Transport ferroviaire en Albanie — Wikipédia

Transport ferroviaire en Albanie
Description de cette image, également commentée ci-après
Train HSH tracté par une locomotive diesel ČKD.
Caractéristiques du réseau
Longueur du réseau 334 km[1]
dont électrifiés 0 km
Écartement Standard UIC (1 435 mm)
Acteurs
Exploitant Hekurudha Shqiptare (HSH)

Plan

Description de l'image Railway map of Albania.png.

Le transport ferroviaire en Albanie est constitué d'un réseau ferroviaire à écartement normal (1 435 mm).

Le réseau ferré

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Le réseau ferroviaire principal comprend 334 km de lignes[1] à écartement normal (1 435 mm) dont 287 km en exploitation. Aucune n'est électrifiée.

Le réseau est géré et exploité par Hekurudha Shqiptare, entreprise d'État.

Le code attribué à l'Albanie par l'Union internationale des chemins de fer est le 41[2].

Il n'existe pas de ligne à grande vitesse. Aucune ville n'a été dotée de métro ni de tramway.

Le réseau ferroviaire albanais n'est pas du tout électrifié, et fonctionne à 100 % sur traction autonome, il est également le réseau le moins développé et le plus vétuste en Europe, avec des infrastructures dégradées et plus du tout entretenues depuis la mort d'Enver Hoxoa en 1985.

Les débuts

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À partir de 1917, environ 300 km de voies ont été construites à des fins militaires et industrielles, avec des voies à écartement étroit (selon les lignes 600 mm, 750 mm ou 760 mm). Elles ont servi jusqu'à la fin des années 1920.

En 1930, alors que l'Italie et l'Albanie entretiennent des relations serrées, la société italienne Societa Italiana delle Miniere di Selenizza (SIMS) construit une ligne à voie étroite de 30 km à l'écartement de 950 mm pour les mines d'asphalte de Selenitza et Mavrovë. Les lignes se rejoignaient à Peshkëpi, d'où elles continuaient jusqu'au port de Vlora. La ligne a été convertie à l'écartement de 600 mm vers 1950 et a fonctionné jusqu'en 1994[3]. La traction était assurée par plusieurs types de locomotives : deux locomotives diesel-hydrauliques des ateliers FAUR (en) en Roumanie et deux construites par AGEVE (sv) en Suède. Il y avait enfin trois locomotives à vapeur fabriquées par Fablok en Pologne de type Px48 (de)[3].

Ces locomotives ont ensuite servi quelques années pour l'usine de sel de la lagune de Nartë[4].

Vers 1938, deux lignes pour le transport de minerai, à l'écartement de 760 mm sont construites dans les secteurs de Shkozet et Sukth ; elles ont été fermées quelques années plus tard.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, une ligne à voie étroite a été construite entre Shkozet et Lekaj. La première ligne à écartement standard a été construite sur son tracé.

À partir de 1947

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À l'issue de la Seconde Guerre mondiale et de la prise du pouvoir par Enver Hoxha, la décision de créer un réseau ferré est rapidement prise. Plusieurs lignes sont construites, à écartement standard, dans des conditions de terrain assez faciles (en plaine).

Un train en gare de Rrogozhine en 2014.

La construction de la toute première ligne de chemin de fer du pays a été facilitée par la Yougoslavie voisine. L'Albanie avait connu de nombreuses inondations en 1946 et la Yougoslavie s'était engagée dans une campagne d'assistance alimentaire et économique. Les géomètres yougoslaves ont effectué le tracé ; les rails et les traverses devaient à l'origine être importés d'Italie, mais ils ont finalement été fournis aussi par les Yougoslaves[5]. Les rails ont été coulés dans les fonderies de Zenica, en Bosnie-Herzégovine actuelle. La construction mobilise jusqu'à 30 000 ouvriers officiellement volontaires travaillant à la pelle et à la pioche près de 16 heures par jour, en particulier pour creuser le tunnel de 390 m juste avant la gare de Rrogozhinë. Après six mois de travaux, les 43 km de la première ligne reliant le port de Durrës à Peqin sont mis en service dès le , date anniversaire de la révolution bolchévique[6].

Le quai unique de la gare de Tirana en 2011 (avant sa démolition en 2013).

