Mohammed Ziane — Wikipédia

Mohammed Ziane
Illustration.
Fonctions
Ministre délégué chargé des Droits de l'Homme

(3 ans et 14 jours)
Monarque Hassan II
Premier ministre Abdellatif Filali
Gouvernement Filali II et III
Biographie
Date de naissance (81 ans)
Lieu de naissance Malaga (Espagne)
Nationalité Marocaine
Parti politique Union constitutionnelle (1983-1996)
Parti de l'action (1997)
Parti marocain libéral (depuis 2002)
Diplômé de Université Mohammed-V de Rabat
Profession Bâtonnier, Avocat, Homme politique

Mohammed Ziane, né le à Malaga (Espagne), est un avocat et homme politique marocain.

Fondateur du parti marocain libéral, il a été grand bâtonnier des ordres des avocats du Maroc et ministre des Droits de l'Homme dans plusieurs gouvernements de Abdellatif Filali.

Il a été longtemps réputé proche du pouvoir.

Alors qu'il approche de l'âge de 80 ans, il devient beaucoup plus contestataire vis-à-vis du régime marocain[1],[2]. Certains lui reprochent son passé et de verser dans le populisme afin de soutenir son parti politique.

Il acceptera aussi de devenir l'avocat de Nasser Zefzafi lors de son procès lié au Hirak du Rif.

Il sera l'avocat du journaliste Taoufik Bouachrine, directeur de Akhbar al Yaoum dont il décrit l'arrestation comme politique et une tentative de museler la « presse libre ».

En 2022, à la suite d'une plainte déposée par le ministre de l'Intérieur, il est condamné à trois ans de prison.

En 1963, Mohammed Ziane suit des études secondaires à Genève en Suisse. En 1967, il est diplômé en droit public à la Faculté des sciences juridiques de Rabat. En 1968-1969, il obtient un CES en droit public, sociologie générale et relations internationales.

Parcours d'avocat

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De 1965 à 1968, il travaille comme haut fonctionnaire au ministère de l'Agriculture puis démissionne. En 1971, il est avocat titulaire au barreau de Rabat, et devient l'avocat du gouvernement marocain durant les « années de plomb ».

Il est alors réputé proche d'Ahmed Reda Guedira alors conseiller du roi Hassan II. Malgré les différends qui l'opposaient à Driss Basri, il fait partie des personnes qui assistent à son enterrement après son exil.

En 2006, il prend la tête du barreau de Rabat.

En 2008, il prend la défense de Christophe Curutchet, un ressortissant français condamné à 8 ans de prison pour trafic de drogue[3] qui retrouvera la liberté après 18 mois d'incarcération[4].

Il a été également avocat de l'ESISC (Centre européen pour le renseignement stratégique et la sécurité)[5]. En 2009, il fait condamner l'hebdomadaire Le Journal à leur verser 250 000 euros pour préjudice subi et atteinte à sa notoriété[6].

En , Mohammed Ziane rédige une lettre ouverte adressée au ministre de la Justice Mustapha Ramid dans laquelle il dénonce 13 cas de corruption. Alors qu'il pouvait transmettre le dossier à l'instance centrale de la prévention (ICPC), il préfère exposer ces cas de corruption publiquement en expliquant que l'ICPC dépend du parquet, un organe lui-même corrompu[7].

En 2017, il est l'avocat de Nasser Zefzafi, le chef du mouvement « Hirak » de contestation populaire. Il ne sera plus son avocat après avoir rendu publique la lettre de M. Zefzafi attestant que Nasser n'est ni séparatiste ni révolutionnaire[8],[9].

En 2018, il défendra Taoufik Bouachrine[10],[11], directeur du quotidien indépendant Akhbar al-Yaoum dans un procès très controversé. Lors du procès du journaliste, plusieurs femmes qui refusent de l'accuser de viol sont arrêtées par la police et donnent une tout autre dimension au procès. D'autres « victimes » quittent le pays et affirment avoir été menacées si elles ne l'accusent pas de viol. Devant le tribunal, il dénonce un procès qui est politisé et un abus des services de sécurité.

À la suite de ces affaires, il fera l'objet de plusieurs poursuites judiciaires liées au propos qu'il a tenus à ses plaidoiries. Le parquet exige du Barreau de Rabat que Me Ziane soit radié de l'ordre des avocats. Mais le conseil de l'ordre des avocats refuse d'appliquer la suspension. Puis, une décision de justice oblige l'ordre à le suspendre momentanément de l'activité d'avocat.

Parcours politique

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En 1985 et 1986, il est président de la commission de la législation et de la fonction publique. De 1985 à 1996, il est membre du conseil municipal de Rabat, et de 1985 à 1997, il est également député de Rabat (1re circonscription).

De 1991 à 1997, il est membre du conseil consultatif des droits de l'homme. De à , il est ministre délégué aux Droits de l'homme[12]. Il démissionnera de son poste de ministre en 1996 à la suite de ses désaccords avec la politique gouvernementale d'assainissement[13]. Il sera le premier ministre Marocain à annoncer sa démission en direct sur le journal d'une chaine télévisé.

Mohammed Ziane a également été membre du bureau politique de l'Union constitutionnelle (dont il démissionnera), le fondateur de la publication Al Hayat Al Yaoumiya[12], et le coordinateur national du parti marocain libéral[14].

Opposition politique

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Il a critiqué à plusieurs reprises publiquement les abus des services de renseignement.

