Phare de Gatteville — Wikipédia
Coordonnées | |
---|---|
Localisation |
Architecte | |
---|---|
Construction | 1829-1835 |
Mise en service | |
Électrification | 1893 |
Automatisation | 1984 |
Patrimonialité | |
Gardienné | Non (depuis 1990) |
Visiteurs | Oui |
Hauteur | 74,75 m |
---|---|
Hauteur focale | 72 m |
Élévation | 78,85 m |
Marches | 365 |
Matériau | tour en granite |
Couleurs |
Lanterne | Lampes au xénon 1 600 W 1 par temps clair, 2 si brume |
---|---|
Optique | |
Portée | 29 milles (54 km) |
Feux | 2 éclats blancs 10 s |
ARLHS | |
---|---|
Amirauté | A1454 |
List of Lights | |
MarineTraffic | |
NGA |
Le phare de Gatteville ou phare de Gatteville-Barfleur[1] est situé à la pointe de Barfleur sur le territoire de la commune française de Gatteville-le-Phare, dans le département de la Manche, en région Normandie.
Le phare, qui signale les forts courants du raz de Barfleur, et le sémaphore sont protégés partiellement aux monuments historiques.
Localisation
[modifier | modifier le code]Le phare est situé à la pointe de Barfleur, sur la commune de Gatteville-le-Phare, dans le département français de la Manche. Il est relié à la terre ferme par une jetée en granit. Les courants forts au large de la pointe, et les nombreux naufrages, dont le plus célèbre est sans doute celui de la Blanche-Nef, ont rendu indispensable l'édification d'un phare.
C'est le deuxième plus grand phare de France[2], après celui de l'île Vierge[3]. Il se situe aux antipodes exactes des îles des Antipodes[4].
Historique
[modifier | modifier le code]Pour Vauban (1633-1707), il était nécessaire d'ériger à la pointe de Barfleur un phare : « ce cap et celuy de la Hague sont l'horreur des gens de mer par la quantité de vaisseaux qui s'y perdent pendant la nuit tous les ans, faute de feux pour les redresser »[5].
C'est seulement en 1774, l'année de l'avènement de Louis XVI[note 1], que la Chambre de commerce de Rouen décide de faire construire un phare en granit, de 25 mètres, par l'entrepreneur et architecte parisien, venu s'installer à Cherbourg, Jacques-Martin Maurice[6]. Sa construction avait été décidée par un arrêt du Conseil d'État[7].
Le phare, d'architecture classique, avec frontons, bandeaux et corniches décorant la tour et les ouvertures, est allumé pour la première fois le [6].
À son sommet, un feu de bois et de charbon brûlait continuellement[note 2]. Le charbon, issu des houillères de Littry[8], était approvisionné à dos d'homme et laissait peu de repos aux gardiens. En 1775, on érige une lanterne avec des vitres sur le brasero avec l'inconvénient que ces dernières devenaient vite noires réduisant la performance du phare[9].
En 1780 le feu à charbon est remplacé par un système de réverbères constitué de 16 lampes à huile dans une lanterne vitrée. En 1860, on rehausse la tour de deux mètres au moment de sa transformation en sémaphore[note 3].
Ce phare étant trop petit pour recevoir les lentilles modernes, et trop faible pour pouvoir être exhaussé de 32 mètres, on décide en 1825 d'ériger une nouvelle tour dont le feux pourrait être visible à 27 milles nautiques[note 4]. L'architecte et ingénieur des ponts et chaussées Charles-Félix Morice de la Rue (1800-1880), sous le règne de Charles X, qui dessinera ensuite le phare de la Hague, conçoit les plans du plus haut phare de l'époque (dépassé depuis par le phare de l'Île Vierge). La pose de la pierre centrale a lieu le et les travaux s'étalent jusqu'en 1835. C'est en effet le qu'il est mis en service.
Son fonctionnement nécessitait jusqu'à six gardiens qui devaient être mariés, représentant six familles soit 27 personnes auxquelles il faut ajouter les gardiens du sémaphore, c'est une quarantaine de personnes qui vivait sur place[9]. Il sera électrifié en 1893. Son automatisation en 1984, ne nécessite plus qu'une seule personne pour surveiller les appareils électroniques.
Le phare est de nos jours équipé d'une double optique, la seconde étant utilisée par temps de brouillard afin d'en augmenter la puissance. La lentille diffuse quatre faisceaux lumineux portant à 60 kilomètres[9].
En 2001, l'ancienne tour, louée puis rachetée par la Marine afin d'être aménagée en sémaphore, a été pourvue d'une nouvelle chambre panoramique bâtie à ses pieds, et dans laquelle neuf guetteurs se relayent, jour et nuit, afin d'assurer la surveillance de la circulation maritime au nord-est du Cotentin[10].
Description
[modifier | modifier le code]Le phare de Gatteville, construit par l'architecte Charles-Félix Morice de la Rue, avec 11 000 blocs en granit rose de Fermanville[11], pesant au total 7 400 tonnes, est une haute tour cylindrique de 74,85 mètres, ce qui en fait le second plus haut phare d'Europe[12]. Sa tour, construite au centre d'un soubassement de deux niveaux, a un diamètre à la base de 9,25 mètres et de 6 mètres à la passerelle.
