Adolphe Assi — Wikipédia

Adolphe Alphonse Assi, né le à Roubaix et mort le à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) est un ouvrier mécanicien d'origine italienne, personnalité de la Commune de Paris, franc-maçon, déporté en Nouvelle-Calédonie, non-membre de l'Association internationale des travailleurs[1].

Adolphe Alphonse Assi nait à Roubaix le . Il est le fils d'Alphonse Victor Assi (sur sa signature figure Victor), ouvrier papetier, né à Paris, et d'Élisabeth Anne Virginie Dubrouÿ[2]. La famille est d'origine italienne[3]

Cet ouvrier mécanicien, habitant probablement Paris à ce moment[1], s'engage en 1858, à 17 ans, comme volontaire dans l'armée du Second Empire. Sergent-fourrier faisant office de sergent-major à Boulogne, il déserte en 1860 sans doute À la suite de malversations. Lui même dira ensuite qu'il a quitté l'armée parce que le ravitaillement avait fait défaut et parce qu'après une nuit de garde, il avait voulu se faire porter malade et qu'il avait été puni[3]. Il passe en Angleterre puis en Suisse où il reste deux ans en tant qu'ouvrier mécanicien.

Lorsque Giuseppe Garibaldi fait appel à la constitution de légions de volontaires pour l'unification de l'Italie, il rejoint l'Italie pour se battre à ses côtés. Il rentre en France en 1864[3]. Amnistié, il travaille à Roubaix.

Il participe activement aux grèves du Creusot en , puis membre de la Commune de Paris, il est déporté en Nouvelle Calédonie.

Il meurt à l'hôpital militaire de Nouméa le , âgé de 45 ans, peut-être d'un cancer du foie, alors qu'il avait été élu membre du conseil municipal de Nouméa le [4] et s'était montré un fidèle de la Loge de franc-maçonnerie : le Gouverneur de celle-ci assiste à ses obsèques, entièrement civiles[4], le [1]. Le gouverneur de la Nouvelle-Calédonie assiste à ses funérailles de même qu'une foule nombreuse[4].

En 1868, au hasard d'un tour de France ouvrier, il se fixe au Creusot, comme ajusteur aux usines Schneider et Cie. De nombreux motifs de mécontentement existent parmi les ouvriers. Il fait circuler des programmes de l'Internationale (Association internationale des travailleurs) et réussit à se faire entendre de 5000 ouvriers[3].

Henri Schneider, inspiré par le catholicisme social, prend des mesures paternalistes et fonde une caisse de secours pour les ouvriers, financée par des retenues sur les salaires tout en s'en réservant la gérance. Les travailleurs demandent à y être associés, comme Henri Schneider l'avait promis[1] et désignent certains d'entre eux dont Adolphe Assi pour en assurer la gérance. Le , il est nommé président du Comité provisoire chargé de gérer la Caisse de solidarité. Le il est licencié. Assi tente de rester au Creusot en s'installant à son compte comme serrurier-mécanicien-armurier et prend l'initiative de lancer une grève, qui échoue[1].

Adolphe Assi gagne Paris pour demander le le soutien de la Fédération des sociétés ouvrières puis retourne au Creusot le [1].

Dans l'intervalle, Eugène Varlin est venu au Creusot et y a fait décider la formation d'une section de l'Internationale[1].

Le , éclate une seconde grève motivée par une réduction de salaire et le renvoi d'ouvriers. Adolphe Assi est accusé de l'avoir fomentée, rôle contesté par certains[3]. Le , Benoît Malon, représentant La Marseillaise (La Marseillaise (journal, 1869), assure le mouvement de la solidarité des ouvriers parisiens, le comité de grève adhère à l'Internationale. La grève échoue néanmoins et prend fin les 14-[1].

Adolphe Assi a pris la fuite pour échapper aux nombreuses arrestations survenues dès le début de la grève, puis revient fin avril au Creusot. Le , il est arrêté sur l'ordre du sous-préfet Breynat de Saint-Véran, transféré à Paris le 4 et impliqué dans le troisième procès de l'Association internationale des travailleurs. Il n'en était toutefois pas membre même s'il déclare à l'audience que ne faisant pas partie du mouvement, il en approuve l'esprit et compte y adhérer un jour. Cette affirmation le met au nombre des accusés mais l'avocat Léon Bigot obtient son acquittement en plaidant le fait qu'il ne pouvait être poursuivi car non membre de l'Internationale, objet du procès. Ce résultat rend Adolphe Assi populaire, il prend la parole dans de nombreuses réunions publiques en s'y montrant plus ou moins convaincant[3].

Il ne semble pas qu'il ait donné suite à son projet d'adhésion à l'Internationale, Karl Marx lui-même le confirmera lors d'une interview en [1].

En , Adolphe Assi approuve un manifeste contre la guerre adressé aux travailleurs de tous les pays[1].

