Chicago — Wikipédia
Chicago | ||||
Sceau de Chicago | Drapeau de Chicago | |||
Panorama de Downtown Chicago, le Chicago Theatre, la jetée Navy, la Willis Tower, le pavillon Jay Pritzker, une rame du métro de Chicago et le musée Field. | ||||
Administration | ||||
---|---|---|---|---|
Pays | États-Unis | |||
État | Illinois | |||
Comtés | Cook et DuPage | |||
Type de localité | City | |||
Maire Mandat | Brandon Johnson (D) depuis 2023 | |||
Code FIPS | 17-14000 | |||
GNIS | 0428803 | |||
Indicatif(s) téléphonique(s) local (locaux) | 312/773 | |||
Démographie | ||||
Gentilé | Chicagoan | |||
Population | 2 664 452 hab.[1] (2023) | |||
Densité | 4 397 hab./km2 | |||
Population aire urbaine | 9 986 960 hab. (2020) | |||
Géographie | ||||
Coordonnées | 41° 51′ 00″ nord, 87° 39′ 00″ ouest | |||
Altitude | 182 m Min. 176 m Max. 205 m | |||
Superficie | 60 600 ha = 606 km2 | |||
· dont terre | 588 km2 (97,03 %) | |||
· dont eau | 18 km2 (2,97 %) | |||
Fuseau horaire | CST (UTC-6) | |||
Divers | ||||
Fondation | c. 1770 | |||
Municipalité depuis | 1833 | |||
Devise | Urbs in Horto (« La ville dans un jardin ») | |||
Surnom | Windy City (« La ville des vents ») | |||
Localisation | ||||
Carte des comtés de Cook et DuPage. | ||||
Géolocalisation sur la carte : États-Unis Géolocalisation sur la carte : États-Unis Géolocalisation sur la carte : Illinois | ||||
Liens | ||||
Site web | cityofchicago.org | |||
modifier |
Chicago (/ʃi.ka.ɡo/[2] Écouter ; en anglais /ʃɪ.ˈkɑ:.ɡəʊ/ Écouter ou localement /ʃɪ.ˈkɔː.ɡoʊ/) est la troisième ville des États-Unis par sa population et est située dans le Nord-Est de l'État de l'Illinois[3]. C'est la plus grande ville de la région du Midwest dont elle forme le principal centre économique et culturel[4]. Chicago se trouve sur la rive sud-ouest du lac Michigan[3], un des cinq Grands Lacs d'Amérique du Nord. Les rivières Chicago et Calumet traversent la ville.
Comptoir commercial fondé à la fin du XVIIIe siècle par Jean Baptiste Pointe du Sable, un mulâtre né à Saint-Domingue, Chicago devient une municipalité en 1833[5] et acquiert officiellement le statut de ville en 1837[6]. La ville s'est rapidement développée au milieu du XIXe siècle[7] si bien qu'elle était en 1860 la plus jeune ville des États-Unis à dépasser une population de 100 000 habitants[8]. La population de Chicago est passée à 503 000 habitants en 1880, puis a doublé pour atteindre plus d'un million au cours de la décennie[8]. Le boom de la construction a accéléré la croissance démographique au cours des décennies suivantes, et en 1900, Chicago faisait partie des cinq villes les plus peuplées de la planète après New York, Londres, Paris et Berlin[9].
La ville de Chicago compte 2 746 388 habitants[10] et s'étend sur 606 km2[10]. Ses habitants s'appellent les Chicagoans[11] (ou plus rarement Chicagolais[12]). Troisième ville des États-Unis par sa population, l'aire métropolitaine de Chicago (communément appelée « Chicagoland ») compte environ 10 millions d'habitants et s'étend sur 28 163 km2[13] à travers trois États (Illinois, Indiana et Wisconsin), ce qui en fait la quatrième aire métropolitaine d'Amérique du Nord après Mexico, New York et Los Angeles[14],[15]. Elle est le siège du comté de Cook, le deuxième comté le plus peuplé des États-Unis après celui de Los Angeles.
Chicago est une ville de classe mondiale alpha[16]. En 2018, elle a été classée première sur une liste de 32 villes par le magazine Time Out City Life Index, à la suite d'une enquête mondiale sur la qualité de vie urbaine dans un sondage effectué auprès de 15 000 personnes[17],[18],[19],[20], et a été classée deuxième plus belle ville du monde après Prague en 2021[21]. Chicago constitue le deuxième centre industriel des États-Unis et appartient à la « ceinture des usines » (Manufacturing Belt)[22], mais la ville est aussi une des principales places financières du monde[23] et la première bourse de matières premières agricoles au monde[24]. C'est à Chicago que sont fixés les prix du blé et du soja aux États-Unis[25]. La ville se classe au troisième rang national pour le nombre d'entreprises implantées dans son agglomération[26], dont les plus importantes sont Motorola, Boeing, United Airlines, McDonald's, Sears, Mondelez International ou encore les laboratoires Abbott. D'autres entreprises y ont été créées, comme Hertz, l'une des plus grandes enseignes de location de voitures[27]. L'industrie emploie plus d'un million de personnes dans l'agglomération de Chicago[26].
Considérée comme la ville de naissance des gratte-ciel[28],[29], elle entreprend l'ouverture en 1885 du Home Insurance Building, premier bâtiment du genre dans le monde[30]. Chicago figure toujours aujourd'hui parmi les dix villes du monde comptant le plus de gratte-ciel[31]. La Willis Tower (appelée « Sears Tower » jusqu'en 2009) a été, de 1973 à 1998, le plus haut gratte-ciel du monde[32] et est à ce jour le troisième immeuble le plus haut du continent américain après le One World Trade Center et la Central Park Tower à New York. Chicago a apporté des contributions notables au développement du mouvement City Beautiful et a acquis une grande renommée culturelle avec son architecture moderne[33] qui attire des millions de visiteurs chaque année[34]. Grâce à sa situation exceptionnelle, la ville constitue un centre de communication majeur de voies terrestres (l'un des plus importants en Amérique du Nord) et de transports aériens avec ses deux aéroports internationaux, O'Hare et Midway[35]. Enfin, la ville compte de nombreux établissements d'enseignement supérieur, des musées prestigieux, des théâtres réputés et un orchestre symphonique de renommée mondiale[36].
