Helmut Schmidt — Wikipédia
Helmut Schmidt | ||
Portrait photographique d'Helmut Schmidt (1977). | ||
Fonctions | ||
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Chancelier fédéral d'Allemagne | ||
– (8 ans, 4 mois et 15 jours) | ||
Président fédéral | Gustav Heinemann Walter Scheel Karl Carstens | |
Gouvernement | Schmidt I, II et III | |
Coalition | SPD-FDP | |
Prédécesseur | Willy Brandt Walter Scheel (intérim) | |
Successeur | Helmut Kohl | |
Ministre fédéral des Affaires étrangères | ||
– (14 jours) | ||
Président fédéral | Karl Carstens | |
Chancelier | Lui-même | |
Gouvernement | Schmidt III | |
Prédécesseur | Hans-Dietrich Genscher | |
Successeur | Hans-Dietrich Genscher | |
Ministre fédéral des Finances | ||
– (1 an, 10 mois et 8 jours) | ||
Président fédéral | Gustav Heinemann | |
Chancelier | Willy Brandt Walter Scheel (intérim) | |
Gouvernement | Brandt I et II | |
Prédécesseur | Karl Schiller | |
Successeur | Hans Apel | |
Ministre fédéral de l'Économie | ||
– (5 mois et 8 jours) | ||
Président fédéral | Gustav Heinemann | |
Chancelier | Willy Brandt | |
Gouvernement | Brandt I | |
Prédécesseur | Karl Schiller | |
Successeur | Hans Friderichs | |
Ministre fédéral de la Défense | ||
– (2 ans, 8 mois et 15 jours) | ||
Président fédéral | Gustav Heinemann | |
Chancelier | Willy Brandt | |
Gouvernement | Brandt I | |
Prédécesseur | Gerhard Schröder | |
Successeur | Georg Leber | |
Président du Groupe SPD au Bundestag | ||
– (2 ans, 7 mois et 8 jours) | ||
Prédécesseur | Fritz Erler | |
Successeur | Herbert Wehner | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Helmut Heinrich Waldemar Schmidt | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Hambourg (République de Weimar) | |
Date de décès | (à 96 ans) | |
Lieu de décès | Hambourg (Allemagne) | |
Nature du décès | Artériopathie oblitérante des membres inférieurs | |
Sépulture | Cimetière d'Ohlsdorf, Hambourg | |
Nationalité | Allemande | |
Parti politique | SPD | |
Conjoint | Hannelore Schmidt (m. 1942–2010) | |
Diplômé de | Université de Hambourg (1949) | |
Profession | Fonctionnaire Éditorialiste | |
Religion | Luthéranisme | |
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Chefs du gouvernement allemand | ||
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Helmut Heinrich Waldemar Schmidt Écouter, né le à Hambourg et mort le dans la même ville, est un homme politique allemand, membre du Parti social-démocrate (SPD).
Porté à la présidence du groupe SPD au Bundestag en 1967, il renonce à ce poste deux ans plus tard pour devenir le premier social-démocrate au poste de ministre fédéral de la Défense d'Allemagne de l'Ouest. En 1972, Willy Brandt le nomme ministre fédéral de l'Économie et des Finances, mais le ministère de l'Économie reprend son autonomie dès la fin de cette année.
En 1974, il succède à Willy Brandt comme chancelier fédéral et occupe ce poste jusqu'au départ des libéraux de sa coalition, en 1982. Avec plus de huit ans passés à la tête du gouvernement, il détient le record de longévité des chanceliers issus du SPD.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse
[modifier | modifier le code]Helmut Schmidt naît à Hambourg. Il est le fils de deux enseignants. Le père d'Helmut Schmidt est le fils naturel d'un homme d'affaires juif allemand. Cette information est tenue secrète dans la famille[1],[2] jusqu'à ce que cela soit confirmé publiquement par Helmut Schmidt en 1984, après que l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, apparemment avec l'accord de Schmidt, l'eût révélé à des journalistes. Schmidt est de religion luthérienne mais non pratiquant[réf. souhaitée].
Il étudie au lycée Lichtwark de cette ville et en sort bachelier en 1937. Il poursuit ensuite ses études à l'université de Hambourg, en économie et en sciences politiques. Il est appelé au service militaire et commence par servir sur une batterie anti-aérienne à Vegesack, près de Brême, durant la Seconde Guerre mondiale. Après avoir brièvement combattu sur le front de l'Est, il retourne en Allemagne en 1942 où il est affecté au ministère de l'Aviation du Reich comme conseiller.
