Faits et Documents — Wikipédia

Faits et Documents
Image illustrative de l’article Faits et Documents

Pays France
Langue Français
Périodicité Mensuel
Genre Antimaçonnisme, antisémitisme
Prix au numéro
Date de fondation
Ville d’édition Paris

Directeur de publication Xavier Poussard
ISSN 1268-5690
Site web faitsetdocuments.com

Faits et Documents est une lettre confidentielle mensuelle française éditée par la société Édition et Documentation Parisienne[1].

Le journaliste et éditeur d'extrême droite Emmanuel Ratier fonde cette lettre qui a pour ligne éditoriale essentiellement l'actualité politique et culturelle française et internationale, relayant de nombreuses théories du complot avec un tropisme antisémite d'extrême droite. Elle est reprise par des proches d'Alain Soral suivant la mort d'Emmanuel Ratier.

Fondée le , elle reprend le nom de la maison d'édition fondée par Yann Moncomble et qui vend le titre à Emmanuel Ratier. Le premier sous-titre de Faits et Documents a été « Lettre d'informations confidentielles d'Emmanuel Ratier », puis le second est « Lettre d'informations fondée par Emmanuel Ratier » depuis le décès de son créateur[réf. souhaitée].

Elle obtient la même année l'agrément Publication de presse de la Commission paritaire des publications et des agences de presse (CPPAP). Alors que cet agrément suscite en des interrogations du média StreetPress en raison de la ligne éditoriale de Faits et Documents, la CPPAP confirme avoir donné son agrément et précise : « en l'absence de condamnation pénale du directeur de la publication pour des propos tenus dans ses colonnes, la CPPAP ne peut pas juridiquement, considérer que celle-ci est « antisémite » »[2].

Dans la lignée d'Henry Coston, cette lettre se spécialise dans l'étude de la politique française et des réseaux d'influence. Emmanuel Ratier à travers Faits et Documents, « était généralement considéré comme l'héritier d'Henry Coston, autre nomenclateur d'extrême droite décédé en , lui ouvertement complotiste et antisémite »[3].

En , la revue est le lieu d'échanges entre Robert Faurisson et Bruno Gollnisch[4].

Après la mort accidentelle d'Emmanuel Ratier le , Arnaud Soyez, directeur de la production de TV Libertés, lui succède à la direction de la publication[5].

Fin , Arnaud Soyez cède sa place de directeur de cette feuille d'informations bimensuelles à Xavier Poussard[6],[7].

Au printemps , Faits et Documents est rachetée par plusieurs proches d'Alain Soral : Vincent Moysan, Xavier Poussard et Emmanuelle Keruhel, actionnaire majoritaire. Sophie Ratier, une des trois filles d'Emmanuel Ratier, reste au capital. D'après StreetPress, les hommes d'affaires et anciens membres du Groupe union défense (GUD) Axel Loustau et Frédéric Chatillon ont contribué à ce rachat[8].

Ligne éditoriale

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Faits et Documents est d'extrême droite et se distingue par une ligne éditoriale antisémite[9],[10] et antimaçonnique[11] non avouée[3].

Parmi les proches d'Emmanuel Ratier et de Faits et documents figure ainsi selon Libération l'essayiste antisémite Alain Soral. Selon le chercheur en sciences politiques Aurélien Montagner, « les travaux de Ratier, et en particulier sa revue Faits et Documents, vont connaître un regain de popularité important grâce à Soral et aux capacités de diffusion d’Égalité & Réconciliation », qui a régulièrement la primeur des nouveaux numéros de Faits & Documents[12].

Complotiste[3], la revue accorde ainsi une large place à sa rubrique « Lobbies » principalement consacrée à l'actualité de divers « groupes » ou pans de la société qualifiés de « lobbies » par les éditeurs (franc-maçonnerie, « lobby juif », catholiques progressistes, homosexuels, etc.). Ainsi en , Faits & Documents contribue à propager une fausse information transphobe selon laquelle Brigitte Macron, épouse du Président de la République française, serait une femme transgenre[13],[14]. Selon StreetPress, c'est même Faits & Documents qui est à l'origine de la fausse information[8].

Son niveau documentaire fait débat : le politologue Jean-Yves Camus[15] jugeait Emmanuel Ratier, décédé depuis, « assez prudent avec une réelle capacité professionnelle de journaliste, en dépit d’erreurs mineures »[3]. La revue sert plusieurs fois de source pour des éléments biographiques publiés dans l'ouvrage anti-maçonnique[16],[17] Les Frères invisibles de Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre. Thierry Rouault, auteur d'un livre sur l'anti-maçonnisme, observant dans Les Frères invisibles l'utilisation de Faits et Documents comme source, qualifie la lettre de « source douteuse »[17]. Le chercheur en sciences politiques Aurélien Montagner souligne dans sa thèse en  : « Cette revue prétend révéler des informations confidentielles [..]. Nous avons pu en étudier un certain nombre, sur différentes périodes et avons constaté que la plupart des informations sont en fait des éléments biographiques présentés comme des faits significatifs via des rapprochements hasardeux »[12]. À propos du contenu de la revue, la presse parle de « fake news » (infox)[18],[19], de « désinformation »[20].

D'après StreetPress, si la lettre confidentielle était jugée sérieuse au sein de l'extrême droite du temps où elle était dirigée par Emmanuel Ratier, elle ne jouit plus de la même réputation depuis sa mort[21].

