Parti démocrate (Italie) — Wikipédia

Parti démocrate
(it) Partito democratico
Image illustrative de l’article Parti démocrate (Italie)
Logotype officiel.
Présentation
Secrétaire Elly Schlein
Fondation
Fusion de Démocrates de gauche
La Marguerite
Scission dans Alliance pour l'Italie (2009);
Possibile (2015);
L'avenir a gauche (2015);
Article 1er (2017-2023);
Action (2019);
Italia Viva (2019).
Siège Via Sant'Andrea delle Fratte, 16
(Largo del Nazareno)
- 00187 Rome
Président de l'assemblée nationale Stefano Bonaccini
Vice-secrétaire vacante
Vice-présidentes Chiara Gribaudo
Loredana Capone
Porte-parole Silvia Roggiani
Positionnement Centre gauche[1]
Idéologie Social-démocratie[2]
Gauche chrétienne[2]
Social-libéralisme[3]
Affiliation nationale Coalition de centre gauche
Affiliation européenne Parti socialiste européen (depuis 2014)
Affiliation internationale Alliance progressiste
Adhérents 412 000 (2021)[4]
Couleurs Rouge et vert
Site web partitodemocratico.it
Présidents de groupe
Députés Chiara Braga
Sénateurs Francesco Boccia
Députés européens Iratxe García (S&D)
Représentation
Députés
60  /  400
Sénateurs
40  /  200
Députés européens
21  /  76
Gouvernements régionaux
6  /  20
Conseils régionaux
218  /  897
Villes avec plus de 100 000 habitants
19  /  47

Le Parti démocrate (en italien : Partito Democratico, sigle PD) est un parti politique italien, classé en général au centre gauche. Fondé le , le PD réunit des courants issus de la gauche anciennement communiste et de la démocratie chrétienne.

Il siège dans l'opposition à Silvio Berlusconi entre 2008 et 2011, puis soutient sans participation le gouvernement technique de Mario Monti. En 2013, il constitue la coalition Italie. Bien commun, qui échoue à remporter une majorité stable au Parlement. Il s'installe tout de même au pouvoir, avec Enrico Letta, puis Matteo Renzi et Paolo Gentiloni, grâce à une alliance avec des partis de centre droit. Défait assez nettement lors des élections de 2018, il retourne à l’opposition. Il revient au gouvernement entre 2019 et 2022, en coalition avec le Mouvement 5 étoiles puis dans un gouvernement d'union nationale.

Coalition de L'Olivier

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Au début des années 1990, lors de la crise majeure du système politique italien (Opération Mains propres) et de la dissolution du Parti communiste italien, un processus est entamé en vue d'unir les forces de la gauche au sein d'une entité politique unique. Ce processus permet l'entrée de Romano Prodi (anciennement proche de l'aile gauche de la Démocratie chrétienne) dans la politique nationale et la création de L'Olivier, une coalition de centre gauche, comprenant notamment :

La coalition, alliée au Parti de la refondation communiste, remporte les élections de 1996.

En 1998, le Parti démocratique de la gauche devient les Démocrates de gauche en fusionnant avec d'autres partis de centre gauche. Les Démocrates de Romano Prodi fusionnent avec le Parti populaire italien se dotent d'une plate-forme de centre gauche fondée sur le social-libéralisme, la social-démocratie et le christianisme social et fusionnent au sein de la coalition dite de La Marguerite en 2002.

Lors des élections de 2001, ces deux partis participent à la coalition de L'Olivier aux côtés de l'Union des démocrates pour l'Europe, des écologistes et du Parti des communistes italiens sous la direction de Francesco Rutelli.

Logo de L'Olivier.

Lors de l'été 2003, Romano Prodi propose aux forces de la gauche italienne de s'unir au sein d'une liste commune pour les élections européennes de 2004. L'UDEUR et les partis d'extrême gauche refusent l'offre, mais quatre autres partis acceptent : les Démocrates de gauche, la Margherita, les Socialistes démocrates italiens et le Mouvement des républicains européens. Ils forment une liste commune, Unis dans l'Olivier, qui obtient 31,1 % des suffrages exprimés au niveau national. En 2005 cette coalition est abandonnées par les Socialistes démocrates italiens qui préfèrent former un nouveau parti, Rose au poing, avec les radicaux italiens.

Pour les élections générales de 2006, les trois partis de l'Olivier présentent des listes uniques que pour la Chambre des députés et s'allient avec les communistes, les écologistes et une multitude de petits partis du centre gauche et du centre droit au sein de L'Union. En 2005 une élection primaire ouverte à tous les citoyens italiens est organisée : plus de quatre millions d'électeurs approuvent la nomination de Romano Prodi comme candidat au poste de Président du Conseil.