Cette même année, le , il épouse son amour de jeunesse, Hannelore Glaser, surnommée « Loki » (1919-2010), avec qui il aura deux enfants : Helmut Walter (1944-1945), mort d'une méningite, et Suzanne (née en 1947). Vers la fin de la guerre, à partir de décembre 1944, il sert, avec le grade d'Oberleutnant, dans l'artillerie sur le front de l'Ouest. Il est fait prisonnier par les Britanniques en avril 1945 dans la lande de Lunebourg et reste prisonnier de guerre jusqu'en . Durant la guerre, il a été décoré de la croix de fer[3].
Débuts en politique
[modifier | modifier le code]Schmidt rejoint le Parti social démocrate (SPD) en 1946 et est, de 1947 à 1948, le chef de l'Union socialiste allemande des étudiants (SDS), syndicat étudiant proche du SPD.
Après l'université, il travaille pour le gouvernement de la ville-Etat de Hambourg, au département de la Politique économique. Débutant en 1952, sous Karl Schiller, il devient l'un des responsables du département de l'Économie et des Transports.
Élu député de Hambourg au Bundestag en 1953, où il siège jusqu'en 1987, il est nommé en 1962 sénateur à l'Intérieur de la ville-État. En 1967, il est porté à la présidence du groupe parlementaire social-démocrate. De 1969 à 1972, il exerce les fonctions de ministre fédéral de la Défense dans le gouvernement de Willy Brandt et est ministre de l'Économie et des Finances de 1972 à 1974.
Chancelier (1974-1982)
[modifier | modifier le code]Un successeur dans la crise
[modifier | modifier le code]Le , Willy Brandt démissionne avec effet immédiat de la chancellerie après que les services secrets ont découvert que son très proche conseiller Günter Guillaume était un agent de la Stasi. Le vice-chancelier libéral Walter Scheel exerce alors l'intérim de la direction du gouvernement fédéral. Le SPD, toujours présidé par Brandt, choisit Schmidt pour prendre la succession. Lors du vote au Bundestag le , Helmut Schmidt remporte 267 voix pour et 225 voix contre. Il est alors le cinquième chancelier fédéral à recevoir l'investiture du Bundestag depuis .
Il forme aussitôt son premier cabinet dans lequel le ministre fédéral de l'Intérieur Hans-Dietrich Genscher prend la suite de Scheel, élu président fédéral, aux fonctions de vice-chancelier et ministre fédéral des Affaires étrangères. Au titre des sociaux-démocrates, Schmidt nomme cinq nouveaux ministres fédéraux et se sépare d'Egon Bahr, éminence grise de son prédécesseur. Il le rappellera moins de deux mois plus tard.
Du keynésianisme au combat contre le choc pétrolier
[modifier | modifier le code]Keynésien à l'origine, il adopte dès 1972, alors en tant que ministre des Finances, une politique économique plus libérale[4]. Elu Chancelier en mai 1974 à la faveur de la chute de Willy Brandt, il doit lutter contre la très forte inflation causée par le premier choc pétrolier de la fin 1973, en lien avec l’allié du SPD depuis 1969 dans la coalition au pouvoir, le FDP, qui préconise une approche monétariste. Face aux réticences de l'aile gauche du SPD et de la Jusos[5], il lance un slogan qui sera plus tard appelé en France le « théorème de Schmidt »[6] au moment du plan Barre de la fin 1976: « les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain ».
Une diplomatie pro-européenne et orientale
[modifier | modifier le code]Helmut Schmidt a une bonne entente personnelle avec Valéry Giscard d'Estaing, le président français, de huit ans son cadet mais gouvernant à peu près durant la même période que lui (1974-1981). Il poursuit la politique d'apaisement à l'Est (Ostpolitik) de Brandt, s'opposant à la politique plus agressive poursuivie par Reagan (en 1989, il critiquera dans son livre Men and powers: a political retrospective la politique des « discours télévisés, des grands gestes » et « des petits pas » par laquelle les États-Unis espéraient mettre fin à la partition de l'Europe entérinée à Yalta). Il signe ainsi les accords d'Helsinki en 1975, et demeure au pouvoir après les élections législatives de 1976, s'appuyant sur une coalition avec le FDP.
