Théagène de Rhégion — Wikipédia
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Période d'activité | VIe siècle av. J.-C. |
Théagène de Rhégion, en grec ancien Θεαγένης ὁ Ῥηγῖνος, était un érudit grec du VIe siècle av. J.-C.[1] originaire de la ville de Rhêgion (actuelle Reggio de Calabre).
Œuvres
[modifier | modifier le code]Théagène est connu pour avoir été l'un des premiers à recourir à l'allégorie[2] pour commenter les poèmes d'Homère et les défendre contre les attaques qu'ils essuyaient de la part de critiques rationalistes, qui leur reprochaient leurs épisodes mythologiques invraisemblables ou immoraux. Selon Pierre Hadot, Théagène semble avoir proposé une exégèse allégorique, physique — le combat des dieux devient un combat entre les éléments — et morale des poèmes d'Homère, peut-être en réaction contre les vives critiques formulées à l'égard de la mythologie homérique par le philosophe Xénophane de Colophon[3]. Aucun de ses ouvrages n'étant parvenu jusqu'à nous, ses théories ne sont connues que de manière indirecte, par une scholie à l’Iliade[4] que les éditeurs font remonter aux Questions homériques du philosophe néoplatonicien Porphyre de Tyr[5].
Scolie au chant XX de l' Iliade :
« La doctrine d'Homère sur les dieux s'attache généralement à l'inutile, voire à l'inconvenant ; car les mythes qu'il narre sur les dieux ne sont pas convenables. Pour dissoudre une telle accusation, il en est qui invoquent la manière de parler ; ils estiment que tout a été dit en allégorie et concerne la nature des éléments [terre, eau, air, feu], par exemple dans le cas des désaccords entre les dieux. C'est ainsi que, d'après eux, le sec combat l'humide, le chaud le froid, et le léger le lourd : l'eau éteint le feu, mais le feu dessèche l'air ; il en va de même de tous les éléments dont l'univers est composé : il y a entre eux une opposition fondamentale ; ils comportent une fois pour toutes la corruption au niveau des êtres particuliers, mais dans leurs ensembles ils subsistent éternellement. Ce sont de tels combats qu'Homère aurait institué, donnant au feu le nom d'Apollon, d'Hélios, d'Héphaïstos, à l'eau celui de Poséidon et de Scamandre, à la Lune celui d'Artémis, à l'air celui d'Héra[6]. »
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (fr) Fernand Robert, La religion grecque, vol. 105, Paris, Gallimard, coll. « Que sais-je ? », (réimpr. 1967) (1re éd. 1949), 127 p. (ISBN 2130446728).
- (fr) Pierre Hadot, Le Voile d'Isis. Essai sur l'histoire de l'idée de nature, Paris, Gallimard, coll. « NRF essais », , 400 p. (ISBN 2-07-073088-3).
- (fr) L’Iliade (trad. du grec ancien par Robert Flacelière), Éditions Gallimard, (1re éd. 1955) (ISBN 2-07-010261-0).
- (fr) Monique Trédé-Boulmer, Alain Le Boulluec et Suzanne Saïd, Histoire de la littérature grecque, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Premier Cycle », (ISBN 978-2130482338).
Notes
[modifier | modifier le code]- Trédé-Boulmer, Le Boulluec et Saïd 1997, p. 50.
- Robert 1981, p. 4.
- Hadot 2004, p. 68.
- Chant XX, 67
- Michelle Lacore, « La théologie d'Homère jugée par Platon », in Les Dieux de Platon, Presses universitaires de Caen, 2003, p. 89, note 31.
- Scholia homerica, B-Y 67 = Porphyre, Questions homériques, I, édi. H. Schrader (Quaestionum Homericarum ad Iliadem pertinentium reliquiae, Leipzig, Teubner, 1880) p. 240. Trad. J. Pépin, Mythe et allégorie, 1958, p. 98.