L'Union remporte les élections, mais avec une très courte majorité.

Vers la formation du nouveau parti

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Le succès de la primaire ouverte de 2005 et la victoire électorale de 2006 donnent un coup d'accélérateur au projet de création d'un grand parti unifiant les Démocrates de gauche et la Margherita.

Le , les Démocrates de gauche tiennent leur dernier congrès à l'occasion duquel environ 75 % des membres du parti votent en faveur de la création du Parti démocrate dès que possible. La gauche du parti, menée par le ministre Fabio Mussi opposé à ce projet, n'obtient qu'environ 15 % des voix. Une troisième motion, présentée par Gavino Angius (en) proposant l'intégration du Parti démocrate au Parti socialiste européen (et donc à aucune autre formation politique européenne), obtient 10 % des voix. Fabio Mussi et Gavino Angius annoncent leur intention de ne pas adhérer au Parti démocrate et fondent un nouveau parti de gauche, Gauche démocrate, plus enclin à unir l'extrême gauche sous une même bannière. Angius abandonne le projet en faveur de la création d'un parti social-démocrate avec les Socialistes démocrates italiens, le Parti socialiste.

Les formations politiques suivantes se sont toutes dissoutes dans le PD :

Le , la liste des membres du Comité d'organisation du Parti démocrate est annoncée : elle comprend 45 hommes politiques, principalement issus des deux grands partis impliqués dans le processus, mais également des personnalités comme Marco Follini, Ottaviano Del Turco, Luciana Sbarbati, Renato Soru, Giuliano Amato, Gad Lerner et Tullia Zevi[5]. Le , le Comité se réunit pour décider des règles à suivre pour l'ouverture de l'élection des 2 400 membres de l'Assemblée constituante. Romano Prodi annonce que chaque électeur aura à choisir entre un certain nombre de listes, chacune d'elles étant associée à un candidat au poste de chef du parti. L'assemblée doit ensuite élire le premier chef de file lors d'une convention fondatrice, prévue le .

Course à la direction

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Walter Veltroni est le premier dirigeant du Parti démocrate.

Tous les candidats au poste de dirigeant du Parti démocrate doivent présenter au moins 2 000 signatures valables au plus tard le . Ils doivent également être associés au projet de fondation du Parti démocrate, soit en tant que membres d'une des formations prenant part à la fusion, soit sans aucune association avec un quelconque autre parti.

Le , un total de dix candidatures sont enregistrées : Walter Veltroni, Rosy Bindi, Enrico Letta, Furio Colombo, Marco Pannella, Antonio Di Pietro, Mario Adinolfi (en), Pier Giorgio Gawronski (it), Jacopo Schettini Gherardini, Lucio Cangini et Amerigo Rutigliano. Parmi eux, Pannella et Di Pietro voient leurs candidatures annulées en raison de leur participation à des partis externes, Cangini et Rutigliano ne réussissent pas à présenter les 2 000 signatures valables avant la date limite, Colombo décide finalement de retirer sa candidature, déclarant être dans l'impossibilité de se plier à toutes les conditions nécessaires pour être candidat.

Pendant la campagne, tous les sondages d'opinions prédisent une large victoire pour Veltroni, avec des résultats allant de 65 à environ 75 %[6]. Veltroni est officiellement élu premier secrétaire du Parti démocrate lors de l'assemblée constituante qui se tient à Milan le [7].

Résultats officiels[8]
Candidats Total Listes
Voix % Sièges Nom Voix % Sièges
Walter Veltroni 2 694 721 75,82 2 322 Democratici con Veltroni 1 553 946 43,72 1 493
Con Veltroni. Ambiente, innovazione, lavoro 286 811 8,07 172
A Sinistra con Veltroni 272 111 7,66 226
Autres listes 581 853 16,37 430
Rosy Bindi 459 398 12,93 312 Con Rosy Bindi. Democratici, davvero 459 398 12,93 312
Enrico Letta 391 775 11,02 220 I democratici per Enrico Letta 391 775 11,02 220
Mario Adinolfi (it) 5 924 0,17 0 Generazione U 5 924 0,17 0
Pier Giorgio Gawronski (it) (et Jacopo G. Schettini) 2 351 0,07 0 Gawronski. Il coraggio di cambiare et Noi per il Partito Democratico 2 351 0,08 0
Total 3 554 169 100,0 2 853 Total 3 554 169 100,0 2 853

Le , le nouveau logo est dévoilé : il dépeint l'acronyme du parti (PD) avec des couleurs rappelant le drapeau tricolore italien (vert, blanc et rouge) et intégrant une branche d'olivier, symbole historique de L'Olivier. Selon les termes d'Ermete Realacci (it), le vert représente les cultures écologiste et sociale-libérale, le blanc la solidarité catholique et le rouge les traditions socialistes et social-démocrates[9].