Histoire
[modifier | modifier le code]Avant Chicago
[modifier | modifier le code]Avant l'arrivée des premiers Européens, la région de Chicago est occupée par les Amérindiens Potéouatamis qui succèdent, vers le milieu du XVIIIe siècle, aux Miamis et aux Sauk et Fox[37]. Le nom de la ville proviendrait du mot miami-illinois « sikaakwa »[38],[39],[40], déformé par les Français en « Chécagou » ou « Checaguar », qui signifie « oignon sauvage »[41], « marécage » ou encore « mouffette », ce qui en dit long sur l'odeur pestilentielle régnant sur le site à l'origine. C'est le coureur des bois Louis Jolliet et le père jésuite Jacques Marquette qui, en 1673, revenant d'une expédition sur le Mississippi, parviennent à l'emplacement actuel de Chicago. Le site de Chicago fait d'abord partie du pays des Illinois, dans la Louisiane française. Les Britanniques s'emparent de la région en 1763 au terme de la guerre de Sept Ans mais un nouveau conflit éclate (rébellion de Pontiac) sur ce territoire qui prend le nom de « Territoires indiens ». Cet ancien point de passage et de liaison des Amérindiens, des explorateurs et des missionnaires, entre le Canada et le bassin du Mississippi, devient un poste permanent de traite des fourrures.
Au XVIIe siècle, fort Chécagou (ou « fort Chicago ») est une forteresse probablement occupée moins d'une année durant l'hiver 1685[42] ; le nom est désormais associé à un mythe selon lequel un Français y possède une garnison militaire. Deux cartes de la région du XVIIIe siècle font la mention du fort ; celle indiquant que le fort fut construit en 1685, et celle indiquant qu'Henri de Tonti envoya Pierre-Charles de Liette comme commandant du fort jusqu'en 1702. Cependant, aucune preuve archéologique ne vient confirmer ces annotations cartographiques. Le premier établissement permanent est fondé par Jean Baptiste Pointe du Sable à la fin du XVIIIe siècle[43]. Ce mulâtre, fils d'un marin français et d'une mère africaine esclave, est originaire de la colonie française de Saint-Domingue. Il épouse une Amérindienne et s'installe à l'emplacement actuel de Chicago, où il établit un comptoir commercial.
Durant la guerre d'Indépendance (1775-1783), le colonel George Rogers Clark s'empare de la totalité du pays des Illinois au nom de la Virginie et le transforme en « comté d'Illinois » afin d'exercer un gouvernement théorique sur la région. En 1795, par le traité de Greenville et sous la contrainte du colonel Anthony Wayne, les Amérindiens doivent céder les terres situées à proximité de l'estuaire de la rivière Chicago. En 1803, l'achat des immenses territoires de la Louisiane française par les États-Unis renforce l'importance stratégique du lieu. La même année, le capitaine John Whistler arrive sur le site puis érige le fort Dearborn en 1808[44]. Entre-temps, la région de la future Chicago est intégrée au territoire du Nord-Ouest (1787-1809), puis au territoire de l'Illinois (1809), avant de faire partie, depuis 1818, de l'État de l'Illinois. En 1821 et 1833, deux accords issus du traité de Chicago sont conclus et signés entre les États-Unis et les peuples amérindiens Outaouais, Ojibwés et Potéouatamis (tous les trois représentés à travers le conseil des Trois Feux) afin que ces derniers cèdent de plus grandes terres pour permettre la fondation et l'expansion de ce qui deviendra la ville de Chicago[45],[46].
Une « ville champignon » (1833-1871)
[modifier | modifier le code]Le , la ville de Chicago se constitue avec une charte[N 1]. Elle reçoit une charte par l'État de l'Illinois le pour se constituer en municipalité dirigée par un maire et six subdivisions appelées « wards »[47]. Pourtant, les contraintes naturelles du site posent rapidement des problèmes d'aménagement. Chicago souffre d'un environnement marécageux qui rend très difficile l'installation de routes et d'égouts. Le développement effréné génère beaucoup de déchets industriels qui sont rejetés dans la rivière, provoquant de graves problèmes de santé publique et de contamination de l'eau potable[48]. Pour remédier à la situation, les autorités engagent d'importants travaux afin de surélever les infrastructures et d'implanter un réseau d'évacuation des eaux usées dans les années 1850. Elles décident, en 1900, de détourner la rivière pour préserver l'eau potable du lac Michigan, en creusant un canal (Chicago Sanitary and Ship Canal) qui s'ouvre sur le Mississippi. Le canal étant plus profond que le lit de la rivière, le cours est inversé, protégeant ainsi le lac des déversements polluants. Les berges de la rivière elle-même sont transformées (durant la période 1999-2016) en une voie piétonnière connue sous le nom de « Chicago Riverwalk » qui devient une attraction touristique majeure de la ville[49],[50].
Chicago est une « ville champignon » qui grandit grâce à l'afflux d'immigrés en provenance d'Europe[51]. Dès le milieu du XIXe siècle, la présence des immigrés provoque l'essor du Know Nothing, un mouvement nativiste. Son candidat, Levi Boone, soutenu par la Chicago Tribune, est élu maire[52]. Il mène une politique discriminatoire et prohibitionniste, particulièrement préjudiciable aux immigrés allemands[53], ce qui provoque, le , une série de troubles connus sous le nom d'« émeutes de la bière lager » opposant WASP (White Anglo-Saxon Protestant) et immigrés catholiques.
En 1836, la ville devint un carrefour de communication avec le premier chemin de fer (Galena & Chicago Union Railroad) qui joint Chicago à Clinton (Iowa) à 210 km à l'ouest[54]. En 1860, onze lignes ferroviaires ont Chicago pour terminus et vingt autres y font un arrêt[55]. Débutant sur la rivière Chicago et aboutissant sur la rivière Illinois sur une distance de 155 km, le canal Illinois et Michigan est ouvert en 1848 et permet aux bateaux circulant sur les Grands Lacs de rejoindre le Mississippi en passant par Chicago. En 1848, la fondation de la bourse de commerce de Chicago (Chicago Board of Trade ; CBOT) s'inscrit dans ce développement économique considérable. En 1854, Chicago est le plus grand marché de céréales du pays[56]. Au XIXe siècle, Chicago devient le plus grand marché mondial du bois[57] qui est transformé dans les nombreuses scieries et les industries du meuble de la ville, rendant l'économie de Chicago florissante[58].