Pendant le siège de Paris par les Allemands (-), il est lieutenant au 192e bataillon de la Garde nationale, est l'un des organisateurs du Comité central de la Garde nationale dont il devient membre au début de . Il en préside quelques séances dont celle où le comité central siège comme gouvernement provisoire[3]. Le , il est élu commandant du 67e bataillon. Le , il donne des ordres pour que l'on prenne l'Hôtel de ville. Le 19 mars, il est élu colonel. Il est l'un de ceux qui s'oppose à la restitution des canons. Il est nommé gouverneur de l'Hôtel de Ville de Paris le . Le il est élu au Conseil de la Commune par le XIe arrondissement avec 19.890 voix. Il est l'un des signataires de la proposition des dix commissions à nommer pour diriger les affaires. Le , il fait partie de la commission de la Sûreté générale. Son ambition supposée lui vaut une arrestation du 1er au , sous l'inculpation de communication avec Versailles fondée sur la remise de comptes-rendus de séances secrètes à un journal dit réactionnaire (Paris-Journal)[3]. Relâché il est nommé le délégué aux fabrications de guerre avec Jean-Baptiste Clément. ll ne participe pas au vote sur le Comité de salut public[1]. Il semble que la notoriété acquise lors du procès de 1870 lui valut ces rôles de premier plan, et qu'on utilisa cette dernière davantage qu'il ne fut lui-même actif, même s'il a été celui qui en face du monument municipal pavoisé, devant un buste de la République, déclara : « Au nom du peuple, la commune de Paris est déclarée »[3].

Durant la Semaine sanglante qui débute le , il est envoyé en reconnaissance de nuit pour vérifier le bruit selon lequel les Versaillais sont entrés dans Paris; les soldats "Versaillais" le font prisonnier le à Passy[4].

Il est jugé par le troisième conseil de guerre permanent de la 1re division militaire, en même temps que le peintre Gustave Courbet et d'autres communards. Il se montre courageux pendant le procès, reconnait être franc-maçon, mais ne dit pas clairement s'il est adhérent ou non à l'Internationale[1]. Le , malgré les plaidoiries de Léon Bigot qui le défend à nouveau Adolphe Assi est condamné à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Il est déclaré coupable de 4 chefs d'accusation :

  • d'avoir en tant que membre de la Commune commis un attentat dans le but de détruire le gouvernement et d'inciter à la guerre civile,
  • d'avoir fait lever des troupes armées sans ordres ni autorisation
  • s'être immiscé sans titres dans les fonctions publiques
  • d'avoir provoqué par abus d'autorité à la destruction de monuments publics et avoir procuré aux autres les moyens de l'accomplir[5].

Après un séjour au Fort-Boyard, il embarque pour la Nouvelle-Calédonie le à Rochefort et arrive le [5]. A l'étape du Cap, il aurait tenté de s'évader et aurait été mis aux fers pour le reste du voyage[4].

Nouvelle-Calédonie

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Il est débarqué à la presqu'île de Ducos le . Le , il est transporté à Nouméa pour être écroué au fort Constantine[5]. Le , il est condamné à un an de prison pour complicité dans une tentative d'évasion[1]. Pendant sa détention, il est mal noté : en 1876, il a déjà subi sept punitions[1].

Il est autorisé à résider à Nouméa le et amnistié le [5].

Il reste à Nouméa comme mécanicien ajusteur. Il est également conseiller municipal de Nouméa[3].

Personnalité

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Karl Marx dans l'interview donnée en déjà évoquée porte un jugement très sévère sur Adolphe Assi : « c'est un imbécile et je doute de son honnêteté. Beaucoup le considèrent comme un mouchard aux ordres du gouvernement de Versailles ». Néanmoins, cette dernière accusation n'a jamais reçu un commencement de preuve[1].

Le jugement porté pendant sa détention n'est pas plus flatteur : « homme nul et sans intelligence, orgueilleux à l'excès, également nul comme ouvrier »[1].

Jules Clère le décrit ainsi : « les manières prétentieuses, la recherche des mots dans la conversation et le regard fier, presque provocant, annoncent une vanité excessive au service d'un esprit médiocre »[6].

Ces appréciations contrastent avec celles des journaux calédoniens après sa mort, lesquels portent sur lui des propos élogieux : « un des plus vaillants champions des Républicains...caractère énergique et droit...vaillant champion de la démocratie et de la libre pensée...vaillant soldat du travail et de la démocratie...»[4].

Notes et références

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  1. a b c d e f g h i j k l m n o et p J. Maitron, M. Egrot, cité dans la bibliographie
  2. « Roubaix Etat-civil Année 1841 », sur Archives départementales du Nord - Etat-civil en ligne, p. 668
  3. a b c d e f g h i et j M. Prevost, cité dans les sources
  4. a b c d e et f « ASSI (Adolphe, Alphonse). », sur "Ma Nouvelle-Calédonie" - Georges Coquilhat
  5. a b c et d « Assi, Adolphe Alphonse - Registre des matricules », sur Archives nationales
  6. Jules Clère, cité dans la bibliographie

Bibliographie

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  • Pierre Ponsot, Les grèves de 1870 et la Commune de 1871 au Creusot, Editions sociales, 1958

Notices biographiques

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Articles connexes

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Liens externes

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