Jean Bernard Jauréguiberry — Wikipédia
Bernard Jauréguiberry | ||
Bernard Jauréguiberry | ||
Nom de naissance | Jean-Bernardin Jauréguiberry | |
---|---|---|
Naissance | à Bayonne | |
Décès | (à 72 ans) à Paris | |
Origine | Français | |
Allégeance | Royaume de France République française Empire français | |
Arme | Marine royale française Marine impériale française Marine nationale | |
Grade | Vice-amiral | |
Années de service | 1831 – 1871 | |
Conflits | Expédition de Chine Guerre franco-allemande de 1870 | |
Distinctions | Grand-croix de la Légion d'honneur Médaille militaire Officier d'Académie | |
Hommages | ||
Autres fonctions | Membre du Conseil d'Amirauté sénateur inamovible Ministre de la Marine | |
Famille | Horace Jauréguiberry (fils) | |
Ministre de la Marine | ||
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Jean-Bernardin Jauréguiberry, dit Bernard Jauréguiberry, né rue Mayou à Bayonne (Basses-Pyrénées) le et mort à Paris (16e) le [1], est un officier de marine et homme politique français. Vice-amiral, il entame une carrière politique et est sénateur et plusieurs fois ministre.
Carrière dans la Marine
[modifier | modifier le code]Fils de Bernard Jauréguiberry, corsaire, capitaine de navire et capitaine du port de Bayonne, il est admis à l'École navale de Brest en . Embarqué en 1832 sur une frégate de 60 canons, la Melpomène, il participa au blocus d'Anvers. Après être passé aspirant en 1832, il servit en Afrique Occidentale de 1834 à 1836 sur l’Inconstant, la Bordelaise puis la corvette le Créole, et de 1837 à 1840 au Brésil, où il prit part, sur la Sapho, aux opérations sur le Paraña et l'Uruguay et au blocus de Buenos Aires, et commanda pendant plusieurs mois le cotre la Louise. Il fut promu enseigne de vaisseau en , et servit alors au Levant de 1840 à 1841 sur l’Embuscade, et dans l'océan Indien de 1841 à 1842 sur l’Andromède. Il passa lieutenant de vaisseau en . Il servit ensuite sur l’Alger et l’Océan de 1846 à 1848, puis sur le Caton en 1849 et le Valmy en 1852. Il commanda, de 1852 à 1854, l'aviso la Chimère au Sénégal et aux Antilles, et, en 1855, la canonnière la Grenade pendant la guerre de Crimée. Sa conduite lors des combats d'Eupatoria et de Kinbourn lui valut d'être nommé capitaine de frégate en . En 1857, il est nommé major de la division des équipages à Toulon[2].
Pendant l'expédition de Chine, il reçut le commandement de la Gironde, puis de la corvette Primauguet dans l'escadre de Rigault de Genouilly. Pendant la campagne de Cochinchine, il participa à l'attaque des forts de Tourane en 1858, puis à la prise de la citadelle de Saïgon, en , où il s'illustra lors de la prise des forts de Ki-Hoa avec le lieutenant de vaisseau Henri Rieunier. Passé en au commandement de la Meurthe dans l'escadre de Chine, capitaine de vaisseau en juillet, il commanda le corps de débarquement et mérita trois citations pour sa conduite lors de la prise du camp de Tang-Kou, des forts de Peï-ho et de Pékin (août-). Le protestant austère qu'était Jauréguiberry fut vivement choqué par les scènes de pillage auxquelles il assista à Pékin aussi consigna-t-il tous ses hommes pour les empêcher d'y participer[3]. Quand Rigault de Genouilly repartit vers Da Nang avec le gros de ses forces en , il resta commander la citadelle avec une garnison franco-espagnole d'un millier d'hommes. Après une attaque surprise d'une fortification vietnamienne le , au cours de laquelle il perdit de nombreux hommes, il resta assiégé dans le fort Sud jusqu'à ce que les assaillants soient défaits à la bataille de Kỳ Hòa le . Commandant la Meurthe dans l'escadre de Chine, il prit le camp de Tanggu, les forts de Bai He et Pékin, ce qui lui valut trois citations. Il passa capitaine de vaisseau en [4].
En , il est nommé gouverneur du Sénégal, où il poursuivit la politique d'expansion de Faidherbe, laissant dans le Fouta (nord du Sénégal), le souvenir sinistre de plus de 50 villages brûlés, épisode retenu dans la mémoire collective locale par l'appellation "Douppal borom ndar" ou l'incendie du gouverneur et signant des accords avec des chefs de tribus de Casamance au sud du pays. Émile Pinet-Laprade lui succéda le et il rentra en France pour prendre successivement le commandement des frégates cuirassées la Normandie (1863 à 1865), et la Revanche (1867). Nommé major de la Flotte[5] à Toulon en 1869, puis contre-amiral le , il commanda en second l'escadre d'évolution[6] en mer du Nord à bord de la frégate cuirassée l'Héroïne.
La guerre de 1870
[modifier | modifier le code]En , il est chargé d'organiser la défense du Cotentin. Puis, lors de l'invasion prussienne et après le siège de Paris, il reçoit le commandement de la 1re division du 16e corps d'armée de la Loire, avec lequel il combat, à la fin , au nord d'Orléans : à Poupry, à Loigny et à Villepion. Sa conduite lui vaut d'être cité à l'ordre de l'armée. Il appartient à la délégation de Tours[7], où était venu se réfugier le gouvernement. Il se conduit si brillamment à Coulmiers, et à Patay, les 1er et que le gouvernement de la Défense le met à la tête du 16ème corps d'armée (sous les ordres du général Chanzy) le , et le nomme vice-amiral le 9. Pendant la retraite de cette armée vers Laval, il se distingua par sa vigueur et sa ténacité, notamment à la bataille du Mans le .
