Supernature (chanson) — Wikipédia
Face B | In the Smoke Give Me Love Sweet Drums |
---|---|
Sortie | [1] [2] |
Enregistré | juin - août 1977 [3] Studios Trident, Londres[3] |
Durée | 10:20 (Original) 3:50 (45 tours) |
Genre | Disco |
Format | Vinyle |
Auteur | Lene Lovich |
Auteur-compositeur | Cerrone, Alain Wisniak |
Label | Malligator (Universal) |
Singles de Cerrone
Pistes de Supernature (Cerrone III)
Supernature est un single écrit par Cerrone (avec une adaptation en anglais de Lene Lovich) et composé par Alain Wisniak et Marc Cerrone en sur le label Malligator. Premier extrait de l'album du même nom paru deux mois auparavant, la chanson-titre connaît un véritable succès aussi bien en Europe, notamment au Royaume-Uni où il atteint le top 10 après une forte utilisation à l'émission The Kenny Everett Video Show (en) qu'aux États-Unis, où il occupe la première place du Hot Dance Club Songs.
Genèse
[modifier | modifier le code]Contexte
[modifier | modifier le code]En , un magasinier parisien installé aux Champs-Élysées renvoie par erreur à New York des dizaines d'exemplaires de l'album Love In C Minor de Marc Cerrone, croyant renvoyer un carton d'invendus de Barry White. Le titre du batteur français devient un succès outre-atlantique et le label Atlantic signe un contrat de distribution. Son deuxième album, Cerrone's Paradise, lui permet de devenir une référence de l'euro disco orchestral[4].
Néanmoins, Cerrone voit que l'industrie du disco se réapproprie les codes de sa musique : un son destiné aux discothèques et très sexualisé, avec des voix féminines. Alors que la disco devient la nouvelle pop musique commerciale des années 1970, Cerrone ressent le besoin de réagir et retourne aux studios Trident à Londres en juin 1977, trois mois après l'enregistrement de Cerrone's Paradise, pour composer un nouvel album. Supernature est donc une réaction directe au succès croissant de Cerrone et à la commercialisation du disco : « Quand j'avais vingt ans, j'étais plus provocateur. Mes deux premiers albums avaient beaucoup d'orchestration et beaucoup de cuivres, et bien sûr, je ne fais pas les arrangements. J'ai des gens pour le faire. Je me disais que certains morceaux ne m'appartenaient pas et que si les critiques pensaient tant que quelqu'un d'autre les avaient faits, alors peut-être que je devrais faire tout le morceau moi-même »[5].
Écriture et composition
[modifier | modifier le code]Pour ce nouveau titre, Cerrone souhaite s'emparer du thème des progrès scientifiques et technologiques dans ce qu'ils ont de fascinant et d'effrayant : selon lui, la nouvelle réalité permise par le progrès, qui fait reculer la limite du possible, se rapproche de la science-fiction et atténue les limites entre le bien et le mal. Cerrone estime que l'Homme doit sa survie à sa capacité à s'adapter aux changements qui lui sont imposés, et ceux-ci s'accumulent à une vitesse effrénée dans les années 1970, à tel point que l'artiste considère que l'Homme doit devenir une « supernature » pour s'y adapter[6].
En effet, Cerrone souhaite exprimer ses craintes en tant que citoyen sur l'évolution de son époque et sent que « le temps de l'allégresse est maintenant terminé », notamment avec l'annonce du premier bébé éprouvette par un laboratoire britannique, la révélation des effets néfastes de l'échappement de substances toxiques à la suite de la catastrophe de Seveso, l'apparition des organismes génétiquement modifiés[7].
Composition
[modifier | modifier le code]La chanson a été composée par Alain Wisniak et Cerrone. Les paroles originales françaises ont été écrites par Cerrone et adaptées en anglais par la chanteuse américaine Lene Lovich. Pourtant non créditée, l'interprétation est assurée par la chanteuse Kay Garner. L'histoire raconte un futur où l'utilisation de produits chimiques fertilisants dans l'agriculture a créé des monstres qui cherchent alors à se venger de la race humaine[8]. Marc Cerrone a enregistré séparément chaque élément de sa batterie, ce qui lui a donné la possibilité au mixage de mettre en avant la grosse caisse et d'obtenir un rythme clair et efficace. Tous les autres éléments du morceau sont électroniques, avec notamment le synthétiseur ARP Odyssey qui a généré la séquence répétitive d'une note sur laquelle Cerrone a dû caler son jeu de batterie.
Supernature devient un hit américain - classé premier en 1978 au Hot Dance Club Songs[9]. En France, le single s'est vendu à plus de 150 000 exemplaires[10].
