Jaligny-sur-Besbre — Wikipédia

Jaligny-sur-Besbre
Jaligny-sur-Besbre
La mairie.
Blason de Jaligny-sur-Besbre
Blason
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Allier
Arrondissement Vichy
Intercommunalité Communauté de communes Entr'Allier Besbre et Loire
Maire
Mandat
Annie Deborbe
2020-2026
Code postal 03220
Code commune 03132
Démographie
Gentilé Jalignois[1]
Population
municipale
551 hab. (2021 en évolution de −8,01 % par rapport à 2015)
Densité 57 hab./km2
Géographie
Coordonnées 46° 22′ 51″ nord, 3° 35′ 34″ est
Altitude Min. 239 m
Max. 307 m
Superficie 9,63 km2
Type Commune rurale à habitat dispersé
Unité urbaine Hors unité urbaine
Aire d'attraction Hors attraction des villes
Élections
Départementales Canton de Moulins-2
Législatives Troisième circonscription
Localisation
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Jaligny-sur-Besbre
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Jaligny-sur-Besbre
Liens
Site web jaligny-sur-besbre.fr

Jaligny-sur-Besbre est une commune située dans le département de l'Allier, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Autrefois appelée Jaligny, elle a pris son nom actuel le .

C'est une des plus anciennes villes du Bourbonnais. Elle aurait été fondée en 67 et doit sa célébrité à un château fort dont les différents seigneurs ont joué un rôle assez actif dans l'histoire à compter du XIIe siècle.

Malgré ses dimensions modestes, Jaligny porte le titre de ville depuis le Moyen Âge, qualité confirmée en 1569[2] et 1752[3] dans l'énumération des villes closes du Bourbonnais. Jadis close de murailles, son enceinte avait la forme d'une demi-circonférence. La domination des seigneurs de Bourbon ayant longtemps été limitée à la région proche de Moulins, la plus grande partie du territoire arrosé par la Besbre et ses affluents, et, plus à l'est, par la Lodde, se trouvait placée dans le ressort de la puissante seigneurie de Jaligny[4].

Jaligny doit une relative notoriété à plusieurs romans de René Fallet qui ont été portés à l'écran, comme Les Vieux de la Vieille (1960) avec Jean Gabin, Pierre Fresnay et Noël-Noël, Un idiot à Paris (1967), dans lequel Jean Lefebvre interprète Roger Gouby, un « bredin », idiot de village, ou La Soupe aux choux de Jean Girault (1981).

Géographie

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Situation de Jaligny-sur-Besbre dans le département de l'Allier
Situation dans le département de l'Allier.

Jaligny est sise en Sologne bourbonnaise, sur les contreforts des monts du Forez et de la Madeleine, dans la vallée de la Besbre, affluent direct de la Loire. Cette région de la Moyenne Besbre, parfois appelée la « vallée des châteaux », se trouve en pointe de la riche plaine de Forterre. Elle est, de ce fait, l'une des aires les plus prospères de production de bovins charolais, de dindes et volailles fermières.

Le territoire de la commune possède de nombreux atouts : environnement naturel de grande qualité, paysage de bocage, relief vallonné et surfaces boisées, bords de Besbre, étangs, atmosphère de tranquillité, sentiers de promenade, randonnée, pêche et chasse, produits du terroir de qualité et un patrimoine architectural intéressant.

Faubourgs et lieux-dits

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Lieux-dits de Jaligny-sur-Besbre.

Communes limitrophes

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Le territoire de Jaligny est limitrophe de celui des communes de Thionne, au nord-ouest, de Châtelperron, au nord-est et à l'est, de Chavroches, au sud, et de Treteau, au sud-ouest.

Communes limitrophes de Jaligny-sur-Besbre
Thionne
Treteau Jaligny-sur-Besbre Châtelperron
Chavroches

Voies de communication et transports

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Voies routières de la commune
Voies routières.

La commune est située au croisement des axes Moulins - La Clayette (RD 989) et Dompierre-sur-Besbre - Lapalisse (RD 480).

Par voie routière, Jaligny est à environ 30 km au sud-est de Moulins et 40 km au nord-est de Vichy. On peut rejoindre la route nationale 79, portion de la route Centre-Europe Atlantique à Diou (24 km) ou en passant par Le Donjon (environ 18 km).

Les gares ferroviaires les plus proches sont Moulins (30 km), celle de Saint-Germain-des-Fossés (29 km) et Dompierre-Sept-Fons (19 km), gare régionale SNCF, du réseau TER Auvergne-Rhône-Alpes, desservie par des trains express régionaux de la relation « Dijon-Ville (ou Paray-le-Monial) - Moulins-sur-Allier ».

La commune est desservie par une ligne de service régulier des transports routiers interurbains de personnes : la ligne B08 (Le Donjon-Jaligny-Moulins)[5], et une ligne de transport à la demande (TAD) qui permet de se rendre et de repartir de Jaligny le mercredi matin et le samedi après-midi, jours où sont également assurées des correspondances avec la ligne interurbaine B08 à destination ou en provenance de Moulins[6].

Le transport scolaire est assuré par trois lignes de ramassage pour les élèves de l'école primaire. Ces autocars desservent également le collège.

En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[7]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique altéré et est dans la région climatique Centre et contreforts nord du Massif Central, caractérisée par un air sec en été et un bon ensoleillement[8].

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,1 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 16,5 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 819 mm, avec 10,8 jours de précipitations en janvier et 7,6 jours en juillet[7]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, sur la commune de Saint-Léon à 8 km à vol d'oiseau[9], est de 11,7 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 857,2 mm[10],[11]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[12].

On trouve à Jaligny, en direction de Lapalisse, des collines de calcaire d'eau douce très prononcées. Elles y sont, de même que dans presque tous les lieux où existe ce type de formation, recouvertes par une terre argileuse, grise, très propre à la culture du blé, qu'on connaît dans cette région sous le nom de « terres fortes », par opposition aux sables et aux débris de granite qui ne produisent que du seigle, et qu'on désigne par le nom de « varennes ».

Ces collines présentent en abondance un dépôt singulier, formé de la réunion dans une concrétion calcaire de tubes droits et courts, considéré par les géologues comme le travail d'animaux analogues aux larves des phryganes (indusia tubulata). L'enveloppe de ces tubes renferme toujours beaucoup de petites coquilles rapportées soit au genre hélice, soit aux ampullaires. Ces coquilles sont très abondantes à Jaligny. On ne les trouve pas seulement engagées dans les parties dures, mais elles y existent aussi, en quantité innombrable, dans un calcaire pulvérulent, où les indusia ne forment que des rognons épars[13].

Hydrographie

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Carte hydrographique.

La Besbre traverse Jaligny du sud au nord après avoir drainé de nombreux cours d'eau de faible ou moyenne importance, principalement sur sa rive droite (Barbenan, Andan, Petite Têche, etc.). Depuis sa sortie de la Montagne bourbonnaise au Breuil, elle adopte un fond plat, de largeur irrégulière (jusqu'à 400 m) et une pente très faible (environ 0,25 %) qui lui donnent une faible profondeur et s'écoule dans une vallée fermée au fond souvent inaccessible. À partir de Lapalisse, où elle rejoint le sud de la plaine de Sologne bourbonnaise, elle devient alors moins large (50 m) et de tracé plus régulier.

Un barrage régule son cours à la sortie du bourg de Jaligny. Cet ouvrage, d'abord en bois jusqu'au début du XXe siècle, a été détruit lors d'une crue dans les années 1980 et remplacé par un barrage mobile à clapets.

Linguistique

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Jaligny est située à l'extrême sud du domaine de la langue d'oïl en Bourbonnais, le croissant, zone intermédiaire oc-oïl, commençant aux alentours de Boucé et de la plaine de Forterre.

De nos jours, seules certaines personnes âgées s'expriment encore assez facilement en français du Bourbonnais. Cependant, quelques tournures ou expressions demeurent employées en français courant, ainsi que certains mots du vocabulaire bourbonnais hérités du français classique.

Le nom de la localité est attesté sous les formes Castrum Gallinici[14] ; Castrum Gallini en 1036[15] ; Jaliniacum, Jaligniacus au XIe siècle[16] ; Jalenhiacum[17] ; Jalineic ou Jaliniec vers 1100[16] ; Galinec vers 1160[18] ; Jalignet en 1373[16] ; Jaleigny ou Jaleigni au XVe siècle[19],[20],[21].

Le nom de Jaligny procède de l'anthroponyme latin Gallinius avec le suffixe -acum[22],[16], d'origine gauloise et indiquant le lieu ou la propriété. D'où le sens global de « domaine de Gallinius ».

Paléolithique

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Au cours de travaux d'utilité publique, fin 1934, des terrassiers exhumèrent dans le bourg de Jaligny des débris d'ossement de mammouth, en particulier une molaire bien conservée. Celle-ci fut déterminée[23] comme appartenant à l'Elephas primigenius Blum. La position stratigraphique du fossile se trouva précisée comme appartenant à une terrasse ancienne de la Besbre. Par la suite, une seconde molaire fut exhumée en 1938.

Jaligny aurait été fondée en l'an 67.

À l'origine, se dressait un castrum bâti, semble-t-il, pour commander le passage de la Besbre. C'était, comme Lapalisse, un point de défense où s'était établie de bonne heure une famille féodale, héritière d'un guerrier franc ou d'un noble sénateur gallo-romain.

La voie romaine reliant Avaricum (Bourges) à Augustodunum (Autun), venant de Vichy par Treteau où se trouve la borne milliaire XXXVI, se dirigeait vers Jaligny en passant par le lieu-dit la Pierre-Qui-Danse[24]. Selon Edmond Tudot, cette voie reliait Bordeaux à Lyon[N 1]. Elle traverse obliquement les terres cultivées et n'a que peu de contacts avec la route actuelle reliant Varennes-sur-Allier à Jaligny. C'était une voie large qui dépassait 7 mètres.

On a trouvé à Jaligny plusieurs statères d'or et un tétradrachme gaulois au titre de Philippe de Macédoine[24].

La première maison seigneuriale de Jaligny

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La terre de Jaligny appartint d'abord aux sires de Jaligny (XIe et XIIe siècles) dont la famille est considérée par certains historiens comme une branche de la maison de Châtillon[25].

La seigneurie de ces puissants barons s’était constituée au nord du diocèse de Clermont dans la première moitié du XIe siècle, dans des conditions mal connues, au détriment des pagi d’Auvergne et d’Autunois[26]. Les Jaligny seraient originaires des curtes de Huillaux et de Lenax, d'où ils investirent dans des châteaux mieux situés : Jaligny, Thiers, et peut-être Montpensier, Thuret, Bulhon et Montboissier[27]. Ils seraient un lignage de troisième rang, au-dessous des puissants comtes et barons du nord de l'Auvergne qu'étaient les Bourbons et les Thiers-Montboissier[27].

Le plus ancien des documents[17] concernant la première maison de Jaligny est daté du 24 octobre[28] de la sixième année du règne de Henri Ier, correspondant à l'an 1036[29] ; c'est la charte de fondation du prieuré du Saint-Sépulcre par Hector (ou Hictor ou Ithier)[27], seigneur de Jaligny, approuvée et souscrite par Rencon, évêque de Clermont[29].

Le représentant le plus connu de cette famille est sans nul doute Foulques (Falco de Jaligniaco ou Falconus[27]), l'un des fondateur de l'abbaye de Tournus[26] : on conserve de lui une charte datée de 1056[17], par laquelle il donne sa seigneurie de Trézel à ce monastère dont son frère Guillaume était abbé :

« Toutes les terres qu'il possédait depuis la rivière de la Têche jusqu'à Trézel, de plus tout ce qui lui appartenait dans cette ville, même les portes de ses murs avec leur revenu, le quart de l'église avec la sacristie et ses dépendances, etc. »

Cette donation fut approuvée par sa femme Béatrix et ses fils Gouffier et Ithier[17].

Dans une lettre de 1061, on trouve mentionné, sous le titre de Princeps Jaligniaci, Oudin ou Hildin (Eldinus[27]), qui donne à Franck de Boucé, prieur de Saint-Pourçain, les églises de Parroux et de Villiers[17]. En 1095, un Gouffier (Golferius) de Jaligny figure parmi les témoins d'Archambaud V, dans une assemblée convoquée par le pape Urbain II, « pour régler un différend élevé entre le seigneur de Bourbon et les moines de Souvigny »[17].

La famille passait à cette époque pour l'une des plus puissantes du pays[17]. Aux XIe et XIIe siècles, avant que les sires de Bourbon n'étendissent leur influence jusqu'à la Loire, la domination des sires de Jaligny s'exerçait de l'Allier à la Loire sur la plus grande partie du nord de la région, comprenant le Donjon, et leur seigneurie jouait apparemment en ce temps-là un rôle politique déterminant[30]. Au cours du XIIe siècle, ils possèderont aussi une grande partie de la Limagne, notamment à Saint-Beauzire, Gerzat, Cébazat, Neyrat, Saint-Alyre et, Ségur, à l'Est de Clermont. Il serait donc possible qu'au moins la partie Ouest de la butte de Montferrand ait appartenu à leur domaine[27]. Un descendant d'Hector, Foulques III (ou II) de Jaligny, seigneur de Puy-Guillaume[31], y fonda, en 1126[N 2], l'abbaye de Montpeyroux, premier établissement cistercien dans le diocèse de Clermont[27].

XIe et XIIe siècle

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Armes de la maison d'Amboise
Maison d'Amboise.

En 1081, les sires princes de Jaligny s'allièrent aux sires de Bourbon, par le mariage de Guillaume de Jaligny, fils d'Oudin-le-Barbu, à Ermangarde de Bourbon, fille d'Archambaud le Fort qui lui donna pour dot la seigneurie de Beçay. De ce mariage naquirent deux enfants, Oudin et Élisabeth.

À la mort de son père, Oudin hérita du domaine de Jaligny. Il mourut jeune et sans postérité et la seigneurie revint à sa sœur Élisabeth. Cette dame de Jaligny, parfois appelée Élisabeth de Souvigny en raison du lieu de sa naissance, épousa Hugues Ier (ou II) d'Amboise[N 5] en 1103 et lui apporta la terre patrimoniale de Jaligny. Le couple eut quatre enfants : trois fils, Sulpice II Le Hutin, seigneur d'Amboise ; Hugues II d'Amboise, croisé en Terre sainte ; et Oudin, seigneur de Jaligny[35] ; et une fille, Denyse, qui épousa Ernulph de Bourbon et mourut sans postérité[17]. Certaines sources[36] citent trois autres enfants : Étienne, mort en Terre-Sainte, Élisabeth (v. 1120-ap. 1176), épouse de Robert II de Blou, seigneur de Champigny[37], et un fils dont le nom reste inconnu, possesseur d'un fief en Touraine.

