Prix Femina — Wikipédia
Prix Femina | |
Comité Femina en 1926. | |
Prix remis | Aucune dotation |
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Description | Prix littéraire |
Pays | France |
Date de création | 1904 |
Dernier récipiendaire | Miguel Bonnefoy, pour Le rêve du jaguar |
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Le prix Femina[n 1] est un prix littéraire français, créé en 1904 par vingt-deux collaboratrices du magazine La Vie heureuse, afin de constituer une contre-proposition au prix Goncourt, jugé misogyne en raison notamment de son attribution, cette année-là, à Léon Frapié, aux dépens de la favorite Myriam Harry (la première femme récipiendaire du prix Goncourt sera Elsa Triolet, en 1944)[1]. Le prix est attribué chaque année par un jury exclusivement féminin, début novembre au musée Carnavalet depuis 2021, après l'avoir été à l'hôtel de Crillon. Il récompense une œuvre de langue française écrite en prose ou en vers.
Histoire du prix
[modifier | modifier le code]Le prix, qui s'appelle à ses débuts prix Vie heureuse du nom d'un tout nouveau magazine destiné à un lectorat féminin intitulé La Vie heureuse et édité par Hachette depuis , est décerné pour la première fois le par un jury de vingt femmes (deux fois plus que les hommes membres du jury du prix Goncourt)[2].
Outre Anna de Noailles, qui fut la présidente la première année (Mmes Adam et Barine s'étant récusées), les membres du premier jury sont (par ordre alphabétique) Juliette Adam, Arvède Barine, Thérèse Bentzon, Mme Jean Bertheroy, Caroline de Broutelles (directrice du journal), Mme Pierre de Coulevain, Jeanne Mette, Julia Daudet, Lucie Delarue-Mardrus, Jane Dieulafoy, Mary Duclaux, Claude Ferval, Lucie Félix-Faure Goyau (épouse de Georges Goyau), Judith Gautier, Mme Daniel Lesueur, Jeanne Marni, Mme George de Peyrebrune, Marguerite Poradowska, Gabrielle Réval, Séverine et Marcelle Tinayre[3].
Les fonctions de présidente et secrétaire étant tournantes (sauf la secrétaire perpétuelle, Caroline de Broutelles), les présidences furent assurées successivement par Anna de Noailles (1904), Jane Dieulafoy (1905 et 1911), Séverine (1906), Mme Daniel Lesueur (1907), Marcelle Tinayre (1908), duchesse de Rohan (1909 et 1910, puis 1920), Mmes Claude Ferval (1912) et Jean Dornis (1913), etc.
La première lauréate est Myriam Harry pour La Conquête de Jérusalem, titre qui s'est précédemment retrouvé sur la liste des goncourables[4]. Le lauréat suivant est Romain Rolland. Ce prix ne consacre donc pas uniquement des autrices (sa particularité est bien d'être dirigé par un jury entièrement composé de femmes) ni même un roman : les œuvres en vers peuvent aussi concourir ; ainsi, une poétesse est récompensée en 1906 (Mlle André Corthis, autrice de Gemmes et Moires), et en 1920 ce sera un poète (Edmond Gojon pour son cinquième recueil de poèmes intitulé Le Jardin des Dieux). Le comité de la Vie heureuse décerna aussi quelques prix particuliers de 500 ou 1 000 francs : un prix destiné à une œuvre inédite attribuée seulement en 1908, pour la pièce Les Affranchis de Marie Lenéru[5], un prix Érudition, Histoire, Géographie, Essais attribué à Albert Baratier en 1911 pour À travers l'Afrique[6], à Rachel Gaston-Charles pour M. Charmeret en Italie en 1912[7], à Émile Nolly pour Gens de guerre au Maroc en 1913[8] et à Cyril Bertier pour Têtes baissées en 1914[9], ainsi qu'un prix destiné à un ouvrage d'assistance ou de sociologie attribué en 1911 à Léonie Bernardini-Sjöstedt pour La Révision des valeurs de la femme, en 1912 à Paul Gaultier pour La Pensée contemporaine, et en 1914 à Jean Renaud pour Mirage d'exil.