En 1847, Cyrus McCormick, l'inventeur de la moissonneuse, installe la production de machinerie agricole à Chicago. Les premières usines sidérurgiques ouvrent en 1858. C'est en 1865 que sont inaugurés les Union Stock Yards, les abattoirs de la ville où des méthodes modernes sont rapidement appliquées par les compagnies Armour et Swift[56]. Grâce à un important réseau de transport et à l'invention du wagon frigorifique, Chicago devient l'abattoir du monde. La technologie de chaîne de montage sert ensuite de modèle à la production d'assemblage dans l'industrie automobile[59].
Grand incendie et essor industriel (1871-1890)
[modifier | modifier le code]En , environ 10 km2[60] sont réduits en cendres par le Grand incendie de Chicago (Great Chicago Fire). Un grand nombre d'infrastructures et d'habitations, construites en bois, permettent au feu de se propager rapidement. Le bilan est dramatique puisque 300 personnes trouvent la mort et 17 500 bâtiments sont détruits, jetant à la rue environ un habitant de la ville sur trois. On dénombre au moins 100 000 sans-abri. Quelques années plus tard, cette catastrophe permet à Chicago de mieux se développer d'un point de vue économique, architectural et urbanistique, faisant d'elle une des villes les plus modernes du continent américain[61].
À la fin du XIXe siècle, l'économie de la ville se diversifie avec l'entrée dans la deuxième révolution industrielle. La reconstruction après le Grand incendie de 1871 et le développement du chemin de fer stimulent les besoins en acier. Les abattoirs des Union Stock Yards connaissent un développement sans précédent grâce à la mise en service de wagons réfrigérés qui rendent possible l'expédition de la viande à New York. La Chicago Fire Department Academy, un camp d'entraînement pour les pompiers du Chicago Fire Department, est construite sur les restes de la maison de la famille O'Leary[62]. L'incendie de 1874, aussi appelé le « Deuxième incendie de Chicago », a lieu le dans le quartier de South Loop. Il brûle environ 19 hectares[63], détruit 812 bâtiments et tue 20 personnes[64]. La sidérurgie et les besoins en matériel contribuent au développement des industries mécaniques : Chicago produit des machines agricoles, des équipements pour les automobiles et des wagons de chemin de fer (Pullman Company)[65]. La confection pour homme est dynamique jusque dans les années 1920. La chimie se spécialise dans le traitement de l'eau, la production d'acide sulfurique et les phosphates. Les industries agro-alimentaires restent florissantes (transformation des céréales, conditionnement de la viande, etc.).
En juillet 1877, les ouvriers du rail de Chicago se joignent et déclenchent une grève qui secoue les chemins de fer américains. Des affrontements entre la police et les grévistes ont lieu sur South Halsted Street et font 18 morts[66]. Environ 10 000 adjoints spéciaux, policiers et soldats poursuivent la répression pendant deux jours, provoquant 50 morts et une centaine de blessés graves parmi les grévistes. La presse adopte une attitude radicalement hostile aux grévistes ; le rédacteur en chef du Chicago Times suggère ainsi « une petite dose de strychnine ou d'arsenic » pour tous les ouvriers grévistes et vagabonds[67]. Le , des ouvriers se rassemblent à l'usine McCormick pour revendiquer la journée de huit heures de travail et pour laquelle une grève générale mobilisant 340 000 travailleurs a été lancée. Deux jours plus tard, les policiers tuent deux grévistes[68], ce qui déclenche des émeutes qui font plusieurs morts. Huit policiers et quatre manifestants sont tués par l'explosion d'une bombe : on parle du « massacre de Haymarket Square ». Quatre anarchistes sont accusés et exécutés le vendredi 11 novembre 1887 (« Black Friday », littéralement le « vendredi noir »)[69],[70]. Le 1er mai sert désormais de référence à la IIe Internationale pour la fête des travailleurs. Les grévistes des usines de la Pullman Company dénoncent les baisses de salaire en 1894. À la suite de la répression organisée par le maire John Patrick Hopkins et le président Grover Cleveland[71], 12 ouvriers sont tués. Ayant participé à la grève, Eugene Debs, membre de l'American Railway Union, est arrêté par les forces de l'ordre[72].
L'industrialisation s'accompagne d'une paupérisation d'une partie de la population. En 1889, en réponse au mouvement social dénommé settlement movement, Jane Addams fonde la première maison (Hull House) qui sert de centre d'accueil pour les pauvres. En 1895, Florence Kelley dénonce les conditions de travail dans les sweatshops de la ville[73]. En novembre de la même année, le Chicago Times-Herald organise l'une des premières courses automobiles du pays, un concours de Chicago à Evanston. En 1905, Upton Sinclair publie La Jungle, un roman qui décrit l'exploitation des immigrés lituaniens dans les abattoirs de Chicago[74]. En 1913, les femmes obtiennent le droit de vote aux élections municipales de Chicago[69].
Grande Migration (1880-1930)
[modifier | modifier le code],Entre 1880 et 1930, la ville de Chicago se développe de manière spectaculaire passant de 503 185 habitants à presque 3,4 millions[75]. La ville connait alors la croissance démographique la plus rapide des États-Unis[76]. L'économie de Chicago est alors florissante et amène des emplois à un nombre important de nouveaux résidents des communautés et des immigrés ruraux venus d'Europe. La croissance dans les secteurs de la fabrication au détail à Chicago domine la région du Midwest et influence considérablement l'économie de la nation. Les yards d'actions des syndicats de Chicago dominent le commerce d'emballage. La ville devient le plus grand nœud de réseau de voies ferrées au monde. Géré par la société de transport ferroviaire Metra, le réseau dispose en 2022 de 242 stations réparties sur 11 lignes à travers l'agglomération de Chicago[77].