Échecs électoraux et crise de leadership

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Les affiches électorales du Parti démocrate lors des élections régionales italiennes des 28- à Rome.

Le PD prend part aux premières élections générales de son histoire les 13 et 14 avril 2008. Mené par Walter Veltroni, candidat à la présidence du conseil, le PD s'allie au petit parti centriste de l'Italie des valeurs et reçoit le soutien des Radicaux italiens. Avec 37,5 % des suffrages exprimés à la Chambre des députés et 38 % au Sénat, la coalition de Walter Veltroni est largement distancée par le Peuple de la liberté de Silvio Berlusconi, dont les scores avoisinent les 47 %. C'est un échec retentissant pour le PD, qui a bénéficié pourtant du report des suffrages de l'électorat de l'extrême-gauche, influencé par un vote utile induit par la pratique des primes majoritaires imposée par le système de vote mixte alors en vigueur. Second parti du pays[10], Le PD devient donc la première force de l'opposition parlementaire au gouvernement Berlusconi, devant les démocrates chrétiens de l'Union de centre et ses alliés de l'Italie des Valeurs.

Les élections municipales qui ont lieu quelques semaines plus tard sont une nouvelle déconvenue pour le PD. Il perd notamment Rome, ancien fief de Walter Veltroni, au profit des nationalistes de l'Alliance nationale (composante du PdL).

Le , le PD perd les élections régionales anticipées aux Abruzzes puis, le , le centre gauche perd également en Sardaigne. Ces déconvenues électorales sont interprétées comme un désaveu pour le nouveau parti. Au lendemain de l'élection en Sardaigne, Walter Veltroni démissionne de ses fonctions de dirigeant du Parti démocrate. Dario Franceschini assure l'intérim du secrétariat.

Le , il est décidé de ne pas organiser de primaires pour élire un nouveau secrétaire avant les élections européennes de . Deux candidats s'affrontent pour devenir secrétaire du PD : Arturo Parisi et Dario Franceschini. C'est ce dernier qui l'emporte largement avec plus de mille voix des membres de l'assemblée du parti.

Pier Luigi Bersani, secrétaire du PD de 2009 à 2013.

En , le président du Latium, Piero Marrazzo, est contraint à la démission. Fin , le candidat du PD Francesco Boccia est défait aux élections des Pouilles par le président sortant, Nichi Vendola (Refondation pour la gauche, communiste) qui l'emporte avec 67 % des voix. Le lendemain, le maire de Bologne, Flavio Delbono (it), est également contraint à démissionner. Le secrétaire Pier Luigi Bersani annonce alors une alliance électorale avec l'Italie des valeurs d'Antonio Di Pietro, quatrième parti italien depuis les élections européennes de juin 2009, dans onze régions sur treize[11].

Pour les élections européennes de juin 2009, le Parti démocrate se voit refuser une alliance par les Verts et le Parti socialiste. Le PD n'obtient que 26,1 %.

Le , Pier Luigi Bersani est élu secrétaire du PD avec 53 % des voix lors d'une primaire ouverte à laquelle ont participé trois millions de personnes. À la suite de son élection, Francesco Rutelli quitte le parti pour former un nouveau parti centriste, l'Alliance pour l'Italie. Au total, 14 députés, 15 sénateurs, un député européen et plusieurs conseillers régionaux quittent le PD pour rejoindre l'Alliance pour l'Italie, l'Union de centre ou d'autres petits partis.

Lors des élections régionales de 2010, le PD l'emporte dans six régions.

En , Bersani et les leaders de l'Italie des valeurs et de Gauche, écologie et liberté s'accordent pour former un « nouvel Olivier » en vue des élections de 2013.

Coalition Italie. Bien commun

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Un an après l'accord pour une nouvelle coalition, les relations avec l'Italie des Valeurs se tendent et son leader Antonio Di Pietro, malgré une photo des leaders de la gauche prise à Vasto en 2012, se radicalise contre l'action du gouvernement Monti et quitte son alliance avec le PD.