Le groupe Hachette, qui a acquis entretemps le magazine Femina, propose en 1919 aux différents pays alliés d'attribuer un prix similaire. L'Angleterre accepte et un comité est constitué qui se réunit pour la première fois le , pour le Femina-Vie heureuse Prize. Par la suite est créé le prix Northcliffe.
Le prix Vie heureuse[10] change de nom à la fin de la guerre de 1914 : Hachette (propriétaire du magazine La Vie heureuse) et Pierre Lafitte (fondateur du magazine Femina en 1901) s'étant associés pour que le prix perdure après 1918, le prix devient dans un premier temps le prix Femina-Vie Heureuse (ou Vie Heureuse-Femina), puis à partir de 1922 le prix Femina et le jury passe à douze membres[2].
Edmée de La Rochefoucauld, qui a reçu, durant des décennies, le Tout-Paris des lettres et de la pensée dans les salons de son hôtel particulier situé 8 place des États-Unis, salon réputé être l'antichambre de l'Académie française, est pendant des années présidente du jury du prix Femina. Entre autres, Judith Cladel est membre du jury de 1916 à 1958.
Dans les années 1920, le comité du prix Femina a son siège 26, rue Vavin à Paris dans le 6e arrondissement[11].
La compétition est grande pour l'annonce des résultats entre les jurys du Femina et du Goncourt. Ainsi Antoine de Saint-Exupéry reçoit le Femina en 1931 alors qu'il est favori du Goncourt, idem en 1993 pour Marc Lambron tandis qu'en 1959, c'est le Goncourt qui « souffle » au Femina André Schwarz-Bart. Un accord est conclu en 2000 entre les deux jurys pour que l'ordre d'attribution des deux distinctions alterne en principe d'une année sur l'autre[12].
Polémique
[modifier | modifier le code]Une polémique a entaché le prix en 2019 quand la membre de jury Josyane Savigneau a déclenché une vive controverse en prenant la défense de l'écrivain et pédocriminel Gabriel Matzneff et a été par la suite accusée d’antisémitisme contre la journaliste Anne Rozenberg, visée par Savigneau en raison de son nom aux consonances ashkénazes[13], à la suite de quoi des internautes avaient demandé sa démission du jury, ce qu'elle avait refusé, considérant n'avoir fait aucune faute[14].
Jury
[modifier | modifier le code]Les membres du jury sont, en 2024[15],[16] :
- Nathalie Azoulai, présidente
- Évelyne Bloch-Dano
- Claire Gallois
- Paula Jacques
- Christine Jordis, vice-présidente
- Danièle Sallenave (membre honoraire)
- Mona Ozouf
- Patricia Reznikov
- Josyane Savigneau
- Jeanne Benameur
- Brigitte Giraud
- Julie Wolkenstein
Lauréats du prix Femina
[modifier | modifier le code]Depuis sa création, le prix a été décerné minoritairement à des femmes, à hauteur de 39,4 %. À titre de comparaison, le prix Goncourt a distingué seulement 9,7 % d'écrivaines[17].
Certaines femmes ont été récompensées sous un pseudonyme masculin, utilisé afin de légitimer leur travail. C'est par exemple le cas d'André Corthis en 1906, Jacques Morel en 1912, ou encore Dominique Dunois en 1928[17].
Prix Femina étranger
[modifier | modifier le code]Prix Femina de l'essai
[modifier | modifier le code]Prix Femina des lycéens
[modifier | modifier le code]Prix Femina anglais
[modifier | modifier le code]Prix du centenaire du jury Femina
[modifier | modifier le code]En 2004, le prix du centenaire du jury Femina est attribué à Simon Leys ; il est remis par le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres[30],[n 3].
Il y a quatre lauréats Femina cette année-là (Femina, étranger, essai et centenaire).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]Nelly Sanchez, Georges de Peyrebrune : Correspondance de la Société des gens de lettres au jury du prix Vie Heureuse, Paris, Garnier, coll. « Correspondances et Mémoires », 2016, 177 p.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Également orthographié « prix Fémina ».
- Ouvrage publié anonymement sous la lettre Y.
