Bataille de Saint-Fulgent (1793) — Wikipédia
Date | |
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Lieu | Saint-Fulgent |
Issue | Victoire vendéenne |
République française | Vendéens |
• Jean Quirin de Mieszkowski | • Louis de Lescure • François Athanase Charette de La Contrie • Jean-Baptiste Joly • Jean Savin |
3 000 hommes[1] | 20 000 hommes[2],[3] |
300 morts ou disparus[2],[4] 700 prisonniers[4] 6 canons capturés[1] | Inconnues |
Batailles
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Coordonnées | 46° 51′ 14″ nord, 1° 10′ 36″ ouest | |
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La première bataille de Saint-Fulgent se déroule le lors de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des Vendéens qui reprennent le bourg de Saint-Fulgent aux républicains.
Prélude
[modifier | modifier le code]Après leur victoire à Montaigu, les forces vendéennes de Lescure et Charette, doivent, selon le plan établi par le généralissime d'Elbée, marcher sur Clisson afin de prendre l'Armée de Mayence en tenailles avec les forces de Bonchamps et de Lyrot[5]. Cependant Lescure et Charette ne suivent pas le plan prévu et décident d'attaquer la garnison de Saint-Fulgent[1]. L'origine de cette décision et ses motifs ne sont pas éclaircis : dans ses mémoires l'officier royaliste Bertrand Poirier de Beauvais estime que l'idée vient de Lescure, tandis que d'autres auteurs l'attribuent à Charette[1].
Depuis le 14 septembre[6], le bourg de Saint-Fulgent est tenu par un corps de l'Armée des côtes de La Rochelle commandé par le général Jean Quirin de Mieszkowski[1]. Le 16 septembre, avant même la déroute de ses troupes à la bataille de Coron et à la bataille du Pont-Barré, le général Rossignol, commandant en chef de l'Armée des côtes de La Rochelle, donne l'ordre au général Chalbos, alors à Chantonnay, de se replier sur Luçon[7]. Le 17, Chalbos envoie un courrier à Mieszkowski pour le prévenir de ce mouvement, cependant sa dépêche ne lui parvient que le 20[7]. Mieszkowski fait alors passer l'information à Canclaux, qui commande les forces de l'Armée des côtes de Brest et de l'Armée de Mayence et qui se trouve à Clisson, pour lui demander son avis et des ordres[7]. Le 21, Canclaux, informé de la déroute de Beysser à Montaigu, envoie l'ordre à Mieszkowski de battre en retraite, mais la dépêche, portée par l'adjudant-général Dufour, ne lui parvient pas, toutes les routes étant coupées par les Vendéens[7],[8].
Forces en présence
[modifier | modifier le code]Le corps de Mieszkowski est fort de 4 000 hommes selon Lucas de La Championnière[9],[10], de 4 500 selon Émile Gabory[8], de 5 000 selon Yves Gras[11] et de 6 000 selon Le Bouvier-Desmortiers et la marquise de La Rochejaquelein[9],[12]. Selon Charles-Louis Chassin, Mieszkowski commande 3 000 hommes pendant la bataille[2]. Ce nombre est également repris par l'historien Lionel Dumarcet[1]. La cavalerie est constituée des brigades de gendarmerie nationale des départements de la Vendée, de la Vienne, de la Charente-Inférieure et de la Dordogne, sous les ordres du capitaine Mauflastre[2]. Parmi les troupes d'infanterie figure le 5e bataillon de volontaires de la Charente, commandé par Reboul[2].
Les Vendéens sont quant à eux environ 20 000 selon Chassin[2],[3].
Déroulement
[modifier | modifier le code]Le 22 septembre, les Vendéens arrivent devant Saint-Fulgent au coucher du soleil[1]. Le combat s'engage par un duel d'artillerie[1]. Les fantassins engagent ensuite la fusillade, mais celle-ci s'effectue dans une grande confusion à cause de l'obscurité[8],[10]. Plusieurs Vendéens sont blessés par des tirs fratricides[8],[10]. Cependant les assaillants, en supériorité numérique, enveloppent progressivement le bourg en poussant de grands cris qui sèment le trouble parmi les défenseurs[1],[8],[10],[13],[14]. Après six heures de combats[14], Mieszkowski fait évacuer Saint-Fulgent, mais les républicains sont rattrapés et mis en déroute par la cavalerie vendéenne[1],[8],[10].
Selon certains auteurs royalistes, comme Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein et Adophe de Brem, les troupes de Charles de Royrand interviennent et prennent part à la poursuite[1]. Mais d'autres, comme Le Bouvier-Desmortiers et Bittard des Portes, contestent ce récit[1]. Pour l'historien Lionel Dumarcet : « il est bien difficile de répondre »[1].