Après la guerre, le , il est élu, le 6e sur 9, représentant des Basses-Pyrénées[8] à l'Assemblée nationale, où il siégea au centre droit, et où il vota les préliminaires de paix et les prières publiques demandées par Cazenove de Pradines. Ayant été nommé préfet maritime à Toulon le suivant, il se rend à son poste, où il s'occupe de réorganiser la Flotte. Lors de la promulgation de la loi sur l'incompatibilité des fonctions, il démissionne de l'Assemblée le , plutôt que d'abandonner la carrière militaire. Il est remplacé par Pierre-Charles Chesnelong.
Carrière politique
[modifier | modifier le code]Nommé membre du conseil d'amirauté le , il se porte candidat aux élections sénatoriales dans les Basses-Pyrénées, mais il échoue avec 254 voix sur 540 votants. Nommé commandant l'escadre de la Méditerranée le , puis président du conseil des travaux de la marine, il est élu sénateur inamovible par le Sénat le , en remplacement de Léon de Maleville, décédé, avec 168 voix sur 249 votants.
Il est nommé par deux fois ministre de la Marine et des Colonies :
- du au , sous le gouvernement Waddington et sous le premier gouvernement Freycinet
- du au , sous le second gouvernement Freycinet et sous celui de Duclerc.
Il démissionne de sa fonction ministérielle le à cause de la position du gouvernement à propos de l'expédition du Tonkin et de la discussion Ballue sur l'expulsion des princes. Redevenu sénateur, il parle contre la loi d'expulsion, fait retrancher le lors de la discussion d'un crédit de 5,5 millions de francs pour le Tonkin, l'article relatif au commissaire civil obligatoire. En décembre, il est rapporteur d'une nouvelle demande de crédit de 20 millions pour le Tonkin. Bien que siégeant à la gauche du sénat, il vote le contre l'expulsion des princes. Étant depuis 1885 le vice-président des forges et chantiers de Méditerranée, c'est lui qui représente la France le à l'inauguration de la statue de la Liberté.
Il meurt à Paris en 1887 à l'âge de 72 ans, son culte d'enterrement est célébré au temple réformé de l'Oratoire du Louvre[9].
Distinctions et hommages
[modifier | modifier le code] Grand-croix de la Légion d'honneur (14 janvier 1879)
Grand officier de la Légion d'honneur (17 novembre 1870)
Commandeur de la Légion d'honneur (10 août 1861)
Deux bâtiments de la Marine nationale ont porté le nom de Jauréguiberry :
- le Jauréguiberry, un cuirassé d'escadre (1893-1934) ;
- le Jauréguiberry, un escorteur d'escadre (1955-1977) qui servit de cadre principal au film Le Crabe-Tambour, avec Jacques Perrin, Jean Rochefort et Claude Rich.
L'un des 32 bustes de la galerie des bustes du Sénat, réalisé par Aristide Croisy, le représente.
Le palais omnisports de Toulon, inauguré en 2006, porte le nom de palais des sports Jauréguiberry. Jusqu'en 1954, un boulevard de Hanoï portait son nom. À Toulon encore, une troupe marine d'éclaireurs unionistes de France porta son nom des années 1940 aux années 1970.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Son acte de décès (no 1122) dans les registres de décès du 16e arrondissement de Paris pour l'année 1887.
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français ; [lire en ligne]
- Source : Dictionnaire des marins français - Etienne Taillemite, Ed. maritimes et d'outre-mer, cité sur le site netmrine. net, consulté le 10/1/2016
- Etienne Taillemite et Auguste Thomazi, La conquête de l'Indochine, Paris, Payot, , 291 p., p. 33-40.
- Major général de la Flotte : officier général qui dirige les services militaires d'un arsenal.
- Escadre d'évolution : groupe de bâtiments servant à l'époque à l'instruction des équipages de la Flotte.
- Tours est la ville où siège le gouvernement provisoire du 12 septembre au 9 décembre 1870.
- par 41 768 voix sur 61 049 votants et 110 425 inscrits
- Dubief 1993, p. 264.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jacques-Olivier Boudon, « Jauréguiberry Bernard 1815-1887 », dans Jean-Marie Mayeur et Alain Corbin (dir.), Les immortels du Sénat, 1875-1918 : les cent seize inamovibles de la Troisième République, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles » (no 37), , 512 p. (ISBN 2-85944-273-1, lire en ligne), p. 353-356.
- Henri Dubief, « Jean-Bernard Jauréguiberry », dans André Encrevé (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine. 5 Les Protestants, Paris, Beauchesne, (ISBN 2701012619), p. 264-265.
- Odile Girardin-Thibeaud, « Jauréguiberry, Jean-Bernard », dans Patrick Cabanel et André Encrevé, Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, t. 3 H-L, Paris, Les Éditions de Paris / Max Chaleil, (ISBN 9782846213332), p. 282-283
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Tallandier, Éditions maritimes et d’outre-mer, 1982, 360 p., Nouvelle édition revue et augmentée, , 573 p.
- Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 15 volumes, (1863-1890).
- « Jean Bernard Jauréguiberry », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
Liens externes
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