Controverse sur la loi martiale en Pologne
[modifier | modifier le code]Cela le contraint à des concessions. Le il est en voyage en Allemagne de l'Est lorsque le général Jaruzelski proclame l'état d'urgence en Pologne. Questionné par des journalistes ouest-allemands, il s'accorde avec son hôte Erich Honecker en estimant cette mesure nécessaire à la préservation de l'ordre et de la stabilité en Europe, ce qui lui vaut des critiques de la presse de droite (Frankfurter Allgemeine Zeitung), tandis que les journalistes Rudolf Augstein (Der Spiegel[7]) et Theo Sommer (en) (Die Zeit) l'appuient, affirmant qu'il s'agissait de la seule mesure permettant d'éviter l'intervention militaire du Pacte de Varsovie. En , le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder s'excusera du manque de soutien accordé à Solidarność lors de ces événements[8].
Le problème de la RAF
[modifier | modifier le code]Sur le plan intérieur, il réagit avec fermeté face à la Fraction armée rouge (RAF). Lors de l'Automne allemand, il autorise les troupes d'élite du GSG 9 à intervenir à Mogadiscio pour mettre fin au détournement d'un avion de la Lufthansa par le Front populaire de libération de la Palestine en soutien à la « bande à Baader ».
La première censure constructive de l'histoire fédérale
[modifier | modifier le code]En il obtient la confiance du Parlement, mais le la coalition éclate : quatre ministres du Parti libéral-démocrate (FDP), menés par le ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher et celui de l'Economie Otto Graf Lambsdorff, quittent le gouvernement, choisissant un renversement d'alliance en apportant leur soutien au chrétien-démocrate Helmut Kohl. Schmidt cumule alors la fonction de chancelier et le portefeuille des Affaires étrangères, jusqu'à ce qu'une motion le renverse le , Kohl devenant le nouveau chancelier : c'est la première fois qu'un chancelier est renversé de la sorte en RFA.
À partir des années 1980 : journaliste et écrivain
[modifier | modifier le code]Après sa carrière politique, Helmut Schmidt travaille comme écrivain et journaliste. Il continue de s'intéresser à la vie sociale et politique de l'Allemagne[9]. Il est chroniqueur à partir de 1983 et un des responsables de l'hebdomadaire de centre-gauche Die Zeit et écrit une trentaine d'ouvrages rencontrant souvent le succès[9], comme son dernier en 2011, Religion in der Verantwortung (« L'exercice responsable de la religion »), un essai sur la place de la religion dans une société mondialisée[9]. La même année, il publie un livre d'entretiens avec Peer Steinbrück, qu'il appuie comme candidat du SPD à la chancellerie[10]. En 2010, alors âgé de 91 ans, il était considéré par les trois quarts des Allemands comme une autorité morale, loin devant d'autres personnalités allemandes[9].
Sa femme Loki, qu'il avait épousée en 1942, décède en . Deux mille personnes, dont la chancelière Angela Merkel, assistent à ses obsèques à Hambourg[9]. En , Helmut Schmidt déclare avoir une nouvelle compagne : Ruth Loah, 78 ans, une de ses plus anciennes collaboratrices[11].
Dans une interview à la chaîne publique ARD, le , il déclare que si l'Allemagne veut jouer un rôle de leader européen, elle a un handicap majeur, son histoire. « Auschwitz et le meurtre de six millions de Juifs tout comme la guerre mondiale de Hitler sont des événements qui sont ancrés dans l'inconscient des peuples européens, si bien qu'un rôle de leader de l'Allemagne en Europe est exclu, et ce sera le cas encore pendant longtemps[12] ».
Il s'exprime à plusieurs reprises au sujet du multiculturalisme. En 2004, il décrit la société multiculturelle comme « une illusion d'intellectuels[13] ». Il avance que le concept de multiculturalisme serait difficile à concilier avec une société démocratique. Pour cette raison, il considère comme une erreur que la République fédérale ait fait venir des travailleurs immigrés d'autres cultures au début des années 1960[14]. Dans un entretien commun avec Gerhard Schröder dans le journal Der Spiegel en 2013, il exprime un fort scepticisme quant aux perspectives d'intégration des immigrés musulmans dans la société allemande[15].
En 2014 lui est décerné le Grand Prix des Médias du Prix Franco-Allemand du Journalisme (PFAJ).
Il meurt d'une artériopathie oblitérante des membres inférieurs le à Hambourg.
