French
DeutschThierry Coste — Wikipédia
Pour les articles homonymes, voir Coste.
| Naissance | |
|---|---|
| Nationalité | |
| Activités |
| Membre de |
|---|
Thierry Coste, né le à Poligny (Jura), est un lobbyiste français. Il est notamment conseiller politique de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et secrétaire général du Comité Guillaume Tell, qui soutient les utilisateurs d’armes à feu en France. Il est également le fondateur du cabinet Lobbying et Stratégies, dont sont clients la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) ou encore la Fédération française de golf (FFG).
Biographie
[modifier | modifier le code]Origines et première carrière professionnelle
[modifier | modifier le code]Thierry Coste naît le [1] à Poligny (Jura)[2]. Il est fils de militaire ; son frère est colonel dans la Légion étrangère. Après ses études en lycée agricole près de Besançon, il achète à 20 ans quelques terres en Haute-Saône[3] pour se consacrer durant dix ans à l'élevage associé à de la polyculture. Au début des années 1970, il est membre fondateur des Travailleurs paysans, qui militent pour défendre les petits exploitants contre la politique de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA)[4].
Lobbyisme
[modifier | modifier le code]Premières initiatives et engagement politique
[modifier | modifier le code]Déçu par la Fédération française des sociétés de protection de la nature (FFSPN), il quitte ce mouvement pour créer en 1988 Atout Vert, une société spécialisée en conseil sur les stratégies environnementales. « Premier client ? Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur, qui le missionne pour établir une stratégie de lutte contre les feux de forêt. Puis il travaille avec Pierre Bérégovoy, Laurent Fabius et François Mitterrand », raconte Tiffany Blandin, de Marianne[4].
À partir de 1994, il ouvre et dirige ensuite Lobbying et Stratégies, son propre cabinet de lobbying situé rue de Varenne à Paris, qui se charge notamment d'aider des petites ou moyennes entreprises installées à l'étranger à trouver le soutien de la diplomatie économique de la France face à leurs concurrents[5]. Il est un relais actif de la fédération des chasseurs, des sociétés de traitement des déchets[6] et des producteurs de fourrures animales[7].
Passé par le trotskisme dans sa jeunesse, il déclare avoir conservé depuis l’habitude d’infiltrer l’ennemi pour mieux le comprendre[8],[5].
Thierry Coste fréquente et influence les personnalités politiques depuis les années 1980[9], de gauche (François Patriat, Maxime Gremetz), de droite, voire d'extrême-droite. Il a été le conseiller environnement de plusieurs présidents de conseils régionaux (Jean-Pierre Raffarin, Jacques Blanc ou encore Jean-Pierre Soisson) et a participé à la création des agences régionales de l'environnement en Picardie, Poitou-Charente, Midi-Pyrénées, Aquitaine et PACA[5].
Directeur de campagne de Jean Saint-Josse (CPNT) aux élections européennes de 1999, aux cantonales de 2001 et à la présidentielle de 2002, il co-dirige avec Guillaume Peltier la campagne de Philippe de Villiers aux européennes de 2004. « Membre du groupe ruralité de Jacques Chirac pour la campagne de 2002, il a été la "plume" chasse de Nicolas Sarkozy en 2007, de François Hollande en 2012[4],[5] » et celle, pour la ruralité et la chasse, d'Emmanuel Macron en 2017[8].
Depuis les années 2000
[modifier | modifier le code]
Il est secrétaire général du Comité Guillaume Tell[10],[11], lobby des armes français[9] qu'il définit lui-même comme « la NRA française »[12]. Il a représenté les intérêts du fabricant d'armes italien Beretta et de la Fédération française de tir[13].
Assumant son rôle d'influenceur politique, il n'hésite pas à se mettre en scène et raconte ainsi lors d'une interview pour L'Obs : « J’ai participé à une caméra cachée pour TF1 à l’Assemblée nationale. Le journaliste a interviewé un député dans la salle des Quatre-Colonnes disant gravement : “Il n’y a pas de lobbies ici…” Et moi, j’étais juste à côté ![9] ».
En 2006, il publie une sorte de manuel du lobbyiste, Le Vrai Pouvoir d'un lobby : des politiques sous influence.