Les négociations regroupent alors avec le PD Nichi Vendola de Gauche, écologie et liberté et Riccardo Nencini du Parti socialiste italien. Ces trois formations signent le un « Pacte des démocrates et progressistes » et s'entendent pour l'organisation d'une élection primaire afin de désigner le candidat de la coalition aux élections de 2013. Cette élection primaire en deux tours est un succès populaire et permet de confirmer Bersani contre Matteo Renzi, le jeune maire de Florence.

Difficultés après les élections de 2013

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La coalition Italie. Bien commun qui a pour slogan de fin de campagne « L'Italie juste », remporte de justesse la majorité absolue à la Chambre, avec la prime majoritaire qui lui donne 55 % des députés, pour moins de 30 % des voix, mais ne remporte que la majorité relative au Sénat, en raison de la loi électorale qui donne une prime spécifique dans chaque région. Du coup, sa victoire rend l'Italie ingouvernable puisque le bicamérisme est parfait en Italie. Bersani entend néanmoins, en tant que parti arrivé en tête, former un gouvernement, même minoritaire et refuse toute entente avec Le Peuple de la liberté (PDL) de Berlusconi.

Crise de l'élection présidentielle

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Matteo Renzi, secrétaire du PD de 2013 à 2018 et président du Conseil des ministres de 2014 à 2016.

L'élection présidentielle d'avril 2013 est l'occasion d'importantes divisions au sein du parti. Au premier tour, Bersani négocie avec le PDL, Choix citoyen (SC) et la Ligue du Nord (Lega), en proposant la candidature de Franco Marini. Toutefois, le Mouvement 5 étoiles (M5S) soutient la candidature de l'ancien député proche des communistes Stefano Rodotà, qui reçoit l'appui de SEL et d'une partie des démocrates. Marini manque largement la majorité des deux tiers et sa candidature est retirée.

Aux deux tours suivants, les grands électeurs démocrates votent blanc, puis le secrétaire du parti propose la candidature de Romano Prodi, investi à l'unanimité, par acclamation. Pourtant, au quatrième tour, où l'ancien chef du gouvernement pouvait théoriquement compter sur près de 500 voix, 504 étant nécessaires, il n'obtient que 395 suffrages, tandis que Rodotà continue de dépasser les voix du seul M5S. En conséquence de ce nouvel échec, Bindi renonce à la présidence de l'Assemblée nationale du Parti démocrate, puis Bersani, affirmant que « un délégué sur quatre est un traître », annonce qu'il quittera le secrétariat du PD une fois le scrutin présidentiel achevé. Guglielmo Epifani est élu secrétaire national du Parti démocrate le en attendant le prochain congrès, prévu à l'automne. Lors de primaires qui ont réuni 1,6 million de votants, le maire de Florence, Matteo Renzi l'emporte avec plus de 68 % des suffrages, devant Gianni Cuperlo (18 %) et Pippo Civati (14 %). Renzi nomme alors deux nouveaux vice-présidents, Matteo Ricci et Sandra Zampa le .

Présidence du Conseil et succès aux européennes

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Matteo Renzi devient président du Conseil. Il remporte le meilleur score jamais obtenu par un parti de gauche lors des élections européennes du avec 11,2 millions de voix et 40,81 % des voix soit 31 députés (sans compter le député du Parti populaire sud-tyrolien). Le même jour, le PD remporte les régions du Piémont et des Abruzzes (qui étaient à droite) ainsi que les principaux chefs-lieux. Une première scission naît en 2015 avec Possibile, soit cinq députés et une députée européenne. En plus de Pippo Civati, 2015 voit se succéder d'autres départs de parlementaires : les principaux étant ceux de Stefano Fassina (ancien ministre du gouvernement Letta), de Monica Gregori, puis le , de Corradino Mineo, le de députés proches de Bersani, Alfredo D'Attorre, Carlo Galli et Vincenzo Folino, et enfin le de Giovanna Martelli.

Les élections municipales de 2016 sont un échec pour le parti, qui perd notamment Turin[12], mais surtout Rome.

