Service militaire en Corée du Sud — Wikipédia

De jeunes sud-coréens commençant leur service militaire en 2014.

Le service militaire en Corée du Sud désigne le régime de conscription visant à enrôler une partie de la jeunesse sud-coréenne dans l'armée afin d'effectuer un service militaire. Visant de manière obligatoire les hommes âgés de 18 à 28 ans, il dure de 18 à 22 mois et est considéré comme un rite de passage pour les jeunes hommes sud-coréens.

Inscrit dans l'article 39 de la constitution sud-coréenne, le service militaire moderne est obligatoire depuis 1957, alors que la Corée du Sud est toujours officiellement en guerre contre la Corée du Nord. Faire son service militaire est également obligatoire pour pouvoir postuler à des emplois dans l'administration ou dans de grandes entreprises.

Les femmes en sont exemptées — bien qu'elles peuvent s'enrôler volontairement dans l'armée — ainsi que certains athlètes médaillés et musiciens internationalement reconnus. De même, les hommes souffrant d'un handicap physique ou mental peuvent bénéficier d'aménagements (faire un service alternatif dans une institution publique) ou être totalement exemptés, en fonction de la sévérité de leur handicap.

Le service militaire est l'objet de plusieurs critiques et remises en question, incluant son caractère obligatoire, l'exclusion visant les femmes ou l'inégalité de traitement entre les riches élites, accusées d'éviter la conscription, et le reste de la population. Le traitement des objecteurs de conscience, emprisonnés pendant 2 ou 3 ans en cas de refus de faire leur service, voire torturés dans le passé, a également été dénoncé internationalement, avant qu'un service alternatif ne leur soit proposé en 2019.

Le tout premier examen médical pour le service militaire en 1949.

Le service militaire moderne en Corée du Sud est inscrit dans l'article 39 de la constitution sud-coréenne[1], promulguée en 1948, décrétant que :

« Tout citoyen doit participer à la défense nationale dans les conditions prévues par la loi[2]. »

C'est à partir de 1957, après la guerre de Corée, que le gouvernement décide de rendre le service militaire obligatoire pour les jeunes hommes, alors que le pays est toujours officiellement en conflit avec la Corée du Nord[1].

D'une durée originelle maximale de 30 mois, la longueur du service connaît plusieurs fluctuations en fonction du contexte géopolitique[1],[3]. Depuis 2018, elle est se situe entre 18 à 22 mois, en fonction du corps d'armée choisi[1],[4].

Dans une société dominée par des dictatures militaires jusqu'en 1987, faire son service militaire devient alors un important rite de passage chez les jeunes hommes sud-coréens, exposant ceux le refusant à une véritable stigmatisation sociale, voire à l'emprisonnement ou à la torture[5]. Des possibilités d'exemptions pour les athlètes et musiciens connus à l'international sont instaurés à partir de 1973 par le président Park Chung-hee[1], afin de booster le prestige mondial du pays[6].

Déroulement

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Examen médical en vue du service militaire en 2008.

Après avoir atteint l'âge de 18 ans, chaque jeune homme doit subir un examen médical pour évaluer son aptitude à servir dans l'armée sud-coréenne[1]. Selon les résultats :

  • s'il est considéré apte, il peut s'enrôler
  • si un léger handicap physique ou mental est décelé, un aménagement peut être proposé
  • si le handicap décelé est important, la personne est exemptée de service

Depuis 2018, la durée de service est de 18 à 22 mois, en fonction du corps d'armée choisi[4] :

Les candidats ont jusqu'à l'âge de 28 ans pour effectuer leur service militaire[7]. 90 % des hommes au sein d'une même classe d'âge font leur service militaire[5].

Une fois enrôlés, les conscrits reçoivent un salaire mensuel d'environ 400 [5]. Ils passent les premières semaines de leur service dans un camp d'entraînement, avant de se voir attribuer un rôle au sein de l'armée[7].

Faire son service militaire est obligatoire pour pouvoir postuler à des emplois dans l'administration ou dans de grandes entreprises, car le dossier militaire est systématiquement demandé aux hommes[5].