Veuve en 1129, Élisabeth de Jaligny se mit elle-même à la tête d'une petite armée pour récupérer l'héritage de son père que des seigneurs voisins lui avaient enlevé. La lutte dura longtemps, mais elle finit par triompher et rentra dans son bien. De même, en 1128, elle prit les armes pour défendre quelques-uns de ses enfants qui étaient attaqués. Elle se retira ensuite à Jaligny, qu'elle avait donné en apanage à son fils Oudin[17].

Vers 1152, elle tenta de convaincre son fils Sulpice d'Amboise de ne pas s'engager dans une guerre contre Goscelin d'Aulnay et Thibaud V le Grand, comte de Blois et comte de Champagne. Ne parvenant pas à l'en dissuader, elle se résigna à l'appuyer et, en 1153, le rejoignit à Maindré, château dépendant de la seigneurie d'Amboise et situé en limite du comté de Blois[38], qu'elle organisa pour soutenir un siège. Le comte de Blois assiégea vainement la forteresse mais, par traîtrise, réussit à capturer Sulpice et ses fils Hugues II (ou III) d'Amboise et Hervé, qui l'accompagnaient[17], et à les retenir prisonniers dans son donjon de Châteaudun. Abandonnant Maindré, ses défenseurs se retirèrent alors au château de Chaumont, d'où ils demandèrent l'aide d'Oudin. Mettant ses terres sous la garde de son parent Archambaud VII de Bourbon, le seigneur de Jaligny rassembla ses vassaux et se porta au secours de son frère. Il soutint le siège du château de Chaumont contraignant le comte de Blois à se retirer. Celui-ci, pour se venger de sa défaite, fit soumettre à la torture Sulpice, qui en mourut le , et fit attacher son cadavre à un gibet[17]. Pour obtenir la libération d'Hugues et d'Hervé, Élisabeth, en 1154, conclut avec Thibaut un traité de paix dont la condition était la destruction du château de Chaumont[17].

Vers la même époque, son fils Oudin, se rendant en pèlerinage à Saint-Gilles, fut tué par plusieurs de ses hommes-lige[17], officiers du sire d'Amboise son frère, avec lequel il était en compétition pour la possession de terres[14]. Craignant de voir une seconde fois la terre de Jaligny livrée à la merci des seigneurs des environs, Élisabeth prit aussitôt toutes les mesures pour en assurer la possession à son petit-fils Hugues II (ou III) d'Amboise. Celui-ci se rendit en hâte dans les domaines de son oncle, reçut l'hommage des vassaux et prit le titre de seigneur de Jaligny[17]. Souffrant depuis longtemps d'une pleurésie, Élisabeth de Jaligny mourut le et fut enterrée à Pontlevoy, près de son fils Sulpice.

XIIIe siècle

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Transmission du fief au XIIIe siècle

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Armes de la maison de Châtillon
Maison de Châtillon.

Au XIIIe siècle, le fief passa à la maison de Châtillon[39] par le mariage d'Alix d'Amboise, dame de Jaligny, fille de Hugues IV d'Amboise (1170—1218) et de Marguerite de Berrie en Loudunois, avec Eudes Ier de Châtillon-en-Bazois. De leur union naquit Hugues Ier de Châtillon (v.1220 — 1268), seigneur de Treteau et de Billezois[14], qui épousera Isabelle, fille de Guillaume de Mello-Saint-Bris le Jeune (cf. l'article Dreu), et en aura deux enfants dont Hugues II de Châtillon-Jaligny (v. 1240-1296), son successeur, qui n'eut pas d'héritier mâle[40].

À la fin du siècle, il ne restait comme descendant mâle de la famille de Châtillon-Jaligny que le frère de Hugues II de Châtillon, Guillaume de Châtillon-Jaligny, chantre d'Auxerre puis évêque de Laon en 1279[41],[N 6] ou 1280[42]. Celui-ci maria sa nièce, Isabeau de Châtillon, fille de Hugues II, à Guiot de Château-Villain, seigneur de Luzy. Devenue veuve, elle épousa, en 1289[N 7], Robert III, comte de Clermont, dauphin d'Auvergne[N 8], qui lui établit un douaire de mille francs[43]. Elle lui apporta les seigneuries de Jaligny, Dompierre et Treteau.

Dans le principe, ces terres étaient de franc-alleu, même si une charte de citait le seigneur de Jaligny dans l'énumération des barons du Nivernais[44] et que Hugues II siégeait en 1249 aux jugements rendus en la cour de Mahaut, comtesse de Nevers[45]. Cependant, en 1286, les comtes de Nevers prétendirent à la suzeraineté sur ces seigneuries et exigèrent que les possesseurs leur en fissent foi et hommage. Non sans réticences, les sires de Jaligny passèrent avec eux plusieurs compromis[46]. Finalement, à la suite d'un différend entre Robert, comte de Nevers et la prieure de Marseigne en avril 1293, Robert comte de Clermont et Isabeau sa femme reconnurent que Jaligny, Tréteau, Dompierre et tout ce qu'ils tenaient de la succession de Guillaume de Jaligny étaient du fief du comte de Nevers. Il fut également convenu que celui-ci avait la garde des prieurés de Jaligny et de Marseigne et de l'abbaye de Saint-Lieu[47].

L'hôtel-Dieu et les écoles au XIIIe siècle

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À cette époque, un hôpital et des écoles étaient déjà implantés à Jaligny. Le rector scholarum (maître d'école)[N 9] est mentionné dans un procès-verbal du Vendredi saint 1261[51] dans lequel Robert III déclarait, comme seigneur de Jaligny, que le prieur du Saint-Sépulcre jouissait du droit de conférer, après présentation dudit seigneur, soit à un laïc soit à un clerc, soit à vie soit à temps, l'hôpital de Jaligny et la conduite des écoles de cette ville[N 10],[28]. C'est le plus ancien document mentionnant des écoles en Bourbonnais[28].

XIVe siècle

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Transmission du fief au XIVe siècle

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Blason de la cour du château de Jaligny d'après une matrice de sceau[52].

Robert III (ou IV), comte de Clermont, dauphin d'Auvergne (v. 1255-1324), et sa seconde épouse Isabelle de Châtillon-Jaligny, eurent cinq enfants[29], dont l'aîné, Robert IV (ou V) Dauphin, surnommé « Le Sage », (1290-1330), hérita des terres de Jaligny, Tretiaux et Saint-Ilpize.

Désormais appelé Robert Dauphin Ier du nom[53], celui-ci épousa en premières noces Almodie d'Apchon de Combronde. De cette première union, issirent les Dauphins de Saint-Ilpize et de Combronde, par leur fils Robert II Dauphin[N 11].

Veuf, il se remaria avec la veuve d'Henri de Châtillon, Isabeau de Châtelperron, dame de la Ferté-Chauderon, pour mettre fin aux débats, procès et luttes armées, qui, depuis des temps immémoriaux, divisaient les seigneuries de Jaligny et de Châtelperron[54],[19]. Comme Robert et Isabeau étaient parents au quatrième degré, ils adressèrent une supplique au pape Jean XXII, qui commit l'évêque de Clermont, Arnaud-Roger de Comminges, pour l'informer sur la réalité des motifs allégués et accorda la dispense nécessaire. Le mariage fut célébré le , à Puyfol[19]. De cette seconde union naquirent Hugues puis Guichard Dauphin.

Le rattachement du fief de Jaligny au Bourbonnais eut lieu à cette époque. Louis II de Nevers, par un acte donné à Dole le , remit à Louis Ier de Bourbon « tout le fief et l'hommage que son bien-aimé et féal Robbert dauffin d'Auvergne tenoit de lui pour raison de la terre que il ha dedanz la terre de Bourbonnoys »[45].

Blason des Dauphin sur un chapiteau de l'église.

Robert Ier Dauphin mourut le et fut inhumé à l'abbaye des chanoines prémontrés de Saint-André-lès-Clermont[19],[55] Après sa mort, une contestation s'éleva entre ses enfants et Isabeau de Châtelperron, sa seconde épouse, au sujet de ses conventions matrimoniales. Une transaction fut conclue en fin juin 1331 par laquelle Jaligny et Tréteau demeurèrent à Isabeau et à ses fils Hugues Dauphin et Guichard Ier Dauphin, tandis que le reste de ses biens allèrent à son fils aîné Robert II Dauphin, né de son mariage avec Almodie de Combronde[19]. Isabeau se remaria avec Guy de Bourbon, seigneur de Clacy[19], dont elle eut trois fils, Géraud[19] (ou Girard)[56], Guillaume[56], qui fut chambellan du roi en 1374[19] et Gui (Guyot)[56] ; elle mourut en 1355, âgée de 45 ans[57]. Hugues Dauphin fut tué à la bataille de Poitiers[58] en 1356. Il était sans enfant et l'héritage de Jaligny et Tréteau fut transmis à son frère Guichard Ier Dauphin[14]. À partir de cette époque, les seigneurs de Jaligny prirent une part active aux affaires du duché de Bourbon et du royaume et tinrent à plusieurs reprises de grands offices de la couronne.

De son premier mariage, vers 1365, avec Isabeau de Sancerre[59],[N 12], Guichard Ier eut deux fils : Guichard II Dauphin, vers 1365 ou 1371 et Louis, sans lignée, qui finit sa courte vie au monastère de Marseigne[59]. Après la mort d'Isabeau, survenue avant 1375[19], il épousa Marguerite de Frôlois, veuve de Simon de Châteauvillain puis de Jean IV de Châtillon[60]. En 1381, n'ayant pas d'enfant de leur mariage ni espoir d'en avoir, les époux se firent donation mutuelle de « tous leurs meubles et acquets »[19].

Jalligny, ville et franchise

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Poterne du château de Jaligny - (XIVe s).
Poterne du château.
Tour d'enceinte de Jaligny.
Tour d'enceinte.

Au cours de l'année 1367, Guichard assiègea le château de Jaligny, alors occupé par les Anglais, et, par des actions longues et pénibles, contraignit ceux-ci à se retirer. Les opérations poliorcétiques endommagèrent gravement la ville et Guichard dut en refaire presque entièrement l'enceinte[61].

Tracé de l'enceinte.

D'après les éléments subsistant encore au milieu du XIXe siècle, l'archiviste paléographe Georges Fanjoux pourra décrire assez précisément la configuration de cette muraille, qui valait à Jaligny la qualification de ville close[17] : la partie qui longeait la Besbre était construite en ligne droite ; elle était défendue à son extrémité orientale par une tour ; l'autre extrémité aboutissait au château. Une porte[N 13], située vers le milieu de cette ligne, donnait accès dans la ville par une arcade en plein cintre ; elle était munie d'une herse et d'un assommoir composé de deux arcatures, également en plein cintre, jetées entre deux contreforts, et laissant entre elles et le mur un espace vide par lequel des hommes, placés dans une salle supérieure, pouvaient lancer à couvert des projectiles sur l'ennemi. Dans cette salle se tenaient aussi les hommes qui manœuvraient la herse[N 14]. L'autre portion de l'enceinte partait du château et allait, en décrivant une demi-circonférence, se rallier à la tour. Cette fortification était vraisemblablement munie, de distance en distance, de tours destinées à renforcer la muraille[17],[N 15].

Le , une sentence des Requêtes du palais établit un droit de bourgeoisie entre « puissant seigneur messire Guichard Dauphin, grand maître des arbalétriers de France, baron de Jalligny et les bourgeois et les habitans de la dite ville et franchise de Jalligny »[62]. Ce titre, également fondé sur différents aveux, dénombrements, terriers, transactions et arrêts, exemptait les habitants de la ville de la corvée et des autres servitudes, et sera confirmé par la Coutume de Bourbonnais[63].

Ce droit seigneurial était levé, annuellement, « à chacun jour de Noël », sur « tous les bourgeois, manans et habitants de ladite ville, fauxbourgs et franchise de ladite ville »[62]. Pour les plus riches, il consistait en 6 sols et 1 bichet de froment, « mesure de Jalligny »[62] :

« Lequel droit et devoir doit être imposé par le Baillif du lieu, assisté des Officiers dudit Seigneur de Jalligny, & doivent lesdits Habitans s'assembler, & convenir entr'eux d'une ou de deux personnes, pour, conjointement avec lesdits sieurs Baillif & Officiers, faire ladite imposition. S'ensuivent les confins & limites de ladite franchise &c. »

— Détails des fiefs de la Baronnie de Jalligny en France, 1726.

XVe siècle

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Transmission du fief au XVe siècle

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Armes de Guichard II Dauphin[N 16].

À la mort de Guichard Ier, en 1403, son fils Guichard II Dauphin (1366-1415), qui avait épousé, vers 1400, Éléonore de Culant[N 17], hérita de ses titres et domaines et fit hommage à Louis II de Bourbon pour les terres de Jaligny, Châtelperron et Tréteau[45]. La même année, il reçut en outre de son grand-oncle maternel, Louis de Sancerre, qui avait testé en sa faveur, les terres et châtellenie de Bommiers et la baronnie, château et châtellenie de Luzy[19]. D'après la Chronique du religieux de Saint-Denys, le connétable de Sancerre, sans alliance ni enfants légitimes, lui aurait demandé, « pour ne pas voir périr avec luy les armes de sa maison », de les écarteler avec les siennes[19].

Guichard II fut une figure marquante de l'histoire du règne de Charles VI[64]. Grâce à l'intervention du duc de Bourbon, il intégra l'hôtel du roi qui se l'attacha comme conseiller et chambellan[65],[66], lui commit la gestion des impôts de la Champagne, le chargea de plusieurs missions diplomatiques (1408 et 1409)[65], le nomma Souverain maître de l'hôtel du roi (1409)[67] et l'envoya combattre pour lui à plusieurs reprises, notamment contre les Anglais.

En 1412, Guichard reçut la charge de gouverneur-capitaine de la ville et du château de Montreuil[64]. Il quitta donc son château de Bommiers et réunit tous les biens meubles dans son château de Jaligny. Le , il dressa lui-même l'inventaire de sa bibliothèque[65]. Remarquable pour l'époque, celle-ci comptait 83 ouvrages : 42 livres qui étaient originellement au château de Bommiers et qui furent transférés à Jaligny, et 41 volumes constituant le fonds propre de Jaligny[64]. En 1413, il perdit l'office de souverain maître de l'Hôtel. En compensation, on lui accorda le gouvernement du Dauphiné[19], dont il prit possession par procureurs, mais on n'est pas certain qu'il ait concrètement exercé cette charge[65].

