Jean Aurenche — Wikipédia

Jean Aurenche
Jean Aurenche en 1938. Photo d'identité (Sacem).
Biographie
Naissance
Décès
(à 89 ans)
Bandol (Var), France
Nom de naissance
Jean-Marie Louis Charles Philippe Aurenche
Nationalité
Activité
Fratrie
Marie-Berthe Aurenche (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction
Films notables

Jean Aurenche, né le à Pierrelatte en Drôme provençale et mort le à Bandol, est un scénariste et un dialoguiste. Auteur du scénario de près de 80 films, il a collaboré avec Pierre Bost, Marcel Carné, Claude Autant-Lara, Jean Delannoy, René Clément et, plus tard, Bertrand Tavernier.

Les débuts

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Jean-Marie Louis Charles Philippe Aurenche est né le à Pierrelatte, en Drôme provençale.

Dans les années 1930, Jean Aurenche travaille dans la publicité. Il fréquente les surréalistes (sa sœur Marie Berthe a épousé Max Ernst) mais aussi le groupe théâtral Octobre. Il se lie d'amitié avec Jean Anouilh et les frères Prévert, Jacques et Pierre. Il écrit le scénario d'un court métrage de ce dernier, Monsieur Cordon (1933), premier titre d'une filmographie de scénariste et de dialoguiste qui va s'enrichir de plus de soixante longs-métrages en un demi-siècle de carrière. Il réalise également vers 1933 avec Pierre Charbonnier, deux courts-métrages documentaires intitulés Pirates du Rhône et Bracos de Sologne. Le premier scénario de long-métrage étant l'adaptation d'un vaudeville, Vous n'avez rien à déclarer ? (1936), réalisé par Léo Joannon. Suivent, entre autres, L'Affaire du courrier de Lyon (1936) de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara, L'Affaire Lafarge (1938) de Pierre Chenal, Hôtel du Nord (1938) de Marcel Carné, L'Émigrante (1939) de Léo Joannon et Le Mariage de Chiffon (1941) d'Autant-Lara.

Aurenchébost

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En 1942, avec Douce (réalisé par Autant-Lara), Aurenche entame une fructueuse collaboration avec l'écrivain et journaliste Pierre Bost, né à Lasalle, qui cosigne avec lui les dialogues du film. Associés à l'écriture de plus de trente films des années 1940 à 1960, Aurenche conduit le récit dans ses moindres détails, Bost en rédige les dialogues. Le tandem travaille en particulier avec Claude Autant-Lara pour Le Diable au corps (1947), L'Auberge rouge (1951), Le Rouge et le Noir (1954), La Traversée de Paris (1956), Le Franciscain de Bourges (1967), avec Jean Delannoy pour La Symphonie pastorale (1946), Dieu a besoin des hommes (1950), Chiens perdus sans collier (1955) et avec René Clément pour Au-delà des grilles (1950), Jeux interdits (1952) et Gervaise (1955).

La charge de Truffaut

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En 1954, notamment François Truffaut, qui a alors 22 ans, écrit dans les Cahiers du cinéma un article retentissant[1] contre le cinéma français de la « Tradition de la Qualité » et du « réalisme psychologique », qui a succédé au « réalisme poétique » dont Prévert était le porte-flambeau : et c'est d'Aurenche et de Bost qu'il fait ses têtes de turc pour le fustiger.

Truffaut, par ailleurs élogieux sur les « excellents petits romans » de Pierre Bost, leur reproche pêle-mêle d´être les responsables d'un cinéma de scénaristes, dans lequel la création cinématographique est abandonnée, la tâche du réalisateur se limitant à la pose des « cadrages savants, éclairages compliqués, photo léchée » de la tradition de la qualité pour coller à leur texte ; de non seulement se cantonner à l'adaptation d'oeuvres littéraires, mais de les trahir en dénaturant leur portée ; de théoriser cette trahison par le « procédé de l'équivalence » (certaines scènes de roman ne sont pas tournables et il faut les remplacer par des scènes qui le sont) ; et de mettre tout ceci au service d´éléments racoleurs comme le blasphème ou la haine du bourgeois. Pour sa charge, Truffaut s'appuie notamment sur les deux scénarios dialogués du Journal d'un curé de campagne de Bernanos, celui d'Aurenche et Bost, que Bernanos avait refusé (notamment pour blasphème), et celui du film de Robert Bresson, fidèle au roman.

