Mère Cottivet — Wikipédia
Personnage de fiction haut en couleur créé dans les années 1920, la Mère Cottivet représentait une concierge lyonnaise.
Éléments biographiques
[modifier | modifier le code]Le personnage de la Mère Cottivet a été créé en 1923[1] par l’auteur humoriste Élie Périgot-Fouquier (1891-1971) dans le journal satirique Guignol dirigé par Joanny Lorge. Au fil de ses Chroniques titrées initialement De darnier mon Judas (« De derrière mon judas »), Benoîte Cottivet, concierge croix-roussienne, commentait l’actualité dans le « langage Guignol » hérité de la presse satirique lyonnaise du XIXe siècle (le mot cot(t)ivet signifie « cou, nuque » dans le parler lyonnais).
Ces chroniques ont donné lieu à des sketchs radiophoniques interprétés par l’auteur, diffusés tous les mercredis de 11h à midi[2] par Radio Lyon entre 1927 et le .
La Mère Cottivet a aussi été interprétée par le chansonnier Marie Benoît Antoine Renard, dit Benoîst Mary (1864-1944)[3].
Parfaite pipelette, les sketchs de la Mère Cottivet commençaient toujours par la phrase « En descendant montez donc, vous verrez le petit comme il est grand ».
Elle habitait au 99, « cent moins n’un » de la Montée de la Grande Côte, donc tout en bas de la Montée, et au dernier étage de l’immeuble et finissait par « À mercredi que vin mes belins belines ».
Le personnage de la Mère Cottivet a connu un succès aussi important que Guignol à Lyon, dont elle est devenue un personnage en parodiant les mœurs et les pratiques des hommes politiques.
Extrait d’une chronique de la mère Cottivet
[modifier | modifier le code]Chronique parue dans le journal Guignol du 21 juin 1930 (les notes explicatives ne sont pas de l’auteur) :
« Le mami Beaugraton[4] est un tireur bien chenu[5], mais ne fois encore y n’était mal tombé... on lui avait donné des boules ac’que des golets autour des caboches[6]... ça fait qu’à châque coup qu’y voulait tirer, ses doigts rentraient dans les trous et la boule lui demeurait dans la menine[7] !
Hou ! Sainte Marie à la coque ! Pensez si le pauvre était aux cents coups ! Lui que voulait prendre sa revanche ! Le Glaudius gongonnait aussi... ses boules ne voulaient pas rouler et décanillaient toutes de bizangoin[8]! N’y avait de quoi appeler le bon Dieu Michel.
– « Lyon va être déshonoré ! » que piâillait que me ça le mami Beaugraton.
– « Les canuts vont me prendre pour un babian ! » que quinchait[9] le Glaudius.
Y pensaient de collagne[10] à la Fanny, et moi je ne décessais pas de me graboter[11] les fesses à cause des « cousins[12] » qui me délavoraient[13] à tire-l’hâricot. Ce n’est que vers le soir, au mement de décaniller que le Glaudius s’est puis rendu compte pourquoi ses saloperies de boules ne voulaient rien chiquer poû rouler. Le matin y n’avait ressemelé une paire de grollons[14], alors que m’y l’avait les menines pleines de pège[15], ça arrâpait[16] par terre que me ne boule de gomme. Ni une, ni deux, le finaud s’est mis à cramiauter sû les boules et, finâblement, ça roulait si tellement bien que n’y en a que s’ensauvaient jusque dans les planches... »
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Archives départementales du Rhône et de la Métropole de Lyon, journal Guignol 1922-1933, PER 415/2.
- Histoire de Radio Lyon, année 1927, sur le site 100ansderadio.free.fr.
- La Mère Cottivet une image ancienne de la vie lyonnaise, sur le site far-lcl.asso.fr
- Graton : petit caillou à la surface du sol qui dévie les boules.
- Chenu : beau, agréable, « top ».
- Caboche : clou, notamment pour ferrer les boules.
- Menine : main.
- De bizangoin : de travers.
- Quincher : pousser des cris perçants.
- De collagne : ensemble, de concert.
- Graboter : gratter.
- Cousin : tipule (ici : moustique).
- Délavorer : dévorer.
- Grollon : chaussure.
- Pège : poix, colle.
- Arraper : adhérer, accrocher.