- Allocution de Renaud Donnedieu de Vabres, Réception en l’honneur des 100 ans du Prix Fémina Ministère de la culture, 7 décembre 2004 « Ne croyez que ceux qui doutent, disait Lu Xun, sans doute le plus grand écrivain chinois du XXe siècle. Avec Simon Leys, qui est aussi, sous le nom de Pierre Ryckmans, l’un des plus savants sinologues de notre temps, nous avons douté, non pas de la Chine, mais d’une image mythique de la « Révolution culturelle. Et Simon Leys nous a montré combien la littérature nous permet de percevoir quelle part de notre héritage relève de l’humanité universelle ».
Références
[modifier | modifier le code]- Alisonne Sinard, « Contre un Goncourt misogyne : le Femina, un prix tour à tour militant, volcanique et collabo », sur franceculture.fr, (consulté le ).
- Discours pour les 100 ans du Femina.
- « Le premier jury de 1905 », sur prixfemina.org, en ligne.
- Revue universelle, Paris, janvier 1905, p. 373.
- « Les Lettres », L'Intransigeant, (lire en ligne).
- « Le Prix « Vie Heureuse » », Le Petit Caporal, (lire en ligne).
- « Deux prix littéraires de « Vie Heureuse » », Le Temps, (lire en ligne)
- « Les prix « Vie Heureuse » », Les Nouvelles, (lire en ligne).
- Jean de Paris, « Informations - Prix », Le Figaro, (lire en ligne)
- Le magazine La Vie heureuse reparaît fin 1945 dans une formule hebdomadaire.
- « Avant le Prix Femina », Le Siècle, , sur RetroNews.
- « Jean-Paul Dubois, prix Femina »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) dans Le Nouvel Observateur du 8 novembre 2004.
- « Si Josyane Savigneau n’existait pas, il faudrait l’inventer », L'Obs, 8 janvier 2020
- « Une journaliste qui défend l’écrivain Matzneff accusée d’antisémitisme », timesofisrael.com, 29 décembre 2019.
- « Prix Femina: trois nouvelles jurées dont Brigitte Giraud, Goncourt 2022 », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Le Prix Femina dévoile sa première liste de 15 romans dont celui de Gaël Faye en lice pour le Goncourt et le Renaudot », sur Le Télégramme, (consulté le )
- « Prix Femina - Palmarès Lauréats », sur Lireka (consulté le )
- « US writer Julie Otsuka wins Femina foreign novel prize », sur France24, (consulté le ).
- « US author wins top French literary prize » [archive du ], sur France24, (consulté le ).
- « L'Haïtienne Yanick Lahens, prix Femina pour le roman "Bain de Lune" » [archive du ], sur France24, (consulté le ).
- « Christophe Boltanski, Kerry Hudson et Emmanuelle Loyer lauréats du Femina 2015 », sur livreshebdo.fr, (consulté le ).
- « Le Femina 2016 pour Marcus Malte, Rabih Alameddine et Ghislaine Dunant », sur livreshebdo.fr, (consulté le ).
- « Le prix Renaudot 2018 récompense Valérie Manteau et "Le Sillon"», Lauren Provost, Le HuffPost, 7 novembre 2018.
- « Serge Joncour remporte le Femina 2020 », sur Livres Hebdo (consulté le ).
- Le Monde[1].
- « Le prix Femina remporté par Claudie Hunzinger avec « Un chien à ma table » », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- « Neige Sinno remporte le Prix Femina 2023 », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Le prix Femina 2024 pour Miguel Bonnefoy. », Livreshebdo.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Miguel Bonnefoy, lauréat du grand prix du Roman de l'Académie française 2024 », Eric Dupuy, Livres Hebdo, 24 octobre 2024.
- Prix du centenaire du Femina pour Simon Leys. Libération, 7 décembre 2004.
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Liste de prix littéraires
- Liste des prix littéraires français
- Prix Femina étranger
- Prix Femina essai
- Prix Femina des lycéens
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Site officiel du prix Femina
- Histoire du prix Vie Heureuse, devenu Femina
- Le prix Femina : la consécration littéraire au féminin
- « Prix Femina : d’une revendication féministe à l’un des plus prestigieux prix littéraires français », sur lireka.com/ (consulté le ).