Guichard II Dauphin fut mortellement touché à la bataille d'Azincourt[68] le , alors qu'il était lancé dans une charge de cavalerie sur l'aile des troupes françaises. Ses compagnons d'armes rapportèrent sa dépouille à Jaligny où on l'inhuma au prieuré du Saint-Sépulcre.

Comme il était sans descendance d'Eléonore de Culan, il avait testé en faveur de ses petits-cousins, Béraud Ier Dauphin, seigneur de Combronde et de Saint-Ilpise, et Robert (IV)[19], mais ceux-ci furent également tués à Azincourt[68].

Le fief de Jaleigny dans l'armorial Revel (v.1450).

Après un long procès[19] entre ses héritiers présomptifs, tant du côté paternel que maternel, Jaligny échut finalement à son arrière-petite-cousine, Blanche Dauphine (1410-1454)[69], petite-fille de Béraud I er d'Auvergne (Dauphin)[70], fille de Béraud II Dauphin[71] – lui aussi tué à Azincourt – et de Philippa de Veauce, dame du Châtelard[72].

À la mort de Blanche Dauphine, en 1454[69], Jaligny, comme Combronde, St-Ilpize, passèrent à son fils[N 18], Béraud (III) Dauphin, dit Dauphin de Lespinasse[73], conseiller et chambellan du roi Louis XI[74], qui le transmit à sa fille Françoise Dauphine de L'Espinasse , dame de Combronde, de Saint-Ilpize, de Jaligny et de Treteau[14].

Enfin, vers 1489–1491, le fief retourna à la maison d'Amboise par le mariage de Françoise Dauphine de L'Espinasse(1462-v.1511)[75], dauphine de Jaligny, avec Guy (ou Guyon) d'Amboise (1475-v.1508)[76], capitaine de la 1re compagnie des gentilshommes ordinaires de la Maison du Roi, seigneur de Ravel, fils cadet de Charles Ier d'Amboise-Chaumont et neveu de prélats mécènes dont Louis et Georges d'Amboise.

Jaligny au XVe siècle

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Par l'armorial de Guillaume Revel, nous connaissons les noms de personnages possessionnés sur le fief au milieu du XVe siècle : Jehan Le Long, prieur du Saint-Sépulcre ; Hérard de la Mote, écuyer ; Philippe Menassier, écuyer ; Pierre Gabart, écuyer ; Antoine Gabart, damoiseau, frère du précédent ; Marchon Vault ; Hugues de Saint-Lubin, dit Salyz, écuyer ; et Jehan de Buffevent, écuyer.

À la requête de Béraud (III) Dauphin, une charte de 1480 autorisa la création de foires à Jaligny[77].

XVIe siècle

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Transmission du fief au XVIe siècle

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Entre 1499 et 1501, Guy d'Amboise, alors conseiller et chambellan du roi, obtint de Louis XII la création de foires à Jaligny, Treteau et Saint-Voir[78] puis, en 1501, à Jaligny[79]. En 1503, il rendit hommage à la duchesse de Bourbon pour son épouse, damoiselle Françoise Daulphine, « de son chastel, maison et ville de Jaligny, avec cens tailles, boys, laydes, four, péages, prés, garennes, estangs, en toute justice, haute, moyenne et basse, garde des sceaux et bailliages en ladite seigneurie et justice de Jaligny, avec le petit village de Charnay, où il y a trois estangs. » Le tout était estimé à une valeur annuelle de 300 livres[80]. C'est de cette époque que datent les grandes transformations du château où sont encore inscrits les noms des époux : « Guion Damoese » (d'Amboise) et « Françoise Vadhine » (Dauphine).

Maison de La Guiche.

Leur fille Antoinette d'Amboise (1495-)[81], dame de Chaumont et héritière de la maison de Chaumont d'Amboise, épousa en troisièmes noces, le 23 octobre 1518, Antoine de La Rochefoucauld-Barbezieux, gouverneur de l'Île-de-France (1471-1537)[82],[14]. Le , Antoine de La Rochefoucauld, en tant que patron et présentateur de l'hôtel-Dieu de Jaligny, présenta Claude Ministrat, « clerc idoine », à Antoine de Chabannes, évêque du Puy et prieur commendataire du prieuré du Saint-Sépulcre de Jaligny, pour pourvoir à l'office de recteur, vacant « par la mort et le trépas » de feu messire Claude Matherat[83].

En 1545, Jaligny passa à la famille de Chabannes, par le mariage de Catherine de La Rochefoucauld[84], fille d'Antoine et Antoinette, avec Charles de Chabannes, seigneur de La Palice[N 19]). Catherine eut plusieurs filles de ce mariage, dont l'aînée, Éléonore[85] (ou Aliénor) de Chabannes[86], dame de Jaligny, épousa successivement Just III de Tournon[87], puis, le 5 janvier 1570, Philibert de La Guiche[88], dont elle n'eut pas de descendance. C'est sans doute dans ces années que le cardinal de Tournon, abbé commendataire de la Chaise-Dieu, « acquéreur de Charles de La Rochefoucauld » - le frère de Catherine ? -, rendit hommage à la chambre de France « des terres et seigneuries de Jalligny et Tresteaulx »[89].

Un séjour royal

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En 1541, lors de son 9e séjour en Bourbonnais, François Ier partagea son temps entre Moulins et les divers châteaux de la région. Ainsi, il résida du au à Jaligny[90], où il donna une ordonnance royale portant règlement pour la gabelle en Bretagne, des lettres de chevalerie à Philippe de La Grenerie, capitaine des gardes du duc d'Orléans, ainsi que plusieurs lettres patentes et permissions de portée inégale[91], avant de regagner Fontainebleau par Lyon et la Bourgogne[90].

La paroisse au XVIe siècle

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La Description générale du Bourbonnais en 1569, établie par Nicolas de Nicolaÿ recensait 78 feux (environ 390 habitants) à la paroisse de Jaligny, « tant en la ville et franchise » – c'est-à-dire à l'intérieur de l'enceinte – « que hors la franchise »[2]. À titre de comparaison, les paroisses englobant la ville de Moulins et ses faubourgs (Yzeure et Saint-Bonnet-et-Saint-Jean), comptaient alors 349 feux (± 1.750 h.), la ville de Vichy 194 feux (± 970 h.) et la ville et les faubourgs de Montluçon 464 feux (± 2.320 h.).

En plus des écoles et de l'hôtel-Dieu, il y avait alors dans la paroisse, comme dans un quart des paroisses du diocèse de Clermont, une communauté de prêtres-filleuls, appelés à Jaligny « enfants-prêtres »[92],[93], car tous étant natifs de la paroisse, ils en étaient en quelque sorte les enfants[93]. Leur fonction consistait principalement dans la célébration des messes pour les défunts de la paroisse, fondées par testaments ou par donations, mais ils apportaient aussi une plus grande solennité apportée au culte, en permettant les messes chantées avec diacre et sous-diacre, « les processions et surtout la psalmodie commune – voire le chant – de tout ou partie de l’office canonial »[93]. Ces sociétés de prêtres constituaient également « un rouage essentiel » de l'économie et de la société villageoise car ces clercs résidaient dans leur famille. Ils pouvaient ainsi participer à la vie agricole et contribuer à la gestion des biens familiaux. Par ailleurs, comme ils administraient les fondations pieuses, ils étaient souvent amenés à exercer une activité de prêteur[93]. La communauté de Jaligny semble s'être éteinte dans les premières décennies du XVIIe siècle puisque les procès-verbaux des visites pastorales de l'évêque de Clermont ne la mentionneront pas en 1636[94] et que, dans celui de 1666, le curé déclarera « ny avoir point de communauté ny autre prebtre que ledit curé »[95].

XVIIe siècle

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Transmission du fief au XVIIe siècle

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Jean-François de La Guiche

Éléonore de La Guiche, dame de Jaligny, mourut le [14], laissant comme seule héritière sa fille Anne de Tournon (v.1570-1614)[96] qui avait été mariée, la même année, à un neveu de son beau-père, Jean-François de La Guiche (1570-1632)[97], seigneur de Saint-Géran, comte de La Palice. Celui-ci reçut la charge de maréchal de camp au siège d'Amiens, en 1597. De cette union naquirent cinq enfants, dont un fils, Claude-Maximilien. Anne mourut en 1614 et le maréchal de Saint-Géran se remaria, en 1619, avec Suzanne Aux Épaules, dame de Sainte-Marie-du-Mont, dont il aura deux filles. La même année, il fut nommé gouverneur, sénéchal et lieutenant-général du Bourbonnais, gouverneur de Moulins et de Chantelle. Louis XIII l'élèva, le 24 août, à la dignité de maréchal de France[14] et le fit, le 31 décembre, chevalier du Saint-Esprit. Il commanda les armées du roi aux sièges de Clérac, de Montauban, de Saint-Antonin et de Montpellier, en 1621 et 1622. Il mourut en son château de La Palice, en Bourbonnais, le et fut enterré dans la paroisse de Saint-Géran.

Claude-Maximilien de La Guiche[98], né en 1603, hérita des titres et possessions de son père et d'une partie de ceux de sa mère[N 20] et Jaligny eut dès lors les mêmes seigneurs que Lapalisse. Appelé, à titre de courtoisie, le comte de Saint-Géran, Claude-Maximilien épousa, en , Susanne de Longaulnay, née vers 1605 d'une première union de sa belle-mère, Suzanne Aux Espaules, et de Jean de Longaunay, dont il eut un fils, Bernard, le [99]. Il fut nommé gouverneur (), sénéchal et maréchal du Bourbonnais, et fit face à la révolte fiscale des Moulinois de . Il mourut à Moulins, le [100].

Bernard de La Guiche, comte de Saint-Géran et de La Palice, chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit, fut lieutenant-général des armées du roi[100] et ambassadeur[101] à Florence, en Angleterre et Brandebourg. Il se maria en avec Françoise de Warignies, dame du palais de la reine Marie-Thérèse d'Autriche, avec laquelle il eut une fille, Suzanne-Madeleine, née en décembre 1688 à Versailles, qui deviendra carmélite et trépassera au château de Versailles en 1743.

En 1679, la famille de La Guiche dut se dessaisir de la quasi-totalité de ses biens, à l'exception du fief de Lapalisse[102], et Bernard vendit la seigneurie de Jaligny - ainsi que celles de Treteau et Châtelperron - à l'un de ses créanciers, Jean-Baptiste Larchier, conseiller à la Cour des aides de Paris, qui en fit l'acquisition en 1682. Ce dernier la revendit, le , à Marie-Gabrielle de Marmande, veuve de Charles Guillaud de La Motte. Âgé de 54 ans, Bernard de La Guiche décèdera à Paris, le .

La société jalignoise au XVIIe siècle

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Drapeau d'ordonnance du régiment d'Albret de 1674 à 1678.

Au XVIIe siècle, la France connut une « révolution pédagogique » entraînant l’émergence de la création d’écoles pour les plus pauvres et l’accroissement de l’alphabétisation des populations[103]. L'instruction des enfants, dont on sait qu'elle était donnée à Jaligny au XIIIe siècle par un rector scholarum, fut, dans la seconde moitié de ce siècle, une préoccupation de l'évêque de Clermont, qui questionnait à ce sujet les curés de son diocèse lors de ses visites pastorales : « Enquis, s'il y a des Maistres d'Escolle en ladite Paroisse, & des femmes qui instruisent les filles, & leur nom, pays et âge. » En 1666[95] et en 1673, il lui fut répondu qu'il y avait « un maître d'escole qui enseigne les petits garçons et sa femme les petites filles[104]. » En revanche, en 1679[105], il n'y avait ni maître ni de maîtresse et en 1698, seulement un maître « qui n'est pas stable[106]. » Par la suite, les procès-verbaux des visites jusqu'en 1745 notèrent l'absence d'enseignant.

Par ailleurs, sur cette même période, si l'hôtel-Dieu, dont l'existence était toujours documentée au début du XVIe siècle, n'existait plus, il y avait, au moins jusqu'en 1702, une ou deux sages-femmes « suffisamment instruites » (de la forme du baptême et de la façon de le conférer en cas de nécessité).

En avril 1677, deux actes de François Chartier, avocat au parlement et bailli de Jaligny, requis par le curé Jean Burelle, constatèrent les nombreuses dégradation commises[107] par deux escadrons de cavalerie du régiment de Chambert et par l'aide-major et plusieurs cavaliers du régiment d'Albret[108].

En 1686, le procès-verbal de la généralité de Moulins, précisant que la dame de la Motte-Guillaud en a le fief et justice, notait à Jaligny la tenue d'une foire et l'existence d'un « pont de bois sur la rivière de Bèbre, en très méchant état, qu'il seroit nécessaire de faire de pierre pour le passage des troupes et commodité publique ». Jaligny (ville) comptait alors 35 feux (± 175 h.) et Jaligny (paroisse), avec le fief des Escures, 16 feux (± 80h.)[109].

XVIIIe siècle

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Transmission du fief au XVIIIe siècle

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Paulin de Barral.

Au décès de Gabrielle de La Motte, Châtelperron échut à sa fille, Marie-Cilénie, épouse de François de Charry des Gouttes, tandis que Jaligny et Treteau, avec Boucé et Sorbier, formèrent le patrimoine de son fils, Clément-Éléonor Guillaud de La Motte[N 21], colonel du régiment de La Mothe (1695-1590), brigadier des armées du roi et gouverneur de Moulins-en-Bourbonnais[14],[110]. Du mariage de Clément Guillaud et de Françoise Quatrebarbes[111], en 1704, naquirent deux fils, Charles (1702- ) et Henri-Augustin (1707-1762) Guillaud de La Motte, qui hérita de Jaligny au décès de son père, en 1710. Augustin[112], marquis de Jaligny[113], gouverneur de Moulins et capitaine du château de Moulins, épousa, le 4 mai 1742, Marie-Charlotte-Geneviève du Boisjourdan[114], qui lui donna deux filles, Henriette-Gabrielle et Marie-Séraphine Guillaud de La Motte. Il mourut en 1762 et fut inhumé le à Jaligny[115].

Le , Marie-Séraphine Guillaud de la Motte[116] épousa Pierre-François-Paulin, comte de Barral, seigneur d'Allevard en Dauphiné, descendant d'une vieille famille de maîtres de forges, chevalier de Malte et colonel de dragons, lui apportant Jaligny et Treteau. Il avait été reçu de minorité dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem le et dut, pour se marier, être dégagé de ses vœux[117]. À la sortie des Liaisons dangereuses en 1782, Marie-Séraphine obtint une séparation de corps et de biens pour « débauches » de son mari. Paulin, libertin fameux, aurait en effet servi de modèle, parmi d'autres, à son parent, Choderlos de Laclos, pour le personnage du vicomte de Valmont.