Les républicains se replient sur Chantonnay[14] et sont poursuivis jusqu'aux Quatre-chemins, à L'Oie[11],[4]. Ils gagnent ensuite Fontenay-le-Comte, puis regagnent Les Sables-d'Olonne en passant par Luçon[2].
Pertes
[modifier | modifier le code]Après le combat, la colonne de Mieszkowski ne compte plus que 2 000 hommes, contre 3 000 avant la bataille[2]. Selon les mémoires[A 1] de l'officier royaliste Bertrand Poirier de Beauvais, les Vendéens font près de 700 prisonniers[4].
Les Vendéens s'emparent de plusieurs canons : 20 selon Bittard des Portes[9], 16 selon Le Bouvier-Desmortiers[9] et six selon Poirier de Beauvais[4], nombre également retenu par les historiens Lionel Dumarcet et Émile Gabory[1],[8]. D'après Poirier de Beauvais et la marquise Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein[A 2], les prisonniers et le butin sont ramenés à Mortagne[4],[12]. Dans ses mémoires[A 3], l'officier royaliste Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière rapporte également que les Vendéens s'emparent d'un immense butin, avec notamment de nombreuses pièces de canon et de tous les bagages de l'armée républicaine[10], mais que le partage est à l'avantage de la grande armée et que Charette ne reçoit que quelques canons[1].
Conséquences
[modifier | modifier le code]L'attaque de Saint-Fulgent s'avère cependant être une lourde erreur stratégique de la part de Lescure et de Charette, car le même jour les forces de d'Elbée, Bonchamps et Lyrot attaquent seules l'armée de Mayence du côté de Clisson et sont repoussées à la bataille du Pallet[1],[8],[14],[11]. Le général Canclaux peut alors effectuer sa retraite en bon ordre sur Nantes afin de préparer une nouvelle offensive[1],[8]. Charette se sépare de Lescure et gagne Les Herbiers où il reste cinq jours inactif[8],[15]. Les armées du Bas-Poitou et du Pays de Retz connaissent également la défection de certains officiers, qui estimant « les autres armées plus braves », passent dans la grande armée[15].
Notes
[modifier | modifier le code]« Pendant que ces choses se passaient à l'armée de Bonchamps, la grande armée, au lieu de le seconder, le 22, comme il avait été convenu, s'était mise en marche vers le soir, conjointement avec celle du pays de Charette.
Nous arrivâmes en vue des ennemis, une demi-heure avant le coucher du soleil. Ils étaient campés sur les hauteurs de Saint-Fulgent, en avant de nous, ayant quelques pièces de quatre sur la grande route ; elles furent en partie démontées par les nôtres. Mais le jour tombant diminua l'effet de l'artillerie de part et d'autre.
Quant le jour fut assez sombre pour qu'il ne fût plus possible de distinguer les objets, à mesure que la colonne de l'armée royaliste arrivait à nos pièces, je prenais tous les tambours et les plaçais environ à cent pas de la route, à droite et à gauche, les faisant avancer en battant la charge, de sorte que l'ennemi dirigeant son feu du côté du bruit que faisaient les tambours, la colonne n'en fut point maltraitée et arriva ainsi sur les pièces.
Les républicains voulurent encire tenir à l'entrée de Saint-Fulgent, mais les cris multipliés et sans fin de : Vive le Roi! qui se répondaient de toutes parts l'effrayèrent à tel point que, passé cette ville, ce ne fut plus une retraite mais une déroute complète. Tous les bagages, six pièces de canons tombèrent entre nos mains, et depuis Saint-Fulgent jusqu'aux Quatre-Chemins le carnage fut affreux.
Les trois jours suivants, les chemins étaient pleins de prisonniers que les gens de la campagne emmenaient à Mortagne ; il y en eût près de sept cents, beaucoup conduits seulement par des femmes. Ainsi, l'on voit que ces malheureuses victimes de l'expédition de Turreau étaient bien loin de les faire mourir dans les supplices, puisqu'elles les amenaient à nos prisons , sachant cependant que l'on ne faisait nulle grâce à leurs maris ou à leurs enfants.
Nous eûmes donc la statisfaction de remporter trois victoires signalées dans quatre jours, et sur les melleures troupes de la République.
Joly, Charette, La Cathelinière, etc., furent à même de rentrer dans leur pays, ce qu'ils firent[4] »
— Mémoires de Bertrand Poirier de Beauvais.