Chicago accueille des vagues d'immigrants venus d'Europe de l'Est, de la fin de la guerre de Sécession jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. À partir des années 1910, plusieurs milliers d'Afro-Américains arrivant du Sud du pays pour fuir la ségrégation raciale s'installent à Chicago, dans l'espoir de trouver du travail dans les usines sidérurgiques et les abattoirs de la ville. Ce mouvement, suscité par la ségrégation raciale, est appelé « Grande Migration ». Avec ces nouvelles populations, concurrentes en matière de logement limité, et les travaux, particulièrement dans les quartiers sud de la ville (South Side), les tensions sociales montent dans la métropole. En 1910, exaspérés par la victoire du boxeur noir Jack Johnson au championnat du monde poids lourds, des groupes racistes s'attaquent à des Afro-Américains pris au hasard dans plusieurs villes, dont en particulier Chicago et New York, faisant des dizaines de morts[78]. Dans les années 1920, on dénombre quelque 50 000 membres du Ku Klux Klan à Chicago.
Les années qui suivent la fin de la Première Guerre mondiale sont les plus difficiles, lorsque la ville applique la ségrégation comme dans le sud du pays. Les Afro-Américains sont alors séparés des Euro-Américains, ayant chacun leurs écoles, leurs lieux publics et leurs lieux de travail. Ils subissent la discrimination dans l'exercice de leurs droits politiques, n'ayant ainsi pas le droit de voter, et durant leur scolarité, ils restent souvent analphabètes. Dans le milieu professionnel, ils se retrouvent, la plupart du temps, au chômage ou cantonnés aux emplois les moins qualifiés. Les vétérans afro-américains recherchent plus de respect pour avoir servi leur nation[79],[80].
Émeute de 1919
[modifier | modifier le code]Le dimanche , quelques mois après la réélection du maire William Hale Thompson, une émeute raciale éclate à Chicago[81],[82]. Déclenchée à la suite du meurtre d'un jeune Afro-Américain à la suite d'un jet de pierre, elle se propage à d'autres grandes villes américaines et ne se termine que le 3 août, après l'intervention de plus de 6 000 gardes nationaux. Rien qu'à Chicago, ces émeutes durent 13 jours, font 38 morts, 537 blessés et des centaines de sans-abri[79],[80]. Une grande partie de cette violence est menée par des membres des clubs sportifs irlandais qui ont beaucoup de puissance politique dans la ville et défendent leur « territoire » contre les Afro-Américains.
La population afro-américaine passe de 15 000 personnes en 1890[83] à 44 000 en 1910[84] et 234 000 en 1930[85]. La communauté afro-américaine commence à s'organiser : ainsi, le Chicago Defender est le premier journal consacré aux Afro-Américains de la ville. Chicago devient un foyer majeur du jazz aux États-Unis.
Lorsque l'émeute éclate, le maire William Hale Thompson se trouve à Cheyenne dans le Wyoming pour la célébration des Frontier Days. Il rentre d'urgence à Chicago, alors que l'émeute est à son paroxysme. Malgré l'avis de ses conseillers, il refuse tout d'abord de faire intervenir la milice de l'Illinois afin de renforcer les effectifs du Chicago Police Department. Ce n'est pas avant le , voyant s'accumuler le nombre de morts, de blessés et d'habitants dont les maisons ont été détruites, qu'il se décide à demander l'intervention des gardes nationaux. Sa gestion plutôt hésitante de la crise ne lui vaut pas pour autant la défiance des Afro-Américains qui voient en lui le politicien qui leur est alors le plus favorable.
Temps des gangs et de la prohibition (1890-1935)
[modifier | modifier le code]Les années allant de la fin du XIXe au début du XXe siècle sont marquées par la présence de deux puissantes organisations mafieuses qui se partagent le territoire de la ville. Le South Side (à prédominance italienne), contrôlé par Al Capone, et le North Side (à prédominance irlandaise), contrôlé par Bugs Moran. À l'origine, le quartier de Little Italy est dominé par la Main noire (ou Mano nera). James Colosimo, surnommé « Big Jim », réussit à s'imposer dans le quartier italien et à centraliser tous les gangs. Né en Calabre en 1877, Colosimo arrive à Chicago en 1895 où il devient criminel. En 1909, il domine la Main noire. Pour l'épauler, il fait venir son neveu Johnny Torrio de New York. Torrio amène Al Capone avec lui[86]. Colosimo s'oppose à l'ambition de Torrio pour développer les affaires. En 1920, Torrio s'arrange avec Frankie Yale pour éliminer Colosimo[86].
Pendant la prohibition, Chicago devient la capitale du crime organisé autour des figures de Frank Nitti, Bugs Moran et Al Capone[87]. Les gangsters de la ville profitent de sa situation proche du Canada, d'où viennent les cargaisons d'alcool de contrebande[88]. Surtout, ils trouvent des complicités auprès de juges, de politiciens municipaux et de policiers corrompus. En 1929, la guerre des gangs fait 29 morts dans la ville[89]. Le , une fusillade entre les deux principaux gangs fait sept morts : on parle alors du « massacre de la Saint-Valentin »[90]. Les Incorruptibles (Untouchables) est le surnom qui est donné par la presse à un groupe d'agents du trésor américain (le plus célèbre est Eliot Ness) qui lutte pour faire respecter la prohibition. Ils menèrent une enquête longue et rigoureuse sur les différents gangs de la ville et en particulier sur Al Capone qui est finalement arrêté et emprisonné au pénitencier fédéral d'Alcatraz, près de San Francisco. Capone meurt d'une crise cardiaque dans sa propriété de Floride en 1947[91].
C'est le temps des gangsters, de la corruption, de la violence, et de l'après krach de 1929 : John Dillinger, célèbre braqueur de banque, est tué le 22 juillet 1934 au cours d'une fusillade avec les agents fédéraux dirigés par Melvin Purvis[92],[93], dans le secteur de Lincoln Park alors qu'il sortait du cinéma Biograph Theater en compagnie de sa fiancée Polly Hamilton après avoir regardé le film L'Ennemi public no 1 (Manhattan Melodrama) dans lequel jouait Clark Gable et Myrna Loy dont il était fou amoureux et qu'il voulait rencontrer à tout prix[94],[95]. Il a été abattu alors qu'il avait élaboré un plan pour coucher avec Myrna Loy dans une de ses cachettes isolées de tous à Chicago. Secrètement fascinée par le gangster, Myrna Loy était discrètement tentée d'aller clandestinement à sa rencontre un soir à Chicago et fit preuve de compassion après avoir appris sa mort au point de reprocher aux producteurs du film d'exploiter l'événement[96],[97],[98],[99],[100]. Selon les informations du FBI, Dillinger a été dénoncé par Ana Cumpănaș, surnommée « la femme en rouge », propriétaire de plusieurs maisons closes dans la région de Chicago[101].