Le net échec lors du référendum constitutionnel de précipite non seulement la fin du gouvernement Renzi qui démissionne peu après mais aussi une profonde crise interne au sein du Parti démocrate qui se divise sur les options à suivre (congrès, primaires, élections législatives dès que possible ou à l'échéance normale). Finalement, Matteo Renzi démissionne aussi de la direction le en confiant l'intérim à Matteo Orfini, afin de permettre le congrès et fixe les primaires du parti au . Andrea Orlando, Michele Emiliano et Renzi sont candidats à diriger le PD, mais cette décision provoque la scission de l'aile gauche, qui à l'exception notable d'Emiliano, quitte massivement le parti. Fin février, une vingtaine de députés dont Pier Luigi Bersani, Massimo D'Alema, Roberto Speranza, Enrico Rossi, Guglielmo Epifani et Vasco Errani quittent le groupe de même que 13 sénateurs, constituant de nouveaux groupes parlementaires. Le , à la Città dell'Altra economia, à Rome, est présentée la nouvelle formation politique voulue par Roberto Speranza et Enrico Rossi, et soutenue par Arturo Scotto (un ancien de Gauche italienne). Son nom complet est : Article 1er - Mouvement démocrate et progressiste[13]. Renzi quitte le pouvoir en , après avoir été désavoué lors du référendum de sa réforme de la Constitution. Il remporte le , la primaire du Parti démocrate pour le poste de secrétaire national, à quelques mois des élections législatives.

Élections générales et déclin

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Le , au lendemain de la défaite du parti aux élections générales italiennes de 2018 au cours desquelles celui-ci arrive troisième derrière la droite et le Mouvement 5 étoiles, Renzi démissionne de la tête du parti[14]. Il doit cependant quitter son poste après le congrès du parti, auquel il annonce ne pas se présenter, qui doit avoir lieu après la formation du gouvernement, pour pouvoir ainsi refuser toute alliance avec le Mouvement 5 étoiles[15]. Le parti se retrouve dans l'opposition au gouvernement Conte I, composé du M5S et de la Ligue. Au cours des élections régionales qui ont lieu en 2018, le parti essuie un net recul dans toutes les régions et perd la présidence de deux de celles-ci. Le Parti démocrate décide dans la difficulté d’organiser des primaires pour le , presque un an après sa défaite aux élections générales. La Convention nationale du qui précède ces primaires donne les résultats suivants, limités aux seuls adhérents du parti : Nicola Zingaretti 47,38% (89 918 voix), Martina 36,10% (67749), Roberto Giachetti 11,13% (20887).

Le Parti Démocrate perd 12 députés à la suite des élections européennes de 2019 où il totalise 22,74 % des voix. Ce résultat est toutefois supérieur à celui réalisé lors des élections générales de 2018.

Gouvernement Conte II et suite

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À la suite de l'éclatement de la coalition entre le Mouvement 5 Étoiles (M5S) et la Ligue du Nord, le Parti démocrate parvient à un accord avec le Mouvement 5 Étoiles. Les deux partis forment le gouvernement Conte II le .

Le , Matteo Renzi annonce qu'il quitte le Parti démocrate pour fonder son propre parti : Italia Viva. Il continuera toutefois à soutenir le gouvernement Conte II. Cette décision est critiquée par le secrétaire général du Parti démocrate, qui juge que « c'est une erreur »[16].

En , lors des élections régionales en Ombrie, le Parti démocrate qui s'était allié au Mouvement 5 Étoiles perd la région qui était traditionnellement acquise à la gauche et n'obtient que 22 % des suffrages dans une région du centre où il était historiquement fort (36 % des voix en 2015)[17].

Le parti ne parvient pas à freiner son déclin et perd 5 présidences de régions au cours des élections régionales de 2019.

Aux élections générales italiennes de 2022, la défaite de la gauche italienne aux élections est expliquée comme étant largement due à une succession de fautes politiques commises par Enrico Letta[18], la faute résidant notamment dans l'éloignement toujours plus profond du Parti démocrate des classes populaires, mais également dans une tendance à être perçu comme le parti de l'« establishment », toujours prêt à s’engouffrer dans les coalitions gouvernementales[19].

Fin de l'ère Letta et élection d'Elly Schlein, un tournant à gauche ?

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Après l'annonce de la démission d'Enrico Letta à la suite du mauvais résultat des Élections générales italiennes de 2022, Elly Schlein, issue de l'aile gauche du parti, remporte la primaire ouverte pour l'élection du secrétaire, le 27 février 2023, face au président de l'Émilie-Romagne, tenant de l'aile droite, Stefano Bonaccini, avec 53,75 % des suffrages contre 46,25 % pour son adversaire. Première femme à ce poste, elle souhaite « révolutionner le Parti démocrate, dans le respect de la pluralité ». Elle entend notamment mettre l'accent sur la lutte contre les inégalités sociales et de genre, combattre le travail précaire avec l'introduction d'un salaire minimum, protéger le secteur de la santé publique et affronter le défi du changement climatique. Elle se dit favorable à une alliance entre le PD et le Mouvement 5 étoiles (M5S). Ce résultat constitue une surprise pour de nombreux observateurs mais confirme le tournant à gauche des parti sociaux-démocrates européens[20].