« Ce même jour on se battit à Saint-Fulgent : attaquer les six mille Bleus qui y étaient, les tailler en pièces, prendre tous leurs canons et leurs bagages fut bientôt fait. Même mauvaise conduite de l'armée de Charette ; même courage, même ardeur de son chef. Le brave Avril, paysan, officier de cavalerie de la paroisse du May en Anjou, près Cholet, y eut le bras cassé ; c'était avec Forest, Loiseau, Legeay et les Godillon, les cavaliers paysans les plus estimés. Un jeune homme nommé Rinchs, musicien aux gardes suisses, charmant sujet, voyant les Bleus en pleine déroute, tira sa clarinette de sa poche au milieu de la poursuite et se mit à jouer, par dérision : Ah ! ça ira. Un boulet de canon vint fracasser la tête de son cheval ; Rinchs se releva en continuant à pied l'air et la poursuite.
Le chevalier de Beauvollier reçut une contusion à l'estomac, personne ne courut plus de risques. Le petit de Mondion et M. de Lescure s'acharnèrent tellement après les ennemis, qu'à dix heures du soir ils étaient encore à leurs trousses. Quatre soldats républicains vêtus de blanc s'étaient cachés derrière les haies et tiraient sur nos gens ; ces messieurs croyant que c'étaient des Vendéens, leur crièrent : "Vive le Roi ! Ne tirez pas, ce sont vos commandants" ; ils répondirent : "Vive le Roi !" et tirèrent encore. M. de Lescure leur dit : "Je vais à vous, ne tirez donc pas", et, en même temps, comme il était sur eux et avançait le bras pour leur donner des coups de plat de sabre, ils firent une décharge à bout touchant ; ils avaient rempli leurs fusils de balles et de plomb de chasse. A la lueur du feu, les généraux reconnurent des soldats républicains. M. de Lescure eut sa selle et ses habits criblés, ainsi que ces messieurs ; mais il n'y eut que le petit de Mondion qui reçut huit grains de gros plomb dans la main ; il en fut très souffrant, vu la peine qu'on eut à les retirer ; il eut longtemps la main et le bras enflés.
Tous les paysans s'en retournèrent chez eux, célébrant leurs victoires ; on envoya à Mortagne une grande quantité d'effets d'équipement, canons, poudre, qu'on avait pris, et à Châtillon 7 000 livres en assignats trouvés dans une caisse. On chanta des Te Deum dans toute la Vendée[12]. »
— Mémoires de la marquise Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein
« On a fait un reproche à M. Charette qui, s'il est mérité, le rendrait une des causes de la destruction de notre armée. J'ai ouï dire à des officiers qu'il était convenu à M de Bonchamps, d'aller le lendemain attaquer le noyau de l'armée de Mayence qui se trouvait à Clisson. M. de Bonchamps secondé des gens du Loroux, attaqua l'avant-garde au jour indiqué et lui enleva toute son artillerie. Mais le général Canclaux étant accouru avec son armée la partie ne se trouva plus égale ; les Vendéens perdirent avec leur prise tous les canons qu'ils avaient eux-mêmes amenés et furent repoussés vigoureusement.
M. de Charette au lieu de tourner de ce côté nous conduisit au Bourg de Saint-Fulgent où se trouvait une garnison de 4 000 hommes ; nous arrivâmes au coucher du soleil. On commença par se canonner de part et d'autre, les coups furent si bien ajustés que l'essieu de notre première pièce fut coupé ; nous trouvâmes après avoir enlevé le premier poste la roue d'un de leurs canons brisée et l'on prétendit que c'était la riposte qu'on leur avait rendue au même moment. Cependant nos paysans dans un pays inconnu et voyant l'approche de la nuit ne marchaient qu'avec crainte. On ne fuyait point, mais chacun faisant un pas de côté au lieu de marcher directement au feu, la ligne se trouva prolongée, au point que sans le vouloir nous avions presque cerné Saint-Fulgent. Tous ceux qui avaient quitté le grand chemin ne savaient où ils étaient faisaient feu devant eux sur l'endroit d'où partaient les coups de fusil sans savoir s'ils tiraient sur leurs camarades. Nous eûmes de cette manière beaucoup de blessés. Enfin des cris affreux poussés de toutes parts pendant la nuit déjà très obscure firent craindre à l'ennemi les mêmes sorts de ceux de Tiffauge et de dMontaigu et la place nous fut cédée ; mais nous fûmes longtemps sans nous en apercevoir. Il prenait la route de Quatre-Chemins ; la cavalerie fut détachée à sa poursuite et fit abandonner le peu de canons qui nous étaient échappés. Le massacre fut horrible pendant les ténèbres, il continua le lendemain sur ceux qui s'étaient réfugiés dans les genets et les taillis.