La deuxième ligne devait relier la capitale Tirana au port de Durrës. Elle s'embranche sur la première ligne à Shkozet, à 2 km de Durrës où les travaux ont commencé le . Les relations avec la Yougoslavie s'étant détériorées, la ligne est réalisée avec des volontaires du Parti de la jeunesse communiste bulgare, sous la supervision d'ingénieurs russes. L'inauguration a lieu moins d'un an plus tard, le , jour anniversaire de la "glorieuse armée soviétique". Au total, 29 000 jeunes de toute l'Albanie ont participé à la construction de cette ligne[6]. La constitution de cette ligne est cependant très sommaire. La gare de la capitale ne comporte qu'un quai desservi par une voie de chaque côté.

Afin de poursuivre la première ligne au-delà, vers Elbasan, très important centre industriel du pays, l’Albanie ne disposa d’aucune aide étrangère. En outre, le tracé se heurtait à un terrain plus difficile. Longeant la vallée sinueuse du Shkumbin d'une rive à l'autre, il a fallu construire sept ponts et quatre tunnels (successivement 298 m, 210 m, 727 m et 454 m[6]). Cette ligne devait avant tout assurer un meilleur accès aux usines construites à Cërrik et à Elbasan. Le percement des tunnels fut confié à près de 700 prisonniers pour lesquels un camp de travail avait été établi près de Bishqem. La ligne de 30 km a été ouverte le jour anniversaire officiel de Joseph Staline[6]. La ligne a alors comme terminus Kraste, quelques kilomètres au-delà d'Elbasan.

La gare d'Elbasan en 2014.
Le pont de Bushtrica supportant la ligne Elbasan–Prrenjas (cs).

L'introduction de locomotives diesel provenant de Tchécoslovaquie pour remplacer les locomotives à vapeur initiales se fait en 1957.

Dans les années 1960, au nord de Tirana, des usines d'acide sulfurique et de superphosphate sont construites à Laç. L'objectif principal était de fabriquer des engrais chimiques pour la production agricole du pays. Une ligne est donc construite à partir de Vorë (situé sur la ligne Durrës - Tirana) sur une longueur de 28 km jusqu'à Laç. La ligne est mise en service le [6]. À Budull, elle comporte un embranchement industriel de 5 km vers la cimenterie de Fushë-Krujë.

Au sud du pays, à Patos près de Fier, des gisements pétroliers étaient connus depuis 1928. En 1957, l'importante champ pétrolier de Marinza est découvert. L'ensemble de la zone devient alors un véritable complexe industriel de la pétrochimie. C'est ainsi qu'un nouvelle ligne est construite pour atteindre ce secteur. La ligne quitte celle d'Elbasan à Rrogozhinë (à 34 km de Durrës) et rejoint Fier, sur une longueur de 50 km. Elle est mise en service le [7]. La ligne sera prolongée dans un secteur montagneux de 26 km le jusqu'à Ballsh où a été construite une raffinerie[6].

Le réseau s'agrandit peu à peu les années suivantes. La ligne d'Elbasan est prolongée le de 25 km jusqu'à Librazhd, puis en de 28 km jusqu'à Prrenjas (importantes mines de nickel) et enfin en de 27 km jusqu'à Pogradec (en réalité, jusqu'au village de Memëlishtle à "Guri i Kuq" à 4 km au nord de Pogradec[6]).

À partir de 1980, c'est la ligne vers le nord qui est prolongée : au-delà de Laç, le premier tronçon mis en service rejoint Lezhë à 20 km en , puis Shkodra, 34 km plus loin le  ; le premier train de voyageurs l'atteindra le [6]). La ligne arrive à la frontière avec la Yougoslavie le (vers Podgorica). Cependant, elle ne sera ouverte au fret qu'à partir de 1986 avec un trafic très réduit et aucun train de voyageurs n'y a jamais circulé. La ligne est fermée à la suite des sanctions prises par l'ONU après les conflits dans l'ex-Yougoslavie. Elle ouvre brièvement en 1997, mais elle est fermée peu de temps après : l'Albanie traverse une crise grave et des rails sont volés pour servir à la revente de matériau. La ligne est rouverte à partir de 2003, en transférant les rails pris sur le tronçon de Milot à Rrëshen. Un traité de coopération est signé entre les deux États voisins pour le choix de la gare frontière : ce sera Tuzi et Bajzë en alternance tous les deux ans.

De 1985 à 1989, la ligne du sud est enfin prolongée : le le rail atteint Vora à 25 km de Fier. Sa construction s'effectue sur un terrain sableux et avec les mêmes moyens artisanaux que cinquante ans avant[6]).