Les travaux publics du XVIIIe siècle

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Du procès-verbal de la visite pastorale de l'évêque de Clermont daté du , il appert que la paroisse était dépourvue de cimetière clos[118]. Malgré les injonctions portées régulièrement depuis de nombreuses années d'en établir un dans les six mois, « clos de murailles, hayes, palissades ou fossés en sorte que les bestiaux ne puissent y entrer »[119], tous les morts continuaient à être inhumés soit dans l'église[95], soit autour de celle-ci, sans clôture[120], pour ceux qui n'avaient pas de droit à l'être à l'intérieur[106]. L'évêque ordonna donc à nouveau de « faire un cimetière au milieu duquel il [serait] placée une croix » et permit et enjoignit le curé de le bénir[118]. On ne sait pas précisément quand il fut obéi, mais il trouva un cimetière en bon état lors de sa visite suivante en 1734[121]. En 1745, son successeur nota cependant que le cimetière n'avait pas de croix[122].

Saint Jean-Baptiste (XVe siècle)

En ce début du XVIIIe siècle, on mentionne l'existence d'une chapelle Saint-Jean et Sainte-Agnès[105], reliée au bas-côté Sud de l'église Saint-Hippolyte par une arche. Le mauvais état de l'édifice avait été constaté en 1666[95] et, en dépit des mises en demeures épiscopales régulières depuis lors, sa voûte était déjà tombée en 1698[106]. Lors de sa visite pastorale de 1725, l'évêque ordonnera donc que la chapelle soit démolie et l'arcade murée, « aux frais de la luminaire »[118] (le budget consacré à l'huile nécessaire à l'entretien de la lampe de sanctuaire et aux cierges brûlés pendant les rites liturgiques). Les statues de saint Jean-Baptiste et de sainte Agnès qui s'y trouvaient avaient déjà été déplacés dans l'église suite à la visite pastorale de 1702[120]. La statue de sainte Agnès, dont le visage aurait pu être inspiré de celui de Suzanne de Bourbon[123], ornera par la suite la tombe de la famille de Barral dans l'ancien cimetière communal jusqu'en 1912[124]. Le procès-verbal de cette visite dénombrait sept autels dans l'église, maitre-autel compris, et citait les titulaires de quatre d'entre eux : le Saint-rosaire et le Saint-scapulaire, dont les confréries existaient encore quatre ans plus tôt[106], et Sainte-Catherine et Saint-Antoine, « auprès de la grande porte où il y a du danger de célébrer la sainte messe », et dont l'évêque ordonna la démolition « à cause de la proximité de ladite porte »[120].

En 1768, le curé Foulhoux bénit deux nouvelles cloches. En 1772, on construisit le chemin du lieu-dit « le grand domaine » jusqu'à Marseigne, que l'on prolongea en droite ligne jusqu'à la Besbre. Le chemin, réalisé par un « atelier de charité », fut empierré grâce à la démolition des remparts de Jaligny. On bâtit ainsi un pont en bois sur la rivière, à l'emplacement du pont actuel[125].

De 1775 à 1778, plusieurs travaux furent entrepris sur l'église : le pignon d'entrée fut reconstruit et le mur Nord réparé. On édifia la tour de l'escalier qui monte au clocher, on bâtit une charpente sur la voûte pour la couvrir en tuiles plates, on refit à neuf le pavement et on pratiqua une niche pour les fonts baptismaux dans le mur de droite[125].

La Révolution française

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Lors de l'assemblée générale des trois ordres, du ressort de la sénéchaussée de Moulins, le , le curé Guillaume-Joseph Fouilhoux faisait partie des représentants du clergé pour la châtellenie de Chavroches, y assistant comme procureur fondé de M. Chacaton, curé de Saint-Bonnet-de-Four, et de M. de Vaulx, curé des paroisses de Floret[N 22] et de Trezeil, son annexe. Le prieur-curé de Jaligny, Pierre-François Fouilhoux, y assistait également, au titre de la châtellenie des Basses-Marches[N 23]. Il était procureur fondé de M. Sébastien Gauthier, curé de La Celle-sous-Montaigut, et de M. Brody, curé de Quinssaines. L'ordre du tiers-état était représenté par Antoine Tain et Barthélemy Desfayer, propriétaires, députés de la paroisse de Jaligny[126].

La commune de Jaligny fut créée par le décret de l'Assemblée nationale constituante du , proclamé par le roi le [127], supprimant et abolissant « les municipalités actuellement subsistantes en chaque ville, bourg, paroisse ou communauté, sous le titre d'hôtels-de-ville, mairies, échevinats, consulats, & généralement sous quelque titre & qualification que ce soit ». Pour rendre uniforme l'administration du royaume, les lettres patentes du , données sur décrets de l'Assemblée nationale des 15 janvier, 16 et 26 février, partagèrent les anciennes provinces en 83 départements regroupant les districts formés de cantons qui avaient été créés le , par le décret de la Constituante « relatif à la constitution des assemblées primaires et des assemblées administratives ». Jaligny devint alors chef-lieu d'un canton appartenant au district du Donjon[128].

Estampes opposant le « prêtre patriote prêtant de bonne foi le serment civique » au « prêtre aristocrate » fuyant le même serment (1790).

Comme dans la plupart des communes, la Révolution française entraîna à Jaligny des troubles dus, notamment, à la constitution civile du clergé, décrétée par la Constituante le , à la suite de la nationalisation des biens du clergé en novembre 1789, et qui provoqua la division du clergé français en clergé « jureur » et clergé « réfractaire ». Dans un premier temps, Jaligny fit exception à la tendance générale de l'époque : alors que son plus proche voisin, Joseph Lacombe, curé de Marseigne, avait prêté serment, Guillaume-Joseph Fouilhoux, curé depuis 1766, « après avoir exposé son attachement pour la religion et la patrie, son respect et sa soumission entière pour les lois qui regardent en même temps le citoyen et le chrétien »[129], déclara solennellement que sa conscience lui ordonnait de le refuser. Malgré cela, la municipalité de Jaligny l'autorisa « à continuer ses fonctions comme ci-devant jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné »[129].

Mais la liberté dont jouissait le curé Fouilhoux attira les prêtres insermentés qui venaient, dans une paix relative, célébrer l'office dans l'église pour leurs paroissiens[129]. Le 10 et le 17 avril 1791, Devaux, curé de Trézelles, et son vicaire dirent à Jaligny publiquement la messe et confessèrent les quelques habitants de cette paroisse qui les y avaient suivis. Ils furent dénoncés et les officiers municipaux décidèrent de remplacer le curé de Jaligny. Le département de l'Allier décida, le 26 avril, son transfert au séminaire de Moulins et nomma, à sa place, le prêtre jureur Claude-Pierre Marcillat, jusqu'alors vicaire de Saint-Pierre de Moulins[130]. Pourtant, arguant que « tous les citoyens ayant droit de choisir le lieu de leur domicile, il entend demeurer à Jaligny tant qu'une loi positive ne s'y opposera pas »[129], Guillaume-Joseph Fouilhoux, auquel la population était très attachée, continua à officier et, sur les registres paroissiaux, à côté du nom de Marcillat faisait figurer le sien, suivi de la mention « prêtre catholique »[129]. Malgré la résistance du curé jureur qui voulait lui refuser les clefs de l'église, la municipalité l'autorisa cependant à célébrer la messe, « sauf à lui de se pourvoir des ornements et de tout le nécessaire d'après le décret de l'assemblée nationale du 17 mars 1791 » ailleurs qu'à la sacristie. Fouilhoux continua donc à officier ; il signa son dernier acte de baptême le 31 décembre 1792[129].

Le peuple français reconnaît l'être suprême et l'immortalité de l'âme, estampe anonyme, 1794, Paris, BnF, département des estampes et de la photographie.

À partir de 1793, la paroisse subit la volonté de déchristianisation imposée par la Convention. Marcillat avait prêté, le , le serment de liberté-égalité et, le 2 décembre, on l'avait nommé officier municipal et chargé des registres de l'état civil. Il conserva ses fonctions jusqu'au mois d'octobre, où Joseph Fouché l'appela à Lyon pour y être membre de la « Commission temporaire de surveillance républicaine » qu'il avait mise en place avec Jean-Marie Collot d'Herbois pour « former un supplément révolutionnaire à toutes les autorités constituées »[131] et maintenir leur zèle révolutionnaire. Le 20 frimaire an II (10 novembre 1793), on constata que Marcillat était parti depuis un mois.

Le 27 nivôse an II (16 janvier 1794), on acta la démolition du clocher, dont les matériaux furent vendus au démolisseur, et, le 29 pluviôse (17 février), on dressa un inventaire des objets mobiliers de l'église, devenue temple de la Raison. Confessionnaux, bancs, tableaux, etc., « des bois encombrant le temple de la Raison, ci-devant église, devenus inutiles, depuis que Jaligny a renoncé aux erreurs du fanatisme », furent vendus le 10 floréal[129] (29 avril). Fouilhoux continua secrètement son ministère, aidé par François Virot, un paysan illettré du hameau des Joules, qui enseignait le catéchisme, récitait les prières et allait chercher le prêtre qui venait de nuit, déguisé, pour baptiser ou marier[129].

Drapeau d'infanterie de la période révolutionnaire (1789-1793)

Pendant cette période, même s'ils furent largement imputés par les révolutionnaires aux « prédications séditieuses » du clergé insermenté, les troubles ne furent pas seulement religieux. Les procès-verbaux du Directoire[N 24], mentionnaient Jaligny comme municipalité royaliste, aux côtés de 19 autres et de 5 municipalités inciviques dans le département de l'Allier. Le 12 septembre 1792, à l'occasion de l'enrôlement des volontaires, on y injuria et on y frappa les commissaires envoyés par le directoire pour procéder à la levée de dix hommes destinés à la formation du 2e bataillon de l'Allier[132]. Des mandats d'arrêt furent lancés contre les quinze principaux meneurs, domestiques chez des prêtres réfractaires ou métayers chez les seigneurs des environs. Six d'entre eux réussirent à se cacher des gendarmes mais tous passèrent en jugement devant le tribunal criminel de l'Allier, le 17 février 1793, qui en acquitta trois, dont un contumace. Les autres, présents ou contumaces, furent condamnés à de la prison ferme, entre trois mois et deux ans, et à une peine de deux heures d'exposition sur la publique du Donjon[129].

Départ pour les frontières d'un citoyen volontaire

Par ailleurs, les républicains, soucieux de « veiller à la conservation de l'espèce humaine en mettant les mœurs à l'ordre du jour », proscrivirent « l'yvrognerie … et, également cette volupté honteuse ou plutôt cette lubricité qui assimile l'homme à la brute »[129]. Le comité de surveillance de Moulins ayant « pour y parvenir, fait arrêter les femmes et les filles publiques, et celles qui courent les promenades la nuit »[129], le conseil général de Jaligny ne voulut pas être en reste. « Considérant que, dans le moment où la patrie a besoin de défenseurs, il est nécessaire qu'une femme habite avec son mari, à moins qu'il n'y ait incompatibilité entre eux », il fit demander à une femme de Bourbon-Lancy, habitant depuis peu la commune, compte des motifs de sa séparation et l'invita à regagner le domicile conjugal. Le même jour, jugeant que « sous un gouvernement républicain, il fallait que les mœurs fussent régénérées », il expulsa une fille « qui n'a cessé depuis un temps infini de mener une vie contraire aux bonnes mœurs »[129]. Suivant l'exemple des grandes villes de l'Allier, Jaligny, le 12 ventôse an II (2 mars 1794), interdit également aux cabaretiers marchands de vin de « donner à boire à aucun particulier domicilié dans cette commune pendant les neuf jours qui suivront chaque décade » (soit 9 jours sur 10) ; ils étaient autorisés à vendre du vin à emporter « pourvu qu'il n'excède pas demi-bouteille par individu »[129].

XIXe siècle

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Le retour au calme sous le Premier Empire

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Les églises de France furent rouvertes le et le mouvement de déchristianisation continua à décroître sensiblement après le coup d'État du 18 fructidor an V () puis la prise du pouvoir par Bonaparte et le concordat de 1801 rétablit officiellement le culte en 1802. La paix religieuse revenue, Fouilhoux rouvrit son église et fut curé jusqu'à la nomination de son successeur, le 26 vendémiaire an XI (19 octobre 1802)[133], mais il signa son dernier acte le 24 avril 1803 et son successeur, Jean Potier, ne fut installé que le 25 mai 1803[129].

Dans son édition du , la rubrique « Travaux publics » du journal Le Mémorial bordelais remarque, « parmi les grands travaux qui occupent, sur tous les points de la France, une innombrable quantité d'ouvriers », la construction d'un pont à Jaligny (Allier)[134]. Cet ouvrage venait vraisemblablement se substituer à la structure bâtie en 1772.

Quelques notables de l'Empire

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Blason de Nicolas Guyot

Sous le premier empire, Paulin de Barral, chambellan du roi Jérôme de Westphalie et cousin de l'impératrice Joséphine, fut fait baron Barral et de l'Empire par décret du , (lettres patentes signées à Paris le )[135]. Peu avant, un décret du faisait également baron de l'Empire Nicolas Guyot, né à Jaligny le 6 février 1776, capitaine au 26e régiment d'infanterie légère (constitué à partir de la 16e demi-brigade légère bis et de la 17e demi-brigade légère, elle-même issue, pour partie, du 2e Bataillon de volontaires de l'Allier)[136], membre de la légion d'honneur[137]. Lieutenant de voltigeurs à la bataille d'Ebersberg, le 3 mai 1809, il avait été « exposé au plus grand péril ». Le lendemain, au moment de passer le régiment en revue, Napoléon l'avait fait appeler et lui avait dit[136] :

« Vous êtes désigné par vos chefs comme l'officier le plus brave du régiment ; je vous nomme baron et vous donne quatre mille livres de rente en dotation. »

— Colonel Pouget, Souvenirs de guerre du Général Baron Pouget

Jaligny sous le second Empire

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Bien que considérée comme municipalité royaliste, à la fin du siècle précédent - en 1793, le directoire du district du Donjon jugeait que « l'expérience a prouvé que l'on ne pouvait compter sur [la garde nationale] de Jaligny »[138] -, la localité comptait quand même, cinq décennies plus tard, quelques notables républicains. C'est pourquoi, lors du coup d'État du 2 décembre 1851, qui ne rencontra que peu d'opposition dans la région, un médecin, Chomet[139], et un pharmacien réussirent à soulever une petite partie de la population, plus des artisans que des paysans. Parti du Donjon, un mouvement d'émute se répandit et les insurgés marchèrent sur Lapalisse.

Chasseur à pied.

