Wukun Wanambi — Wikipédia
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Wukun Wanambi (1962-2022) est un peintre, graveur, cinéaste et conservateur aborigène d'Australie Yolngu du clan Marrakulu[1] du nord-est de la Terre d'Arnhem.
Il est principalement connu pour ses peintures sur écorce et ses poteaux funéraires.
Biographie
[modifier | modifier le code]Racines aborigènes et jeunesse
[modifier | modifier le code]Wukun Wanambi[a] est né à Gurka'wuy, en Terre d'Arnhem, dans le Territoire du Nord de l'Australie. Il est le fils aîné de Mithili Wanambi (1923-1981), chef estimé du clan Marrakulu[1] et peintre renommé[3]. Bien que né dans une famille d'artistes, il souhaite initialement devenir politicien[4].
Les sœurs de Wukun, Boliny et Ralwurrandji, sont des artistes actives, mais ne peignent pas l'eau océanique du clan Marrakulu[5].
Wukun fait des études au Dhupuma College et au Nhulunbuy High School et occupe un emploi ordinaire en tant qu'agent des sports et des loisirs, agent de probation et de libération conditionnelle et à la mine locale[5].
Carrière d'artiste
[modifier | modifier le code]À la mort de Mithili en 1981, les motifs sacrés du clan ne peuvent plus être peints car plus personne n'a l'autorité pour le faire. Ce n'est qu'en 1997 que Yanggarriny Wunungmurra et les Djunggayi (aînés gardiens et conservateurs du savoir du clan) enseignent les motifs saltwater (eau salée : motifs marins) à Wanambi[6]. Ce dernier se met alors à peindre et crée pour l'exposition Saltwater : Yirrkala Bark Paintings of Sea Country (1999-2001)[7],[8], réintroduisant des motifs qui n'avaient pas été peints depuis la mort de son père[9]. Ses premières peintures font ainsi partie de l'important projet Saltwater : une collection renommée de peintures sur écorce réalisées par des artistes Yolŋu, visant à protester contre les incursions dans les domaines de leurs clans, et plus particulièrement leurs espaces maritimes[10].
Au cours des décennies qui suivent, il participe à de grandes expositions et à des projets artistiques communautaires, et joue un rôle clé dans la défense des artistes et des centres d'art aborigènes dans le nord de l'Australie[10].
Il devient rapidement un artiste très renommé, qui se consacre à honorer son père et ses ancêtres à travers son art. Il participe à plusieurs projets, notamment une commande de l'Opéra de Sydney, la Cérémonie de Wukidi à la Cour suprême de Darwin et l'ouverture du National Museum of Australia de Canberra (2001). En 2004, il tient sa première exposition individuelle au Raft Artspace à Darwin, puis expose à nouveau individuellement en 2005 et 2008 aux Niagara Galleries de Melbourne[11],[12].
Pour l'exposition Tarnanthi (en) à la Galerie d'art d'Australie-Méridionale en 2019, il crée l'installation Djalkiri, une grande pièce sombre présentant une suite de larrakitj ornés de centaines de rougets de mer finement peints, ainsi qu'une projection sur le sol d'images animées des mêmes poissons, qui se dispersent lorsque les spectateurs s'approchent, rappelant la vivacité des eaux de sa région de Blue Mud Bay (en)[6].
Wukun Wanambi réalise aussi des films. Il participe notamment à Lonely Boy Richard, The Pilot's Funeral et Dhakiyarr versus The King[13],[11],[12].
Carrière de conservateur
[modifier | modifier le code]En 2007, Wukun Wanambi devient directeur du Buku-Larrnggay Mulka Centre (en), où il contribue à la collection de courts métrages Nhama et encadre de jeunes Yolngu dans les pratiques artistiques[6].
Il obtient un diplôme en gestion de l'art indigène (Indigenous Arts Management) au Wilin Centre for Indigenous Arts de l'Université de Melbourne en 2014 puis devient directeur de la société aborigène Arnhem, Northern and Kimberley Artists (ANKA)[6].