Au micro de Secrets d'info sur France Inter, il déclare :
« Mon métier, c’est de plaider pour l’intérêt de mes clients et faire en sorte qu’ils aient raison auprès des pouvoirs politiques, auprès des médias. Je ne dis pas qu’ils ont raison, mais ils me payent pour expliquer, pour bien défendre leur cause. Donc mon métier c’est d’abord de faire beaucoup d’investigation, de renseignements : j’infiltre les groupes de pression opposés, les syndicats, tout ce qui peut nuire aux intérêts de mes clients. Ensuite je dois convaincre les ministres, les conseillers des ministres, les parlementaires. [...] J’assume complètement le fait d’être un véritable mercenaire. [...] Pour tout le reste, je suis sans foi ni loi. Seul le résultat compte pour moi : je respecte la loi, point. Pour le reste je n'ai aucun état d’âme[12]. »
Il ajoute sur RMC : « Ah je n'ai pas de morale. Je respecte la loi, c'est clair. Mais au delà de ça, la ruralité est ma passion donc je suis très machiavélique. Je vous le confirme ! Il n'y a pas beaucoup de gens qui l'assument, mais moi je l'assume complètement. Je défends des gouvernements étrangers qui sont des alliés de la France mais qui ont parfois des comportements très douteux avec les droits de l'Homme. Mais je les assume[14]. »
Il a travaillé pour plusieurs présidents africains, comme celui du Tchad Idriss Déby, défend les intérêts de la Russie dans l'affaire des Mistral ou encore ceux de Chypre du Nord lors du rapprochement opéré avec Chypre sous l'égide de l'ONU[réf. nécessaire]. D'autres pays sont ses clients comme le Gabon[13], l'Azerbaïdjan, la Turquie[15], l'Arabie saoudite[13] et certains pays asiatiques[16].
Par ailleurs, il intervient pour le compte de diverses entreprises dans des domaines divers (banque, environnement, armes, agroalimentaire, santé, énergie, numérique ou encore automobile)[5].
Auprès du Parlement, il exerce un lobbying reconnu[13] de défense des intérêts très variés : pour la Fondation Assistance aux Animaux (FAA), les casinos Tranchant via leur holding Finindusco, le groupe Pizzorno Environnement, ENERPLAN (énergie solaire), la Fédération française d'équitation et des fonds de pension liés au Brexit. Il a ainsi été amené à défendre les nitrites, les néonicotinoïdes, ou encore l’éolien. Lui-même estime être « un vrai mercenaire »[17].
Soutien à Emmanuel Macron puis ralliement à l'extrême-droite
[modifier | modifier le code]À l'automne 2016, grâce à l’entremise de François Patriat, il se rapproche du candidat Macron, désireux de séduire l'électorat rural[18], et aurait, selon le JDD, fait partie de son équipe de campagne[19]. En , il va soutenir dans le Pas-de-Calais Thibaut Guilluy, candidat LREM aux législatives, dont la suppléante est Tiphaine Auzière, la fille de Brigitte Macron[20]. Plus tard en , il invite, lors de son 40e anniversaire à Chambord, Emmanuel Macron devenu président, à la présentation d’un tableau de chasse, une première depuis la présidence de Valéry Giscard d'Estaing[9].
Il revendique être le conseiller officieux d’Emmanuel Macron sur les questions de ruralité et a contribué à la réforme de la chasse de 2019, qui a notamment divisé par deux le prix du permis de chasse national et augmenté considérablement les fonds publics versés à la Fédération nationale des chasseurs[21].
Fin , sa présence lors d'une réunion gouvernementale sur la chasse avec le président de la République provoque la démission de Nicolas Hulot, alors ministre d'État et ministre de la Transition écologique et solidaire du deuxième gouvernement Édouard Philippe[9],[22].
Il décide, aux côtés de Willy Schraen, de lancer une liste pro-chasse et ruralité pour les élections européennes de 2024, avec le soutien de l’Élysée[23],[24].
Toutefois, il prend ensuite position en faveur du Rassemblement national de Marine Le Pen pour les législatives de 2024, ce qui est considéré dans les médias comme une nouvelle « trahison » du lobbyiste après tout ce qu'il avait réussi à obtenir d'Emmanuel Macron[25].