L'ascension puis la chute de l'empire d'Al Capone dans les années 1920 et 1930 ainsi que son arrestation pour fraude fiscale n'a pas définitivement mis un terme au crime organisé dans la ville de Chicago. En effet, son gang est largement relayé depuis, car la mafia de Chicago, connue sous le nom d'« Outfit » (en français « l'Organisation »), n'a jamais cessé ses activités et existe encore de nos jours. Aujourd'hui, le noyau de l'organisation ne comprendrait que 200 à 300 membres affranchis et environ 1 250 associés, c'est-à-dire moins que les organisations criminelles des autres villes. Les domaines dans lesquels ils opèrent incluent le prêt à taux usuraire, la prostitution, les assassinats, le racket, les cambriolages, les braquages, les escroqueries financières, le blanchiment d'argent, le trafic de drogue, les trafics en tous genres, l'évasion fiscale ou encore les vols de voitures.
Chicago, foyer de modernité (1871-1950)
[modifier | modifier le code]Sur le plan culturel, architectural et urbanistique, de la fin du XIXe siècle jusque dans la première moitié du XXe siècle, Chicago se présente comme un « laboratoire d'idées novatrices »[102]. L'aspect de la ville change fondamentalement. Le Grand incendie de 1871 permet aux urbanistes de penser à une reconstruction de la ville selon des critères modernes. L'exposition universelle de 1893 (World's Columbian Exposition) attire plus de 27 millions de visiteurs en 1893[103]. Elle est l'occasion pour les promoteurs du mouvement architectural City Beautiful de réaliser plusieurs édifices qui font désormais partie du patrimoine de Chicago : le musée des Sciences et de l'Industrie (MSI) dans le secteur de Hyde Park et le célèbre métro aérien de l'Union Loop dont le trajet forme une boucle qui délimite le secteur financier du Loop. Quelques années plus tard, fleurit l'École de Chicago (Chicago School), qui connait un rayonnement international. La ville devient le laboratoire d'expériences architecturales : en 1885, le Home Insurance Building, premier gratte-ciel au monde y est construit[104]. En 1889, l'architecte Frank Lloyd Wright arrive à Chicago et élabore un nouveau style d'architecture domestique, les Prairie houses. En 1909, les architectes-urbanistes Daniel Burnham et Edward H. Bennett créent la Chicago Plan Commission, une commission chargée de l'élaboration du plan de Chicago de 1909, plus connu sous le nom de « Plan Burnham ». Il s'agit d'un plan d'urbanisme qui prévoit la restructuration urbaine de la ville, la rénovation et l'élargissement de boulevards déjà existants, la construction de bâtiments municipaux, la mise en place d'un nouveau chemin de fer, la construction d'installations portuaires et la création d'espaces verts dans les quartiers situés le long du lac Michigan[105]. En 1938, Chicago accueille l'architecte allemand Ludwig Mies van der Rohe qui contribue à diffuser l'influence du Bauhaus en Amérique[106].
La période 1871-1950 voit la création d'institutions culturelles qui font encore aujourd'hui la réputation de Chicago. En 1889, l'Auditorium Theatre ouvre ses portes et accueille plusieurs compagnies de danse dont le Joffrey Ballet[107]. Fondé en 1891, l'orchestre symphonique de Chicago est l'un des plus anciens du continent américain et l'un des plus importants du monde[36] ; depuis 1904, sa formation musicale joue à l'Orchestra Hall du Symphony Center[108]. En 1893, le Chicago Cultural Center devient la plus importante bibliothèque municipale, avant de devenir en 1977, le centre d'art et de culture de la ville. L'Art Institute of Chicago (1879), le musée Field d'histoire naturelle (1893) et le musée des Sciences et de l'Industrie (1933) comptent parmi les musées les plus importants des États-Unis. En 1930, le Merchandise Mart devient à son achèvement le plus grand bâtiment du monde en termes de surface[109],[110]. En 1991, la Harold Washington Library devient la bibliothèque centrale de Chicago.
Chicago devient un foyer culturel rivalisant avec les métropoles de la côte est des États-Unis, notamment New York. L'université de Chicago, une des universités les plus prestigieuses et les plus influentes du monde[111], est inaugurée en 1892 grâce au don de l'entrepreneur John Davison Rockefeller. Elle se développe sur le modèle des universités allemandes et ouvre dès le début ses portes aux filles et aux Noirs[102]. L'université se distingue par la création d'un département de sociologie dès 1892 (École de Chicago) qui connaît son âge d'or entre 1918 et 1935[112]. Les sciences naturelles sont également bien représentées : l'université de Chicago fut le site de la première réaction nucléaire contrôlée, réalisée le par le physicien Enrico Fermi[113].
Enfin, Chicago devient avec La Nouvelle-Orléans l'un des berceaux du jazz au début du XXe siècle[114]. C'est le qu'est enregistré Livery Stable Blues par l'Original Dixieland Jazz Band, un quintette formé de musiciens Blancs mené par le cornettiste Nick La Rocca. Dans les années 1920, la ville accueille également le musicien et chanteur Louis Armstrong qui fait ses premiers enregistrements en travaillant avec le cornettiste et compositeur Joe « King » Oliver[115]. Une des principales raisons de la venue de musiciens Noirs à Chicago est la fermeture par décret de « Storyville », le quartier des spectacles de La Nouvelle-Orléans, déclenchant ainsi un important mouvement d'arrivée de musiciens dans la ville. À l'époque, le Friar's Inn était le lieu de prédilection de tous les amateurs de jazz de Chicago[116].
