Louis de France (1775-1844) — Wikipédia

Louis de France
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Louis-Antoine d'Artois, duc d'Angoulême par Thomas Lawrence.

Titres

Prétendant légitimiste
aux trônes de France et de Navarre


(7 ans, 6 mois et 28 jours)

Nom revendiqué Louis XIX
Prédécesseur Charles X
Successeur Henri, comte de Chambord

Dauphin de France


(5 ans, 10 mois et 17 jours)

Prédécesseur Louis-Charles de France (indirectement)
Successeur Disparition du titre
Biographie
Titulature Duc d’Angoulême (1775-1824)
Dauphin de France (1824-1830)
Comte de Marnes (1830-1844)
Dynastie Maison d'Artois
Nom de naissance Louis-Antoine d’Artois
Naissance
Versailles (France)
Décès (à 68 ans)
Goritz (Autriche)
Sépulture Kostanjevica
Père Charles X
Mère Marie-Thérèse de Savoie
Fratrie Mademoiselle d'Artois dite « Sophie » (1776-1783) • Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry (1778-1820) • Mademoiselle d'Angoulême dite « Marie-Thérèse » (janvier 1783-juin 1783)
Conjoint Marie-Thérèse de France
Religion Catholicisme romain

Signature

Signature de Louis de France
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Louis-Antoine d’Artois, né le à Versailles, en France, et mort à Goritz, en Autriche (aujourd’hui Gorizia en Italie) le , petit-fils de France et duc d’Angoulême (1775-1824), puis Louis-Antoine de France, dauphin de France (1824-1830) puis comte de Marnes (1830-1844), puis Louis de France à partir de 1836, est un prince de la maison royale de France, fils de Charles-Philippe de France, ce dernier étant comte d'Artois et le futur roi Charles X, et de Marie-Thérèse de Savoie.

Lors des événements de la révolution de Juillet (1830), peu après l’abdication de son père Charles X, il renonce lui-même à ses droits en faveur de son neveu Henri d'Artois. Il s’exile ensuite avec le titre de courtoisie de comte de Marnes. À la mort de son père (1836) jusqu'à son propre décès (1844), il devient l’aîné des Capétiens et le chef de la maison de Bourbon, prétendant à la Couronne de France et reconnu comme roi par les légitimistes sous le nom de Louis XIX.

Parmi les distinctions militaires qui lui ont été données, le duc d’Angoulême était notamment colonel général des cuirassiers et dragons, grand-amiral de France et généralissime de l’armée d'Espagne.

Portrait de Louis-Antoine de Bourbon, Duc d'Angouleme, huile sur toile de Joseph Boze, 1785, Musée des Beaux-Arts de San Francisco.

Né le à Versailles, il est le fils aîné de Charles-Philippe de France, comte d’Artois (futur Charles X) (1757-1836) et de son épouse Marie-Thérèse de Sardaigne (1756-1805), de la maison de Savoie. Il est titré à sa naissance duc d’Angoulême par le roi Louis XVI. Il est ondoyé le jour de sa naissance à Versailles par Joseph de Cheylus, évêque de Cahors, en présence de Louis XVI et de Marie-Antoinette ainsi que du futur Louis XVIII et de son épouse Marie-Joséphine de Savoie[1].

Louis Antoine d'Artois est baptisé tardivement, le , le même jour que son frère Charles-Ferdinand d'Artois, dans la Chapelle du château de Versailles par Jean Armand de Roquelaure, évêque de Senlis. Son parrain est le roi Louis XVI et sa marraine est la reine Marie-Antoinette[2].

Il est le dernier prieur en titre de la Maison du Temple.

Il émigre le avec son père, et rejoint l’armée de Condé en 1792 financée pour grande part par le gouvernement britannique.

Premier Empire, Première et Seconde Restaurations

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Le duc d'Angoulême en 1796.

Pendant l'Empire, les communications entre le continent et l'Angleterre étant coupées, son oncle Louis XVIII charge Anne-Louis-Henri de La Fare, évêque de Nancy, de lui verser, ainsi qu'à son frère Charles Ferdinand d'Artois, le duc de Berry, des sommes importantes versées depuis des maisons de banque de Vienne pour l'entretien de sa Maison, pour les pensions de l'armée des princes et pour assurer la subsistance de ses compatriotes. Pour les mois de mars et d' le versement fut ainsi de 18 676 livres tournois (soit l'équivalent de 1 634 150 euros).

