Yanick Lahens — Wikipédia

Yanick Lahens
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Yanick Lahens, née le à Port-au-Prince en Haïti, est une écrivaine haïtienne, lauréate de l'édition 2014 du prix Femina pour son roman Bain de lune. Elle est titulaire de la chaire « Mondes Francophones » au Collège de France et a prononcé sa leçon inaugurale intitulée « Urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter » le .

Née en 1953[2], Yanick Lahens grandit à Port-au-Prince au sein d’une famille élargie, cohabitant entre autres avec son arrière-grand-mère et sa grand-mère qu’elle considère comme la garante, dans la maison, d’une culture venue de la province[3].

La transmission de la culture traditionnelle haïtienne est un élément central de son éducation familiale et ce à une époque où elle était décriée par les classes dominantes. Sa mère, cuisinière et pâtissière, contribue à la revalorisation de la cuisine paysanne haïtienne en lui donnant ses lettres de noblesse dans les sphères bourgeoises et d’élites du pays. L’apprentissage de la danse haïtienne ancre grandement son sentiment d’appartenance à une culture traditionnelle qui imprégnera son œuvre par la suite[3]. C’est auprès de sa grand-mère qu’elle apprend à lire[3].

Elle grandit sous le régime dictatorial de Duvalier[4]. Sa famille héberge brièvement un dissident politique. Elle a alors 4 ans. Elle garde un souvenir marquant de toute cette période.

Yanick Lahens s’installe à Paris à l’âge de quinze ans[3]. Elle y termine des études secondaires[3], découvre que la littérature haïtienne ainsi que la révolution haïtienne, sont mal connus et peu évoqués[3], puis poursuit ses études supérieures de lettres à l’université Paris-Sorbonne[5]. En 1976, elle soutient son mémoire de maîtrise, « Lecture d’une œuvre de Fernand Hibbert : Les Thazar », dont elle publie une partie dans la revue haïtienne Conjonction[6].

Son expérience parisienne marque un tournant décisif dans son engagement culturel, social et politique. Elle y découvre que des pans entiers de l’Histoire de la France avec Haïti sont passés sous silence et qu’il n’y a aucune étude sur la Révolution haïtienne[3]. Sa surprise s’étend également au domaine universitaire des littératures francophones dont Haïti est alors la grande absente. C'est le point de départ d’un travail et d’un engagement mis au service d’une Histoire décentralisée. Elle souhaite « décoloniser le savoir »[7]. À la francophonie elle oppose une conception plurielle des mondes francophones[7].

Engagement social et culturel en Haïti

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Après ses années parisiennes d'études, elle revient s'installer en Haïti[2] où elle enseigne à l’École normale supérieure jusqu'en 1995[8],[1]. Dans le cadre de l’Institut pédagogique national, elle participe à l’élaboration de la réforme qui introduit le créole dans le système éducatif haïtien[9].

Elle contribue au lancement de la revue haïtienne Chemins critiques, puis y contribue régulièrement[5].

En 1996-1997, elle fait partie du cabinet du ministre de la culture haïtien, Raoul Peck[2],[10].

Très impliquée dans la vie associative d'Haïti, elle est cofondatrice de l'Association des écrivains haïtiens[2],[11] (depuis supprimée) qui lutte contre l’illettrisme en organisant des événements autour de la littérature dans les écoles haïtiennes.

En 2008 elle crée la fondation Action pour le changement qui permet notamment la construction de quatre bibliothèques et propose différents types de formations telles que des ateliers audiovisuels[9].

Elle collabore également avec la fondation Culture et Création qui fonde une bibliothèque à Saint-Louis-du-Nord[12].

Elle est présente lors du séisme de 2010[13],[14] et en témoigne, notamment dans son ouvrage Failles publié la même année.

Elle devient en 2019 titulaire de la chaire « Mondes Francophones » au Collège de France et prononce sa leçon inaugurale intitulée Littérature haïtienne. Urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter publiée par Fayard, le [15].

