Marie-Thérèse Figueur — Wikipédia
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Activités | Historienne, mémorialiste, militaire |
Marie-Thérèse Figueur dite « Madame Sans-Gêne »[1] est une célèbre soldate française, née le à Talmay et morte le , à l'hospice des Petits-Ménages dans le 7e arrondissement de Paris.
Elle s'engage comme cavalière dans l'armée française durant la Révolution, et participe à de nombreuses campagnes militaires de la République puis de l'Empire.
Elle y gagne son surnom de « Sans-Gêne » en référence à son courage sur le champ de bataille.
Biographie
[modifier | modifier le code]Fille de François Figueur, meunier, et de Claudine Viard, Marie-Thérèse Figueur est orpheline de mère à la naissance puis perd son père à l'âge de neuf ans. Sa belle-mère ne souhaitant pas s'occuper de l'enfant, elle est confiée à un frère de sa mère, Joseph Viard, sous-lieutenant de Dienne-Infanterie[2], qui se retire du service avec le grade de capitaine et la croix de la Légion d'honneur.
Le , alors qu'elle a à peine dix-neuf ans, son tuteur l'autorise à s'engager comme cantinière dans la Légion des Allobroges commandée par le colonel Pinon, d'où elle passe successivement au 15e et au 9e régiment de Dragons. Elle fait dans cette arme toutes les campagnes de la République et de l'Empire.
Elle y gagne son surnom de « Sans-Gêne », en référence à son courage et à sa carrière aventureuse[3].
La même année, un décret du Comité de Salut public interdit le service militaire des femmes. Ses officiers de l’armée des Pyrénées signent alors une pétition afin qu'elle puisse obtenir une exception. Grâce à celle-ci, elle peut alors continuer sa carrière dans l'armée[2],[3].
Ses états de service indiquent qu'elle participe notamment à la plupart des campagnes de l'an II (1792) à l'an VIII (1798) aux armées du Rhin, d'Allemagne et d'Helvétie. Au combat de La Fonderie, en l'an III, elle sauve la vie du général Nouguez, grièvement atteint d'une balle à la tête. Elle est blessée au siège de Toulon en 1793, reçoit quatre coups de sabre à la bataille de Savigliano le 13 brumaire an VIII ().
Elle a successivement trois chevaux tués sous elle, et est faite deux fois prisonnière. Elle participe également aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz et d'Iéna[2].
Très appréciée de ses supérieurs, elle est citée en ces termes dans une lettre adressée en 1811 par le général Quesnel au colonel du régiment des gardes nationales de la garde impériale[4] :
« Monsieur le colonel, la nommée Thérèse Figueur servait au 15ème régiment des dragons sous le nom de Sans-Gêne. Je l’ai connue à l’armée des Pyrénées-Orientales où ce régiment était sous mes ordres. Pendant les campagnes de cette armée, elle s’est conduite en honnête femme et en brave dragon. Dans plusieurs occasions, j’ai été témoin de sa bravoure. Maintenant qu’elle est et appartient à votre régiment, je la recommande à votre bienveillance ; sa conduite militaire est digne d’éloges au dessus de son sexe[4]. »
En 1815, après avoir été prisonnière en Angleterre, elle assiste à une revue en uniforme de chasseur devant l'empereur Napoléon, qui la distingue. Elle prend sa retraite peu après. En , elle épouse Clément Joseph Melchior Sutter, ancien soldat, qui était aussi son ami d'enfance[5].
Elle meurt le 4 janvier 1861 à l'hospice des Petits-Ménages à Paris, à l'âge de 85 ans[2].
Postérité
[modifier | modifier le code]Son souvenir s'est presque effacé des mémoires lorsque Victorien Sardou lui donne un regain de popularité en créant au théâtre du Vaudeville sa comédie Madame Sans-Gêne (1893) mais choisissant, pour des raisons dramaturgiques, d'attribuer ce surnom à la maréchale Lefebvre, Catherine Hubscher[3].
Les Mémoires de Marie-Thérèse Figueur sont publiées une première fois en 1842 sous le titre Les Campagnes de mademoiselle Thérèse Figueur, aujourd'hui madame veuve Sutter, ex-dragon aux 15e et 9e régiments, de 1793 à 1815, écrites sous la dictée par Saint-Germain Leduc, chez Dauvin et Fontaine[4].
Ils ont les honneurs d'une seconde édition en 1894 à la suite du succès de la pièce de Sardou[6].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Après la création de la pièce de Victorien Sardou, Madame Sans-Gêne.
- « Marie-Thérèse Figueur, femme soldat », sur Le Bien Public,
- « Thérèse Figueur », sur Musée de l'Armée et des Invalides (consulté le )
- Thérèse Figueur, Les campagnes de Mademoiselle Thérèse Figueur, aujourd‛hui Madame veuve Sutter, ex-dragon aux 15e et 9e régimens, de 1793 à 1815, écrites sous sa dictée, par St-Germain Leduc, Paris, Dauvin et Fontaines Libraires, (lire en ligne), p. 250
- Fabrice Fanet, Jean-Christophe Romer (dir.), Les Militaires qui ont changé la France, avec la collaboration de Thierry Widemann, Le Cherche midi, Paris, 2008, p. 470 à 473 (BNF 41279187)
- « SUTTER (Thérèse Figueur, épouse) La Vraie Madame Sans-Gêne. Les campagnes de Thérèse Figueur, Dragon aux 15e et 9e Régiments (1793-1815). Deuxième édition », sur Livre rare book (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Saint-Germain Leduc, Les Campagnes de Mlle Thérèse Figueur, aujourd’hui Mme veuve Sutter, Paris, Dauvin et Fontaine, (lire en ligne)
- Thérèse, Dragon : Récit de campagnes napoléoniennes, Vents d'Ouest, 2014
Scénario : Damien Marie - Dessin : Karl T. - Marie-Ève Sténuit, Femmes en armes - Les guerrières de l'Histoire, Paris, Éditions du Trésor, (ISBN 979-10-91534-44-4)
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :