Mercury 13 — Wikipédia
Mercury 13 est le nom d'un groupe de treize femmes ayant suivi des tests physiologiques identiques à ceux de la NASA au début des années 1960. L'objectif était de sélectionner des femmes pilotes capables d'intégrer la NASA, au moment où le premier groupe d'astronautes masculin, Mercury Seven, venait d'être formé.
Le groupe a été aussi appelé First Lady Astronaut Trainees (FLAT). Il est dissous par le gouvernement américain avant la fin des examens et aucune de ces femmes ne volera dans l'espace sauf Wally Funk, lors du vol touristique Blue Origin NS-16, offert par une société privée, ayant eu lieu le 20 juillet 2021[1].
Histoire
[modifier | modifier le code]Genèse du groupe
[modifier | modifier le code]Durant les années 1950, les États-Unis souhaitent conquérir l'espace en développant leur propre programme spatial. Très vite après les premiers vols d'engins vides ou habités par des animaux, le défi est celui d'envoyer un être humain dans l'espace. Les premiers astronautes sont recrutés pendant leur carrière militaires de pilotes de chasse[2] et forme le groupe Mercury Seven. À l'époque, la loi interdit aux femmes de piloter des avions à réaction et donc d'accéder aux carrières militaires. Elles sont, de ce fait, exclues des sélections de la NASA.
Au cours de l'année 1961, le docteur William Randolph Lovelace II, mandaté par la NASA pour faire passer les tests médicaux aux sept astronautes de Mercury Seven, a l'idée de constituer un groupe de femmes similaire[3]. Il sélectionne 25 femmes pilotes expérimentées, parmi les meilleures du pays, âgées de 23 à 41 ans. Il prévoit de leur faire passer des tests physiques et psychologiques suivants trois étapes. Les examens sont identiques à ceux réalisés sur les Mercury Seven quelque temps auparavant. Après les deux premières étapes, il ne reste que treize femmes[4]. Celles-ci égalent ou dépassent toutes les capacités des astronautes hommes déjà recrutés[5].
Les membres de Mercury 13
[modifier | modifier le code]- Myrtle Cagle (plus tard Thompson) (1925-2019)
- Geraldyn « Jerrie » M. Cobb (1931-2019)
- Janet C. Dietrich (1926-2008)
- Marion Dietrich (1926-1974), jumelle de Janet
- Mary W. Wally Funk (1939)
- Sarah L. Gorelick (plus tard Ratley) (1931-2020)
- Jane « Janey » Hart (née Briggs) (1921-2015)
- Jean Hixson (1922-1984)
- Rhea Woltman (plus tard Allison, puis Woltman) (1928-2021)
- Gene Nora Stumbough (plus tard Jessen) (1937-2024)
- Irene Leverton (1924-2007)
- Geraldine « Jerri » Sloan (née Hamilton, plus tard Truhill) (1928-2013)
- Bernice « Bea » T. Steadman (née Trimble) (1925-2015)
Arrêt du programme
[modifier | modifier le code]La NASA entend parler des expériences du docteur William Randolph Lovelace II et demande la dissolution du groupe et l'abandon du recrutement[6]. Quelques-unes des participantes, dont la médiatique Jerrie Cobb[7], décident alors de plaider leur cause à la Chambre des représentants qui convoque un conseil spécial pour déterminer si des femmes peuvent être admises dans le programme spatial du pays[8]. La décision est rendue quelques semaines plus tard par le président Lyndon B. Johnson, les femmes ne peuvent pas faire partie de la NASA[9].
Par la suite
[modifier | modifier le code]Alors que les Américains étaient prêts bien avant[10], la première femme à se rendre dans l'espace est la Soviétique Valentina Terechkova en 1963[11]. La première Américaine à réaliser un vol spatial est Sally Ride, en 1983. Elle est recrutée parmi le premier groupe d'astronautes (groupe 8) mixte en 1978[12].
Postérité
[modifier | modifier le code]En 2011, Silvia Casalino, réalisatrice de films documentaires[13], réalise un documentaire de 59 minutes intitulé No Gravity produit par la ZDF qui évoque Mercury 13[14],[15],[16],.
Le , Jeff Bezos annonce que Wally Funk participera au premier vol suborbital de New Shepard, Blue Origin NS-16 qui a lieu avec succès le .
Dans la série télévisée For All Mankind, le personnages de Molly Cobb est une ancienne membre des Mercury 13 et est directement inspirée de Jerrie Cobb[17].