Œuvre littéraire

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Les figures féminines tiennent une place majeure dans ses romans[3].

Toute sa production littéraire tend à dresser un portrait d’Haïti qu’elle saisit en y faisant dialoguer la grande Histoire et la petite histoire[7].

Son œuvre recèle une dimension socio-spatiale importante[3]. Haïti en est le point d’ancrage et la multitude d’espaces explorés dans ses romans et essais, recoupe les différentes strates sociales de la société haïtienne.

Les personnages étrangers dans sa littérature lui permettent également de caractériser les enjeux des relations Nord - Sud dont elle dit qu’Haïti est un centre et une matrice[16].

Prix et distinctions

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  • Prix Millepages 2008 ; prix RFO du livre 2009 ; et prix littéraire Richelieu de la Francophonie 2009[20] pour Couleur de l'aube.
  • prix Fémina 2014 pour Bain de lune[21].
  • Prix Carbet des lycéens 2014 pour Guillaume et Nathalie.
  • Prix Joseph D. Charles 2015 pour La folie était venue avec la pluie.
  • Le livre Douces Déroutes a été à l’honneur à la 6e édition de Marathon du Livre à Petit-Goâve, en 2019[22].

Notes et références

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  1. a et b Yanick Lahens sur le site de l'Université de la Ville de New York.
  2. a b c et d Stéphanie Bérard, « Lahens, Yanick [Haïti 1953] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 2439
  3. a b c d e f g h et i « Yanick Lahens, écrire Haïti », France Culture (5 émissions sur et avec Yanick Lahens),‎ (lire en ligne)
  4. (en) Clarisse Zimra, « Haitian Literature After Duvalier: An Interview With Yanick Lahens », Callaloo, The Johns Hopkins University Press,‎ (lire en ligne)
  5. a et b « Yanick Lahens », sur Île en île
  6. Lahens, Yanick Jean-Pierre. « Le paraître féminin, sa structure, sa stratégie, dans le roman de Fernand Hibbert : “Les Thazar” ». Conjonction, nos 136‑137, février 1978, pp. 45‑55.
  7. a b et c émission « La Grande table culture », France Culture, avec Olivia Gesbert, Mars 2020
  8. « Yanick Lahens », sur Internationales literaturfestival berlin (consulté le )
  9. a et b Antoine Compagnon, « Introduction », dans Yanick Lahens, Littérature Haïtienne : Urgence(s) d'écrire, Rêve(s) d'habiter , Collège de France, (lire en ligne)
  10. « Yanick Lahens », sur Evene / Le Figaro
  11. « Lahens Yanick », sur Étonnants Voyageurs (consulté le )
  12. John Smith Sanon, « Deux bougies pour la Bibliothèque Yanick Lahens », Le Nouvelliste,‎ (textehttp://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=107912, consulté le )
  13. Yanick Lahens, « Haïti ou La santé du malheur », Libération (consulté le )
  14. « Haïti un an après le séisme : les écrivains témoignent », Arte,‎ (lire en ligne)
  15. a et b Gladys Marivat, « Yanick Lahens : "En Haïti, on ne peut pas être un écrivain dans sa tour d’ivoire », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  16. OpenEdition Lectures « Yanick Lahens, Littérature haïtienne. Urgence(s) d'écrire, rêve(s) d'habiter », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2020, mis en ligne le 16 janvier 2020
  17. Jérôme Goude, « La Couleur de l’aube - Yanick Lahens », Le Matricule des Anges,
  18. Guylaine Massoutre, « Sortir de l'impasse avec Yanick Lahens », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  19. Marianne Payot, « Bain de lune à Haïti avec Yanick Lahens », L'Express,
  20. « Yanick Lahens », sur prix-litteraires.net (consulté le )
  21. « Le prix Femina attribué à Yanick Lahens », Le Soir,‎ (lire en ligne)
  22. « La 6e édition du Marathon du livre à Petit-Goâve ce week-end », Le Nouvelliste,‎ (lire en ligne)

Liens externes

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