Le vers midi, 4 à 5 000 insurgés étaient réunis à Marseigne pour y être passés en revue[140]. La nouvelle arrivant de la mise en marche de la troupe de Moulins et de Clermont, ils se dispersèrent. Le , les insurgés de Jaligny firent prisonnier le maire et le gardèrent militairement jusqu'au lendemain. Après avoir distribué des fusils, de la poudre et des balles, ils allèrent ensuite de commune en commune pour recruter des partisans. À Lapalisse, des affrontements armés avaient eu lieu et les insurgés du Donjon s'étaient emparés de la sous-préfecture de Lapalisse, avaient séquestré le sous-préfet et tué sauvagement 2 gendarmes[141] avant de retourner au Donjon et de piller son château.

Sous les ordres de Billard, de Saint-Léon, les insurgés se rassemblèrent de nouveau à Jaligny, rejoints par des gens de Thionne, de Chavroche, de Tréteau et de quelques autres communes[140]. La bande insurrectionnelle tenta de marcher sur Moulins, mais, le , arriva à Jaligny une colonne mobile composée de gendarmes, de chasseurs à pied et de citoyens volontaires aux ordres de M. Devaulx de Chambord[140]. Il fut procédé à 36 arrestations[140] et les insurgés furent containts de se retirer en désordre. La troupe occupa les localités d'où étaient partis les opposants et, le 7, la tranquillité était rétablie. Les biens de Chomet furent mis sous séquestre[139] et plusieurs insurgés jalignois furent déportés en Algérie jusqu'à leur amnistie en 1859[125].

En 1852, les sœurs de la Présentation ouvrirent une école de filles[125].

En 1856, on reconstruisit de nouveau le pont sur la Besbre[142].

Le bourg sous la IIIe République

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Détruit en 1794, le clocher de l'église fut rebâti dans la 2e moitié du XIXe siècle selon les plans de l'architecte vichyssois Abel Madeleine[143].

Le , la municipalité adopta un projet, déjà présenté en 1874, de construction d'une école communale de garçons, estimant pouvoir approvisionner le tiers de la somme nécessaire, et désigna un architecte de Jaligny pour en établir le devis et en dresser les plans. Lors de sa séance du , le conseil municipal décida l'ouverture d'école de filles dès le mois d'avril et annonça en confier la direction à une religieuse de la communauté des Augustines de Moulins, laquelle recevrait les émoluments attachés à sa fonction, à la condition cependant que la commune resterait libre de choisir une institutrice laïque, lorsqu'elle serait en mesure de la loger, et de lui transférer le traitement[144]. L'adjudication pour la construction de la maison d'école fut annoncée par la mairie au [145].

Un décret du autorisa la création dans la commune d'un bureau de bienfaisance (devancier de l'actuel centre communal d'action sociale)[146].

Le , Marie (1872-1944), fille d'Hector Marie Edme de Barral[147] épousa Paulin de Villardi de Montlaur, comte Georges de Montlaur, capitaine de dragons[148]. Seule héritière de la ligne aînée des Barral[149], elle transmettra ainsi la propriété du château et de nombreuses terres à Jaligny à la famille de Montlaur.

Le , la Société anonyme du chemin de fer d'intérêt local de Dompierre à la Palisse mit en service la ligne qui desservait, entre autres, la gare de Jaligny.

Avenue de la Gare.

En 1894, la municipalité de Jaligny vendit une parcelle de terre au minotier Auguste Turaud pour construire un deuxième pont sur la Besbre, le « pont de la Chaume »[125], permettant de la sorte un accès direct au « moulin de la Chaume » à partir du bourg. Situé sur la rive gauche de la rivière, alors que le « moulin du château » se trouvait sur la rive droite, cette minoterie semblait déjà ancienne à cette époque puisqu'il est documenté en 1820 comme appartenant à la famille Aubert, dont un des membres, Jean, fut maire de Jaligny de 1801 à 1830. Racheté en 1873 par Selaquet, un boulanger de Jaligny, il avait été pris en location par la famille Turaud en 1881 puis était passé dans cette famille en 1889 par le mariage de l'un des fils avec la fille de Jean Selaquet[150].

Le , le conseil municipal décida de créer l'avenue de la Gare et prévit à son budget une dépense de 5 000 francs (équivalant plus ou moins à 21 300  de 2022). En échange de l'ancien chemin « étroit et tortueux » qui était devenu insuffisant, Hector de Barral cèda le terrain et le parc du château fut aligné le long de la nouvelle avenue. Finalement, le devis complet pour l'avenue de la gare s'élèva à 10 624 francs et fut accepté par le conseil municipal le [125].

Lors des manœuvres du Centre de 1898, qui débutèrent le 6 septembre, opposant à Dompierre-sur-Besbre les 8e et 13e corps d'armée[151], Jaligny fut le quartier général de la 6e division de cavalerie[152].

XXe siècle

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Les conséquences locales de la guerre scolaire

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Après leur expulsion en 1880, une partie des congrégations religieuses s'étaient reconstituées, donnant lieu à une réaction anticléricale des autorités de la Troisième République, qui fut d'abord relativement tempérée sous le gouvernement Waldeck-Rousseau (1899-1902). Avec l'arrivée aux affaires du gouvernement Combes la lutte contre l'influence scolaire de l'Église catholique, que Combes lui-même exposait comme une « campagne laïque »[153], l'anticléricalisme s'était encore durci avec notamment la fermeture de 3 000 écoles non autorisées de congrégations autorisées par le titre III de la loi Waldeck-Rousseau[154]. Les Sœurs de la Présentation déposèrent alors une demande d'autorisation et le conseil municipal de Jaligny émit un avis favorable, par 6 voix contre 3 de ses 9 membres présents sur 12, au maintien de leur école[155]. Néanmoins, anticipant la nouvelle expulsion des congrégations et pour qu'à la rentrée suivante la situation soit « satisfaisante pour les pères de famille », il décida, le , d'utiliser provisoirement la salle de la mairie pour permettre la création d'un deuxième poste d'institutrice laïque. De fait, 76 filles seront inscrites pour la rentrée. L'école congréganiste de filles ferma définitivement en 1904[125].

Les grands travaux communaux

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Construction du pont sur la Besbre (1907).

En 1905, débuta la construction d'un pont en béton de 28 m sur la Besbre destiné à remplacer le pont de bois édifié en 1856. La réception définitive des travaux eut lieu le [125].

En 1908, la caserne de gendarmerie, qui était jusqu'alors installée près du pont, fut transférée dans ce qui aurait dû être le presbytère, dont la construction avait été votée par la municipalité le , avant la loi de séparation des Églises et de l'État (actuel hôtel de ville)[125].

En 1912, le conseil municipal décida le transfert du cimetière qui était à proximité du bourg. Le nouveau cimetière ouvrira en 1914, route du Donjon[125].

Monument aux morts vers 1921.

Lors de sa séance du , le conseil vota l'érection d'un monument aux morts sur la place de la République, pour perpétuer la mémoire des enfants de Jaligny morts pour la France au cours de la guerre de 1914-1918. Le maire, Auguste Turaud, informa le conseil qu'en mémoire de son fils « Mort pour la France », il faisait don à la commune du coq gaulois écrasant le casque à pointe allemand en bronze destiné à surmonter le monument. L'édifice fut réalisé en granit gris dont les éléments furent taillés au Mayet-de-Montagne, puis acheminés par chemin de fer à la gare de Jaligny puis, avec des voitures à chevaux jusqu'à la place de la République[156]. 43 noms furent gravés dans le granit, auxquels s'ajouteront par la suite 7 noms pour 1939-1945 et 3 pour les opérations d'Afrique du Nord, en 1956, 1957 et 1961.

En 1922, on décida que l'emplacement de l'ancien cimetière serait aménagé en place du marché et, le , on commença la construction de la première halle (travée centrale du marché actuel)[125].

1re halle du marché.

En projet depuis 1897, où les édiles hésitaient encore entre l'éclairage électrique et l'acétylène[157], l'électrification du bourg de Jaligny fut réalisée en 1927 par la Société Centrale de Distribution d'Énergie. En 1928, l'aménagement de sa traversée se poursuivit avec le goudronnage de la rue de la Poste.

Du 24 janvier au 21 février 1929, la France connut sa plus grande vague de froid depuis 1879 ; le 13 février au matin, on enregistra jusqu'à −30 °C dans la plaine de la Limagne[158]. Dans son édition du 22 février, le journal « Le Gaulois » rapporta que des loups poussés par la faim avaient été signalés dans les bois de Jaligny[159] et le quotidien de Georges Clémenceau, « L'Homme libre », annonça le même jour que des chasseurs avaient aperçu plusieurs aigles dans le parc du château[160].

1931 vit la démolition de l'ancienne mairie et la construction d'un nouveau bâtiment accueillant hôtel de ville, la salle des fêtes et la Poste, selon les plans de Marcel Génermont, architecte des monuments historiques de l'Allier.

L'école de scolarité prolongée.
L'hôpital.
L'école de filles.

Le marché couvert fut agrandi en 1932, par l'édification d'une deuxième travée en bordure de la route du Donjon.

En 1936, en application de la circulaire ministérielle du 30 octobre relative à l'allongement de la scolarité et aux classes de fin d'études[161], la commune fit l'acquisition de la propriété dite « l'hôpital » pour y créer de deux classe de scolarité prolongée. Le bâtiment avait été édifié à la fin du siècle précédent par Louis de Chantemerle, juge de paix, conseiller général du canton de Jaligny, maire de Cindré et sénateur, qui voulait en faire don à la commune pour qu'elle en fît une maison de retraite. N'ayant pas été réélu sénateur en 1885, il céda la maison à une famille qui, pour acheter le couvent de Marseigne, la revendit à la municipalité[162].

Au mois d'août 1937, Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts, inaugura l'école modèle de scolarité prolongée. À cette occasion, il fit, après la réception à la mairie, la visite de l'établissement et le banquet qui suivit, plusieurs annonces importantes concernant les projets de loi qu'il allait présenter aux chambres, lors de la rentrée parlementaire : la réforme de l'enseignement, la création d'une école nationale d'administration et le statut du droit d'auteur et du contrat d'édition[163].

La même année, la municipalité décida d'aménager le terrain de sport et de construire des bains publics.

En 1938, le trafic sur la ligne de chemin de fer local fut définitivement arrêté.

Pendant la Seconde Guerre mondiale

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Au mois de , après la percée de Sedan, le groupe d'armée no 4 de l'armée française, commandé par le général Huntziger établit son quartier général au château.

Comme dans de nombreux villages, la défaite des armées françaises entraîna un afflux de réfugiés civils à Jaligny qui les hébergea jusqu'à leur retour, à partir du mois de juin. Certains d'entre eux, qui louaient la gare, désaffectée depuis la cessation de l'exploitation de la ligne de chemin de fer, étaient encore présents en juin 1941[164].

Tracé de la ligne de démarcation dans l'Allier.

Entrée en vigueur le , après la signature de l'armistice entre l'Italie et la France du [165], la ligne de démarcation passait dans les bois de Jaligny, au nord du territoire communal. L'invasion de la zone libre le par les troupes allemandes entraîna sa suppression officielle le .

À partir de novembre 1942, en application des clauses de la convention[166] d'armistice, les Allemands vidèrent les stocks de munitions à chargement spécial (gaz de combat, toxiques chimiques et fumigènes) constitués depuis la Première guerre mondiale à l'entrepôt de réserve générale de munitions de La Ferté-Hauterive (situé sur le territoire de Saint-Loup[167],[168]) et créerent un important dépôt de ces munitions dans la forêt de Jaligny[169], protégé par une troupe bien équipée[170]. Des unités allemandes s'installèrent sur la commune, au château et dans d'autres propriétés de la commune, notamment à Marseigne.

Le , un responsable local de la Résistance s'enquit auprès d'un exploitant forestier de l'importance des troupes allemandes en forêt puis décida d'y effectuer une mission de reconnaissance avec quelques hommes. Ils trouvèrent sur place le cuisinier de l'unité et le tuèrent. Le 21 août, en représailles, des soldats du 18e Bataillon[170] regroupèrent des habitants du faubourg de Marseigne et quelques passants au carrefour des « Quatre-Chemins », avec l'intention de les fusiller pour venger l'assassinat du soldat. Sur ces entrefaites, deux véhicules de la compagnie FTPF 1218[170] du camp « Guy Mocquet » de Dompierre-sur-Besbre, dirigée par le docteur Clusel, médecin et communiste, qui venaient de piller certaines propriétés des environs et se dirigeait vers Sorbier pour y récupérer des armes récemment parachutées[170],[N 25], arrivèrent à Marseigne et, voyant le carrefour tenu par les Allemands, ouvrirent le feu[171]. Les Allemands ripostèrent et les six occupants de la première voiture, immobilisée par un jet de grenades[170], furent tous tués. Estimant les représailles suffisantes, ils libérèrent ensuite les otages. Les corps des maquisards furent exposés à l'église paroissiale, avec le produit des vols qu'ils venaient de commettre. La population de Jaligny refusa leur inhumation au cimetière communal mais on installa un monument au lieu où ils avaient été tués. Celui-ci fut déplacé par la suite de l'autre côté de la route, le long du mur de l'actuelle brigade de gendarmerie, sur lequel est apposée une plaque mortuaire portant leurs noms ainsi que celui de la jeune Paulette Michelet, âgée de seulement 14 ans, tuée accidentellement à proximité le 5 septembre 1944, d'un coup de fusil par un soldat FFI qui nettoyait son arme[170].

Après 1945

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En 1959, un collège d'enseignement général fut créé à Jaligny, équipé et géré, pour l'essentiel, par la commune et les communes environnantes. L'équipement fut réalisé en classes préfabriquées (dont 7 par le budget communal de Jaligny et deux groupes de 3 classes fournies par l'État). Les communes constituèrent alors un syndicat intercommunal pour la construction d'une cantine scolaire afin d'héberger plus de 300 demi-pensionnaires, le service de demi-pension étant géré par un comité de gestion de bénévoles. En préalable à une nationalisation, la situation juridique de l'établissement fut régularisée à la rentrée 1970 par la création officielle du collège d'enseignement général mixte n" 0030019 E de Jaligny-sur-Besbre comme établissement de second degré, sous le régime municipal[172].

Marseigne sur la carte de Cassini.
Marseigne sur la carte de Cassini (XVIIe siècle).
Marseigne au cadastre de 1833.
Marseigne au plan cadastral de 1833.

Le village de Marseigne, situé sur la rive gauche de la Besbre, semble avoir été bâti sur l'emplacement d'un camp romain[24], comme peuvent le laisser penser son nom de Marsinha des anciennes chartes (Martis signa, enseigne de Mars, périphrase pour désigner un camp)[173], ainsi que sa position topographique sur la voie romaine secondaire reliant Decize à Roanne par la vallée de la Besbre. Cette voie, venant de Dompierre, rejoignait ensuite Lapalisse[24]. Son existence est avérée par les nombreux vestiges gallo-romains découverts à ses abords. Elle remplaçait un chemin protohistorique attesté par le champ d'urnes de Dompierre et le trésor de Marseigne, composé de bijoux d'or (un bracelet d'or uni, une lame d'or enroulée « en ressort de sonnette », des torques d'or hélicoïdal à crochets coniques et un crochet conique en or) et d'un lingot de bronze, datant de l'âge du bronze trouvés en 1868 et 1869[174]. Des restes de cette voie ont été identifiés à Decize, Marseigne et Dompierre[80].

Aujourd'hui faubourg de Jaligny, Marseigne, dont l'existence est largement documentée depuis le Moyen Âge, était, sous l'Ancien Régime, une paroisse, au sens de subdivision administrative civile, appartenant à la généralité, à l'élection et au bailliage de Moulins[175] et relevant de la coutume de Bourbonnais. C'était une possession de l'abbesse des bénédictines de Notre-Dame de Nevers[28], qui était titrée dame de Marseigne[176] et y avait droit de justice, haute, moyenne et basse[173].

En tant que subdivision ecclésiastique, la paroisse Notre-Dame de Marseigne [28],[177] relevait du diocèse de Clermont. Bien qu'une tradition très ancrée localement la place sous le patronage de saint Blaise[178],[179], elle était sous celui de saint Fiacre[177],[N 26]. D'ailleurs, le Cadastre napoléonien donnait encore à voir, en 1833, une « maison Saint-Fiacre » à proximité de l'emplacement de l'église paroissiale[180]. Le curé était nommé à la présentation de l'abbesse de Notre-Dame de Nevers[181],[28], en sa qualité de dame de Marseigne.

Un prieuré dépendant de cette abbaye est déjà connu à Marseigne en 1293, à l'occasion d'un différend entre Robert III, comte de Clermont, seigneur de Jaligny, et Isabelle, prieure de Marseigne, au sujet de la justice haute et basse du prieuré et des amendes qu'elle devait toucher pour les délits commis dans la ville de Marseigne[173].

Certains documents mentionnent aussi à Marseigne[N 27] un prieuré augustin, également sous le vocable de Notre-Dame, qui aurait été rattaché à l'abbaye Saint-Martin de Nevers[182],[183],[184]. Quelques-uns d'entre eux considèrent que son prieur percevait en totalité la dîme de la paroisse de Marseigne ainsi que la dîme de Paray, sur le territoire de Saligny, indivise avec le curé prieur de Saligny et le propriétaire de cette terre[185]. C'est vraisemblablement dans ce prieuré augustin que mourut, vers la fin du XIVe siècle, Louis Dauphin, fils cadet de Guichard Ier Dauphin et frère de Guichard II Dauphin, seigneurs successifs de Jaligny[59].

Matrice et empreinte du sceau d'Ysabeau Boutefeu, prieure de Marseigne.
Scel d'Ysabeau Boutefeu.

Au XVe siècle, les « sujets en justice » du prieuré des Bénédictines lui étaient chaque année redevables, au titre de la haute justice, de « trois courvées à beufz et charrecte », ainsi que le demandait la prieure, Dame Ysabeau Boutefeu, au dénommé Pierre Bardin et aux siens, en 1462[183].

Le terrier de Chavroches, refait en 1509 sur ordre de la duchesse Anne de Bourbon, nous apprend que le fief de La Vauvre (près de Jaligny) appartenait à la prieure de Marseigne[140] et, par la Description générale du Bourbonnais en 1569 établie par Nicolas de Nicolaÿ que la paroisse comptait 28 feux fiscaux, ce qui pourrait équivaloir à environ 140 habitants. À la même époque, Nicolaÿ recensait 78 feux (environ 390 habitants) à la paroisse de Jaligny, « tant en la ville et franchise (dans l'enceinte fortifiée) que hors la franchise »[2].

Blason de l'abbaye Notre-Dame de Nevers.

L'exploitation par les sociétés savantes locales des archives de la Nièvre relatives à l'abbaye Notre-Dame de Nevers, a permis de documenter un grand nombre d'autres droits et possessions du prieuré, notamment au XVIIe siècle. Ainsi, trois procès-verbaux d'une visite canonique du prieuré, effectuée le 22 juillet 1624 par Jacques Aubert, prêtre et religieux profès de l'abbaye de Saint-Vincent du Mans, commissaire député par Claude de Gamaches, abbesse de Notre-Dame de Nevers, accompagné du notaire royal au bailliage et siège présidial de Saint-Pierre-le-Moûtier, fournit un compte-rendu très complet de l'état général du monastère, de ses aménagements et de ses revenus.

La prieure, dame Perronne (ou Perronnelle) de La Guiche, étant absente, les commissaires passèrent par le cloître pour se rendre à l'église, où ils constatèrent que « la voulte couvrant le grand aultel est crevassée, fendue et entre ouverte, menassant ruyne et quant à deux petites voultes, estant à l'entrée du choeur de lad. esglise, avons veu qu'elles ont esté puis naguères refaictes à neuf. »[173]. Le soir, « au logis de Nostre-Dame », ils reçurent messire Jean Tungnaud, curé de Marseigne et chapelain du prieuré qui y résidait dans une chambre, « d'aultant que à présent il n'y a aucune maison presbiteralle, estant ruynée de long temps et les parochiens si pauvres qu'ils n'ont moyen de la faire rebastir. »[173]. Il déclara en outre qu'il assurait le service divin et célébrait la sainte Messe au moins un jour sur deux en l'église du prieuré et qu'il y célèbrait même les vêpres les dimanches, ainsi qu'aux fêtes de Notre-Dame et des Apôtres[173]. Le lendemain, les commissaires rejoignirent messire Tungnaud dans le prieuré, où il leur montra une grande chambre planchée à neuf, une des salles attenantes, une cuisine et deux autres petites chambres, « toutes lesquelles chambres, salles et cuisine, avons trouvé en bon estat et suffisamment garnies de meubles »[173].

Il ressort également de l'audition du chapelain que le prieuré était propriétaire d'un moulin à blé « assez proche et au-dessus de Jalligni, sur la rivière de Besbre, justice dudit prioré, qui s'accense communément 50 quartes froment et seigle ». Il possédait également un domaine – sans doute celui des Ardillers[14] – et « plusieurs articles de cens, rentes et beaux deniers, debvoirs » lui étaient dus, comme en témoignèrent les documents présentés au commissaire de l'abbesse[173].

La prieure avait droit de dîme aux paroisses de Saligny (dîme de Paray), Collanges et les Fougis, sur la paroisse de Thionne. En outre, elle avait totale justice, haute, moyenne et basse dans l'enclos et pourpris de la paroisse de Marseigne, cimetière et deux maisons devant ladite église, ainsi qu'en la maison du jardinier[173].

Le Couvent.

En 1686, le procès-verbal de la généralité de Moulins, établi par l'intendant d'Argouges, estimait le revenu du prieuré de Marseigne à 800 livres . La paroisse comptait alors 26 feux ; à titre de comparaison, Jaligny (ville) recensait 35 feux et Jaligny (paroisse), avec le fief des Escures, 16 feux[109].

En 1734, l'évêque de Clermont, Jean-Baptiste Massillon, notait, à l'occasion de sa visite pastorale[181], que « toute l'église [était] vousté et en assez bonne estat » (sic), le presbytère – peut-être la « Maison Saint-Fiacre » du cadastre de 1833 – en très bon état et le cimetière, enclos de murailles, en assez bon état, « à la réserve d'une grille à chaque porte... pour empêcher d'entrer les animaux ». Le curé déclarait alors la présence de 34 paroissiens adultes (« communions ») assidus aux offices. Si la paroisse ne comptait ni maître ni maîtresse d'école, elle avait une sage-femme « suffisament instruite ».

Lors de l'assemblée générale des trois ordres, du ressort de la sénéchaussée de Moulins, le , deux députés de la paroisse de Marseigne, Claude Lageneste, commissaire en droit seigneuriaux, et Gilbert Puignard, propriétaire, de la paroisse de Marseigne, représentaient l'ordre du tiers état pour la châtellenie de Chavroches[126].

La commune de Marseigne fut créée par le décret de l'assemblée nationale du , proclamé par le roi le [127]. Bien que décidée le , par délibération du département de l'Allier[186], sa fusion à celle de Jaligny semble avoir été effective antérieurement au , car ce jour-là, le curé Lacombe annonça son intention de prêter le serment à la constitution civile du clergé « à la municipalité de Marseigne et Jaligny réunis »[129].

La paroisse catholique disparut de facto quand le dernier curé, Joseph Lacombe, quitta Marseigne pour Vaumas, dont il fut curé « intrus » (« juratus, fuit intrusus à Vaumas ; absque moribus et doctrina »[129]) en 1791-1792[187]. Elle fut alors desservie par Claude-Pierre Marcillat, curé constitutionnel de Jaligny, qui, le , alla prendre les vases sacrés de l'église qui menaçait ruine et les rapporta à Jaligny, puis elle fut rattachée à Saint-Hippolyte de Jaligny, vraisemblablement vers 1797, quand le curé Guillaume-Joseph Fouilhoux, sortit de la clandestinité dans laquelle il vivait depuis 1793[129]. L'état religieux des ecclésiastiques de l'Allier vers 1802, la mentionnera comme « actuellement réunie à Jaligny »[133].

Le 16 janvier 1792, « presbytère, jardin, deux petits vergers provenant de la cure de Marseigne » furent adjugés en biens nationaux à un dénommé Bassot pour 4 500 livres et, le 24 prairial an II (12 juin 1794), « les bâtiments du prieuré de Marseigne, dépendant des Bénédictins de Nevers, église, cimetière, jardin, verger » le furent pour 37 000 livres à Jean-Marie Pomer de Péreux[188]. Il ne reste rien de l'église paroissiale, qui n'apparaît déjà plus sur le plan cadastral de 1833, mais, du prieuré, subsiste un beau logis à double corps, nommé « le Couvent ». Le lieu-dit « La Vieille Cure » est un rare témoignage toponymique de l'existence de cette ancienne paroisse.

Le prieuré du Saint-Sépulcre

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Histoire du Moûtier

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Façade Sud.
Façade Sud.
Salon à la fin du XIXe siècle.
Salon à la fin du XIXe siècle.

Non loin de la ville, se tenait jadis un monastère bénédictin aujourd'hui éteint, le Moûtier de Jaligny, fondé le 24 octobre 1036[28] sous le nom de « Prieuré du Saint-Sépulcre de Beaulieu »[N 28], par Hector (ou Hictor), seigneur de Jaligny, au retour d'un pèlerinage en Terre sainte. Le préambule de l'acte de fondation portait : « La vie est éphémère et rude pour ceux qui ne se confient qu'à eux-mêmes ; des peines seront infligées aux méchants et une récompense accordée aux bons. » Hector ajoutait que, « pour assurer la paix éternelle de son âme, [il] fond[ait] une église et la consacr[ait] au Saint-Sépulcre, en mémoire de la vive compassion dont le Christ fut ému quand il revint par le chemin de Jérusalem »[45]. Il entendait que sa fondation demeurât à perpétuité telle qu'il l'établissaitt et « vou[ait] quiconque essaierait d'y changer quelque chose, fût-ce le roi même, aux châtiments qu'[avaient] subi les traîtres Judas, Antiochus, Domitien, Néron, Datan et Ambiron. »[45],[189],[N 29],[N 30]

Hector donna sa fondation à la Bienheureuse-Marie-d'Auvergne – autrement dit à la cathédrale de Clermont[190] – sous l'épiscopat de Rencon, évêque de Clermont (1030-1053)[191]. Le couvent, composé de 12 moines[191], fut érigé en monastère après sa cession à l'abbaye de la Chaise-Dieu et soumis à la règle de saint Benoît. La date précise de cette affiliation est inconnue mais se situerait après 1052[28].

Quoi qu'il en soit, une bulle du pape Eugène III, datée du , citait déjà le prieuré de Jaligny pour l'abbaye de la Chaise-Dieu[192]. On sait aussi qu'Armand de Brezons, 17e abbé de la Chaise-Dieu fit un legs au prieuré de Jaligny, afin que l'on pria Dieu pour son âme le jour de son décès ()[193] et que l'archevêque de Bourges Simon II de Beaulieu s'arrêta deux fois à Jaligny, « prieuré conventuel de la Chaise-Dieu » : la première visite eut lieu en mars 1284, où il fut reçu processionnellement au son des cloches et mangea avec six des moines du prieuré[179] ; la seconde en 1287[192],[179]. Quelques noms de prieurs de cette période sont mentionnés : Étienne, en janvier 1221 ; Artophle, en 1225 ; Barthélemy, en mai 1237[192]. On trouve ensuite aux Archives nationales une charte du portant procuration du prieur du Saint-Sépulcre de Jaligny, Étienne de Montaigu, pour être représenté à Montpellier devant le vicomte de Narbonne et recevoir de lui les avis du roi Philippe le Bel concernant le conflit avec le pape Boniface VIII[14],[N 31].

Sceau d'Étienne de Montaigu représentant les Saintes femmes et l'Ange au tombeau. Au-dessus, un écu échiqueté à la fasce brochante, accosté du soleil et de la lune (1303).
Sceau du frère Étienne de Montaigu (1303).

Au XIVe siècle, ce prieuré avait pris une importance considérable. Son prieur avait la collation de seize cures et de nombreux droits seigneuriaux qui lui assuraient des revenus appréciables. En dépendaient, entre autres, le prieuré-cure de Cossaye[194], celui de Saint-Germain-en-Viry[195] ainsi, à Thyellus" (Thiel), que la paroisse Saint-Martin, citée par le pouillé d'Autun, et le prieuré désigné vers 1460, dans le terrier de la châtellenie de Moulins, sous le nom de « prieuré de Pougny »[196]. Les droits, cens et devoirs du fief de Toulon appartenaient déjà au prieur du Saint-Sépulcre qui en jouira jusqu'à la Révolution française[14].

