Unité astronomique — Wikipédia
Unité astronomique de longueur | |
Informations | |
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Système | Système astronomique d'unités |
Unité de… | longueur |
Symbole |
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L'unité astronomique de longueur[1], ou de façon plus usuelle unité astronomique (en anglais : astronomical unit (of length)[2]), est l'unité de longueur du système astronomique d'unités ; elle correspond approximativement à la distance entre la Terre et le Soleil, soit environ 150 millions de kilomètres. Son symbole agréé par le Bureau international des poids et mesures est « au »[3], bien qu'elle soit encore couramment notée « AU », « ua » ou « UA »[3],[1] ; « ua » était la notation recommandée par l’Union astronomique internationale avant 2012[3].
Elle est principalement utilisée pour exprimer les distances entre les objets célestes du Système solaire ainsi qu'entre ceux situés dans d'autres systèmes planétaires. Elle est historiquement fondée sur la distance entre la Terre et le Soleil, et a été créée en 1958. Lors de la 28e assemblée générale de l’Union astronomique internationale, tenue fin à Pékin, en Chine, l’unité astronomique est définie comme valant exactement 149 597 870 700 mètres (valeur fixe recommandée) (soit 149,6 Gm, 4,848 1 × 10−6 pc[a], ou 1,581 2 × 10−5 al). Une année-lumière vaut donc approximativement 63 241 unités astronomiques.
Définition
[modifier | modifier le code]En première approximation (en supposant la masse des planètes négligeable devant celle du Soleil), la Terre a une orbite elliptique autour du Soleil, dont la loi temporelle est contenue dans les lois de Kepler ; pour plus de précision, on tient compte des interactions entre planètes et de la force exercée par les planètes sur le Soleil. Il apparaît donc que la Terre n’est pas à une distance constante du Soleil. Afin d’obtenir une valeur fixe, elle a, à l’origine, été définie comme la moyenne entre le minimum et le maximum de la distance Terre-Soleil sur une année — autrement dit, le demi-grand axe de l'orbite de la Terre.
En anglais, et dans quelques autres langues, le symbole « AU » ou « au » est employé, et l’Union astronomique internationale a recommandé, lors de sa 28e Assemblée générale, que le symbole « au » soit dorénavant le seul à être utilisé pour désigner l’unité astronomique[3]. Cependant, le symbole « ua » était auparavant recommandé par le Bureau international des poids et mesures[3], la norme internationale ISO/IEC 80000 et l’Union astronomique internationale. La notation « ua » reste fréquente en français[réf. souhaitée].
1976
[modifier | modifier le code]En 1976, lors de la XVIe Assemblée générale de l'Union astronomique internationale, l'unité astronomique est définie comme suit[4] :
- « L’unité astronomique de longueur ou unité de distance () est la longueur pour laquelle la constante de la gravitation de Gauss () prend la valeur 0,017 202 098 95 quand les unités de mesure sont les unités astronomiques de longueur, de masse [la masse solaire] () et de temps [le jour ou day] (). Les dimensions de , le carré de la constante gravitationnelle de Gauss, sont celles de la constante [universelle] de la gravitation (), c'est-à-dire ».
Mathématiquement, cette définition devient donc :
- .
Ainsi définie, l'unité astronomique correspond à la distance au Soleil d’une particule de masse négligeable[b] sur une orbite non perturbée et qui aurait une période orbitale de 365,256 898 3 jours (une année gaussienne). Cette première définition officielle explicite de l’unité astronomique prend en compte l'évolution des mesures des distances, l’utilisation de pour définir l’unité astronomique ayant été en usage depuis le XIXe siècle avant de devenir officielle en 1938[5].
Sa valeur recommandée est alors[4] :
- ,
soit 149 597 870 000 mètres.
Elle est obtenue comme suit[4] :
- ,
avec :
- , la vitesse de la lumière dans le vide, égale à 299 792 458 mètres par seconde ;
- , le temps de lumière pour une unité de distance, égal à 499,004 783 836 secondes.
Valeur mesurée
[modifier | modifier le code]A en mètres | Éphémérides |
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149 597 870 684 ± 30 | JPL DE102 |
149 597 870 660 ± 2 | JPL DE118, DE200 |
149 597 870 620 ± 180 | Krasinsky 1993[6] |
149 597 870 691 ± 6 | JPL DE405[7] |
149 597 870 691,2 ± 0,2 | IAA EPM2000 |
149 597 870 697,4 ± 0,3 | JPL DE410[8] |
149 597 870 696,0 ± 0,1 | IAA EPM2004 |
149 597 870 700,85… | JPL DE414 |
Ces définitions, combinées à des observations radar et au suivi des sondes spatiales, ont permis d’évaluer l’unité astronomique à 149 597 870,700 ± 0,003 km.
