Micronouvelle — Wikipédia

La micronouvelle (parfois aussi appelée microroman) est un récit imaginaire, suggestif, parfois caustique, rédigé en un nombre extrêmement restreint de mots. C'est la forme la plus concise de récit littéraire prosaïque, parfois proche du poème par le rythme qu'il imprime. L'ironie et l'interactivité qui la caractérisent la rattachent au postmodernisme en littérature.

Elle est connue dans les littératures anglaise et hispanique sous les termes micro-fiction, short-short story et microconte.

La microfiction, aussi appelée nanofiction ou fiction éclair, est l’ancêtre de la micronouvelle[C'est-à-dire ?].

Adaptée à la littérature française, parfois sur Twitter (aussi dite « twittérature ») ou Mastodon pour son fonctionnement aux nombres très limités de mots qui se prête parfaitement à la micronouvelle, par des auteurs comme Berthiaume, et Gechter, elle passe aujourd'hui sous la plume d'auteurs comme Thierry Crouzet, Bernard Pivot, Alexandre Jardin, et Michel Tremblay.

Caractéristiques

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Il n'y a pas de longueur standard pour la micronouvelle. Les anglo-saxons distinguent plusieurs types de « flash-fiction » : les Six-Word Story (fiction de 140 caractères), le dribble (50 mots), le drabble (100 mots) et la « fiction soudaine » (750 mots).

La rédaction d'une micronouvelle est un art qui dispose de ses caractéristiques propres, totalement différentes de celles qui régissent la rédaction d'une nouvelle et d'une nouvelle brève. En effet, dans une micronouvelle, l'histoire et les personnages, imaginaires, contrairement à d'autres formes de fragments, sont suggérés ou simplement croqués d'un trait plutôt que décrits. Parfois proche de l'aphorisme, souvent incisive, la micronouvelle aime jouer sur les mots, détourner les expressions courantes et faire appel à la culture générale du lecteur. Elle est particulièrement bien adaptée à l'humour noir.

La micronouvelle guide l'imagination du lecteur de façon qu'il puisse lui-même retrouver les différents composants du récit.

La défense de la micronouvelle comme genre à part entière a déjà été prise, aux États-Unis notamment, par des critiques littéraires comme Mary Louise Pratt et Gitte Mose[1],[2]. En France, par la revue interuniversitaire Revue critique de fiXXIon française contemporaine et, en particulier, par Irène Langlet[3].

Le terme micronouvelle est parfois employé, dans un sens large, comme synonyme de nouvelle brève, ce qui peut être source de confusion. Dans ce cas, il désigne un texte qui revêt les caractéristiques de la nouvelle et non pas celles qui lui sont propres et qui sont évoquées ci-dessus. L'auteur Jacques Fuentealba relève, entre autres, trois formes de micronouvelles : le Hemingway (6 mots), le Fénéon (3 phrases ou lignes maximum) et le Pépin (300 signes maximum avec le titre). L'écrivain canadien Laurent Berthiaume élargit la micronouvelle à une centaine de mots maximum, tandis que l'écrivain Cornéliu Tocan explore la micronouvelle à chute littéraire en exactement 140 caractères.

Les Fables d'Ésope sont un exemple de microfictions.

La microfiction occidentale trouve ses racines dans les Fables d'Ésope. Beaucoup d'écrivains s'y sont essayés : Julio Cortázar, Bolesław Prus, Anton Tchekhov, O. Henry, Franz Kafka, Arthur C. Clarke, Ray Bradbury, Fredric Brown, Régis Jauffret. La microfiction s'est fortement développée avec l'arrivée d'Internet.

La paternité de la micronouvelle est souvent attribuée à Ernest Hemingway, qui aurait écrit un texte de six mots : « For sale: baby shoes, never worn. » (« À vendre : chaussures de bébé, jamais portées »). Il semble néanmoins de plus en plus douteux que Hemingway en ait été le véritable auteur[4]. Tout y est suggéré : les personnages et l'histoire. Ce texte a influencé de nombreux auteurs contemporains.