Œuvres traduites en français
[modifier | modifier le code]Parmi les nombreux ouvrages écrits par Helmut Schmidt, seuls quatre ont été traduits en français :
- Un chrétien face aux choix politiques, Le Centurion, 1980 ((de) Als Christ in der politischen Entscheidung, 1976), trad. Yves Ledure, Jean Lyon et Charles Ehlinger, 184 p. (ISBN 978-2-227-35608-5)Compilation d'articles publiés entre 1962 et 1976 dans diverses revues allemandes.
- La Volonté de paix, Fayard, 1980 ((de) Der Kurs heisst Frieden, 1979), trad. Suzanne Enquebecq-Boileau et Jeanne-Marie Gaillard-Paquet, 285 p. (ISBN 978-2-213-00895-0)Recueil de discours prononcés entre 1974 et 1979. Préface d'Alfred Grosser.
- Des puissances et des hommes, Plon, 1988 ((de) Menschen und Mächte, 1987), trad. Monique J. Lebedel, 427 p. (ISBN 978-2-259-02059-6)
- L'Europe s'affirme : perspectives pour le XXIe siècle, Éditions de Fallois, 2001 ((de) Die Selbstbehauptung Europas : Perspektiven für das 21. Jahrhundert, 2000), trad. Dominique Tassel, 269 p. (ISBN 978-2-87706-406-4)Préface de Valéry Giscard d'Estaing.
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Steven Lehrer, Wannsee house and the Holocaust, McFarland, , 196 p. (ISBN 978-0-7864-0792-7), p. 74.
- (en) « Told French President of Jewish Origins - Helmut Schmidt's Revelation Reported », Los Angeles Times, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) Harry Woolf, « Verleihung der Ehrendoktorwürde der Johns-Hopkins-Universität; Laudatio verlesen von Harry Woolf bei der Überreichung des Grades eines Doktors der Rechtswissenschaften an Bundeskanzler Helmut Schmidt am 16. Juli 1976: » [PDF], (consulté le ) : « Bundeskanzler Schmidt wurde 1918 in Hamburg als Sohn eines Lehrers geboren. Er besuchte die fortschrittliche Lichtwarkschule, wo er auch seine zukünftige Frau Hannelore kennenlernte. Im Zweiten Weltkrieg gehörte er einer Flak-Einheit an, wurde mit dem Eisernen Kreuz ausgezeichnet und geriet gegen Ende des Krieges in britische Gefangenschaft ».
- Droz et Rowley 1987, p. 402
- Droz et Rowley 1992, p. 287
- « Relance: le maudit théorème de Schmidt », sur Marianne, (consulté le ).
- (de) Rudolf Augstein, « RUDOLF AUGSTEIN Die polnische Tragödie », Der Spiegel, vol. 52, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) Gerhard Schröder, « Ohne polnisches Freiheitsstreben wäre die Geschichte der deutschen Einheit weniger glücklich verlaufen », Frankfurter Allgemeine Zeitung, , p. 10.
- Frédéric Lemaître, « Deux Helmut, trois best-sellers », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
- (de) Helmut Schmidt et Peer Steinbrück, Zug um Zug, Hoffmann und Campe, .
- (de) « Schmidt hält neue Beziehung mit 93 für „selbstverständlich“ - Deutschland », sur FOCUS Online, (consulté le ).
- « Les vérités d'Helmut Schmidt », sur Le Point, (consulté le ).
- (de) « Helmut Schmidt: Multikulturelle Gesellschaft „Illusion von Intellektuellen“ », sur NA-Presseportal, .
- (de) « Schmidt: „Multikulti ist kaum möglich“ », sur Hamburger Abendblatt-online, .
- (de) « Helmut Schmidt skeptisch über Integration von Muslimen in Deutschland », sur spiegel.de, .
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Bernard Droz et Anthony Rowley, Histoire générale du XXe siècle : 1950-1973. Expansion et indépendances, t. III, Paris, Le seuil, , 493 p.
- Bernard Droz et Anthony Rowley, Histoire générale du XXe siècle : Crises et mutations de 1973 à nos jours, t. IV, Paris, Le seuil, , 510 p.
- « Helmut Schmidt. Incombustible », portrait publié dans Le Monde Magazine, no 40, , p. 32-33
Liens externes
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- Ressources relatives à la vie publique :
- Ressources relatives à la musique :
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (de) Helmut Schmidt, dans le musée virtuel LeMO du musée historique allemand (DHM)
- (en) « Helmut Schmidt », sur Find a Grave