Maison d'édition

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Une maison d'édition du même nom est associée à ce bimensuel et fut également dirigée par Emmanuel Ratier jusqu'à sa mort. Elle s'inscrit « dans la [même] lignée idéologique. [Elle consacre de] nombreux ouvrages à la critique du « mondialisme » ou encore sur l’influence importante supposée de la communauté juive en France »[22]. Dans sa thèse, Audrey Fontana estime que « tous les titres [de la maison d'édition] exposent une conception particulièrement indigente de la théorie du complot »[23].

La maison d'édition édite quelques ouvrages et dictionnaires de Ratier lui-même et de :

  • Dominique Setzepfandt, journaliste et essayiste antimaçonnique[24] ;
  • Henry Coston, journaliste antisémite d'extrême droite ;
  • Patrick Parment, collaborateur de la revue nationaliste et « identitaire » Synthèse nationale.

Notes et références

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  1. « identité de la société Édition et Documentation Parisienne », sur societe.com (consulté le ).
  2. Maxime Macé et Pierre Plottu, « La lettre d’extrême droite Faits & Documents bénéficie d’un agrément de « publication de presse » du ministère de la Culture », sur StreetPress, .
  3. a b c et d Dominique Albertini, « Décès d'Emmanuel Ratier, documentaliste de l'extrême droite », Libération, (consulté le ).
  4. Xavier Vandendriessche et Bruno Villalba, Le Front national au regard du droit, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Sciences politiques », , 173 p. (ISBN 2-85939-696-9), p. 74.
  5. https://www.pressenews.fr/mouvements_etats-majors/2016/03/01/arnaud-soyez-pilote-faits--documents,108132285-BRL.
  6. https://www.pressenews.fr/mouvements_etats-majors/2017/10/31/xavier-poussard-pilote-faits--documents,108278605-brl.
  7. « Xavier POUSSARD - Dirigeant de la société Edition et Documentation Parisienne - Verif.com », sur verif.com (consulté le ).
  8. a et b Mathieu Molard, Pierre Plottu et Maxime Macé, « Derrière la fake news « Brigitte Macron est un homme », l’ombre du clan Le Pen » Accès libre, sur StreetPress, (consulté le ).
  9. Samuel Laurent, « Samuel Goujon, de l'école Centrale aux listes de juifs », Le Monde, (consulté le ).
  10. « Dans l’Indre, un « Institut » à la gloire d’un militant antisémite », sur Haguesher, (consulté le ).
  11. Christophe Forcari, « Quand s'affichent de vieilles connivences trotsko-fachos. Le lambertiste Alexandre Hébert, ancien dirigeant de FO, donne libre cours à son europhobie dans l'hebdo de Le Pen. », Libération, (consulté le ).
  12. a et b Aurélien Montagner (sous la dir. de Patrick Troude-Chastenet), Le nationalisme conspirationniste soralien, une idéologie radicale et marginale de l'extrême droite française contemporaine (thèse de doctorat en science politique, no 2020BORD0255), Université de Bordeaux, (HAL tel-03159032, SUDOC 253946409, présentation en ligne).
  13. Nicolas Schwartz, « Brigitte Macron victime d'une fake news transphobe : la Première dame va porter plainte », Gala, .
  14. Jacques Pezet, « #JeanMichelTrogneux : quelle est l'origine de la fake news transphobe visant Brigitte Macron ? », CheckNews, Libération, .
  15. Jean-Yves Camus dans le Who's Who de l'extrême-droite en France déclare que cette lettre dispose d'un « très bon niveau d'information ».
  16. Gérard Contremoulin, « L'antimaçonnisme s'installe... quelle riposte ? », sur Sous la voute étoilée, (consulté le ).
  17. a et b Thierry Rouault, « "Les frères invisibles" : une enquête ?... au VITRIOL ! », sur Trln.free.fr (consulté le ).
  18. « Transphobie et anti-macronisme: histoire de l’infox très virale visant Brigitte Macron », Charente libre, (consulté le ).
  19. Hasna Kridene, « Brigitte Macron victime d'une improbable fake news sur sa véritable identité : la première dame porte plainte », sur programme.tv, Télé 2 semaines, (consulté le ).
  20. « #JeanMichelTrogneux: une fake news fait passer Brigitte Macron pour une personne transgenre », sur 7sur7, .
  21. Mathieu Molard, Maxime Macé et Pierre Plottu, « Le trésor Ratier, les archives les plus convoitées de l'extrême droite » Accès libre, sur StreetPress, (consulté le ).
  22. Léo Paichard, La diffusion d'une idéologie radicale par un mouvement d'extrême droite : Étude de l'association « Égalité et Réconciliation » (mémoire de master 2), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UFR 11 – Science politique, (présentation en ligne).
  23. Annexe 23 : Liste (non exhaustive) des maisons d’édition proches du F.N., de Audrey Fontana (sous la dir. de Bernard Lamizet), Élaboration d'une théorie des représentations culturelles des identités politiques : l'exemple de la politique culturelle du Front national de à (thèse de doctorat en sciences de l'information et de la communication, no 2009LYO20003), Université Lumière-Lyon-II, Équipe de recherche de Lyon en sciences de l'information et de la communication (ELICO), (HAL tel-01540256, SUDOC 160306981, présentation en ligne).
  24. Éric Biétry-Rivierre, « Les mystères de Paris », Le Figaro, .

Bibliographie

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  • « Une lettre cousue de fil brun », dans Mégret, facho devant : la montée du petit brun qui veut la peau du gros blond, Paris, Le Canard enchaîné, coll. « Les Dossiers du Canard » (no 69), , 82 p. (BNF 37174821), p. 31.

Liens externes

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