Le duc d'Angoulême combat en Espagne aux côtés de Wellington en 1814. Il rentre en France à la Restauration.

Le duc d'Angoulême en tant que grand amiral de France. Assiette exposée au Musée national de la Marine, Paris.

En , il est en voyage officiel à Bordeaux quand il apprend le débarquement de Napoléon à Golfe Juan. Il lève dans le Midi une petite armée, remporte quelques succès locaux. Toutefois il échoue et se voit contraint de licencier sa division et d'envisager d'émigrer. Le dès le début des Cent-Jours, il réclame, à Donzère, l'exécution de la convention de La Palud à Grouchy, qui en réfère à Napoléon. Sur l'ordre exprès de ce dernier, le général Radet arrête le duc et l'envoie à Sète pour lui permettre de s'exiler.

La commune de Villeneuve-lès-Maguelone change de nom pour Villeneuve-Angoulême en son honneur (1816).

Le duc d'Angoulême, passa par Cholet dès 1814, capitale des guerres de Vendée, et revint trois ans plus tard en la « cité du Mouchoir ». Une visite royale qui prit la forme d'une réconciliation[3],[4].

Portrait équestre du duc d’Angoulême, peint par Vernet en 1824.

En 1817, le duc d'Angoulême accepte la dédicace proposé par le Lieutenant de vaisseau Jean-Baptiste Antoine Babron, futur capitaine de vaisseau pour son livre : précis des pratiques de l'art naval en France, en Espagne et Angleterre[5]. Livre qui vaudra à Babron l'ordre de Saint-Louis et créera une amitié entre le duc d'Angoulême et Babron jusqu'en 1830.

De 1819 à 1830, il préside, à la demande de Louis XVIII, la Société royale pour l'amélioration des prisons.

En 1823, il conduit la victorieuse expédition d'Espagne, qui gagne la bataille du fort du Trocadéro, s'empare de Cadix et restaure, en monarque absolu, Ferdinand VII d'Espagne.

Entrevue du duc et de la duchesse d'Angoulême le 1er décembre 1823 au retour d'Espagne par Étienne-Barthélémy Garnier, musée des beaux-arts de Chartres.
Entrevue du duc et de la duchesse d'Angoulême le au palais épiscopal de Chartres par Garnier.

À l'avènement de son père Charles X en 1824, il devient dauphin de France.

Abdication de Charles X et renonciation du dauphin

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À la suite des émeutes parisiennes dites des « Trois Glorieuses », Charles X abdique le en faveur de son petit-fils Henri d'Artois (1820-1883), abdication contresignée par Louis-Antoine de France qui déclare renoncer à ses droits en faveur de son neveu[N 1]. Cette abdication, contraire aux lois fondamentales du royaume, est de toute façon sans effet, car Louis Philippe d’Orléans se fait proclamer roi des Français par les chambres le , et la famille royale part en exil le . Le prince Louis-Antoine prend alors le titre de comte de Marnes.

Entre le moment où Charles X a signé l'acte d'abdication et le moment où, sur l'ordre[N 2] de son père, Louis-Antoine a contresigné le document pour renoncer à ses droits en faveur de son neveu, s'écoula un laps de temps pendant lequel il aurait pu être « Louis XIX », si l'abdication avait été faite en sa faveur[N 3], et si les chambres l'avaient ensuite reconnu et proclamé roi. Cependant, si l'on s'en tient au principe d’indisponibilité de la couronne des lois fondamentales du royaume, l'abdication étant impossible, celle de Charles X est donc nulle : « Louis XIX » n'aurait donc pas pu être reconnu roi par les légitimistes avant la mort de Charles X en 1836. À cette date, il devint le nouveau prétendant au trône pour le mouvement légitimiste — à l'exception de la faction henriquinquiste, qui soutenait le duc de Bordeaux depuis que Charles X avait abdiqué en sa faveur.

Selon certains constitutionnalistes, Louis-Antoine n'ayant pas abdiqué en tant que roi mais seulement renoncé à ses droits en tant que dauphin, et n'ayant pas été reconnu ni proclamé roi par les chambres, ni par le lieutenant-général nommé par les députés, il n'y a jamais eu de « roi Louis XIX ». Ce point de vue n'est pas partagé par toute la doctrine[6].