En 1989, une nouvelle ligne est créée au départ de Milot (à 54 km de Durrês) sur la ligne de Vlora à Shkodra. Le but est d'atteindre Klos. Il y a dans cette zone montagneuses de nombreuses mines et leur acheminement sera facilité par le rail. Un premier tronçon de Milot à Rrëshen est mis en service en 1989 après des travaux réalisés par des milliers de jeunes volontaires - seuls les travaux de construction des ponts ayant été confiés à des ouvriers professionnels[8]. Le service de trains de voyageurs n'y fonctionnera qu'à partir de 1995, et seulement pendant deux ans. En effet la ligne est en très mauvais état et les trains ne peuvent rouler à plus de 10 km/h. La poursuite des travaux vers Klos est confiée à un régiment de l'infrastructure. Les travaux de gros œuvre (terrassements, ouvrages d'art) sont terminés en 1994... mais les mines ont fermé entre-temps. La construction est alors arrêtée. En 2002, le tronçon sera déferré, les rails étant vendus au prix du métal ou réutilisés pour reconstruire la ligne à la frontière nord. Le tracé a été partiellement réutilisé pour la construction de l'Autoroute A1.

Le réseau atteindra une longueur maximale de lignes de 431 km [voir tableau ci-dessous].

De 1997 à 2015

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Depuis 1997, le réseau, qui avait été construit de manière précaire, se détériore peu à peu. De nombreuses lignes ne sont exploitées que partiellement, avec un trafic très réduit. Le matériel roulant, qui provenait de seconde main, est de moins en moins entretenu. En 2013, la gare de Tirana est démolie, faisant de cette ville une des rares capitales d'Europe à ne pas disposer de gare. Le , la gare de Kashar, à 7 km du centre de Tirana, devient le terminus de la ligne et est inaugurée en tant que tel par le ministre des Transports et des Infrastructures Edmond Haxhinasto[9].

Un train en gare de Kashar en .

Depuis 2015

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Le gouvernement albanais, avec l'aide de l'Union européenne a commencé la rénovation du réseau. Celle-ci a commencé en 2018 pour les lignes de Fier à Ballsh et de Fier à Vlora, en concession avec l'opérateur ferroviaire Albrail[10].

Les projets

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  • Projet vers l'aéroport de Tirana

Un projet de construction d'une ligne vers l'aéroport de Tirana a été lancé en 2018. Les travaux ont commencé en visant une mise en service d'ici 2020. Ils consistent à rénover la ligne de Durrës à Tirana, à bâtir une nouvelle gare à Tirana et à construire un embranchement d'environ 7 km relié à cette ligne (avec un triangle) pour desservir l'aéroport[11].

  • Projets vers la Macédoine du Nord et la Grèce

Deux études de faisabilité ont été lancées en 2017 pour des liaisons ferroviaires vers la Macédoine du Nord et la Grèce à partir de la ligne de Pogradec. Une antenne pourrait se détacher de la ligne aux environs de Lin, en bordure du lac d'Ohrid à proximité immédiate de la frontière macédonienne ; en prolongeant la ligne au-delà de Pogradec vers le sud, une jonction serait possible avec la ligne passant à Flórina[12]. Aucun budget ni calendrier ne sont annoncés.

Liste des lignes

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Le tableau reprend l'ensemble des lignes construites depuis 1947. Elles sont toutes à écartement standard, à voie unique et non-électrifiées.

Réseau ferré de l'Albanie
Ligne Longueur
(en km)
Villes desservies Date de
mise en service
Date de
fermeture
Notes
Durrës - Pogradec 152 Durrës - Elbasan - Librazhd - Prrenjas - Pogradec Durrës - Peqin : 1947
Peqin - Kraste : 1950
Kraste - Librazhd : 1972
Librazhd - Prrenjas : 1974
Prrenjas - Pogradec : 1979



Librazhd - Pogradec (53 km) : 2012
Durrës - Tirana 37 Durrës - Kashar - Tirana 1949 Kashar - Tirana (7 km) : 2013
Vorë - frontière nord 110 Vorë - Laç - Lezhë - Shkodra Vorë - Laç : 1963
Laç - Shkodra : 1981
Shkodra - frontière : 1985
Budull - Fushë-Krujë 5 Fushë-Krujë 1963
Rrogozhine - Fier 50 Lushnjë - Fier 1968
Fier - Ballsh 26 Fier - Ballsh 1975 Rénovation depuis 2018
Fier - Vlora 25 Fier - Vlora 1975 Rénovation depuis 2018
Milot - Rrëshen 26 Milot - Rrëshen 1989 1996

Opérateurs

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En 2019, le seul opérateur est la société nationale Hekurudha Shqiptare depuis 1950. Cependant, le réseau a été ouvert à la concurrence en 2005. Les travaux de rénovation des lignes de Fier à Ballsh et à Vlora ont été confiés à Albrail sous forme de partenariat public-privé[13].

