Guerre préventive — Wikipédia

Mig 21 égyptien abattu par les forces armées israéliennes durant la guerre des 6 jours

Une guerre préventive est une guerre à l’initiative d’une armée ou d’une coalition, qui est convaincue qu'un conflit futur est inévitable, bien que non imminent. Pour l'attaquant, la guerre préventive vise à prévenir un basculement de l'équilibre des puissances[1] en prenant l'initiative. La guerre préventive n'est pas la guerre préemptive, qui est le fait d'attaquer le premier quand une attaque est imminente[1].

Dû au caractère spéculatif de la guerre préventive et à la très grande subjectivité de l'évaluation de la menace, ce type de guerre est considéré illégal par le droit international[2]. Qualifier une guerre de préventive, préemptive ou d'agression est un débat très complexe et non exempt de parti pris.

Caractéristiques

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La justification de la guerre préventive est typiquement contrefactuelle et se place dans le cadre de la polémologie.

Au lieu d’attendre qu’elle soit imminente, la guerre préventive vise à éliminer la menace avant qu’elle soit formée. La motivation d’une guerre préventive est donc la crainte du déclin de la puissance militaire vis-à-vis de celle de l’adversaire perçue comme ascendante. Elle n’engloberait pas toutes les réactions anticipées, mais celles découlant d’une modification défavorable de l'équilibre des puissances[pas clair]. Ce déclin, s'il s’averait, impliquerait une transformation profonde du statut politique, militaire, économique et parfois même culturel de l'attaquant, si bien que pour l'éviter dans un avenir potentiel, une guerre est inéluctable. En bref, l’attaquant est davantage concerné par la minimisation des pertes dues à son déclin possible que par la maximisation des gains dus à sa position dominante actuelle.

La guerre préventive a, d'un point de vue stratégique, pour objectif de tirer avantage d’une position de supériorité offensive face à son adversaire tout en évitant un risque de vulnérabilité causée par le déclin de sa propre capacité défensive. Les arguments pour une guerre préventive sont non seulement l’amplitude du déclin de puissance, mais également d’autres variables indépendantes comme la probabilité d’une guerre dans l'avenir, l’inévitabilité de l'inversion de domination et l’accroissement des capacités militaires de l’opposant. En frappant préventivement, l’État en déclin pourrait ainsi maintenir à court terme sa position dominante dans le système international. Finalement, la prévention a pour objectif soit de détruire certaines des capacités militaires de l’adversaire afin de les garder, dans l’ensemble, clairement inférieures, soit de briser l’État menaçant afin qu’il ne représente plus une menace.

Sur un strict aspect géopolitique, la notion de guerre préventive se justifie dans le cadre de la théorie des dominos.

La dernière guerre invoquée comme préventive est l'attaque de l'Irak par les États-Unis, c'est du moins la justification qui en a été donnée, car c'est un pilier de la doctrine Bush ; de fait, cela a popularisé l'expression.

Légalité et moralité de la guerre préventive

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L'expression Guerre préventive (preventive war en anglais) contient dans sa formulation même l'idée qu'une guerre d'agression peut être juste, tandis que le pays qui en est la victime, la qualifie évidemment de « guerre d'agression ».

Il y a un consensus qu'une guerre préventive « va au-delà de ce qui est acceptable au regard du droit international »[3] et n'a aucune base légale[4]. Alors que les Nations unies étaient prêtes à rejeter totalement le concept, elles ont affirmé que s'il n'y avait aucun droit pour un État de mener une guerre préventive mais que s'il y avait de bonne raisons d'en mener une, c'était au Conseil de sécurité des Nations unies d'en décider[5].