Second exil et dernières années

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Tombeaux de Charles X (« C. X. ») et de Louis de France (« L. XIX ») à Kostanjevica.

À la mort de son père à Göritz (Autriche) le , Louis-Antoine de France devient l’aîné des descendants de la famille royale selon la tradition de primogéniture mâle. La plupart des légitimistes le reconnaissent alors comme roi de France et de Navarre sous le nom de « Louis XIX », contre Louis-Philippe d'Orléans (les henriquinquistes lui préférant son neveu « Henri V », en vertu de l'acte d'abdication).

À sa mort en exil à Göritz le , son neveu, le comte de Chambord (1820-1883), succéda comme aîné des Capétiens et chef de la maison de France sous le nom de « Henri V ».

Il est enterré à Nova Gorica, en Slovénie.

Mariage et descendance

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Le , il épousa au palais de Mittau (Russie) sa cousine Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI. Le couple n'eut pas d'enfant[N 4].

  • -  : Son Altesse Royale Louis-Antoine d'Artois, petit-fils de France, duc d'Angoulême (le duché d'Angoulême était compris dans l'apanage de son père, le comte d'Artois, ce qui explique également son nom de famille : « d'Artois », car à sa naissance il était un cadet dans la famille royale) ;
  • -  : Son Altesse Royale Louis-Antoine d'Artois, fils de France, duc d'Angoulême (le roi Louis XVIII étant veuf et sans enfant depuis 1810, l'héritier présomptif de la couronne étant le comte d'Artois, Louis XVIII permit aux enfants du comte d'Artois, Louis-Antoine et son frère Charles-Ferdinand de prendre le titre de fils de France. L’Almanach royal de 1815 (confectionné[7] en ) donna le titre de fils de France au duc d'Angoulême, et lui-même prit ce titre dès le , dans une proclamation[8] à Nîmes au début des Cent-Jours) ;
  • -  : Son Altesse Royale le dauphin de France (son père le comte d'Artois devient le roi Charles X, et Louis-Antoine devient l'héritier de la couronne) ;
  • -  : Son Altesse Royale le dauphin de France, comte de Marnes (lors de l'exil de la famille royale, Louis-Antoine adopta le titre de courtoisie de comte de Marnes en référence à un château appartenant à son épouse en la commune de Marnes-la-Coquette).

Décorations dynastiques françaises

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Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Ordre du Saint-Esprit Chevalier () puis grand-maître (1836-1844) des ordres du Roi
Ordre national de la Légion d'honneur Grand-croix de l’ordre royal de la Légion d'honneur ()[9]
Ordre royal et militaire de Saint-Louis Grand-croix ()[10] puis grand-maître (1836-1844) de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis
Décoration du Lys Décoration du Lys
Décoration du Brassard de Bordeaux Décoration du brassard de Bordeaux

Décorations étrangères

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Drapeau de l'Ordre de Malte Ordre de Malte
Ordre de Malte Grand Prieur de l'Ordre de Malte
Drapeau de l'Autriche Empire d'Autriche
Ordre militaire de Marie-Thérèse Grand-croix de l'ordre militaire de Marie-Thérèse[11]
Drapeau du Royaume des Deux-Siciles Royaume des Deux-Siciles
Ordre de Saint-Janvier Chevalier de l'illustre ordre royal de Saint-Janvier (1824)[12]
Ordre de Saint-Ferdinand et du Mérite Grand-croix de l'ordre de Saint-Ferdinand et du Mérite[12]
Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne
Ordre de la Toison d'Or Chevalier de l'ordre de la Toison d'Or (1814, déchu en 1833[13])[14]
Ordre de Charles III Grand-croix de l'ordre de Charles III[14]
Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Ordre de l'Aigle noir Chevalier de l'ordre de l'Aigle noir[15]
Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Ordre de Saint-André Chevalier de l'ordre de Saint-André[15]
Ordre de Saint-Georges Grand-croix de l'ordre impérial et militaire de Saint-Georges[15]
Drapeau du Royaume de Sardaigne Royaume de Sardaigne
Ordre suprême de la Très Sainte Annonciade Chevalier de l'ordre suprême de la Très Sainte Annonciade (1824)[16]
Drapeau du Royaume de Saxe Royaume de Saxe
Ordre de la Couronne de Rue Chevalier de l'ordre de la Couronne de Rue[16]