Crise économique et urbaine (1950-1990)
[modifier | modifier le code]Amorcée pendant la guerre, l'immigration afro-américaine augmente fortement dans la ville. Les industries les plus gourmandes en superficie comme la viande et la sidérurgie ferment. Chicago réussit le tournant de l'aérien et s'affirme comme métropole mondiale. La ségrégation spatiale et la forte poussée démographique et culturelle de la communauté afro-américaine est marquée par l'action du démocrate Richard Joseph Daley, maire de Chicago de 1955 à 1976. Pendant les 21 années de son mandat, il dote la ville d'un palais des congrès, de plusieurs voies rapides dont la Kennedy Expressway, la Northwest Expressway, la Chicago Skyway, la Dan Ryan Expressway et la Southwest Expressway[N 2], aménage l'aéroport international O'Hare en 1963 et développe le secteur du Loop où plusieurs tours sortent de terre. Construite entre 1970 et 1973, la Willis Tower devient l'une des fiertés de la ville. Avec ses 110 étages et 442 mètres de haut, l'immeuble reste le plus haut du monde jusqu'en 1998 et le troisième plus haut de l'hémisphère ouest à ce jour. Les ghettos Afro-Américains sont en partie rénovés[117]. La foire internationale de 1959 célèbre l'ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent et Chicago reçoit la visite de la reine Élisabeth II. Cependant, les mandats de Richard J. Daley sont marqués par la désindustrialisation : alors qu'en 1954 Chicago est la première ville américaine pour la production d'acier[118], la décennie suivante voit des fermetures en cascade. La sidérurgie n'est pas le seul secteur économique touché : les abattoirs des Union Stock Yards, initialement situés dans le sud de la ville, sont délocalisés à Kansas City en 1971 ; le chômage augmente et les friches industrielles se multiplient. Entre 1954 et 1982, le nombre d'emplois industriels non qualifiés est passé, à Chicago, de près de 500 000 à 162 000[119].
À partir des années 1950, de nombreuses familles issues des classes aisées et moyennes quittent la ville de Chicago au profit des banlieues résidentielles. Le , un incendie se déclare à l'école Notre-Dame des Anges dans le quartier d'Humboldt Park : 92 étudiants et trois religieuses périssent dans la tragédie[120]. Ce drame favorise l'amélioration des dispositifs anti-incendie dans la plupart des établissements scolaires à travers les États-Unis. En 1963, des boycotts des écoles publiques Afro-Américaines sont organisés pour protester contre les classes surchargées et la ségrégation opérée par le Chicago Public Schools[117]. En 1966, Martin Luther King lance une campagne contre la discrimination, le Chicago Freedom Movement. Une partie du mouvement pour les droits civiques se radicalise avec le Black Panther Party : le maire de l'époque fait assassiner deux membres influents par le Chicago Police Department[121]. Le , plusieurs quartiers noirs de West Side sont le théâtre de violentes émeutes[122] qui font trois morts[123].
Les 4 et 5 avril 1968, des émeutes surviennent après l'assassinat de Martin Luther King dans les quartiers populaires de West Side et de South Side. La garde nationale doit intervenir et le bilan est de neuf morts[124]. En août de la même année, pendant la Convention du Parti démocrate, le maire mène une politique répressive qui donne lieu à 660 arrestations, 1 000 blessés et un mort[124]. Il faut attendre 1983 pour voir la ville élire son premier maire Afro-Américain, Harold Washington[125]. Il décède durant son mandat d'une crise cardiaque en 1987, peu de temps après avoir été réélu[125].
Au cours des années 1960, la municipalité, l'université de Chicago et plusieurs associations mettent en œuvre un programme de « rénovation » du quartier de Hyde Park qui visa à la destruction de logements sociaux et mena à l'expulsion de leurs locataires, pauvres et généralement Afro-Américains. L'université fit également pression sur les banques et les compagnies d'assurances pour que celles-ci n'accordent pas de prêts aux propriétaires indésirables et ne renouvellent pas volontiers leurs polices d'incendie. Entre 1960 et 1970, le nombre des logements à Hyde Park baissa de 20 % et le nombre d'Afro-Américains de 40 %[119].
Entre le 13 et le 14 janvier 1979, soit 12 ans après le blizzard de 1967, une tempête de neige majeure touche Chicago et sa région[126]. Le 13 janvier, 41,9 cm de neige tombent sur Chicago, établissant un nouveau record de neige en une seule journée, après celui de 1967. À la fin du 2e jour, 47,8 cm de neige est tombée. Cela entraîne d'importantes complications sur le réseau de transports en commun de la Chicago Transit Authority (CTA), particulièrement pour le métro aérien sur l'Union Loop dont les rails sont gelés. La réponse du maire Michael A. Bilandic à ces intempéries est si lamentable qu'elle aboutit à l'élection de Jane Byrne, la première femme à accéder au poste de maire de Chicago[127],[128].
Innovations et rayonnement international (1990-2020)
[modifier | modifier le code]Depuis les années 1990, Chicago gagne à nouveau des habitants. Certains quartiers connaissent depuis quelques années un processus de gentrification, comme dans d'autres villes américaines. Ils sont rénovés et attirent de nouveau une population de classe moyenne voire aisée. C'est le cas des quartiers de Cabrini-Green et Bronzeville, leurs grands ensembles commencèrent à se dégrader et les autorités municipales décidèrent de les démolir ou de les réhabiliter[129],[130]. Les quartiers résidentiels du nord de la ville sur le front de lac connaissent un renouveau démographique.
L'ambition de Richard M. Daley, fils de Richard J. Daley et maire de Chicago de 1989 à 2011, a été de favoriser la protection de l'environnement tout en maintenant Chicago parmi les métropoles mondiales les plus influentes. Les récents aménagements et les projets marquent cette ambition. Un grand nombre de gratte-ciel sortent de terre, manifestant ainsi la prospérité économique de Chicago. La superficie des espaces verts s'étend et le centre-ville est rendu plus sûr la nuit. Le dernier projet en date est la Chicago Spire : les travaux commencés en juin 2007 et devant s'achever en 2012 ont été stoppés à la suite de la crise économique mondiale de 2008[131], sans date de reprise. L'édifice devait être le plus haut du continent américain avec 150 étages pour 609,60 mètres de hauteur[132].
Le 13 avril 1992, une inondation a lieu dans le secteur financier du Loop lorsque la paroi d'un tunnel de service passant sous la rivière Chicago, endommagée, ouvre une brèche qui laisse selon les estimations, un million de mètres cubes d'eau inonder les sous-sols et les équipements souterrains dans tout le quartier[133]. Cette inondation causa de nombreux dégâts dont le montant est estimé à environ 1,95 milliard de dollars. C'est l'une des plus grandes catastrophes que la ville a connues, après le grand incendie de 1871 et le déraillement du métro sur l'Union Loop en 1977[134].
