Fontaine Saint-Michel de Paris — Wikipédia

Fontaine Saint-Michel
Présentation
Type
fontaine monumentale
Style
Architecte
Construction
Hauteur
15 × 26 m
Propriétaire
ville de Paris
Patrimonialité
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
Carte

La fontaine Saint-Michel, ou anciennement fontaine de Sébastopol, est une fontaine conçue par Gabriel Davioud et inaugurée en sur la place Saint-Michel dans le 6e arrondissement de Paris.

Elle a la particularité d'occuper à elle seule tout un mur pignon.

Situation et accès

[modifier | modifier le code]

La fontaine Saint-Michel est située sur la place Saint-Michel à Paris, dans le 6e arrondissement.

Elle occupe le mur pignon au croisement, d'une part, du boulevard Saint-Michel, et d'autre part, de la place Saint-André-des-Arts et de la rue Danton.

Elle est orientée vers le Nord et vers la rive gauche de la Seine qui borde la place. Elle prend place au débouché du pont Saint-Michel, dans un axe qui se prolonge vers le Nord, sur l'île de la Cité, par le boulevard du Palais puis le pont au Change et continue, sur la rive droite, avec la place du Châtelet et le boulevard de Sébastopol.

Lors de la construction de la fontaine, le boulevard de Sébastopol se prolongeait vers le Sud et englobait tout cet axe, y compris l'actuel boulevard Saint-Michel, alors appelé « boulevard de Sébastopol (rive gauche) », jusqu'au carrefour de l'Observatoire (croisement avec l'avenue de l'Observatoire). La fontaine se trouvait donc sur le boulevard de Sébastopol, et était aussi appelée « fontaine de Sébastopol ».

Ce site est desservi par le métro de Paris à la station Saint-Michel et par le RER à la gare de Saint-Michel - Notre-Dame.

Place et fontaine de Sébastopol : Vue perspective, projet de Davioud en avec la statue de Napoléon Ier.
Gravure représentant l'inauguration de la fontaine le .
La fontaine Saint-Michel photographiée à la fin du XIXe siècle par Neurdein.
La fontaine Saint-Michel photographiée à la fin du XIXe siècle par Neurdein.

La fontaine Saint-Michel fait partie du plan d'aération de la ville prévu par Haussmann sous Napoléon III.

Le percement du boulevard Saint-Michel dans l'axe de la Sainte-Chapelle entraînait la création d'une place au débouché du pont Saint-Michel. Haussmann a donc ordonné la mise en place de cette fontaine afin de combler l'angle entre le boulevard Saint-Michel et la place Saint-André-des-Arts et donner un débouché visuel à la perspective du boulevard du Palais[2].

La première idée a été d'ériger une énorme statue de Napoléon Ier mais elle fut abandonnée, et devant l'insistance de la commission municipale — qui voulait rappeler le souvenir de la chapelle Saint-Michel en la Cité, démolie en  —, ce fut finalement la lutte du Bien contre le Mal qui fut retenue comme programme : l'archange Michel terrassant le Diable dans un arc de triomphe entouré de chimères (ou dragons) ailées[2].

L'emplacement de la fontaine Saint-Michel était ingrat[2] : en contrebas du pont Saint-Michel, contre un pignon très haut et mal éclairé, orienté plein nord.

La fontaine a été conçue par l'architecte Gabriel Davioud, aidé de Flament et Simonet, inspecteurs des travaux[3]. Les travaux de fontainerie ont été exécutés par Halo sous la direction de l'ingénieur Belgrand[4]. La statue de Saint-Michel a été fondue par la fonderie d'art Thiébaut Frères[5],[6],[7],[8].

Cette fontaine, dont le chantier a commencé en , fut inaugurée le [9]. Elle fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le [1].

Description

[modifier | modifier le code]

Généralités

[modifier | modifier le code]

Le monument s'inspire de la partie centrale de la fontaine dell'Acqua Felice, à Rome[10].

La fontaine Saint-Michel est composée, à la manière d'un arc de triomphe antique, d'une travée rythmique marquée par des colonnes corinthiennes, amortie par quatre statues de bronze représentant les vertus cardinales. Elle est haute de 26 mètres et large de 15 mètres. La composition avec une niche centrale encadrée de quatre colonnes et d'un fronton est une référence à la fontaine Médicis du jardin du Luxembourg.

Elle se différencie des autres fontaines parisiennes par sa polychromie : en marbre rouge du Languedoc (colonnes), marbre vert de mer[11] (table originale sur le fronton), pierre bleue de Soignies (rocher soutenant la statue de saint Michel), calcaire jaune de Saint-Ylie[12]. Cette polychromie a pour but d'équilibrer le manque d'éclairement[2].

Saint Michel terrassant le démon, statue principale de la fontaine.

Huit sculpteurs ont contribué à la fontaine :

Inscriptions

[modifier | modifier le code]
Table sur le fronton.

Sur la table du fronton :

« FONTAINE SAINT MICHEL
SOUS LE REGNE DE NAPOLÉON III EMPEREUR DES FRANCAIS
CE MONUMENT A ÉTÉ ÉLEVÉ PAR LA VILLE DE PARIS
AN MDCCCLX »

Chimère de droite avec son piédestal.