En 2017, Wukun Wanambi se rend aux États-Unis pour rejoindre l'équipe de commissaires de l'exposition Maḏayin : Eight Decades of Aboriginal Australian Art from Yirrkala[14] qui a lieu à la Kluge-Ruhe Aboriginal Art Collection (en) de l'Université de Virginie (Charlottesville), dont il est le curateur yolngu principal[6]. C'est la première fois que Wanambi travaille en tant que commissaire[15].
L'année suivante, il est consultant en commissariat pour l'exposition One foot on the ground, one foot in the water à l'Institut d'art de La Trobe[16]. Wanambi croit en l'incorporation des peuples autochtones à tous les niveaux de l'exposition d'art, et son travail de conservateur avec le projet d'exposition Maḏayin reflétait son désir que la culture Yolngu soit représentée à la manière Yolngu. Il est abondamment reconnu pour sa bienveillance et son esprit innovateur[6].
Dernières années et héritage
[modifier | modifier le code]Wukun Wanambi a cinq enfants avec son épouse Warraynga qui est également artiste. Le benjamin, Yalanba, commence à peindre à son tour en 2007[5].
Œuvre
[modifier | modifier le code]Wukun Wanambi est un artiste qui utilise de nombreux supports différents. Il est surtout connu comme peintre et sculpteur qui travaille avec des pigments naturels sur de l'écorce et des poteaux funéraires traditionnels, ou larrakitj[17]. Il a également réalisé des gravures au Centre Mulka de Bulka-Larrrŋgay (en), à Yirrkala[18],[10].
Il est le directeur culturel du Mulka Project, basé au Buku-Larrnggay Mulka Art Centre à Yirrkala, dans le nord-est de la Terre d'Arnhem[19]. Ce projet cherche à préserver et à diffuser les langues sacrées et les pratiques culturelles du peuple Yolngu en collectant et en archivant des photographies, des documents audio et vidéo[20]. À ce titre, il conseille les individus sur ce qu'ils ont l'autorité clanique de représenter dans un film. Cependant, il est lui-même cinéaste et s'efforce de jeter un pont entre les générations en créant des œuvres d'art qui reconstituent les archives documentaires des cérémonies[21].
Plutôt que de conforter les visions binaires de passé et présent, traditionnel et moderne, Wanambi vise à montrer l'interconnexion du temps ainsi que le réseau mondial à travers l'enregistrement des pratiques cérémonielles[21]. Par le biais de ses œuvres d'art et de son implication dans le projet Mulka, Wanambi plaide en faveur de l'agence et de la participation des peuples autochtones afin de cultiver une véritable compréhension des cultures aborigènes[22]. Dans ses œuvres, il documente les histoires et la propriété du peuple Yolngu et du clan Marrakulu, dans le cadre du projet Saltwater[11].
Prix et reconnaissance
[modifier | modifier le code]Wukun Wanambi a reçu de nombreux prix depuis le début de sa carrière[6], parmi lesquels :
- NATSIAA Awards – meilleure peinture sur écorce (1998)[11]
- Prix d'Art National Aboriginal and Torres Strait Islander
- Prix d'Art contemporain Togart (NT) - Prix du public (2007)
Conservation
[modifier | modifier le code]- Australie
- Musée national du Victoria (Melbourne)[23]
- Galerie d'art de Nouvelle-Galles du Sud (Sydney)[24]
- Musée d'Art contemporain d'Australie (Sydney)[10]
- Musée national de la marine (Sydney)[11]
- Powerhouse Museum (Sydney)[6]
- Galerie d'art d'Australie-Méridionale (Adélaïde)[25]
- Musée et galerie d'art du Territoire du Nord (Darwin)[26]
- France
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Wanambi est aussi le nom d'une créature légendaire (sv). Dans la mythologie aborigène, c'est une « grand serpent arc-en-ciel » qui est toujours craint pour sa grande puissance[2].
Références
[modifier | modifier le code]- (en) « Clan Marrakulu », sur madayin.kluge-ruhe.org (consulté le ).
- (sv) Michael Senior, Vem är vem i mytologin: 1200 mytologiska gestalter från hela världen [« Who's Who in Mythology: 1200 figures mythologiques du monde entier »], Stockholm, Rabén & Sjögren, (ISBN 91-29-58226-1).