En France, au XIXe siècle, Xavier Forneret publie des fragments sans titre, d'un humour noir manifeste[réf. souhaitée]. À partir de 1906, Félix Fénéon publie les Nouvelles en trois lignes, de véritables nouvelles journalistiques, rédigées sous une forme caustique dont la micronouvelle s'inspire largement[réf. nécessaire].

Micronouvellistes

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En langue allemande, les Kürzestgeschichten, influencées notamment par les narrations brèves de Bertolt Brecht, regroupent des auteurs comme Peter Bichsel, Heimito von Doderer, Helmut Heißenbüttel et Günter Kunert.

Dans la littérature anglo-saxonne, citons notamment Fredric Brown, Raymond Carver, Robert Coover et Sean Hill (en) (qui a la particularité de se plier aux contraintes de Twitter pour maximaliser le nombre de caractères de ses micronouvelles).

La littérature hispanique compte de nombreux micronouvellistes dont Augusto Monterroso (El Dinosaurio), Luis Felipe Lomeli (L'Émigrant (El Emigrante)), Alfredo Alamo, Santiago Eximeno, Alejandro Córdoba Sosa (Doscientos y un cuentos en miniatura) et José Luis Zárate.

Laurent Berthiaume et le collectif Oxymoron (Québec) rédigent en 2007 le premier ouvrage en français qui se réclame du genre de la « micronouvelle ».

En France et dans les pays francophones, la micronouvelle se développe et se popularise. Le prix Pépin, fondé par Pierre Gévart, remporte un succès à partir des premières années du XXIe siècle. En 2010 est fondé de l'Institut de twittérature comparée Bordeaux-Québec, sous l'impulsion de Jean-Michel Le Blanc et de Jean-Yves Fréchette. En 2010, la revue interuniversitaire Revue critique de fiXXIon française contemporaine reconnaît le travail des micronouvellistes Jacques Fuentealba, Olivier Gechter, Vincent Bastin et Laurent Berthiaume, comme faisant partie de l'avant-garde. La micronouvelle y est traitée comme un genre à part entière pour la première fois. Les travaux de ces quelques auteurs, en l'occurrence Gévart, Le Blanc, Fréchette, Fuentealba, Gechter, Bastin et Berthiaume, vont s'avérer avoir une influence directe et considérable sur de nombreux auteurs francophones, des plus anonymes au plus connus.

En est paru 25 histoires, 25 auteurs en 140 ca., aux éditions Le Devoir. Pour cet ouvrage de micronouvelles en 140 caractères, le blogueur Fabien Déglise a réuni autour de lui des auteurs comme Yann Martel, Kim Thúy, Nadine Bismuth, Jacques Godbout, Bernard Pivot, Alexandre Jardin, Catherine Mavrikakis, Fred Pellerin, Tahar Ben Jelloun et Samuel Archibald, tous devenus micronouvellistes pour l'occasion.

Depuis 2017, Patrick Baud tient le compte Twitter Nanofictions sur lequel il écrit des micronouvelles tenant en un tweet, soit 280 caractères maximum. Un recueil de ces micronouvelles, préfacé par Bernard Werber est sorti aux éditions Flammarion en 2018[5].

Notes et références

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  1. Mary Louise Pratt, The Short Story: The Long and the Short of It, in The New Short Story Theories, éd. Charles May, Ohio UP, Athens, 1994
  2. Gitte Mose, Danish Short Shorts in the 1990s and the Jena-Romantic Fragments, in The Art of Brevity: Excursions in Short Fiction Theory and Analysis, éd. Per Winther, Jakob Lothe et Hans H. Skei, Université de Caroline du Sud, Columbia 2004
  3. Irène Langlet, Les Echelles de bâti de la science-fiction, in Revue critique de Fixxion française contemporaine - Critical Review of Contemporary French Fixxion, no 1, Micro/Macro, 2010
  4. Article sur l'origine l'origine de cette légende sur le site du magazine Slate.
  5. Nanofictions sur le site de Flammarion

Liens externes

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