Par vulgarisation, on considère qu’une unité astronomique mesure environ 150 millions de kilomètres. Cela représente un parcours d’une durée d’un peu plus de 8 minutes à la vitesse de la lumière.
Augmentation séculaire
[modifier | modifier le code]En 2004, les astronomes russes Georgij Krasinsky et Victor A. Brumberg ont mis en évidence, par des mesures radiométriques de la distance entre la Terre et les planètes du Système solaire, une augmentation de la valeur de l'unité astronomique, d'environ 15 mètres par siècle[9]. Comme dans le cas de la Lune qui s'éloigne de la Terre (de 3,8 m par siècle), ce phénomène est induit par des effets des marées qui éloignent progressivement les planètes (et ralentissent la rotation du Soleil, le moment cinétique total du système étant conservé) ainsi que par la perte de masse du Soleil à cause de la fusion nucléaire[10],[11].
2012 - valeur exacte fixée
[modifier | modifier le code]Lors de la 28e assemblée générale de l’Union astronomique internationale, tenue fin à Pékin, en Chine, l’unité astronomique est définie comme valant exactement 149 597 870 700 mètres[1],[12]. Cela représente un parcours d’une durée de 499,004 783 836 s (soit 8 min 19 s) à la vitesse de la lumière dans le vide[c].
Utilisation
[modifier | modifier le code]L’unité astronomique est utilisée pour exprimer les distances au sein du Système solaire ou dans les systèmes planétaires.
De plus, en raison des méthodes de triangulation utilisées pour mesurer la distance des étoiles, lesquelles prennent pour base de visée le diamètre de l’orbite terrestre, l’unité astronomique est à l’origine de la définition du parsec, celui-ci étant défini comme la distance à laquelle une unité astronomique sous-tend un angle d’une seconde d'arc.
C’est une unité extérieure au Système international (SI), mais d’usage courant en astronomie et dont l'usage est accepté avec le SI.
Distances à l’intérieur du Système solaire
[modifier | modifier le code]Distance moyenne des planètes du Système solaire au Soleil
[modifier | modifier le code]- Mercure : 0,38 au
- Vénus : 0,72 au
- Terre : 1,00 au
- Mars : 1,52 au
- Jupiter : 5,21 au
- Saturne : 9,54 au
- Uranus : 19,18 au
- Neptune : 30,11 au
(Ces valeurs sont arrondies au centième près.)
Autres distances moyennes au Soleil
[modifier | modifier le code]- Mars - Phobos : 0,000 06 au
- Pluton - Charon : 0,000 13 au
- Mars - Deimos : 0,000 15 au
- Eris - Dysnomie : 0,000 24 au
- Hauméa - Hiʻiaka : 0,000 3 au
- 2005 HC4 : de 0,071 à 3,57 au
- Ceinture d'astéroïdes : 2 à 3,5 au[13]
- (4) Vesta : 2,3 au
- (3) Junon : 2,6 au
- (1) Cérès : 2,7 au
- (2) Pallas : 2,7 au
- Pluton : de 29 à 49 au
- Ceinture de Kuiper : de 30 à 55 au
- (136108) Hauméa : de 35,1 à 51,5 au
- (136199) Éris : de 37,7 à 97,5 au
- (136472) Makémaké : de 38,5 à 52,8 au
- Sonde Voyager 2 : 133,25 au (au )
- Sonde Voyager 1 : 159,81 au (au )
- Nuage de Oort : environ 50 000 au
Histoire
[modifier | modifier le code]La distance moyenne de la Terre au Soleil a été estimée dès l'Antiquité. D'après Archimède, Aristarque de Samos aurait estimé la distance moyenne de la Terre à 10 000 fois le rayon de la Terre. Sur les dimensions et des distances du Soleil et de la Lune, attribué à Aristarque, permet d'obtenir une estimation comprise entre 380 et 1 520 fois le rayon de la Terre. En réalité, la Terre se trouve à environ 23 000 rayons terrestres du Soleil.