En 2023, la pièce de théâtre Cosmos, de Maëlle Poésy et Kévin Keiss, retrace l’histoire des Mercury 13[18],[19]. La pièce est inspirée du documentaire No Gravity de Sylvia Casalino[20].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- franceinfo avec AFP, « Wally Funk, une aviatrice de 82 ans, ira avec Jeff Bezos dans l'espace le 20 juillet », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
- (en) Kiona N. Smith, « Pilot And Mercury 13 Spaceflight Pioneer Jerrie Cobb Has Died », sur Forbes (consulté le )
- Baptiste Erondel, « "Mercury 13", ces femmes qui auraient dû partir à la conquête de l'espace », sur Madame Figaro, (consulté le )
- (en) Richard Trenholm, « The real-life players of Trial of the Chicago 7: What happened to Abbie Hoffman, Jerry Rubin, Tom Hayden and the rest », sur CNET (consulté le )
- (en) Kat Eschner, « Meet the Rogue Women Astronauts of the 1960s Who Never Flew », sur Smithsonian Magazine (consulté le )
- (en) « Mercury 13 », sur www.esa.int (consulté le )
- (en-US) Harrison Smith, « Jerrie Cobb, decorated pilot once in line to become first female astronaut, dies at 88 », Washington Post, (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )
- (en-US) Jess Romeo, « How the Mercury 13 Fought to Get Women in Space », sur JSTOR Daily, (consulté le )
- (en) Korey Haynes | Published: Friday et May 31, « Meet the Mercury 13: Women who fought for flight », sur Astronomy.com (consulté le )
- Jean-François Pellerin, Les grandes heures des pionniers de l'espace exploits, records, catastrophes, Parid, A2C médias, , 190 p. (ISBN 978-2-916-83107-7 et 2-916-83107-X, OCLC 495354366, BNF 41483710) p. 49
- « Il y a 57 ans, Valentina Terechkova, âgée de 26 ans, devenait la première femme à effectuer un vol dans l'espace », sur Sciences et Avenir (consulté le )
- Erin Blakemore, « Sally Ride, l'astronaute qui a marqué l'exploration spatiale américaine », sur National Geographic, (consulté le )
- La rédaction, « Silvia Casalino, ingénieure dans l'aérospatial et féministe, rencontre avec une femme qui fait la tech », sur 01net.com, (consulté le )
- (de) « No Gravity – Ein Film von Silvia Casalino », sur khm.de (consulté le ).
- (it) Margherita Palazzo, « SOME PREFER CAKE 2011 – "No gravity", di Silvia Casalino », Sentieriselvaggi, (lire en ligne, consulté le ).
- (it) « Hidden Figures, con la testa sulla luna », donneinmovimento, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Erin Carson, « Apple TV Plus launches For All Mankind on a meandering space race », sur Cnet.com, (consulté le )
- Manuel Piolat Soleymat. Reprise du remarquable « Cosmos » de Maëlle Poesy, proposition inspirée qui donne la parole aux femmes. La Terrasse, 19 décembre 2023. Lire en ligne
- Callysta Croizer. Le Cosmos au féminin au TGP de Saint-Denis. Les Échos, 12 janvier 2024. Lire en ligne
- « Le spectacle Cosmos, de Kevin Keiss et Maëlle Poésy: ces astronautes qui n'ont pas décroché la lune », sur Le Figaro, (consulté le )
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Mercury 13 » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Tanya Lee Stone, Almost astronauts : 13 women who dared to dream, Somerville, Mass, Candlewick Press, , 133 p. (ISBN 978-0-763-63611-1, 978-0-763-64502-1 et 978-0-329-70080-5, OCLC 225846987)
- (en) Martha Ackmann, The Mercury 13: The Untold Story of Thirteen American Women and the Dream of Space Flight, Random House Publishing Group, (ISBN 978-1-58836-037-3, lire en ligne)
- (en) Stephanie Nolen, Promised the Moon: The Untold Story of the First Women in the Space Race, Basic Books, (ISBN 978-1-56858-319-8, lire en ligne)
- (en) Margaret A. Weitekamp, Right Stuff, Wrong Sex: America's First Women in Space Program, JHU Press, (ISBN 978-0-8018-8394-1, lire en ligne)
Filmographie
[modifier | modifier le code]- « Mercury 13 » (documentaire Netflix sorti en 2018), sur Netflix (consulté le ).
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Site officiel
- (en) « Our History Women in Aviation History 'Mercury 13' Story by Wally... », sur The Ninety-Nines, Inc. (consulté le )
- Spacefacts