De nombreux litiges naquirent alors entre les religieux et les seigneurs du voisinage. Le plus curieux concerne la prétention du prieur du Moûtier qui revendiquait le privilège de chasser la grosse bête dans les bois de Jaligny[14]. Plus sérieusement, en 1379, Guichard Dauphin reprochait au prieur Guillaume de Rochefort, d'avoir transformé depuis une quinzaine d'années, sans son autorisation, son prieuré en « une maison forte pourvue d'eschiffes et de tours et environnée de murs et de fossés, et cela à son très grand préjudice, attendu que ledit prieuré est sis près de son chastel de Jaligny, que jusque-là il n'a pas été fortifié, et que l'emparement n'en estant pas suffisant et le lieu n'étant tenable et défendable, grand péril et inconvénient se pourrait ensuir »[14]. Ce à quoi les moines répliquèrent qu'ils n'avaient fait qu'« obéir aux nécessités du moment en fortifiant leur prieuré, attendu que c'est le seul moyen d'assurer le service divin et d'offrir à leurs sujets un lieu où ils puissent mettre eux et leurs biens en sûreté. Les choses, en outre, ont été faictes de façon suffisante pour que la maison fût tenable et défensable, et il serait injuste de les obliger à démolir ce qu'ils ont péniblement édifié à grands frais et labeur ». Un arbitrage intervint et, le , un traité fut signé par lequel le prieur était autorisé à maintenir son prieuré en l'état de maison forte, avec ses tours, eschiffres (guérites), murs et fossés, pour protéger les revenus importants du monastère, estimés à 300 livres par an[197] et même à en augmenter les fortifications. En outre, il y pouvait mettre et instituer « un capitaine ydoine et suffisant du pays de Bourbonnais, Auvergne ou de Bourgogne, pour la tuition, seureté et garde dudit lieu, qui permit et réservé toutes foyes que le capitaine qui mis, institué et estably aura esté par les religieux fera serment solennel en la présence du seigneur de Jaligny ou de son bailli, toutes et quantes fois que requis en sera, de bien et loyalement gouverner et exercer l'office de capitaine dudit lieu au proffit dudit seigneur de Jaligny, des religieux et du pays »[14].

Armes de Jehan Le Long.

Le régime de la commende s'introduisit très tôt dans ce bénéfice ; à partir de 1456[14]Antoine de Balzac, docteur en décrets[179] succédant au frère Jehan Le Long[198], est cité comme prieur commendataire[N 32], on voit successivement passer Antoine de Chabannes, prieur d'Ambierle[179], évêque du Puy (1694-1520), Philibert de la Guiche (1540), François de la Guiche (1545-1578), Pierre Roux (1591), Antoine Challemoux, prêtre de Chambilly (1593-1613), Antoine Berthoux, de Mazerier (1613-1635), Jacques de Bayard, écuyer et aumônier du roi, abbé de Notre-Dame de Bellaigue, seigneur de Marsat et de Langlard (1635-1666)[199], Jean-Jacques de Charry des Gouttes, jusqu'à sa mort le (1666-1718)[46], Jacques Lallement, docteur en Sorbonne[179], évêque de Séez (mentionné en 1724)[200], puis Jean Oliva ou Olivat, bibliothécaire du cardinal de Rohan puis du prince de Soubise[N 33] (-1757)[201], et enfin Charles-Louis Taillandier, moine bénédictin de la congrégation de Saint-Maur (1747-1786)[14] et abbé commendataire de Sainte-Croix, en Irlande[202].

Armes d'Antoine de Balzac[N 34]

Mettant aux mains de particuliers, la plupart du temps étrangers au monastère, des ressources destinées au culte, la commende avait, de façon générale, mauvaise réputation. Si se trouvaient parmi les commendataires de meilleurs gestionnaires que ne l'étaient les abbés réguliers et qu’en définitive les moines et la régularité y trouvaient leur compte[203], bien souvent, ces bénéficiers n'avaient « d’autre soin que de piller la maison de Dieu »[204] et réduisaient au maximum le personnel du couvent, auquel ils ne reversaient que la portion congrue (du latin : congruus, convenable), censée lui permettre d'assurer le service divin et de vivre « convenablement »[N 35]. La mise à profit de la commende avait globalement des conséquences déplorables pour la régularité et la prospérité des ordres religieux mais, au Moûtier-lez-Jaligny, son emploi fut particulièrement scandaleux. Philibert de la Guiche donna le coup de grâce à la vie monastique : il chassa d'un seul coup tous les moines, et, régi dès lors comme un bien ordinaire, le prieuré ne fut plus, dans les faits, qu'une propriété des La Guiche dont Roux, Chalmoux, Berthoud et Bayard ne furent en réalité que des fermiers. Jacques de Charry des Gouttes entreprit, en 1681, de restaurer la vie religieuse, mais, bien que Simon Berroyer, à l'époque notaire en Bourbonnais et châtelain de Crapelles (village de Beaulon)[205], se fut retiré au moûtier en 1696, après avoir cédé au seigneur de Paray « ses droits aux lieux et domaines » qu'il possédait[196], sa tentative ne semble pas avoir réussi et en 1702 la communauté ne comprenait que le prieur claustral[179]. En 1743, le frère Prévost est mentionné comme titulaire unique de tous les offices claustraux[14].

Le 16 mai 1744, le roi autorisa le prieur Jean Oliva à poursuivre la suppression de la mense conventuelle et des offices claustraux[206]. Le 6 avril 1746, l'évêque de Clermont prit le décret de suppression de la mense conventuelle[206]. En et le , des lettres patentes du roi confirmèrent le décret épiscopal et ordonnèrent son exécution[206]. Enfin, cette même année, le grand conseil de la Chaise-Dieu décida que, moyennant une rente de 400 livres payée à la mense conventuelle de l'abbaye par le prieur du Moutier, les fondations faites à ce monastère y seraient transportées et qu'à leur intention il serait célébré chaque semaine, dans l'église abbatiale, une messe à voix basse. Devenus inutiles, l'église et les bâtiments claustraux furent détruits ; on vendit les ornements et objets servant au culte et, en 1750, de la fondation d'Hector de Jaligny, à laquelle il était interdit de toucher « sous peine de damnation éternelle », il ne restait plus que des domaines et des rentes servant uniquement à rendre la vie facile à un heureux bénéficier.

Du reste, un pouillé de 1762 mentionnait toujours comme étant à la collation du prieur de Jaligny les cures de « Saint-George du Vernet, Sainl-Alyre de Billy, Notre-Dame de Ciernat, Sainte-Anne de Montaigut-le-Blanc, Saint-Eloy de Montordre, Saint-Voyes près Jaligny, Saint-Maurice de Tréteaux, Saint-Lambert de Chasannes, Saint-Vénérand, Saint-Hypolite de Jaligny, Saint-Sépulcre près Jaligny, avec Notre-Dame de Thionne, son annexe[191]. » Les revenus du moûtier, gérés en 1766 par Claude Delageneste, receveur du prieuré[196], dépassaient encore 6 000 livres à la veille de la Révolution[14].

Les bâtiments prioraux

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Pierre sculptée aux armes d'Antoine de Balzac d'Entraigues.
Armes d'Antoine de Balzac.
Puits monolythe du XIIe siècle.
Puits monolythe du XIIe siècle.

Au milieu du XIVe siècle, les moines avaient transformé leur prieuré en un édifice carré, flanqué de quatre tours et d'échiffes et entouré de murs et de fossés[14], le faisant ressembler davantage à une maison forte qu'à un monastère. Au XVe siècle, Antoine de Balzac fit reconstuire les bâtiments[198] et leur adjoignit une aile spacieuse dans laquelle il installa ses appartements et une porterie que ses voûtes étroites à arêtes vives ont souvent fait passer, à tort, pour les restes d'une ancienne chapelle. De cette période datent deux pierres sculptées représentant un ange tenant devant lui les armes du prieur : d'azur à trois flanchis d'argent, chargé en abîme d'un écusson de gueules à la croix d'argent, au chef d'or chargé de trois flanchis du champ, chargé en abîme d'un écusson de gueules à la croix d'argent ; l'une est encastrée dans un mur ; l'autre est une ancienne clef de voûte de la porterie.

La partie la plus ancienne du Moûtier subit un remaniement complet au XVIe siècle et les salles gothiques disparurent pour faire place à des chambres hautes au goût du temps. Ces travaux furent interrompus lors de la scandaleuse gestion de Philibert de la Guiche et il n'en subsiste guère qu'une cheminée inachevée dont les ornements sont seulement esquissés. À la fin du XIXe siècle, on y lisait encore deux inscriptions : Cognosce te ipsum et Facile contemnit omnia quisemper cogitat esse mor(iturus)[14].

L'église prieurale, autour de laquelle s'étendait le cimetière, se trouvait à l'emplacement de la basse-cour actuelle. Lors de travaux au cours du XIXe siècle, on y découvrit de nombreux chapiteaux et pierres sculptées, provenant des démolitions de 1747, qui furent malheureusement brisés pour être utilisés comme moellons[14]. Seule subsiste, dans la cour d'honneur, une margelle de puits du XIIe siècle taillée d'un seul bloc et ornée d'arcatures romanes. Des fouilles récentes, entreprises par l'actuel propriétaire, ont mis au jour des sépultures anciennes à l'emplacement supposé de l'église.

Cet ancien monastère est aujourd'hui située sur le territoire de la commune de Thionne.

Politique et administration

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Jaligny a été le chef-lieu d'un canton qui regroupait huit communes et totalisait 4 280 habitants en 2011. Le canton fait partie de la première circonscription de l'Allier. Depuis fin , la commune est rattachée au canton de Moulins-2[210].

Dans l'ordre administratif, la commune appartient à l'arrondissement de Vichy et au département de l'Allier.

Dans l'ordre judiciaire, Jaligny-sur-Besbre relève du tribunal d'instance de Vichy, du tribunal de grande instance, du tribunal de commerce de Cusset et de la cour d'appel de Riom[réf. souhaitée].

La commune est membre de la communauté de communes Entr'Allier Besbre et Loire.

Municipalité

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Le conseil municipal de Jaligny-sur-Besbre est composé de 15 membres élus au scrutin majoritaire à deux tours[211]. La population communale étant inférieure à 1 000, les candidatures isolées et les listes incomplètes sont autorisées[212], mais on ne peut plus être élu si l'on n'a pas préalablement fait acte de candidature[213]. Chaque électeur choisit librement parmi tous les candidats ceux qu'il préfère : il peut panacher les listes, sans toutefois dépasser le nombre des 15 élus possibles. Les candidats ayant recueilli au premier tour la majorité absolue des suffrages exprimés et au moins un quart des voix des électeurs inscrits sont élus dès ce premier tour[214]. Au deuxième tour, sont élus ceux ayant alors obtenu le plus de voix. L'élection est acquise au plus âgé lorsque tous ne peuvent être élus compte tenu du nombre de sièges à pourvoir[214].

Aux élections municipales de 2014, la participation était de 358 votants sur 529 inscrits sur les listes électorales de la commune, soit un taux de 67,67 %. 15 sièges étaient à pourvoir. Tous les candidats de la liste unique ont été élus dès le premier tour.

On remarque également que plusieurs des candidats sont des habitants de la commune récemment installés.

Liste des maires depuis 1983
Période Identité Étiquette Qualité
1983 1986 Élie Combaret   Vétérinaire
1986 1989 Jean Bernardin   Gérant de coopérative
1989 2008 Marcel Achard PS Retraité de l'enseignement
2008 2010 Lucie Jaboin DVG Retraitée de l'enseignement
2010 2014 Pierre-Henri Vinay   Directeur de galerie d'art
2014 2020 Michel Laurent[219]   Agent technique
2020 En cours
(au )
Annie Deborbe[220]   Avocate

Hôtel de ville

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Les services de la mairie sont installés depuis 2005 dans l'ancienne caserne de gendarmerie, rue de la Couzenotte[125].

La construction de ce bâtiment sur des plans de l'architecte Antoine Percilly de Vichy avait été décidée le par le conseil municipal pour être le presbytère. Le financement du projet fut assuré pour partie par la vente de l'ancien presbytère situé route du Donjon, qui fut vendu le, et une subvention de l'État, le reste étant pris en charge par le conseil de fabrique de la paroisse[125]. Lors de la suppression de cet établissement public du culte par la Loi de séparation des Églises et de l'État du , la commune recouvrit à titre définitif la libre disposition du presbytère et c'est finalement la brigade de gendarmerie, qui devait s'installer au « Château Rouge », à la sortie du bourg, sur la route de Saint-Léon qui occupa ces locaux, peu fonctionnels pour accueillir des bureaux et des logements, de 1908[125] jusqu'à la construction de la nouvelle brigade à Marseigne dans les années 1980.

Services publics

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  • Le corps des sapeurs-pompiers a été fondé en 1886, année de l'achat de la première pompe à bras[221]. Depuis la départementalisation des corps de sapeurs pompiers, le centre de secours de Jaligny, autrefois communal, est rattaché au S.D.I.S. de l'Allier et appartient à la compagnie N3 du groupement Nord basé à Moulins[222].
21 sapeurs-pompiers volontaires - dont cinq féminines, pour une moyenne d'âge de 33 ans - commandés par un officier, sont affectés au centre de secours de Jaligny, renforcé par les 13 volontaires[223], commandés par un sous-officier, du centre de première intervention de Trézelles. Plusieurs recrues issues de la filière « Jeune sapeur-pompier » sont attendues en juillet 2024.
La caserne des pompiers, située près du cimetière, a été construite en 1995. Lors de sa session du , le conseil départemental de l'Allier a annoncé une subvention d'investissement d'1 million d'euros par an sur 2 ans soutenir la construction de trois nouveaux centres de secours, notamment à Jaligny-sur-Besbre[224].
En plus d'un camion citerne contenant 4 000 litres d'eau et pouvant transporter 5 sapeurs-pompiers, le centre est doté d'un véhicule de secours et d'assistance aux victimes et d'un V.P.I. (Véhicule de protection et d'incendie). La dotation d'un V.L.T.T. est prévue au budget 2024-2026 pour renforcer la chaîne de commandement « feux espaces naturels ».
En 2023, l'activité opérationnelle du centre a compté 445 interventions, dont 54 pour feux, 318 secours d'urgence aux personnes, 49 accidents sur la voie publique et 24 opérations diverses[225]. Les pompiers de Jaligny ont également participé, du 30 octobre au 2 novembre, à l'exercice « Vulcain », destiné à l'entrainement des réservistes de l'armée de terre à conduire une opération sur le territoire national[226].
  • La brigade de gendarmerie de Jaligny assure la sécurité des personnes et des biens. Elle est rattachée à la communauté de brigades de Lapalisse et appartient à la compagnie de gendarmerie de Vichy. Ces unités dépendent du groupement de gendarmerie départementale de l'Allier et de la région de gendarmerie d'Auvergne-Rhône-Alpes. Sur le plan judiciaire, les agents et officiers de police judiciaire relèvent de la compétence du tribunal de grande instance de Cusset.
  • Depuis la fermeture de l'agence postale en mai 2023, la municipalité a installé une agence postale communale dans la « salle de mémoire » de l'ancien hôtel de ville[227].

D'autres administrations ont été présentes sur la commune :

  • une agence postale ;
  • une agence du trésor public à compétence cantonale (perception) assurait le recouvrement des impôts directs et de certaines taxes ;
  • une justice de paix réglait les litiges de la vie quotidienne par une démarche conciliatrice. La salle de justice de paix existe toujours dans les locaux de l'ancien hôtel de ville.

Enseignement

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108 élèves fréquentent l'école de Jaligny : 81 dans les 5 classes de l'école élémentaire[228] et 27 l'école maternelle[229]. Plus de la moitié d'entre eux viennent des communes environnantes : Châtelperron, Mercy, Saint-Voir et Thionne.

Construit en 1978, le collège des Chenevières[230] compte 14 salles. 12 professeurs enseignent à 122 élèves[231], répartis sur 8 classes[232]. En 2022, le taux de réussite au brevet des collèges a été de 73,7 % en 2022, avec 28 admis pour 38 inscrits, dont 60.71 % de réussite avec mention[233]. Le collège des Chenevières se classe au 6 402e rang des 8 732 établissements français.

Ces établissements sont rattachés à l'inspection académique de Moulins et dépendent de l'académie de Clermont-Ferrand.

Santé et social

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  • Un médecin généraliste et une pharmacie sont implantés sur la commune, ainsi qu'un kinésithérapeute et deux cabinets infirmiers.
  • Le Centre Social[234] a été fondé en 1966 de par l'initiative des élus, des responsables des caisses locales de la Mutualité Sociale Agricole et de quelques personnalités locales intéressées par l'action sociale. C'est une association loi 1901 avec pour but de « promouvoir, créer, gérer toutes les activités et les services d'ordre sanitaire, social, culturel, éducatif, familial, en faveur des enfants, des adolescents, des malades, des vieillards et des familles en général ». Dès son origine, Le Centre Social est créé par et pour la population afin de répondre à l'ensemble des besoins sociaux de son territoire. L'activité du Centre Social a considérablement évolué au cours de toutes ces années. Si durant les quinze premières années, les actions entreprises étaient d'ordre médico-social, le Centre Social, depuis 1980, se présente comme un équipement de proximité à vocation d'animation globale et tend à s'inscrire comme un véritable instrument du développement social local. L'animation globale développée par cette structure participe à un soutien de l'animation de la vie locale et au développement social de son territoire par une approche favorisant l'exercice de la citoyenneté et l'échange social. À ce titre, le Centre Social s'attache particulièrement à la participation des habitants, dans tous les projets qu'il conduit. Équipement de quartier à vocation globale, familiale et plurigénérationnelle, c'est un lieu de vie sociale et un lieu d'inventions sociales concertées et novatrices. Dans les axes prioritaires de son projet social, on retrouve des objectifs tels que l'intégration des nouvelles populations, le développement des solidarités locales, voire européenne, la valorisation de la politique enfance jeunesse, la mise en réseau des associations et des collectivités, le soutien technique aux projets…
  • Un établissement d'hébergement temporaire pour personnes âgées (EHTPA), financé par la communauté de communes Val de Besbre - Sologne Bourbonnaise, est ouvert depuis le . La « Résidence du Val-de-Besbre » possède une capacité d'accueil non-médicalisé de 27 personnes.

La commune n'est actuellement jumelée à aucune localité étrangère.

Démographie

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Évolution démographique

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Jaligny est marqué par une forte baisse démographique, plus prononcée que sur la globalité du département de l'Allier. En un siècle, entre le recensement de 1896 et celui de 1999, la commune a perdu plus de 35 % de ses habitants. Avec 694 habitants en 1999, on y dénombre 68 habitants de moins qu'en 1990, soit une baisse de 8,92 %, pendant que l'ensemble du département perd seulement 3,77 % de sa population sur la même période. Plus que l'important déficit migratoire constaté dans les années 1970, aujourd'hui c'est surtout le déficit naturel qui est la cause de cette décroissance. L'excédent des décès sur les naissances explique actuellement les trois-quarts de la baisse démographique. La constante dégradation du bilan naturel résulte plus d'une chute du nombre des naissances que d'une augmentation des décès.

Comme dans le reste des zones rurales du département, les personnes âgées y sont sur-représentées. Cependant, la population des campagnes semble baisser à un rythme moins soutenu que celles des principaux pôles d'activités de l'Allier. Le bilan migratoire devenu légèrement positif annule une partie du déficit naturel.

Situé par l'Insee entre 25 et moins de 30 %, le taux de renouvellement de la population fait apparaître une plus grande stabilité que sur l'ensemble de l'Allier. En revanche, les personnes qui s'installent sur la commune sont plus âgées que dans les aires urbaines, où les nouveaux habitants sont principalement de jeunes ménages. La part des 60 ans ou plus parmi les nouveaux arrivants se situe entre 15 et 20 % contre 13,5 % pour la globalité du département et moins de 10 % pour ses pôles d'activités.

La part des actifs parmi la population âgée de 15 ans ou plus est de moins de 46 % quand elle est de 50 % pour l'Allier, en raison de la population plus âgée et d'une diminution de l'emploi agricole. La part des femmes actives parmi la population féminine âgée de 20 à 59 ans est inférieure à 70 % contre 75 % pour la moyenne du département.

On dénombre en 2005, sur la commune, 370 foyers fiscaux. 147 sont imposables (soit une évolution de 13,9 % par rapport à 2003), 223 non-imposables (-3,9 %). Le revenu net imposable moyen (12 933 ) a baissé de 1 % entre 2003 et 2005 alors que le revenu net imposable global (4 785 000 ) a progressé de 1,2 % pendant la même période.

Le taux de chômage de la population active est de 11 % (5 % des hommes, 18,4 % des femmes).


L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[235]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[236].

En 2021, la commune comptait 551 habitants[Note 1], en évolution de −8,01 % par rapport à 2015 (Allier : −1,97 %, France hors Mayotte : +1,84 %).

Évolution de la population  [ modifier ]
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
597408427568643627689888889
1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
9219059509241 0141 0621 0791 0951 073
1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
1 0591 0391 012946927954924869825
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2008 2013
822827778767762694652641598
2018 2021 - - - - - - -
563551-------
De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
(Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[237] puis Insee à partir de 2006[238].)
Histogramme de l'évolution démographique

Pyramide des âges

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En 2021, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 23,6 %, soit en dessous de la moyenne départementale (29,0 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 43,6 % la même année, alors qu'il est de 35,6 % au niveau départemental.

En 2021, la commune comptait 256 hommes pour 295 femmes, soit un taux de 53,54 % de femmes, légèrement supérieur au taux départemental (52,03 %).

Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit :

Pyramide des âges de la commune en 2021 en pourcentage[239]
HommesClasse d’âgeFemmes
2,4 
90 ou +
3,7 
13,8 
75-89 ans
19,7 
24,7 
60-74 ans
22,5 
22,3 
45-59 ans
21,4 
10,4 
30-44 ans
11,5 
14,9 
15-29 ans
9,0 
11,5 
0-14 ans
12,2 
Pyramide des âges du département de l'Allier en 2021 en pourcentage[240]
HommesClasse d’âgeFemmes
1,2 
90 ou +
10 
75-89 ans
13,4 
21,3 
60-74 ans
22 
20,6 
45-59 ans
19,6 
15,7 
30-44 ans
15 
15,6 
15-29 ans
12,9 
15,7 
0-14 ans
14 

Au , Jaligny-sur-Besbre est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[241]. Elle est située hors unité urbaine[242] et hors attraction des villes[243],[244].

Occupation des sols

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Carte en couleurs présentant l'occupation des sols.
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (81 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (81 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (39,4 %), prairies (35,3 %), forêts (12,4 %), zones agricoles hétérogènes (6,3 %), zones urbanisées (6,2 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (0,5 %)[245].

L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l'évolution dans le temps de l'occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].

Jaligny comptait 389 logements en 1999. Le parc est relativement ancien, plus de la moitié des résidences principales (56 %) ayant été construites avant 1949, contre 32,9 % en France. Cela s'explique par le fait que la presque totalité des zones non bâties est consacrée à l'agriculture.

Les résidences principales représentent 74,6 % du parc, soient 291 logements dont le nombre moyen d'occupants est de 2,3 personnes.

Les résidences secondaires (43 en 1999) ont évolué de 19,4 %, au cours de la décennie précédente.

La majorité des résidences (92 %) sont des logements individuels. On note une augmentation de 72,2 % de logements en immeubles collectifs ans la période 1990-1999, mais cela ne représente que 9 logements supplémentaires construits sur cette période.

Zones protégées

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  • Une grande partie du château est inscrite depuis le à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. À l'extérieur, ce sont les façades et les toitures du château et de la poterne, la tourelle d'escalier sud avec sa voûte en palmier. À l'intérieur, sont inscrits, au rez-de-chaussée : le grand salon avec son décor (à l'exception des colonnes), la salle de billard avec son décor, la cheminée de la salle-à-manger, le plafond à solives peintes de l'office ; au premier étage : les deux cheminées en pierre des tours nord et sud.
  • Le parc et le château du Lonzat, y compris ses décors intérieurs (salle à manger, salon, escalier à ferronnerie, chambres à cheminées et trumeaux), ses communs et dépendances, chaumière, allée d'honneur, avant-cour et cour d'honneur sont inscrits depuis le .

Jaligny est un pôle de services intermédiaires[N 39] du bassin de vie de Moulins, éligible au Programme régional des petites villes d'Auvergne, tiraillé entre les petites villes de Dompierre-sur-Besbre, Lapalisse et Varennes-sur-Allier[246].

Le pôle de Jaligny-sur-Besbre est fragile. Son statut de chef-lieu de canton permet le maintien de son activité, mais sa faible population, en baisse continue (taux de variation annuel total de -1,03 % entre 1990 et 1999) risque de le faire passer sous la taille critique. Sa capacité à rester un pôle de service local dépend du maintien des services publics (collège, sapeurs-pompiers, gendarmerie), de la modernisation et de la mise en valeur du pôle.

Une étude menée dans le cadre du programme « Equal » indique que près des deux-tiers des entrepreneurs jugent le territoire de la Communauté de communes Val de Besbre Sologne Bourbonnaise peu attractif. En , aucune installation d'entreprise n'y avait eu lieu depuis au moins cinq ans. Les raisons mises en avant par les chefs d'entreprises sont très diverses et concernent, en particulier, l'éloignement du territoire et sa mauvaise desserte, l'absence de zones d'activités, la faiblesse des équipements et des services publics, des moyens de communication, l'insuffisance des structures d'accueil, de maintenance et de promotion des entreprises, la faible structuration du territoire, le peu d'implication des élus dans des actions de développement économique, ainsi que la difficulté à pourvoir des postes qui demandent des compétences particulières. 73 % des chefs d'entreprises interrogés citent notamment des difficultés de recrutement de personnels qualifiés et motivés.

Secteur primaire

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L'activité économique de la commune ressortit principalement au secteur primaire, notamment à l'agriculture. Onze exploitations agricoles sont recensées en 2000 à Jaligny. Le territoire agricole se compose essentiellement d'une grande zone de plaine d'élevage extensif en systèmes herbagers. Les céréales et les oléagineux se développent peu à peu. Toutefois, les productions agricoles restent peu diversifiées.

Bovins de race charolaise.

Mais l'agrandissement des exploitations (60 ha de surface agricole utilisée moyenne en 1988, 102 ha en 2000) rend leur reprise et l'installation de jeunes agriculteurs problématique[247]. Ce problème est d'autant plus préoccupant que les chefs des exploitations sont, selon la Chambre d'agriculture de l'Allier en 2004, « plus âgés que la moyenne du département » sur le territoire de la Communauté de communes Val de Besbre Sologne Bourbonnaise.

Toutefois, La chambre d'agriculture prône la vigilance à l'égard de l'agrandissement des exploitations. Elle soutient le développement de voies alternatives (bio, filière qualité). Dans le Val de Besbre –Sologne Bourbonnaise, les productions agricoles sont depuis toujours orientés vers la qualité. Le Charolais du Bourbonnais a été, en 1974, le tout premier label rouge bovin décerné en France. Cette race est depuis clairement authentifiée pour sa qualité supérieure et bénéficie depuis 1996 d'une identification européenne : l'IPG (Indication Géographique Protégée). Un autre label a été attribué au « Charolais Label Rouge ». La filière avicole s'est engagée dans la même direction, avec la reconnaissance, dès 1961, du label de qualité A.F.A.Q. pour le « Poulet Bourbonnais ». 20 % des exploitations fournissent des produits certifiés « labels qualité ». Des productions labellisées « Agriculture biologique » ont fait leur apparition, avec encore cependant quelques difficultés en matière de débouchés et de rentabilité.

L'étendue des surfaces boisées assure également des activités d'exploitation forestière.

Secteur secondaire

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Ce secteur n'est pratiquement pas représenté à Jaligny. Seule subsiste une scierie, dont les activités ont dû se diversifier pour faire face aux difficultés qui touchent ce genre d'entreprise.

Secteur tertiaire

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La commune reste un pôle de services intermédiaires, avec commerces de proximité (supérette, boulangerie, coiffure...), école, collège, brigade de gendarmerie, notaire, médecins, pharmacie, banque, etc. Mais l'artisanat, les commerces et les services de proximité sont en perte de vitesse. On constate, au sein de l'EPCI, la même répartition de l'activité par secteur qu'au niveau départemental : 45 % dans le bâtiment, 30 % dans les services, 15 % dans l'alimentaire et 10 % dans la production. Les artisans se raréfient dans la majorité des communes. Plusieurs raisons expliquent cette crise de l'artisanat rural : la diminution de la population, le changement des habitudes de consommation et les futurs départs à la retraite (selon la Chambre des métiers, 45 % des chefs d'entreprises ont plus de 50 ans). Certaines professions sont plus touchées que d'autres : la boulangerie connaît une situation relativement stable, alors que la boucherie rencontre de grosses difficultés (du fait notamment de la modification des circuits de distribution). Ce phénomène touche également les services publics : le Trésor public a clos son bureau à Jaligny.

  • Le marché couvert, silhouette familière de la commune, fut construit en trois étapes. Les travaux du premier bâtiment débutèrent le . On dépensa alors 32 000 francs (36 428  de 2022[248]) pour édifier une halle en bois de 24 mètres sur 13, augmentée d'une ligne d'appentis de 3 mètres de largeur et 60 mètres de longueur, qui prendrait appui sur le mur du parc du château. La deuxième travée fut construite en 1932 pour agrandir la halle. Le marché prit son allure définitive en 1954 avec l'ajout d'une troisième travée s'appuyant sur le mur des communs du château. Il accueille chaque année le concours agricole et la « foire aux dindes ».