Notes et références

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  1. D’après Blanche-Joséphine Le Bascle d'Argenteuil dans ses Souvenirs, Charles X eut du mal à convaincre son fils de signer. (Maillé 1984, p. 360)
  2. « Monseigneur, Sa Majesté vous demande de signer », dit le baron de Damas au dauphin en lui tendant l'acte d'abdication signé par Charles X, sur lequel le roi a déjà écrit : « Le Dauphin, qui partage mes sentiments, renonce aussi à ses droits en faveur de son neveu. » (Cartron 1996, p. 238)
  3. « Monsieur le dauphin ne pouvait agir dans les trois journées » [27, 28 et 29 juillet] « que comme Louis-Antoine Ier par l'abdication volontaire ou forcée de son père. On n'aurait jamais obtenu l'une du Roi en faveur de son fils et l'autre n'aurait fait de Monsieur le dauphin qu'un factieux qui aurait divisé le parti royaliste, dont la plus grande partie ne l'aurait pas suivi et il n'avait aucune popularité dans Paris. Cependant, je crois que venant rappeler les ordonnances et changer le ministère il aurait pu réussir jusqu'au vendredi matin. » [30 juillet] « On peut comprendre que le rôle qu'a pris M. le duc d'Orléans et qui était le seul possible lui ait répugné contre son père. » (Maillé 1984, p. 356)
  4. Dans sa biographie sur Marie-Thérèse, Madame Royale, André Castelot affirme, p. 146, que le duc était impuissant ; il s'agit plus vraisemblablement d'un cas de stérilité lié à l'extrême consanguinité des époux.

Références

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  1. Registre des baptêmes (1775) de l'église Notre-Dame de Versailles, Archives départementales des Yvelines
  2. Registre des baptêmes (1785) de l'église Notre-Dame de Versailles, Archives départementales des Yvelines
  3. Mickael Leclerc, « Histoire. La visite chaotique du duc d’Angoulême à Cholet : « Soyez exacts pour payer vos impôts » », sur ouest-france.fr, Le Courrier de l'Ouest, (consulté le )
  4. Mickael Leclerc, « Cholet. Chronique histoire : en 1817, le retour du duc d’Angoulême à Cholet », sur ouest-france.fr, Le Courrier de l'Ouest, (consulté le )
  5. Journal de Bourges, (lire en ligne)
  6. Voir par exemple Michel-Bernard Cartron, Louis XIX, celui qui fut roi 20 minutes, Versailles, Via Romana, 2010.
  7. Almanach royal, pour les années M. DCCC. XIV et M. DCCC. XV
  8. Edmond Bonnal de Ganges, Manuel et son temps : étude sur l'opposition parlementaire sous la Restauration, Paris, Édouard Dentu, éditeur, , 512 p. (BNF 30127474, lire en ligne), p. 453.
  9. « Ordre de la Légion d'honneur - Textes officiels antérieurs à 1962 », sur www.france-phaleristique.com (consulté le )
  10. « Ordre royal et militaire de Saint-Louis », sur www.france-phaleristique.com (consulté le )
  11. « Almanach royal... : présenté à Sa Majesté par Testu », sur Gallica, (consulté le )
  12. a et b « Almanach royal... : présenté à Sa Majesté par Testu », sur Gallica, (consulté le )
  13. Il est déchu de sa qualité de chevalier de l'ordre de la Toison d'Or par la régente Marie-Christine de Bourbon-Siciles (1779-1849), régente du royaume d'Espagne au nom de sa fille mineure, Isabelle II. En effet, le comte de Marnes ne reconnaissait pas la modification de l'ordre successoral espagnol et à la suite du décès du roi Ferdinand VII, il reconnut comme roi d'Espagne le frère cadet de celui-ci, l'infant Charles de Bourbon (1788-1855), prétendant au trône sous le nom de Charles V.
  14. a et b « Almanach royal... : présenté à Sa Majesté par Testu », sur Gallica, (consulté le )
  15. a b et c « Almanach royal... : présenté à Sa Majesté par Testu », sur Gallica, (consulté le )
  16. a et b « Almanach royal... : présenté à Sa Majesté par Testu », sur Gallica, (consulté le )

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Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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