Centres d'intérêt
[modifier | modifier le code]Il affirme être passionné de nature et éprouver le besoin de se ressourcer régulièrement chez lui dans le Haut-Var[16].
Publication
[modifier | modifier le code]- Thierry Coste, Le vrai pouvoir d'un lobby : Les politiques sous influence, Paris, bourin éditeur, coll. « Document », , 314 p. (ISBN 2-84941-012-8, OCLC 300511246)[26]
- Thierry Coste, Le plan secret de nos élites contre le monde rural, Paris, Plon, , 256 p. (ISBN 978-2-259-31437-4)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Fiche de Thierry Coste », sur whoswho.fr (consulté le )
- Tristan Berteloot, « Thierry Coste, tir aux pigeons », sur liberation.fr, (consulté le )
- Charles Jaigu, « Thierry Coste : Lobbyiste cynégétique », sur lepoint.fr, (consulté le ).
- Tiffany Blandin, « Lobby : l'ange gardien des chasseurs, Thierry Coste », sur marianne.net, (consulté le ).
- Cyril Hofstein, « Thierry Coste, le Machiavel du monde rural », Le Figaro Magazine, semaine du 16 novembre 2018, p. 56-58.
- Notamment en 2018 pour le compte de la société de traitement des déchets Pizzorno Environnement (source : liste des représentants d'intérêts enregistrés au Sénat).
- Agathe Perreault, « Qui est le lobbyiste Thierry Coste, sujet de la colère de Nicolas Hulot ? », sur ohmymag.com, (consulté le ).
- « Conseiller de Macron et des chasseurs... Qui est Thierry Coste, lobbyiste "sans morale" dénoncé par Nicolas Hulot ? », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
- Julien Baldacchino, « Thierry Coste, le lobbyiste au tableau de chasse politique bien rempli », sur franceinter.fr,
- « Composition du Comité Guillaume Tell », sur lecomiteguillaumetell.fr (consulté le ).
- Communiqué de presse de Bernard Cazeneuve, « Entretien avec le Comité Guillaume Tell », sur interieur.gouv.fr, (consulté le )
- « Des lobbies dans l’ombre du pouvoir », sur France Inter, .
- « Les lobbys ont-ils leur place dans les cercles du pouvoir ? », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- « "Je n'ai pas de morale" : Thierry Coste, le lobbyiste des chasseurs, se confie sur RMC », sur rmc.bfmtv.com, .
- « Qui est Thierry Coste ? », sur blogs.mediapart.fr, (consulté le ).
- « Thierry Coste, le lobbyiste qui a chassé Nicolas Hulot, est un Varois d'adoption... Il s'est déjà confié à Var-matin », sur varmatin.com, (consulté le ).
- « Le portrait du dimanche. Thierry Coste, le mercenaire », sur www.lunion.fr,
- Nathalie Raulin, « Un chasseur sachant chasser », sur liberation.fr, (consulté le ).
- « Comment Macron veut faire des chasses présidentielles de Chambord un instrument diplomatique », sur lejdd.fr (consulté le ).
- « Le lobbyiste Thierry Coste, bête noire de Hulot », sur LExpress.fr, (consulté le ).
- Lucas Sarafian, Pauline Gensel, « Le lobby des chasseurs veut encore gagner en influence et vise les élections européennes », sur Basta,
- « Démission de Nicolas Hulot : la présence d’un lobbyiste prochasse à une réunion a "achevé de le convaincre" », sur lemonde.fr, .
- « Européennes : les chasseurs en mission contre la droite et l’extrême droite », sur Libération,
- « Elections européennes 2024 : la possible irruption d’une liste « ruralité » rebat les cartes à droite et à l’extrême droite », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Olivier Faye, « D’Emmanuel Macron à Jordan Bardella, Thierry Coste, chasse, pêche et trahison », sur Le Monde, .
- Claire Planchard, « Thierry Coste : "Un bon lobbyiste doit être un bon espion avant d'être un manipulateur" », Interview au sujet du livre de Thierry Coste, sur linternaute.com, (consulté le )
Liens externes
[modifier | modifier le code]