Statistiques

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Les statistiques proviennent de l'INSTAT (Institut de Statistiques) à Tirana[14],[15].

Sources pour les résultats des années 2012-2018 :

Statistiques annuelles des chemins de fer albanais
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Voyageurs en milliers 3 961 4 022 3 739 3 389 1 820 2 269 2 270 2 381 2 676 2 270 2 070 1 758 1 440 1 659 1 091 822 645 430 453 448 329 186,62 189,71 88,69 65,98 75,88
en millions pass.-km 223 215 197 168 95 116 121 125 138 123 105 89 73 80 51 41 32 19 18 16 12 8 7 3 2 3
Fret en milliers de tonnes 539 522 574 521 284 305 361 412 258 340 520 417 404 450 399 355 343 403 317 142 151 338 198 76 150 199
en millions tonnes-km 54 53 53 42 23 25 27 28 19 21 31 32 26 36 53 52 46 66 50 25 23 40 23 9 25 20

Liaisons avec les pays voisins

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Tous les pays voisins utilisent un réseau ferroviaire de même écartement standard.

Notes et références

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  1. a et b (sq + en) « Specific indicators by type of transport, 2014-2018 » [xls], sur instat.gov.al, INSTAT institut national de la statistique d'Albanie (consulté le ).
  2. « country code applicable 2014-04-18 » [xls], sur uic.org, Union internationale des chemins de fer, (consulté le ).
  3. a et b (pl) Dariusz Sieczkowski, « Historia kolei w Albanii » [« Histoire du rail en Albanie »], sur kolejnapodroz.pl, (consulté le ).
  4. (en) Rob et Yuehong Dickinson, « A Day out in Albania, 2008 », sur internationalsteam.co.uk, (consulté le ).
  5. (en) Miranda Vickers, The Albanians : A modern history, Londres, I.B. Tauris, , 652 p. (ISBN 978-1-86064-541-9), p. 167.
  6. a b c d e f g h et i (sq) Ilirjan Gjika, « Hekurudha Shqiptare "Si u ndertua ne menyre vullnetare". Punimet e kryera gjatê peridhhës 1947-89 » [« Chemins de fer albanais "Comment cela a été construit volontairement". Travaux de la période 1947-1989 »], sur t669.org (consulté le ).
  7. (en) Geoff Sarbutt et Frank Valoczy, « Opening Dates of HSH Standard Gauge Lines », sur angelfire.com (consulté le ).
  8. (sq) A. Ndoja, « 30 vite më parë. Foto gjatë ndërtimit të hekurudhës Milot-Rrëshen, nga Jochen Blanken » [« Il y a 30 ans : des photos de la construction du chemin de fer Milot-Rrëshen par Jochen Blanken »] [archive du ], Pirusti-News, (consulté le ).
  9. (en) « Trains return to outskirts of Tiranë » [« Les trains reviennent à la périphérie de Tirana »], sur railwaygazette.com, Railway Gazette, (consulté le ).
  10. (it) « Albania, iniziati i lavori di riabilitazione della linea ferroviaria Fier-Vlorë » [« Albanie : débuts des travaux de réhabilitation de la ligne ferroviaire de Fier à Vlora »], sur albanianews.it, (consulté le ).
  11. (sq) Ola Mitre, « Hekurudha Tiranë-Durrës-Rinas/ Nis financimi i projektit, 1.6 mld lekë për 2019-ën » [« Ligne ferroviaire Tirana-Durres-Rinas : Démarrage de financement du projet pour 1,6 milliard de leks en 2019 »], sur scan-tv.com, SCAN TV, (consulté le ).
  12. (en) « Albania and Greece consider interstate rail connection » [« l'Albanie et la Grèce envisage une connexion ferroviaire entre les deux pays »], sur railtech.com, (consulté le ).
  13. (sq) Etleva Xhajanka, « Eksporti i naftës, rehabilitohet linja hekurudhore Fier-Vlorë » [« Exportation de pétrole : réhabilitation de la ligne de chemin de fer Fier-Vlora »], sur ata.gov.al, Agence télégraphique albanaise, (consulté le ).
  14. Railway transport of goods and passengers (1993-2013). INSTAT (Institute of Statistics). Tirana, Albania
  15. (en) « Italy-Albania-Montenegro IPA II Cross-border Cooperation Programme 2014-2020 » [PDF], sur eu.me, gouvernement du Monténégro (consulté le ), p. 35.

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Articles connexes

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