Et Truffaut d'opposer à ce cinéma de scénaristes le cinéma des auteurs de leurs films que sont Jean Renoir, Robert Bresson, Jacques Becker, Max Ophüls, Jacques Tati, etc.

L'article est considéré comme l'annonciateur de la Nouvelle Vague, dont les jeunes cinéastes reprendront à leur compte ces attaques : Aurenche et Bost voient leur prestige sérieusement mis à mal au fil des années 1960.

La collaboration avec Tavernier

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Ils reviendront pourtant au premier plan, notamment grâce à Bertrand Tavernier qui les associe à son adaptation d’un roman de Simenon, L'Horloger d'Everton, dont il tire L'Horloger de Saint-Paul (1974). Aurenche continuera seul avec Que la fête commence (1975), Le Juge et l'Assassin (1976) — dont l'idée revient aussi à Bost — et Coup de torchon (1981), tous trois de Tavernier qui, en 1984, adapte en outre un roman de Pierre Bost, Monsieur Ladmiral va bientôt mourir, sous le titre Un dimanche à la campagne (1984). Jean Aurenche a signé en 1987 ses derniers scénarios, De guerre lasse de Robert Enrico, Le Palanquin des larmes de Jacques Dorfmann et L'Étoile du Nord de Pierre Granier-Deferre.

Depuis la disparition de Jean Aurenche, Anne et Alain Riou lui ont consacré le livre d'entretiens La Suite à l'écran (éditions Actes Sud) qui couvre toute sa carrière. Bertrand Tavernier lui a également rendu hommage en 2001 dans le film Laissez-passer, qui suit les parcours croisés de Jean Aurenche et Jean Devaivre sous l'Occupation. Le rôle de Jean Aurenche est tenu par Denis Podalydès.

En 2010, un documentaire intitulé Jean Aurenche, écrivain de cinéma (d'Alexandre Hilaire et Yacine Badday) lui est consacré. À partir du César du meilleur scénario que Jean Aurenche a reçu en 1976 pour Que la fête commence de Bertrand Tavernier, ce documentaire évoque son travail sur un grand nombre de films (La Traversée de Paris, Jeux Interdits, L'horloger de Saint-Paul, Le Juge et l'Assassin...) et l'évolution du rôle du scénariste dans le cinéma français. Jean-Pierre Mocky, Alain Riou, Jean-Marie Poiré, Paul Vecchiali, Claude de Givray et Bertrand Tavernier interviennent dans ce film.

Filmographie

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Récompenses et distinctions

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Documentaires

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  • 1989 : Jean Aurenche, profession scénariste (de Michel Fessler / FR3 Lyon)
  • 2009 : Jean Aurenche, écrivain de cinéma (d'Alexandre Hilaire et Yacine Badday / Ciné Cinéma & RTV)

Notes et références

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  1. François Truffaut, « Une certaine tendance du cinéma français », Cahiers du cinéma,‎ (lire en ligne).

Bibliographie

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  • Christian Sale, Scénaristes au travail (Hatier/5 Continents, 1981)
  • Jean-Pierre Pagliano, Paul Grimault (Lherminier, 1986)
  • La Suite à l'écran, entretiens de Jean Aurenche avec Anne et Alain Riou (Institut Lumière/Actes Sud, 1992)
  • Bertrand Tavernier, Qu'est-ce qu'on attend ? (Le Seuil, 1993)
  • Jeux d'auteurs, mots d'acteurs, collectif (Institut Lumière/Actes Sud, 1994)
  • Antoine de Baecque, Contre la qualité française, autour de l’article de Truffaut, dans Cinémathèque n°4 (1993)
  • Laurent Delmas, Jean Aurenche, dans Synopsis n°17 (2001)
  • Alain Riou, Sur les pas de Jean Aurenche, dans Positif n°491 ()
  • Alexandre Hilaire et Yacine Badday, Jean Aurenche, écrivain de cinéma, dans La Gazette des Scénaristes n°31 (2007)
  • Thierry Riou, « Jean Aurenche (1903-1992), une vie romanesque au service de l'écriture cinématographique : dans cahier consacré à Ardèche, terre de cinéma », Cahier de Mémoire d'Ardèche et Temps Présent, no 115,‎

Articles connexes

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Liens externes

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Notice-biographie: Jean Aurenche sur Les Gens du Cinéma