La guerre préventive ne répond pas à une agression ou à une menace d'agression, car par définition l'agression ou la menace n'existe pas (« pas encore » aux yeux de l'État lançant la guerre préventive). La plupart du temps, elle n'est pas autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Pour ces raisons, une guerre préventive est illégale au regard du droit international depuis 1945. L'État qui engage une guerre préventive est signataire de la Charte des Nations unies et s'est donc engagé à ne pas mener de guerre, sauf défensive ou après y avoir été autorisé par le Conseil de sécurité. En menant sa guerre préventive, il enfreint le traité qu'il a ratifié et se met lui-même hors la loi. La possibilité que les dirigeants responsables de la guerre préventive puissent être poursuivis devant la Cour pénale internationale pour crime d'agression reste pour l'heure théorique, étant donné la difficulté pratique d'une telle évolution.

Selon les mécanismes de la Charte des Nations unies, le Conseil de sécurité devrait qualifier cette action de guerre préventive comme une atteinte à la sécurité internationale et, le cas échéant, autoriser les autres membres des Nations unies, y compris l'État agressé par la guerre préventive, à utiliser la force militaire pour mettre fin à l'action de l'État agresseur. Ce schéma ne peut, par la force des choses, entrer dans les faits lorsque l'État en guerre préventive est un membre permanent du Conseil de sécurité détenant un droit de veto sur les décisions du Conseil.

Ce concept est décrié par certains pour des raisons morales ou religieuses : en décembre 2002, le pape Jean-Paul II condamne l'idée d'une guerre préventive et se prononce pour une « organisation constitutionnelle de la famille mondiale ». Mgr Renato Martino, président du Conseil pontifical Justice et Paix affirme que « la guerre préventive est une guerre d'agression et n'entre pas dans la définition de la guerre juste » sans démontrer par ailleurs les liens qui pourraient exister entre les deux notions.

Exemples de guerres qualifiées de préventives

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Références

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  1. a et b Stephen Walt, « LA GUERRE PRÉVENTIVE :UNE STRATÉGIE ILLOGIQUE », AFRI, Volume VI, 2005,‎ (lire en ligne)
  2. (en) The False Promise of Preventive War, Neta C. Crawford, 2007[réf. incomplète]
  3. (en) Malcolm Shaw, International Law, Camrbidge, Cambridge University Press, , 6e éd., 1708 p. (ISBN 978-0-521-72814-0), p. 1140
  4. (en) Ian Brownlie et Q-Club, Principles of Public International Law, New York, Oxford University Press, , 784 p. (ISBN 978-0-19-921770-0 et 019921770X, LCCN 2008-019073), p. 734
  5. Transmittal letter dated 1 December 2004 from the Chair of the High level Panel on Threats, Challenges and Change addressed to the Secretary General, p. 55.
  6. Claude Nicolet, Rome et la conquête du monde méditerranéen (264-27 av. J.-C.), t. 2, Nouvelle Clio, 1997, [1]
  7. Jean-François CHEMAIN, "Bellum iustrium", Aux origines de la conception occidentale de la guerre juste, IsiPrint France, Apopsix éditions, , 364 p. (ISBN 978-2-35979-152-5), p. 263
  8. J. Barnes, R. Stoll, "PREEMPTIVE AND PREVENTIVE WAR: A PRELIMINARY TAXONOMY", p. 15, THE JAMES A. BAKER III INSTITUTE FOR PUBLIC POLICY RICE UNIVERSITY, URL
  9. (en) Noam Chomsky, Perilous Power, Penguin Books, page 83, (ISBN 978-0-14-102972-6) ; traduction française La Poudrière du Moyen-Orient, Fayard 2007, (ISBN 978-2-213-63168-4)
  10. GEO avec AFP, « Au défilé du 9 mai, Vladimir Poutine justifie la guerre comme une "riposte préventive" face à une "menace inacceptable" de l'Ukraine », sur Geo.fr, (consulté le )
  11. « Guerre en Ukraine : L'affrontement était "inévitable" entre la Russie et le "régime néo-nazi en Ukraine", estime Vladimir Poutine », sur lindependant.fr (consulté le )

Articles connexes

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Lien externe

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