Parution
[modifier | modifier le code]Sortie
[modifier | modifier le code]Supernature sort en single sous le format 45 tours en France en sous le label Malligator et est extrait de l'album homonyme. Le titre, d'une durée de 3 min 50 s, est accompagné de la chanson In the Smoke. Aux États-Unis, il paraît en sous le label Cotillon et est accompagné de Sweet Drums sur sa face B[11]. Le single sort également au Royaume-Uni en sous le label Atlantic, avec le titre Give me Love sur sa face B[12].
Pochette
[modifier | modifier le code]Image externe | |
Pochette du single Supernature. |
La photo de couverture du single, reprise de celle de l'album éponyme, est réalisée par le photographe Patrick Perroquin avec qui Cerrone a déjà collaboré pour la pochette de Paradise, son second album. Perroquin est choisi car il comprend bien l'univers artistique du musicien français. Cerrone, inspiré par les photos des albums des Pink Floyd qui selon lui sont le point de départ d'une histoire, souhaite créer le même genre d'atmosphère avec la pochette de Supernature[13].
La photo prend pour cadre un bloc opératoire de la clinique de Choisy-le-Roi et arbore un visuel froid et apocalyptique, à rebours des précédentes pochettes qui étaient bien plus légères. Elle montre Cerrone portant une chemise noire ouverte sur sa chaîne en or et un pantalon en pattes d'éléphant ; son regard est grave, presque fou. En arrière-plan se trouvent trois créatures mi-hommes mi-bêtes, couchées à ses pieds. Cerrone se tient assis sur une table d'opération — celle où est né Jérémy, son fils aîné — où gît un cadavre écorché[14].
Clip musical
[modifier | modifier le code]Vidéo externe | |
Vidéoclip de Supernature. |
Le clip est tourné durant l'hiver 1977-1978, juste après la sortie du single. Cerrone souhaite mettre en mouvement la photo de la pochette et la photo intérieure qui montre l'artiste, entouré des mêmes créatures, posant au milieu d'un jardin rappelant l'Éden, cherchant à renouer avec les débuts de l'humanité[15]. Cerrone fait appel à Rémy Grumbach, rencontré lors d'une émission de Michel Drucker, pour le co-réaliser. Grumbach propose à Cerrone de tourner dans l'ancienne carrière de craies de Mantes-la-Jolie : ce dernier, en voyant ce décor lunaire qui lui fait penser à un « lendemain d'apocalypse nucléaire », en a le « souffle coupé » et considère que l'atmosphère qui y règne correspond à celui de Supernature[16].
La vidéo est tourné par −10 degrés : elle met en scène des femmes déguisées en infirmières et des hommes à moitié nus, rescapés de l'apocalypse, portant des masques d'un animal ressemblant à un cochon ou un loup, errant dans un paysage désertique et escaladant des falaises à mains nus. Ceronne arrive en Rolls-Royce et s'installe au milieu de la carrière de craie pour jouer sur sa batterie Ludwig en plastique transparent, entouré de grands murs de pierre[17],[4].
Postérité
[modifier | modifier le code]Reprises
[modifier | modifier le code]Supernature fait l'objet de nombreuses reprises : en , Lene Lovich reprend ce tube dans une compilation intitulée Animal Liberation, réunissant plusieurs artistes au profit de PETA[18]. En , le duo britannique Erasure intègre la chanson en face B du single You Surround Me, extrait de son quatrième album studio, intitulé Wild![19]. En 1994, le groupe écossais de musique électronique The Time Frequency reprend Supernature sur son premier album, Dominator[20]. En 2023, le titre de Cerrone est repris par le groupe britannique Duran Duran sur son seizième album Danse Macabre[21].
Jeux Olympiques de Paris 2024
[modifier | modifier le code]Le , la chanson est utilisée lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, au cours d'un spectacle lumineux à la tour Eiffel, juste avant l'embrasement de la vasque olympique[22]. Le tube est interprétée en chansigne par le danseur américain Shaheem Sanchez[23]. Six mois auparavant, Victor Le Masne, le directeur artistique de la cérémonie, le contacte car il souhaite utiliser la chanson Give me Love dans l'un de ses tableaux. Cerrone évoque avec lui son projet de concerts en version symphonique. Quelque temps plus tard, Victor Le Masne lui annonce vouloir réaliser une version électro symphonique de Supernature, en conservant la voix originale de Kay Gardner, avec la validation du metteur en scène Thomas Jolly et du président de la République Emmanuel Macron[24],[25]. Cette exposition à l'échelle internationale déclenche un regain d'intérêt pour le titre avec plus de 1,5 million de recherches sur Shazam (à la deuxième place des recherches au niveau mondial), dont plus de 320 000 pour le week-end suivant la cérémonie, ainsi qu'une augmentation de plus de 120 000 % d'écoutes en 48 h en France[26],[27].
