.
- Hnenge hna si e kuhu hnagejë : Je me suis baigné (en bas) à la mer.
- Hnei nyidrë hna qaja ka hape… : Il a dit que…
- Ha : exprime l'accomplissement d'un acte ou d'un phénomène attendu
- Angeic ha xulu : il est enfin arrivé.
- Kola ha hetre iön : l’arbre à pain a donné des fruits
- Kolo exprime l'idée d'un constat passé.
- Kolo sineng : C'était mon ami (il ne l'est plus).
- Tha kolo kö a mani : Il ne pleut plus.
- Ase hë exprime que l'action est définitivement terminée.
- Ase hë ni xeni la koko : J'ai terminé de manger l'igname.
- Ase hë la ini : Le cours est terminé.
- troa/ tro… a exprime une action non encore accomplie (futur), mais aussi le devoir, "il faut"
- Troa mani : il pleuvra.
- Tro ni a xen : Je vais manger.
- Tro ni a tro e kohië la macatre ka troa xulu : J'irai là-bas (dans la direction de l'est, sous entendu en Europe), l'année prochaine.
- Tro epuni a ujëne la hna cinhyihane celë : Vous devez traduire ce texte.
- Troa huliwa : il faut travailler.
- Tha… kö : exprime la négation
- Tha 'tre kö ni : je ne sais pas
- The… kö : indique l'interdiction
- The ewekë kö ! : Ne parle pas, tais-toi !
- Jë : exprime l'injonction, l'ordre.
- xeni jë ! : mange !
Références
[modifier | modifier le code]- Julie Dupré, « Les aires coutumières et les langues kanak de Nouvelle-Calédonie », sur archive.org (consulté le ).
- Bonvallot.
- « Drehu (Lifou) », sur inalco.fr, Institut national des langues et civilisations orientales (consulté le ).
- « Guide de la formation – Licence Langues, littératures, civilisations étrangères et régionales : langues et cultures océaniennes » [PDF], sur unc.nc, Université de la Nouvelle-Calédonie (consulté le ).
- « Propositions d'écriture de la langue drehu », sur alk.nc, Académie des langues kanak (consulté le ).
- ALK.
Annexe
[modifier | modifier le code]Sources
[modifier | modifier le code]- « Drehu », sur alk.nc, Académie des langues kanak (consulté le ).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jacques Bonvallot, Jean-Christophe Gay et Élisabeth Habert, Atlas de la Nouvelle-Calédonie, Marseille, Nouméa, Institut de recherche pour le développement, Congrès de la Nouvelle-Calédonie, , 270 p. (ISBN 978-2709917407).
- Claire Moyse-Faurie, Le Drehu : langue de Lifou, îles Loyauté : phonologie, morphologie, syntaxe, Paris, Société d'études linguistiques et anthropologiques de France, , 212 p. (ISBN 2-85297-142-9, EAN 9782852971424, OCLC 11523449, BNF 34753049).
- Maurice Lenormand, Dictionnaire drehu-français : la langue de Lifou, Iles Loyalty, Nouméa, Le Rocher-à-la-Voile, , 534 p. (BNF 37112763).
- (en) Sidney H. Ray, « The People and Language of Lifu, Loyalty Islands », The Journal of the Royal Anthropological Institute of Great Britain and Ireland, vol. 47, , p. 239-322 (ISSN 0307-3114, e-ISSN 2397-2556, DOI 10.2307/2843343, JSTOR 2843343).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- (en) Fiche langue du drehu
[dhv]
dans la base de données linguistique Ethnologue. - (en) Fiche langue du drehu
[dehu1237]
dans la base de données linguistique Glottolog. - (en) Sources d'information sur le drehu sur le site de l'OLAC.