Il est dit que le phare comporte autant de marches que de jours dans l'année[1], alors qu'il n'en compte que 349 marches[13], autant de fenêtres que de semaines et autant de niveaux (représentés par le nombre de fenêtres en façade) que de mois[14],[15].
Protection aux monuments historiques
[modifier | modifier le code]Au titre des monuments historiques[16] :
- les façades et les toitures de l'ancien phare, sémaphore de Barfleur, ainsi que l'assiette des parcelles et la voie d'accès sont inscrites par arrêté du ;
- le phare de Gatteville, y compris les bâtiments annexes est classé par arrêté du .
- Jean-Louis Petit, Vue du phare de Gatteville (vers 1836), huile sur toile, musée Thomas-Henry.
- Vue aérienne du phare et du sémaphore.
- Vue du phare et du sémaphore depuis la mer.
- Le Phare de Gatteville, huile sur carton de Paul Signac, 1934.
- Phare et sémaphore de Gatteville en 2019.
Visite
[modifier | modifier le code]Ouvert en visite libre toute l'année, sauf en janvier, il reçoit entre 35 000 et 39 000 visiteurs par an. Le phare ferme par mesure de sécurité lorsque le vent dépasse force 7 (50 km/h) et par temps orageux.
Dans la culture
[modifier | modifier le code]En 1980, le réalisateur Jean-Jacques Beineix y tourna plusieurs scènes de son film Diva[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Maurice Lecœur dit que le « Petit Phare », convertit en sémaphore, aurait été construit sous Louis XV[6].
- Chaque nuit, les deux gardiens montaient 600 kilos de charbons.
- Le phare originel, haut de 25 mètres s'arrêtait en dessous de la dernière fenêtre.
- À cette époque, l'on préconise un système nouveau pour l'éclairage des côtes, à savoir le croisement obligatoire des feux de deux phares consécutifs[7].
Références
[modifier | modifier le code]- « Phare de Gatteville aussi appelé phare de Gatteville-Barfleur (Etablissement de signalisation maritime n° 467/000) », notice no IA50000601, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Les plus grands phares de France », sur escaledenuit.com.
- Direction inter-régionale de la Mer - Nord Atlantique Manche Ouest, « Le phare de l’île Vierge », sur dirm.nord-atlantique-manche-ouest.developpement-durable.gouv.fr, (consulté le ).
- Hervé Hamon, Dictionnaire amoureux des Îles, Paris, Place des éditeurs, , 515 p. (lire en ligne), « Antipodes »
- Edmond Thin, Le Val de Saire : Trésors d'un jardin du Cotentin sur la mer, Éditions OREP, , 165 p. (ISBN 978-2-915762-82-2), p. 125.
- Lecœur 2009, p. 31.
- Lecœur 2009, p. 34.
- Philippe Bernouis, « La mine de charbon de Littry, hier et aujourd’hui » [archive du ], .
- Georges Bernage, « Gatteville, hameaux et manoirs », Vikland, la revue du Cotentin, no 6, juillet-août-septembre 2013, p. 21 (ISSN 0224-7992).
- Thin 2009, p. 126.
- Jeanine Bavay, « Fermanville », Vikland, la revue du Cotentin, no 5, avril-mai-juin 2013, p. 34 (ISSN 0224-7992).
- Site officiel des visites du phare.
- Le phare de Gatteville, Direction départementale de l'Équipement de la Manche, 1997.
- « Tout sur le phare de Gatteville : histoire, gardiens de phare » (consulté le ).
- « La côte Est joue la carte : Entre les tours Vauban, le phare de Gatteville, le village de Barfleur ou encore les plages de Quinéville », Presse de la Manche, (lire en ligne [PDF]).
- « Phare de Gatteville et ancien phare, sémaphore de Barfleur », notice no PA50000065, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Charles-Félix Morice de la Rue, Notice : nouveau phare de Barfleur, dans Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur, 1er semestre 1834, p. 1-16 (lire en ligne) et planches LXXIV à LXXVI (voir).
- Alain & Véronique Verneau, « Le Phare de Gatteville (Pointe de Barfleur, Manche) », Ornithos, Rochefort, Ligue pour la protection des oiseaux, vol. 15-3, , p. 198-205 (ISSN 1254-2962)(cet article détaille l'importance ornithologique du site)
- Jean-Baptiste Auzel et Jérémie Halais, « Plan et élévation de l'ancien et du nouveau phare de Barfleur », dans 1000 ans de Normandie, Gand, Snoeck, (ISBN 978-94-6161-367-7), p. 206-207.
- Maurice Lecœur (photogr. Christine Duteurtre), Val de Saire, Isoète, , 173 p. (ISBN 978-2-9139-2076-7), p. 34-35.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Site officiel
- Ressources relatives à l'architecture :
- Colonne de Gatteville, nouveau phare de Barfleur, M. Edom, Caen, 1839, en ligne sur Normannia
- Phare de Gatteville (photographie aérienne)
- Les Archives nationales conservent sous la cote CP/F/14/17520/2 quarante-cinq plans du phare de Barfleur élaborés de 1827 à 1903, et, sous la cote CP/F/14/17520/9, un plan des détails du phare de Gatteville élaboré en 1833.