Plusieurs de nos cavaliers s'étaient trouvés pendant la nuit dans la mêlée et racontaient des aventures singulières ; un seul amena vingt républicains qui l'avaient pris pour un guide. Un autre étant descendu de cheval fut rejoint par un peloton d'ennemis : l'officier lui conseilla de prendre les devants et lui tint l'étrier pour l'aider à remonter.
Le bagage resté à Saint-Fulgent était immense, il consistait en munitions de bouches, en pièces de canon dont il y avait du calibre de douze, des bateaux, des poutres fort longues, etc... On peut s'en faire une idée par le nombre de chevaux de traits. On en prit 104 indépendamment des bœufs, mis en réquisition, qui traînaient toutes les choses nécessaires au siège d'une ville forte.
On fit le lendemain le partage du butin : les détachements de la grande Armée se séparèrent de nous et emmenèrent la plus grande part ; il ne nous resta que quelques pièces de canon.
Nous nous rendîmes dès le soir aux Herbiers ; le souvenir de la déroute de Luçon était encore si présent à l'esprit de nos soldats, qu'ils s'imaginèrent qu'on voulait les conduire de nouveau dans la plaine. Ils demandèrent à grands cris à retourner chez eux et plusieurs pelotons essayèrent pendant la nuit retrouver la route de leur pays. Beaucoup d'officiers, même des meilleurs, voyant les autres armées plus braves que les nôtres, suivirent les détachements qui venaient de nous quitter ; d'autres ayant besoin de se vêtir allèrent chercher des étoffes à Cholet, à Mortagne ou ailleurs et se trouvèrent entraînés par la grande déroute qui obligea de passer la Loire. Nous restâmes cinq jours aux Herbiers sans recevoir de pain ; les commissaires avaient fait enlever toutes les farines pour la nourriture de la grande Armée qui remporta dans le même temps la célèbre victoire de Chatillon. Nous fûmes réduits à vivre de navets et de moutons rôtis ; cette nourriture nous occasionna à tous une espèce de dyssenterie. Je ne sais si ce fut la raison qui décida M. Charette à partir ; nous passâmes par Les Essarts où un prêtre intrus fut fusillé[10] »
— Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.
Références
[modifier | modifier le code]- Dumarcet 1998, p. 268-269.
- Chassin, t. III, 1894, p. 110-117.
- Tabeur 2008, p. 136-137.
- Poirier de Beauvais 1893, p. 126-127.
- Dumarcet 1998, p. 266-267.
- Savary, t. II, 1824, p. 96.
- Savary, t. II, 1824, p. 157-158.
- Gabory 2009, p. 266-267.
- Dumarcet 1998, p. 274.
- Lucas de La Championnière 1994, p. 51-54.
- Gras 1994, p. 75.
- La Rochejaquelein 1994, p. 244-245.
- Savary, t. II, 1824, p. 188.
- Tabeur 2008, p. 137-138.
- Dumarcet 1998, p. 270-271.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Charles-Louis Chassin, La Vendée Patriote 1793-1795, t. III, Paris, Paul Dupont, éditeur, , 575 p. (lire en ligne).
- Lionel Dumarcet, François Athanase Charette de La Contrie : Une histoire véritable, Les 3 Orangers, , 536 p. (ISBN 978-2-912883-00-1).
- Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, Robert Laffont, 1912-1931 (réimpr. 2009), 1476 p.
- Yves Gras, La guerre de Vendée : 1793-1796, Paris, Economica, coll. « Campagnes et stratégies », , 184 p. (ISBN 978-2-7178-2600-5).
- Jean-Baptiste Kléber, Mémoires politiques et militaires 1793-1794, Tallandier, coll. « In-Texte », , 346 p. .
- Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein, Mémoires publiés d'après son manuscrit autographe, Éditions du bocage, , 506 p. .
- Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Lucas de La Championnière, Mémoires d'un officier vendéen 1793-1796, Les Éditions du Bocage, , 208 p.
- Bertrand Poirier de Beauvais, Mémoires inédits de Bertrand Poirier de Beauvais, Plon, , 420 p. (lire en ligne).
- Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, t. II, Paris, Baudoin Frères, libraires-éditeurs, , 515 p. (lire en ligne).
- Jean Tabeur (préf. Jean Tulard), Paris contre la province : les guerres de l'ouest, 1792-1796, Paris, Economica, coll. « Campagnes & stratégies / Les grandes batailles » (no 70), , 286 p. (ISBN 978-2-7178-5641-5). .