Le Parti démocrate est influencé par les idées de la social-démocratie, du social-libéralisme, de la gauche chrétienne et de la démocratie chrétienne. Le logo du parti, qui reprend les couleurs du drapeau national, est interprété par le parti de la manière suivante : le vert symbolise les laïcs et les écologistes, le blanc la démocratie-chrétienne et le catholicisme, le rouge le monde du travail[21].

Le politologue Gaël Brustier observe que le PD, bien qu'indirectement issu de la Démocratie chrétienne et du Parti communiste italien, n'a que peu à voir en ce qui concerne le programme politique avec le compromis historique des années 1970 entre ces deux partis. Le PD ne se démarque pas du « consensus libéral » qui régente la vie politique italienne depuis les années 1990 et s'inspire des orientations contenues dans le traité de Maastricht[22].

Le parti n'appartient pas à l'Internationale socialiste, bien qu'il ait constitué en 2009 un groupe au Parlement européen avec le Parti socialiste européen : l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen. En revanche, il a appartenu brièvement à l'Alliance mondiale des démocrates aux côtés du Mouvement démocrate français. Il a refusé au départ d'adhérer au Parti socialiste européen, mais n'a pas adhéré pour autant au Parti démocrate européen créé par François Bayrou et par Francesco Rutelli, élu en 2008 sous l'étiquette du Parti démocrate.

Son orientation idéologique est donc multiforme. Le parti, né de la fusion de plusieurs anciens partis, est traversé par des courants issus de l'ancienne Démocratie chrétienne et par des courants issus de l'ancien Parti communiste italien. Cette formation résulte donc à la fois de l'éclatement du système politique italien de l'Après-guerre et de la fusion d'éléments issus des deux principaux partis qui s'opposaient radicalement à cette époque sur une ligne de fracture gauche/droite. Le Parti démocrate représente même l'un des principaux courants de la démocratie chrétienne européenne, avec ceux qui subsistent dans le Benelux[23].

Le Parti démocrate est au centre de la plupart des coalitions gouvernementales de 2011 à 2022. Il accompagne durant cette période des politiques d’austérité dites « d’assainissement » des comptes publics et de libéralisation du marché du travail[24].

Positionnement européen

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Le positionnement européen est l'une des principales questions concernant le Parti démocrate ; en effet, les Démocrates de gauche (DS) sont affiliés au PSE tandis que la Margherita est membre fondateur du PDE. Les diessini Valdo Spini et Gavino Angius, qui ne font pourtant pas partie des courants de gauche de DS, ont plusieurs fois exprimé leurs perplexités au sujet de la fondation du Parti démocrate, précisément parce que cela pourrait les conduire à ne plus siéger au PSE.

Dans cette perspective, le PSE a modifié ses statuts lors de son dernier congrès, en se redéfinissant comme une force politique ouverte à tous les partis européens « d'inspiration socialiste, progressiste et démocrate », de façon à permettre la possibilité d'un élargissement du parti aux mouvements progressistes qui ne proviennent pas nécessairement du champ historique des gauches européennes. Cette tentative d'amener la Marguerite dans le giron socialiste n'a cependant pas trouvé un écho favorable au sein du parti de centre gauche, qui continue de refuser de rejoindre le PSE.

Le , le Parti démocrate italien a annoncé[25] sa décision de ne pas rejoindre le PSE. Selon la déclaration de Walter Veltroni, le PD « restera une force autonome, mais pas isolée, et cherchera une relation de coopération, d'échange et d'intérêt mutuel avec le parti socialiste européen, et avec toutes les forces démocratiques et progressistes ». Il a justifié cette décision par la nature non socialiste de son nouveau parti : « Nous sommes une force démocratique qui ne peut pas être rattachée à la tradition socialiste, mais nous estimons qu'il y a, dans de nombreux pays européens, d'autres forces démocratiques et progressistes qui font partie du PSE, et nous devons avoir avec ces forces une relation et un dialogue ». Le Parti démocrate s'est en revanche prononcé pour la création d'un groupe d'union entre socialistes et démocrates, afin d'unir toutes les forces progressistes en Europe.

Ce groupe est créé le , sous le nom d'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen et comprenant les partis membres du PSE et le PD italien.

En , à la suite de l'élection de Matteo Renzi, le parti adhère au PSE[26].