Avec une croissance urbaine et un centre-ville en perpétuelle évolution, la densification de Chicago se développe rapidement. Le département des bâtiments (Chicago Department of Buildings), l'organisme de la ville chargé de la construction, la réhabilitation et l'entretien des bâtiments, et le district des parcs de Chicago (Chicago Park District), chargé de la gestion des parcs et des espaces verts municipaux, travaillent ensemble sur le rétablissement de la biodiversité, la durabilité et la qualité environnementale par la restauration de certains bâtiments de la ville ainsi que par la création d'espaces de verdure, comme la mise en place de jardins sur les toits des immeubles à surface plate. C'est le cas notamment de l'hôtel de ville de Chicago (Chicago City Hall), qui depuis 2001 est doté d'un toit végétal[135],[136].
En matière de criminalité, la ville a presque définitivement fait oublier sa mauvaise réputation, héritée de la période agitée de la prohibition dans les années 1920 et les années 1930. En 2006, Chicago ne faisait plus partie de la liste des 25 villes américaines les moins sûres[137]. Cette baisse du sentiment d'insécurité est due au renforcement de la présence policière, quasi permanente dans certains secteurs de South Side et de West Side qui sont restés pendant longtemps mal réputés.
Le 16 mai 2007, la ville de Chicago est sélectionnée par le Comité international olympique (CIO) comme l'une des quatre villes candidates officielles à l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2016[138]. Ses concurrentes sont Madrid, Rio de Janeiro et Tokyo[139]. Malgré le soutien de nombreuses personnalités influentes, Chicago est éliminée dès le premier tour. En 2008, Chicago obtient le titre de « Ville de l'année » par le magazine GQ[140] pour ses récentes innovations architecturales et littéraires, son monde de la politique, ses musées réputés, ses universités prestigieuses, et son centre-ville qui est au premier plan dans les films The Dark Knight : Le Chevalier noir en 2008[141] et Transformers 3 : La Face cachée de la Lune en 2011[142]. La ville est également évaluée, en 2003, comme ayant l'économie la plus équilibrée des États-Unis en raison de son niveau élevé de diversification. En 2009, la société de services financiers UBS place Chicago à la 9e place sur la liste des villes les plus riches du monde[143]. En 2014, Chicago se trouve à la 5e place des villes américaines les plus visitées[34].
Géographie
[modifier | modifier le code]Situation et cadre physique
[modifier | modifier le code]Chicago se situe dans le Nord des États-Unis, plus précisément dans le Nord-Est de l'État de l'Illinois, dont la capitale est Springfield. Elle se trouve au centre de la région agricole du Midwest (aussi appelée Middle West), une entité géographique comprenant douze États de la région des Grands Lacs. Ses coordonnées géographiques sont 41° 52′ 55″ N, 87° 34′ 40″ O, soit la même latitude qu'Ajaccio, Rome ou Hakodate. Au cours des XIXe et XXe siècles, le territoire de la ville de Chicago se développe vers l'ouest et sur les rives sud-ouest du lac Michigan et atteint une longueur nord-sud d'environ 45 km[144],[145] sur une largeur est-ouest de 25 km, comprenant une superficie totale de 606 km2 (dont 588 km2 de terre et 18 km2 d'eau[10]). Les communes de Norridge et de Harwood Heights sont enclavées dans la ville de Chicago, dans sa partie nord-ouest. La majeure partie du territoire de la ville se situe dans le comté de Cook, tandis qu'une petite portion du secteur où se trouve l'aéroport international O'Hare est située dans le comté de DuPage. Il est relativement facile de se repérer dans Chicago, étant donné que les rues sont construites suivant un schéma rectangulaire. La ville est couverte par deux indicatifs téléphoniques régionaux : l'indicatif 312 (qui coïncide avec Downtown Chicago) et l'indicatif 773 (qui coïncide avec le reste du territoire de la ville de Chicago, hormis Downtown).
Chicago se trouve à 830 km à l'ouest-sud-ouest de Toronto, la plus grande ville canadienne, à 957 km à l'ouest-nord-ouest de Washington, la capitale fédérale[144], à 1 146 km à l'ouest de New York, à 1 341 km au nord de La Nouvelle-Orléans, à 2 803 km à l'est-nord-est de Los Angeles et à 6 656 km à l'ouest-nord-ouest de Paris[146]. Enfin, Chicago appartient à trois ensembles économiques importants : l'ancienne région industrielle de la Manufacturing Belt (« ceinture des usines »), aujourd'hui appelée la Rust Belt (« ceinture de la rouille »), la région agricole du Midwest (réputée pour sa culture du maïs) est connue sous l'appellation de la Corn Belt (« ceinture de maïs »), et la voie de transport fluvial des Grands Lacs. Cette situation avantageuse explique en partie l'essor de l'agglomération de Chicago[147].
La ville a une altitude moyenne d'environ 176 mètres au-dessus du niveau moyen de la mer[144],[145]. Le point le plus élevé (224 m) se trouve au sud de la ville, dans le quartier résidentiel de Hegewisch. Le site de Chicago a longtemps été une plaine marécageuse (Chicago Plain) drainée par la rivière Chicago et la rivière Calumet. Plus à l'ouest coule la rivière Des Plaines qui se jette dans la rivière Illinois, un affluent du Mississippi. D'une longueur de 251 kilomètres[148], la rivière Chicago se trouve sur la ligne de partage des eaux entre l'Atlantique et le golfe du Mexique. Elle se divise en trois branches (North Branch, South Branch et Main Branch) au niveau du quartier de Wolf Point[149]. Dans le sud-est de la ville se trouve le lac Calumet, une grande étendue d'eau qui, autrefois, se déversait par l'émissaire de la rivière Calumet vers le lac Michigan par l'intermédiaire de deux bras, le petit Calumet et le grand Calumet. Tous ces cours d'eau sont reliés entre eux par des canaux.