Sur le piédestal des deux chimères ailées, un texte a été ajouté postérieurement, relatif aux combats entre les FFI et les habitants contre les forces allemandes d'occupation, lors de la Libération de Paris en  :

  • chimère de gauche :

« L'AN MCMXLIV
DU 19 AU 25 AOÛT APRÈS CINQUANTE MOIS
D'OCCUPATION ALLEMANDE LE PEUPLE DE PARIS
À L'APPROCHE DES ARMÉES LIBÉRATRICES
SE SOULEVA CONTRE L'OPPRESSION »

  • chimère de droite :

« À LA MEMOIRE
DES SOLDATS DES FORCES FRANÇAISES
DE L'INTÉRIEUR ET DES HABITANTS DES Ve ET
VIe ARRONDISSEMENTS QUI SUR CES LIEUX
TROUVÈRENT LA MORT EN COMBATTANT »

Réception critique

[modifier | modifier le code]

La critique a été globalement négative[2] à l'inauguration de la fontaine en .

Bien que certains aient tenté de défendre la fontaine en comparant sa polychromie à celle des fontaines italiennes du XVIIIe siècle[13], son style éclectique a été attaqué pour son incohérence ainsi que la trop grande profusion de statues de sculpteurs différents annulant leur talent individuel[14].

L'emplacement de la statue devant un mur a également été critiqué[15] ; on aurait préféré la voir au centre de la place. En fait, la fontaine Saint-Michel est la dernière fontaine-mur construite à Paris dans la tradition renaissante, ouverte par la fontaine Médicis au XVIIe siècle et poursuivie au XVIIIe siècle avec la fontaine des Quatre-Saisons. Les fontaines monumentales postérieures à la fontaine Saint-Michel sont isolées au centre de places ou de squares.

« Dans ce monument exécrable,
On ne voit ni talent ni goût,
Le Diable ne vaut rien du tout ;
Saint Michel ne vaut pas le Diable. »

— quatrain anonyme consacré aux sculptures de la fontaine Saint-Michel[16],[17]

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b « Fontaine Saint-Michel », notice no PA00088520, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. a b c d et e Georges Poisson, Nouvelle Histoire de Paris : Histoire de l'architecture à Paris, Paris, Bibliothèque historique de la ville de Paris, Association pour la publication d'une histoire de Paris, , 765 p. (ISBN 2-85962-019-2), p. 498–499.
  3. Inventaire 1878, p. 122.
  4. Inventaire 1878, p. 123.
  5. « La fontaine Saint-Michel », sur paris1900.lartnouveau.com (consulté le ).
  6. « Glossaire des fondeurs-éditeurs français de sculptures en bronze : Thiébaut frères », sur artcult.fr (version du sur Internet Archive).
  7. « Thiebaut frères », sur hemthieb.free.fr (consulté le ).
  8. « La Fontaine Saint-Michel à Paris », sur thiebautfreres.com (consulté le ).
  9. Jarassé 1982.
  10. Nicolas Jacquet, Curiosités du Paris haussmannien : coutures et secrets de fabrication d'une capitale, Paris, Parigramme, , 191 p. (ISBN 978-2-84096-852-8).
  11. Lance 1860, p. 164.
  12. Béatrice Lamoitier, « Le règne de Davioud », dans Massounie, Prévost-Marcilhacy et Rabreau 1995, p. 184.
  13. François Lacour, « La fontaine de la place Saint-Michel », Le Monde illustré, vol. 2, no 56,‎ , p. 295 (lire en ligne).
  14. Darcel et Blanc 1860, p. 44–45.
  15. Augustin Joseph du Pays, « Fontaine Saint-Michel inaugurée le  », L'Illustration, vol. XXXVI, no 912,‎ , p. 109–110 (lire en ligne).
  16. Roland Villeneuve, Dictionnaire du Diable, Paris, Bordas, , 418 p. (ISBN 2-86311-184-1).
  17. Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, t. 6 : D, Paris, Administration du Grand Dictionnaire universel, , « Duret (Francisque-Joseph) », p. 1435–1436 [lire en ligne].

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Sources anciennes

[modifier | modifier le code]

Sources contemporaines

[modifier | modifier le code]
  • Grégoire Alessandri, « La Place Saint-Michel : Une composition monumentale hiérarchisée du Paris haussmannien », Livraisons d'histoire de l'architecture, no 23,‎ , p. 65–86 (DOI 10.4000/lha.134, lire en ligne).
  • Laurent Baridon, « Sculpter l'indicible : Crises de l'allégorie autour de  », Romantisme, no 152,‎ , p. 87–107 (DOI 10.3917/rom.152.0087, lire en ligne), en particulier « La fontaine Saint-Michel à Paris : Un programme allégorique en  » p. 88–92.
  • Dominique Jarrassé, chap. III « Les fontaines et le décor urbain », dans Gabriel Davioud, architecte : (catalogue de l'exposition à la mairie du 16e arrondissement et à la mairie du 19e arrondissement, ), Paris, Délégation à l'Action artistique de la ville de Paris, , 111 p. (BNF 34686579), p. 43–54, en particulier p. 45–46 pour la fontaine Saint-Michel.
  • Dominique Jarrassé, « La fontaine Saint-Michel : Le classicisme controversé », Archives d'architecture moderne, no 22,‎ , p. 80–87.
  • Marie-Hélène Levadé (photogr. Hughes Marcouyeau), Les Fontaines de Paris : L'eau pour le plaisir, Paris et Bruxelles, Éditions Chapitre Douze, , 592 p. (ISBN 978-2-915345-05-6).
  • Dominique Massounie (dir.), Pauline Prévost-Marcilhacy (dir.) et Daniel Rabreau (dir.), Paris et ses fontaines : De la Renaissance à nos jours, Paris, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 318 p. (ISBN 2-905-118-80-6).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]