Le site Chouf TV publiera une vidéo où l'on voit « un homme dos nu et une femme qui l'essuie » et affirmera que c'est une vidéo de « Me Ziane en compagnie d'une prostituée dans une maison close ». Une réaction violente de l'opinion publique contre cette diffusion poussera la police judiciaire à supposer qu'il s'agit d'une chambre d'hôtel, le Dawliz, et que les personnes visibles sont Me Ziane et sa cliente, Ouahiba Khourchich, qui accuse le chef de la police de El Jadida de harcèlement sexuel[15]. Me Ziane et sa cliente publieront une expertise de NCAVF qui affirme qu'il s'agit d'un montage et interrogeront l'opinion publique pourquoi le site Chouf TV n'a pas été poursuivi par le ministère public pour cette « fausse publication ».

En février 2022, il est poursuivi en justice par le ministère de l'Intérieur pour 11 chefs d’accusations :

  • « Atteinte à l'honneur et aux sentiments de l'autorité »
  • « Offense à un haut fonctionnaire de l'état »
  • « Outrage à la justice »
  • « Injure contre un corps constitué »
  • « Adultère »
  • « Diffamation »
  • « Propagation d'informations mensongères et calomnieuses » propos d'une femme à cause de son sexe»
  • « Adultère »
  • « Immigration illégale »

Mohammed Ziane est condamné à trois ans de prison ferme et à des amendes de 5000 dirhams, d’un dirham symbolique pour l’État marocain et de 100 000 dirhams pour une ancienne cliente avec laquelle il serait en litige[16]. Il fait appel du jugement et restera en liberté jusqu'au procès en appel où ni lui ni ses avocats n'ont assisté[17],[18].

En novembre 2022, il est arrêté par plusieurs policiers et mis en détention[19]. L'arrestation a eu lieu après qu'il a donné une interview au journal espagnol El Independiente[20]. Dans cette interview, il critique ouvertement les absences prolongées du roi du Maroc Mohammed VI et propose au monarque, si celui ci n'est plus en état de diriger le pays, d'abdiquer en faveur de son fils Moulay el-Hassan. En février 2024, Mohamed Ziane commence une grève de la faim pour réclamer sa libération[21].

Notes et références

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  1. « Maroc : Un « manuel » pour déguiser la répression des opposants », sur Human Rights Watch, (consulté le ).
  2. (en) « Amnesty International Report 2022/23: The state of the world’s human rights », sur Amnesty International, (consulté le ).
  3. « Maroc: un Français condamné pour "trafic de drogue" en grève de la faim », sur CIRC.asso.net, .
  4. « Christophe Curutchet revient libre et innocenté du Maroc », sur Lejpb.com, .
  5. « "Journal Hebdo", la mise en garde de Ziane », sur Aujourd'hui le Maroc, .
  6. « Affaire LeJournal-ESISC: la Cour Suprême confirme la condamnation de l'hebdomadaire », sur Menara.ma, .
  7. Reda Zaireg, « La corruption "érigée en principe d'existence" selon Mohammed Ziane »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Medias 24, .
  8. LesEco.ma, « Ziane : «Je verrais mon nom barré de la liste des avocats» », sur LesEco.ma, (consulté le ).
  9. « Me Ziane réagit à sa mise à l'écart du comité de défense de Zefzafi , H24info », sur h24info.ma (consulté le ).
  10. « Douze ans de prison ferme contre Taoufik Bouachrine : RSF dénonce un verdict entaché de doute | RSF », sur rsf.org (consulté le ).
  11. Forbidden stories, « Affaire Bouachrine - Forbidden stories », sur forbiddenstories.org (consulté le ).
  12. a et b « Mohamed Ziane, ancien ministre des Droits de l'Homme », sur Maroc Hebdo/Maghress.com, .
  13. Stephen Smith, « Hassan II limoge son ministre trublionAux Droits de l'homme, Me Ziane, homme du sérail, a braqué tout le monde. », sur Libération (consulté le ).
  14. « Le parti libéral marocain de Mohamed Ziane autorisé un an après son congrès constitutif », sur Aujorud'hui le Maroc/Maghress.com, .
  15. « Kompromat à la Marocaine: une ex-policière accuse, son avocat humilié, la PJ réplique... », sur Le Desk (consulté le ).
  16. « L’avocat et ancien ministre Mohamed Ziane condamné à trois ans de prison ferme », sur Telquel, .
  17. (en) « L’avocat des droits humains Mohammed Zian condamné à trois ans de prison au Maroc | MENA Rights Group », sur menarights.org, (consulté le ).
  18. « Maroc: Un avocat défenseur des droits humains condamné par contumace: Mohamed Ziane », sur Amnesty International, (consulté le ).
  19. « Mohammed Ziane, avocat et ex-ministre des droits de l’homme, arrêté et incarcéré au Maroc ».
  20. https://www.elindependiente.com/internacional/2022/10/09/que-mohamed-vi-este-fuera-de-marruecos-es-totalmente-anormal-no-se-puede-dirigir-un-pais-por-zoom/, « https://www.elindependiente.com/internacional/2022/10/09/que-mohamed-vi-este-fuera-de-marruecos-es-totalmente-anormal-no-se-puede-dirigir-un-pais-por-zoom/ ».
  21. Le Monde avec AFP, « L’opposant marocain Mohamed Ziane en grève de la faim pour demander sa libération ».

Liens externes

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