Liste des pistes
[modifier | modifier le code]Toutes les chansons sont écrites et composées par Marc Cerrone et Alain Wisniak. |
Classements hebdomadaires
[modifier | modifier le code] Version originale[modifier | modifier le code]
| Version remixée[modifier | modifier le code]
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Ventes et certification
[modifier | modifier le code]Région | Certification | Ventes/Streams |
---|---|---|
Royaume-Uni (BPI)[40] | Argent | 250 000^ |
*Ventes selon la certification |
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) « Cerrone - Supernature / Sweet Drums », sur 45cat.com (consulté le ).
- (en) « Cerrone - Supernature / Give me Love », sur 45cat.com (consulté le ).
- (en) « Cerrone - Cerrone 3 Supernature », sur discogs.com (consulté le ).
- Meziane 2020.
- James 2022, p. 38-39.
- Cerrone 2018, p. 82-83.
- Cerrone 2018, p. 80-81.
- Les Inrockuptibles, Le mirifique Supernature de Cerrone resurgit plus stupéfiant que jamais, 23 septembre 2018.
- (en) « Cerrone – Awards », AllMusic. All Media Network (consulté le )
- (en) « TOP 45 Tours - 1978 », sur top-france.fr (consulté le ).
- (en) « Supernature : Record details », sur 45cat.com (consulté le ).
- (en) « Supernature : Record details », sur 45cat.com (consulté le ).
- Cerrone 2018, p. 85-86.
- Cerrone 2018, p. 84-85.
- Cerrone 2018, p. 85.
- Cerrone 2018, p. 86-87.
- Cerrone 2018, p. 87.
- (en) « Various – Animal Liberation », sur discogs.com (consulté le ).
- (en) « Erasure – You Surround Me », sur discogs.com (consulté le ).
- (en) « The Time Frequency – Dominator », sur discogs.com (consulté le ).
- « Duran Duran : un deuxième single révélé avant la sortie de l'album », sur nostalgie.be (consulté le ).
- « Edith Piaf, Cerrone, Gojira : sur les plateformes d'écoute en ligne, la playlist des JO cartonne », sur radiofrance.fr (consulté le )
- Alexandre Aflalo, « Cérémonie d’ouverture des JO 2024 : c’est quoi le chansigne, mis à l’honneur lors du show ? », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- Emmanuel Marolle, « « Je ne pouvais pas rêver mieux » : après la cérémonie d’ouverture, « Supernature » de Cerrone affole Shazam », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- « "J'ai fait danser la Tour Eiffel aux JO de Paris 2024" : Cerrone nous raconte cette formidable soirée ! », sur nostalgie.fr, (consulté le ).
- Joséphine Pelois, « JO 2024 : Aya Nakamura, Gojira… ces artistes qui cartonnent sur les plateformes (et au-delà) », sur Capital.fr, (consulté le )
- Carla Valade, « Comment la cérémonie d'ouverture des JO a boosté les écoutes de "Supernature" ou "L'Hymne à l'amour" », sur LaProvence.com, (consulté le ).
- « Supernature », sur musicbranz.org (consulté le ).
- « Supernature », sur discogs.com (consulté le ).
- « Supernature (The Danny Tenaglia Remixes) », sur discogs.com (consulté le ).
- « Supernature », sur discogs.com (consulté le ).
- « Supernature », sur discogs.com (consulté le ).
- (en) RPM Dance/Urban. RPM. Bibliothèque et Archives Canada. Consulté le 12 mai 2015.
- « 1970-1989 de A à C », sur Charts singles Top 50 en France (consulté le ).
- (en) « Supernature dans les charts irlandais », sur irishcharts.ie (consulté le )
- (it) « Indice per Interprete: C », sur hitparadeitalie.it (consulté le ).
- (en) Archive Chart. UK Singles Chart. The Official Charts Company. Consulté le 14 juillet 2022.
- (en) Archive Chart. UK Singles Chart. The Official Charts Company. Consulté le 6 juillet 2013.
- Lescharts.com – Cerrone – Supernature. SNEP. Hung Medien. Consulté le 14 juillet 2022.
- (en) « Supernature (single) - Cerrone », sur bpi.co.uk (consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Marc Cerrone, Paradis : Autobiographie, Paris, EPA, , 256 p. (ISBN 978-2851209825).
- Belkacem Meziane, Night Fever : 100 hits qui ont fait le disco, Paris, Le mot et le reste, , 242 p. (ISBN 978-2361392215).
- (en) Martin James, French Connections : From Discotheque to Daft Punk - the Birth of French Touch, Chislehurst, Velocity Press, , 320 p. (ISBN 9781913231309).
Liens externes
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- Ressources relatives à la musique :