Parallaxe | D/R | |
---|---|---|
Archimède, L'Arénaire (IIIe siècle av. J.-C.) | 40″ | 10 000 |
Aristarque de Samos, Des grandeurs et des distances (IIIe siècle av. J.-C.) | 380-1 520 | |
Hipparque (IIe siècle av. J.-C.) | 7′ | 490 |
Posidonios (Ier siècle av. J.-C.), d'après Cléomède (Ier siècle) | 10 000 | |
Ptolémée (IIe siècle) | 2′ 50″ | 1 210 |
Godefroy Wendelin (1635) | 15″ | 14 000 |
Jeremiah Horrocks (1639) | 15″ | 14 000 |
Christian Huygens (1659[14]) | 8,6″ | 24 000 |
Jean-Dominique Cassini et Jean Richer (1672)[15] | 9,5″ | 21 700 |
Jérôme de Lalande (1771) | 8,6″ | 24 000 |
Simon Newcomb (1895) | 8,80″ | 23 440 |
Arthur R. Hinks (1909) | 8,807″ | 23 420 |
H. Spencer Jones (1941) | 8,790″ | 23 466 |
aujourd'hui | 8,794 143″ | 23 455 |
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Le parsec étant défini à partir de l’unité astronomique, le rapport entre ces deux unités est indépendant de la valeur choisie pour l’unité astronomique.
- L’expression « masse négligeable » correspond à un cas limite du problème à deux corps dans lequel une seule des deux masses exerce une force sur l’autre.
- La vitesse de la lumière dans le vide est une constante dont la valeur est fixée à exactement 299 792 458 m/s. Étant donné que la durée du parcours d'une unité astronomique à la vitesse de la lumière dans le vide est le rapport de deux valeurs fixées et donc infiniment précises, sa valeur est donc aussi connue de façon infiniment précise et vaut .
Références
[modifier | modifier le code]- XXVIIIe Assemblée générale de l'Union astronomique internationale, « Résolution UAI 2012 B2 (version française) : Re-définition de l'unité astronomique de longueur » [PDF], sur Union astronomique internationale (consulté le ).
- (en) XXVIIIth General Assembly of International Astronomy Union, « Resolution B2 on the re-definition of the astronomical unit of length. » [PDF], sur Observatoire de Paris (consulté le ).
- Le Système international d'unités (SI), Sèvres, Bureau international des poids et mesures, 2019, version , 9e éd., 112 p. (ISBN 978-92-822-2272-0, lire en ligne [PDF]), p. 33, tableau 8.
- (en + fr) XVIe Assemblée générale de l'Union astronomique internationale, « Résolutions et recommandations » [PDF], sur iau.org (consulté le ).
- « Standards numériques en Astronomie fondamentale »[PDF], obspm.fr.
- (en) G. A. Krasinsky, E. V. Pitjeva, M. L. Sveshnikov et L. I. Chuniaeva, « The motion of major planets from observations 1769-1988 and some astronomical constants », Celestial Mechanics and Dynamical Astronomy, vol. 55, no 1, , p. 1 à 23 (DOI 10.1007/BF00694392, Bibcode 1993CeMDA..55....1K).
- (en) Jet Propulsion Laboratory - Interoffice Memorandum[PDF], NASA.gov.
- (en) « JPL Planettary Ephemeris DE410 » [PDF], sur nasa.gov, (consulté le ).
- (en) Georgij A. Krasinsky et Victor A. Brumberg, « Secular Increase of Astronomical Unit from Analysis of the Major Planet Motions, and its Interpretation », Celestial Mechanics and Dynamical Astronomy, vol. 90, nos 3-4, , p. 267-288 (DOI 10.1007/s10569-004-0633-z, Bibcode 2004CeMDA..90..267K, résumé, lire en ligne [PDF], consulté le ).
- (en-US) « Are We Getting Closer To The Sun? », sur The Nine Planets (consulté le )
- (en) Ethan Siegel, « Earth Is Spiraling Away From The Sun For Now, But Will Eventually Crash Into It », sur Forbes (consulté le )
- « Observatoire de Paris. Nouvelle définition de l’unité astronomique ».
- Thérèse Encrenaz et al., Le Système solaire, éd. EDP/CNRS, 2003, p. 274, extrait en ligne.
- (en) S. J. Goldstein Jr., « Christiaan Huygens' measurement of the distance to the Sun », The Observatory, vol. 105, , p. 32-33 (Bibcode 1985Obs...105...32G).
- Thérèse Encrenaz et James Lequeux, L'Exploration des planètes : De Galilée à nos jours... et au-delà, Paris, Belin, coll. « Pour la science », , 223 p. (ISBN 978-2-7011-6195-2), chap. 1 (« Les grandes découvertes du XVIIe siècle »), p. 29.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Table des constantes astrophysiques
- Transit de Vénus, une méthode classique de mesure de l’unité astronomique