Exemptions et aménagements

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Les femmes sont exemptées de faire leur service militaire, bien qu'elles peuvent s'enrôler volontairement dans l'armée[8].

Un service civil alternatif, incluant des missions dans des institutions publiques, peut être proposé aux athlètes ayant gagné des médailles aux Jeux olympiques[6], aux musiciens classiques reconnus internationalement[9],[10], ainsi qu'aux hommes présentant des problèmes de santé[1].

Les hommes supportant financièrement seuls leur famille[1], les orphelins, les transfuges nord-coréens[9] et les hommes ayant récemment acquit la nationalité sud-coréenne[7], sont exemptés de service.

Le cas des objecteurs de conscience

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Phénomène marginal (900 objecteurs en 2022[11]), le refus de faire son service militaire pour cause d'objection de conscience concerne surtout des témoins de Jéhovah ou des adventistes du septième jour. Ce refus a longtemps été sévèrement puni : de 1953 à 2019, plus de 19 300 objecteurs de conscience ont ainsi été emprisonnés, voire même torturés, une situation dénoncée notamment par Amnesty International[5].

Jusqu'en 2019, les objecteurs de conscience écopaient de 2 à 3 ans d'emprisonnement, jusqu'à ce qu'une loi leur permette de réaliser à la place un service alternatif[1]. Pour bénéficier de cet aménagement, la vie personnelle d'un homme se disant « objecteur de conscience » fait l'objet d'une enquête approfondie. Le simple fait d'avoir jouer dans le passé à des jeux vidéos de combat peut ainsi être considéré comme une preuve qu'il n'est pas non-violent et le disqualifier[5],[11].

Le service alternatif des objecteurs de conscience dure 36 mois — bien plus longtemps que les autres conscrits — et se déroule dans le système carcéral du pays. Ils sont logés au sein même des prisons, où leur faits et gestes font l'objet d'une surveillance accrue, et travaillent dans les cuisines ou les laveries des établissements pénitentiaires. Ce traitement suscite ainsi de nombreuses critiques, plusieurs objecteurs estimant qu'ils sont ainsi punis[11].

Critiques et évolutions

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Des coréens manifestant contre le service militaire obligatoire dans les rues de Séoul en 2022.

Dans la culture

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En 2021, la série Netflix Deserter Pursuit explore le cas des déserteurs et des mauvais traitement infligés aux conscrits appelés pour le service militaire[5].

Références

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  1. a b c d e f g h et i (en) Kshitij Mohan Rawat, « Explained: Why's military service mandatory in S Korea, not sparing even BTS? Know history, controversies », sur wionews.com,
  2. « Constitution de la République de Corée (Sud) du 25 février 1988, traduite en français », sur mjp.univ-perp.fr
  3. (en) L. Yoon, « Mandatory military service duration of the Air Force in South Korea from 1953 to 2018 », sur statista.com,
  4. a et b (en) « S. Korea to shorten mandatory military service period from October », sur xinhuanet.com,
  5. a b c d e f et g Philippe Mesmer, « En Corée du Sud, l’objection de conscience reste un sujet sensible dans un pays toujours officiellement en guerre » Accès payant, sur lemonde.fr,
  6. a et b (en) John Duerden, « South Korean athletes seek Olympic gold to avoid military service », sur asia.nikkei.com,
  7. a b et c (en) Bryan Pietsch & Min Joo Kim, « BTS’s Jin enlists: What to know about S. Korea’s mandatory military service », sur washingtonpost.com,
  8. Chong Cha-yong, « Les femmes vont-elles effectuer un service militaire ? » Accès payant, sur courrierinternational.com,
  9. a et b (en) Song Jung-a, « In South Korea, a quiet debate over conscription is heating up » Inscription nécessaire, sur ft.com,
  10. (en) Joon Ha Park, « South Korea debates equity of military exemption for elite athletes and artists », sur koreapro.org,
  11. a b et c (en) Chad de Guzman, « Inside South Korea’s Harsh Alternative to Military Service », sur time.com,

Articles connexes

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Liens externes

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