Sur les questions religieuses, de profondes divergences continuent de subsister entre les diessini et les membres de la Marguerite. Ces clivages font régulièrement surface, par exemple à l'occasion des débats sur la loi DiCo, les diessini y étant favorables tandis qu'une partie des membres de la Marguerite y restent réticents. Les mêmes clivages existent en général sur les questions relevant de la laïcité ou de l'avortement, la branche démocrate-chrétienne du parti ayant été historiquement l'interlocutrice privilégiée de la Papauté.

Secrétaire

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Rang Photo Nom (naissance - décès) Début du mandat Fin du mandat Élection
1er Walter Veltroni
(1955-)
2007
2e Dario Franceschini
(1958-)
Aucune
3e Pier Luigi Bersani
(1951-)
2009
4e Guglielmo Epifani
(1950-)
Aucune
5e Matteo Renzi
(1975-)
2013
Intérim du président Matteo Orfini
(5e) Matteo Renzi
(1975-)
2017
6e Maurizio Martina
(1978-)
Intérim
Aucune
Vacant
7e Nicola Zingaretti
(1965-)
2019
8e Enrico Letta
(1966-)
Aucune
9e Elly Schlein
(1985-)
en fonction 2023

Vice-secrétaire

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Rang Photo Nom (naissance - décès) Début du mandat Fin du mandat Secrétaire
1er Dario Franceschini
(1958-)
Veltroni
Vacant Franceschini
2e Enrico Letta
(1966-)
Bersani
Vacant Epifani
3e Lorenzo Guerini
(1966-)
Renzi
Debora Serracchiani
(1970-)
4e Maurizio Martina
(1978-)
Renzi
Vacant Martina
5e Paola De Micheli
(1973-)
Zingaretti
Andrea Orlando
(1969-)
6e Irene Tinagli
(1974-)
12 mars 2023 Letta
Giuseppe Provenzano
(1982-)
Vacant en fonction Schlein
Rang Photo Nom (naissance - décès) Début du mandat Fin du mandat
1er Romano Prodi
(1939-)
Vacant
2e Rosy Bindi
(1951-)
Vacant
3e Gianni Cuperlo
(1961-)
Vacant
4e Matteo Orfini
(1974-)
5e Paolo Gentiloni
(1954-)
6e Valentina Cuppi
(1983-)
7e Stefano Bonaccini
(1967-)
En fonction

Vice-président

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Rang Photo Nom (naissance - décès) Début du mandat Fin du mandat Président
1re Ivan Scalfarotto
(1965-)
Bindi
Marina Sereni
(1960-)
2e Matteo Ricci
(1974-)
Cuperlo
Orfini
Sandra Zampa
(1956-)
3e Barbara Pollastrini
(1947-)
Orfini
Domenico De Santis
(1982-)
4e Anna Ascani
(1987-)
Gentiloni
Cuppi
Debora Serracchiani
(1970-)
5e Chiara Gribaudo
(1981-)
En fonction Bonaccini
Loredana Capone
(1964-)

Coordinateur

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Rang Photo Nom (naissance - décès) Début du mandat Fin du mandat Secrétaire
1er Goffredo Bettini
(1952-)
Veltroni
2e Maurizio Migliavacca
(1951-)
Bersani
3e Luca Lotti
(1982-)
Renzi
4e Lorenzo Guerini
(1966-)
Renzi
Martina
5e Matteo Mauri
(1970-)
Martina
6e Andrea Martella
(1968-)
En fonction Zingaretti
Letta

Résultats électoraux

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Élections générales

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Année Chambre des députés Sénat Rang Gouvernement
% Mandats % Mandats
2008 33,2
217  /  630
33,7
119  /  314
2e Opposition
2013 25,43
297  /  630
27,44
105  /  314
1er Letta, Renzi, Gentiloni
2018 18,72
111  /  630
19,12
53  /  314
2e Opposition, Conte II, Draghi
2022 19,07
69  /  400
18,96
40  /  200
2e Opposition

Élections européennes

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Année Voix % Sièges Rang
2009 7 999 476 26,1
22  /  73
2e
2014 11 172 861 40,8
31  /  73
1er
2019 6 089 017 22,7
19  /  76
2e
2024 5 638 130 24,1
21  /  76
2e