- (en) « Mithili Wanambi », sur Musée national du Victoria (consulté le ).
- (en) Wukun Wanambi, « A vision beneath the surface », dans Nici Cumpston et Lisa Slade, Tarnanthi : festival of contemporary Aboriginal & Torres Strait Islander art 2019, Adélaïde, Art Gallery of South Australia, (ISBN 9781921668326).
- (en) « Biographie de Wukun Wanambi », sur shortstgallery.com.au (consulté le ).
- (en) Jack Latimore, « Prominent Yolngu clan leader and artist Mr Wanambi dies », sur The Sydney Morning Herald, (consulté le ).
- (en) Buku Larrnggay Mulka Centre, Saltwater: Paintings of Sea Country: the Recognition of Indigenous Sea Rights, Buku-Larrnggay Mulka Centre in Association with Jennifer Isaacs Publishing, .
- (en) Carol Dettman, Saltwater: Yirrkala Bark Paintings of Sea Country: Recognising Indigenous Sea Rights, Buku-Larrngay Mulka Centre in Association with Jennifer Isaacs Publushing, .
- (en) Johanna Marie Ellersdorfer, Robyn Sloggett et Wukun Wanambi, « Bark paintings and orchids: a technical discussion of bark paintings from Arnhem Land », AICCM Bulletin, vol. 33, no 1, , p. 30–40 (ISSN 1034-4233, DOI 10.1179/bac.2012.33.1.005).
- (en) « Wukun Wanambi », sur Musée d'Art contemporain d'Australie (consulté le ).
- (en) « Wukun Wanambi », sur Musée national de la marine de Sydney (consulté le ).
- (en) « Mr. Wanambi », sur National Museum of Australia (consulté le ).
- « Dhakiyarr vs. the King » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.
- (en) « Madayin », sur kluge-ruhe.org (consulté le ).
- (en) Nici Cumpston et Lisa Slade, Tarnanthi : festival of contemporary Aboriginal & Torres Strait Islander art 2019, Adélaïde, Art Gallery of South Australia, (ISBN 9781921668326), p. 24-47.
- (en) Catherine Bell, Timothy Cook, French & Mottershead, Mabel Juli, Richard Lewer, Sara Morawetz, Michael Needham, Nell, Patrick Freddy Puruntatameri et Nawurapu Wunuŋmurra, One foot on the ground, one foot in the water, Bendigo, La Trobe Art Institute (ISBN 978-0-6484275-1-3, lire en ligne [PDF]).
- (en) Gaye Sculthorpe, « Same Objects, Different Stories: Exhibiting 'Indigenous Australia' », Journal of Museum Ethnography, no 30, , p. 79–103 (ISSN 0954-7169, JSTOR 44841228).
- (en) Travis Curtin, « Sun Cycles and River Flows » [PDF], sur La Trobe Art Institute (consulté le ).
- (en) Liz Conor et Jane Lydon, « Double take: reappraising the colonial archive », Journal of Australian Studies, vol. 35, no 2, , p. 137–143 (ISSN 1444-3058, DOI 10.1080/14443058.2011.562229).
- (en) « The Mulka Project », sur Biennale de Sydney (consulté le ).
- (en) Robert Lazarus Lane, « Wukun Wanambi's Nhima, nhäma, ga ngäma (sit, look, and, listen », dans Darren Jorgenson et Ian McLean (dir.), Indigenous Archives: The Making and Unmaking of Aboriginal Art, UWA Publishing, , p. 227-249.
- (en) Philippa Deveson, « The agency of the subject: Yolngu involvement in the Yirrkala Film Project », Journal of Australian Studies, vol. 35, no 2, , p. 153–164 (ISSN 1444-3058, DOI 10.1080/14443058.2011.553839).
- (en) « Wukun Wanambi », sur Musée national du Victoria (consulté le ).
- (en) « Wukun Wanambi », sur Galerie d'art de Nouvelle-Galles du Sud (consulté le ).
- (en) « Wukun Wanambi », sur Galerie d'art d'Australie-Méridionale (consulté le ).
- (en) « Wukun Wanambi », sur artsdaustralie.com (consulté le ).
Liens externes
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- « Wukun Wanambi », sur artnet (consulté le ).