Élections régionales

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Région Année % Sièges Gouvernement
Abruzzes 2024 20,29
6  /  31
Opposition
Vallée d'Aoste 2020 15,25
7  /  35
En coalition
Basilicate 2024 13,87
2  /  21
Opposition
Calabre 2021 13,18
6  /  31
Opposition
Campanie 2020 16,90
9  /  51
En coalition
Émilie-Romagne 2020 34,69
22  /  50
En coalition
Frioul-Vénétie Julienne 2023 16,50
10  /  49
Opposition
Latium 2023 20,26
10  /  51
Opposition
Ligurie 2020 19,89
6  /  31
Opposition
Lombardie 2024 21,82
17  /  80
Opposition
Marches 2020 25,11
8  /  31
Opposition
Molise 2023 12,04
3  /  21
Opposition
Ombrie 2019 22,33
5  /  21
Opposition
Piémont 2024 23,93
12  /  51
Opposition
Pouilles 2020 17,25
17  /  51
En coalition
Sardaigne 2024 13,80
13  /  60
En coalition
Sicile* 2022 12,77
11  /  70
Opposition
Toscane 2020 34,71
23  /  41
En coalition
Trentin-Haut-Adige 2023 16,64
7  /  35
Opposition
3,45
1  /  35
Opposition
Vénétie 2020 11,92
7  /  51
Opposition

Notes et références

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  1. (en) « European Social Survey. Appendix A3 political parties », sur europeansocialsurvey.org, (consulté le ).
  2. a et b (en) Wolfram Nordsieck, « Parties and Elections in Europe », sur parties-and-elections.eu (consulté le ).
  3. (it) « La sinistra italiana e il liberalismo - Pandora », sur pandorarivista.it, .
  4. (it) « Sondaggi a picco? Adesso per la Lega anche i tesserati sono al palo. Invece Fratelli d’Italia cresce e rischia di mangiarsi Salvini a breve », sur lanotiziagiornale.it, (consulté le ).
  5. (it) « Pd, è nato il comitato dei 45 Prodi: "Nessuna egemonia Ds o Dl" », sur repubblica.it, (consulté le ).
  6. (it) « Sondaggi Politico Elettorali », sur sondaggipoliticoelettorali.it, .
  7. (en) « Rome Mayor Walter Veltroni pronounced leader of Italy's new Democratic Party », sur International Herald Tribune, .
  8. (it) « Riepilogo Nazionale del voto alle liste », sur partitodemocratico.it, .
  9. (it) « Tricolore e ramoscello di ulivo. Ecco il nuovo simbolo del Pd », sur La Repubblica, .
  10. Le PD est en outre devancé par le Peuple de la liberté (PdL), nouveau parti de droite fondé à l'initiative de Silvio Berlusconi.
  11. Richard Heuze, « La gauche italienne traverse une mauvaise passe », sur Le Figaro, .
  12. Philippe Ridet, « Virginia Raggi, candidate du Mouvement 5 Étoiles, élue première femme maire de Rome », sur lemonde.fr, .
  13. « Italie: scission au sein du Parti démocrate, la principale formation de gauche - RFI », sur RFI (consulté le ).
  14. « La chute de Matteo Renzi, le « Macron italien » », sur BFM TV (consulté le ).
  15. Dominique Dunglas, « Italie : le vrai-faux abandon de Matteo Renzi », sur Le Point (consulté le ).
  16. Le Monde avec AFP, « Italie : Matteo Renzi quitte le Parti démocrate et crée son propre mouvement », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  17. «Salvini est désormais le leader incontesté de la coalition des droites italiennes», entretien avec Christophe Bouillaud, lefigaro.fr, 29 octobre 2019
  18. Valerie Segond, Comment Enrico Letta a fait plonger la gauche italienne, lefigaro.fr, 23 septembre 2022
  19. Comment la gauche italienne est devenue l’“establishment”, courrierinternational.com, 25 septembre 2022
  20. « Elly Schlein : le virage à gauche du Parti Démocrate ? | Heinrich Böll Stiftung | », sur Heinrich-Böll-Stiftung
  21. (it) « News - Panorama », sur Panorama (magazine italien).
  22. Gaël Brustier, « L’Italie, le pays où la gauche a disparu », sur Slate.fr,
  23. « Typologie des familles politiques en Europe, par Daniel-Louis Seiler », sur Toute l'europe.eu, (consulté le ).
  24. Gaël De Santis, « Législatives. L’extrême droite italienne en position de force », sur L'Humanité,
  25. http://www.partitodemocratico.it/gw/producer/dettaglio.aspx?ID_DOC=65886
  26. (en)http://www.pes.eu/fr/news/italian-partito-democratico-officially-welcomed-pes-family « Copie archivée » (version du sur Internet Archive) Italian Partito Democratico Officially Welcomed into the PES Family], communiqué de presse du PSE, 28 février 2014.

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Articles connexes

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Liens externes

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