Chicago repose sur un soubassement rocheux datant du Silurien (entre 443,7 et 416 millions d'années) recouvert par les dépôts sédimentaires au cours de la dernière glaciation du quaternaire (Equality Formation). Le lac Michigan se forme à la fin de la dernière ère glaciaire (glaciation du Wisconsin), il y a environ 10 000 ans, quand l'inlandsis laurentidien recule en laissant de grandes quantités d'eau de fonte. La région des Grands Lacs fait partie de la grande dépression centrale d'Amérique du Nord s'étendant vers le sud en direction de la plaine du Mississippi[150]. Une partie de la rive actuelle est l'effet d'une poldérisation réalisée avec les remblais du grand incendie de 1871. Le lac Michigan a toujours représenté une source d'eau potable et une voie de transport importante, faisant la liaison avec les autres Grands Lacs[151]. Il a permis l'installation du port de Chicago et le développement d'activités de loisirs.
Climat
[modifier | modifier le code]D'après la classification de Köppen avec la station Midway : la température moyenne du mois le plus froid est inférieure à 0 °C (janvier avec −3,7 °C) et celle du mois le plus chaud est supérieure à 10 °C (juillet avec 24,3 °C) donc c'est un climat continental. Les précipitations sont stables, donc il s'agit d'un climat continental froid sans saison sèche. L'été est chaud car la température moyenne du mois le plus chaud est supérieure à 22 °C (juillet avec 24,3 °C). Le climat de Chicago est classé comme Dfa[152] dans la classification de Köppen, soit un climat continental humide avec été chaud.
Située à l'intérieur des terres, la ville est marquée par le caractère continental du climat et la circulation méridienne des masses d'air : la température moyenne annuelle est de 11 °C. L'amplitude thermique annuelle est forte (28 °C) ; les précipitations qui sont à peine supérieures à 900 mm par an sont plus irrégulières que sur le littoral atlantique et le maximum arrive en été sous forme d'averses chaudes, souvent dues à des orages de chaleur qui peuvent parfois produire de la grêle, des vents violents et plus rarement des tornades[153]. La température et le temps peuvent changer brutalement en hiver comme en été[154].
Les hivers sont froids voire rigoureux : le gel persiste longtemps, généralement de novembre à mars. Il est engendré par les descentes d'air froid (coldwaves) depuis le Canada qui ne trouvent aucun obstacle montagneux[154]. Le lac Michigan gèle partiellement chaque hiver. Si la neige peut tomber au début de l'automne et du printemps, elle est plus importante en hiver. Le blizzard se manifeste en hiver et peut paralyser la ville, comme les autoroutes et les transports en commun de la Chicago Transit Authority (CTA). Sur l'année, il tombe en moyenne 97 cm de neige[144].
Les étés sont chauds et humides à cause des vagues de chaleur qui remontent du golfe du Mexique et qui provoquent des canicules puis les fameux « étés indiens » au début de l'automne. Le surnom de la « ville des vents » (Windy City)[155] vient en partie du fait des vents, parfois violents, qui soufflent depuis le lac Michigan et qui s'engouffrent dans les rues de la métropole. Il existe des nuances climatiques dans l'agglomération : le climat est plus tempéré sur les rives du lac Michigan, qui agit comme un régulateur thermique en rafraîchissant les températures en été et en les rendant plus douces en hiver. Chicago bénéficie d'un ensoleillement relativement élevé pour une ville du Midwest avec 2 508,4 heures en moyenne par an. Le mois d'août est le plus pluvieux de l'année.
43 °C est le record de chaleur relevé le ; −32,7 °C est le record de froid relevé le [156]. La rafale la plus violente jamais enregistrée a lieu le : 140 km/h[N 3]. Au mois de juillet 1995, une canicule extrême de plusieurs jours consécutifs de 37 °C à 41 °C avec un indice de chaleur de 52 °C a causé la mort de centaines de personnes[157]. Le , une tempête de neige majeure touche la région de Chicago ; la hauteur de neige atteint les 58,4 cm en moyenne[N 4] avec des congères d'environ 1,80 mètre[N 5] dans certaines rues[158]. En 1979, une autre tempête de neige ayant affecté la ville génère de nombreuses critiques envers la municipalité de Chicago. Les blizzards de 1967 et 1979 sont les plus virulents de l'histoire de Chicago[159].
Quelques faits météorologiques remarquables :
- En juillet 1934, Chicago a connu six jours consécutifs avec des températures supérieures à 39 °C dont cinq consécutifs avec des températures supérieures à 40 °C.
- En juillet 1936, la ville a connu neuf jours consécutifs au cours desquels la température a dépassé 37,8 °C.
- Les 27 et 28 janvier 1967, la ville est touchée par un blizzard dont la hauteur de la neige atteint le niveau record de 60 cm en 35 heures.
- Le 2 janvier 1999, Chicago a connu la quantité de neige la plus élevée en 24 heures avec 47,2 cm.
- Le 18 juillet 2011, la ville a connu la quantité de précipitations la plus élevée en 24 heures avec 174,2 mm relevés à O'Hare.
- Le 6 janvier 2014, un vortex polaire a maintenu la température à −24 °C durant l'après-midi ce qui n'était que de 2 °C supérieur à la température minimale matinale.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | −7,5 | −5,4 | −0,4 | 5,2 | 10,7 | 16,3 | 19,4 | 18,7 | 14,2 | 7,5 | 1,5 | −5,2 | 6,2 |
Température moyenne (°C) | −3,7 | −1,5 | 4,1 | 10,3 | 16,2 | 21,7 | 24,3 | 23,4 | 19,3 | 12,4 | 5,5 | −1,5 | 10,9 |
Température maximale moyenne (°C) | 0,1 | 2,5 | 8,7 | 15,6 | 21,6 | 27 | 29,3 | 28,1 | 24,3 | 17,3 | 9,5 | 2,1 | 15,5 |
Record de froid (°C) | −31,7 | −28,9 | −21,7 | −12,2 | −2,2 | 1,7 | 7,8 | 6,1 | 1,1 | −6,7 | −19,4 | −28,9 | −31,7 |
Record de chaleur (°C) | 19,4 | 23,9 | 30 | 33,3 | 38,9 | 41,7 | 42,8 | 40 | 38,9 | 34,4 | 27,2 | 22,2 | 42,8 |
Ensoleillement (h) | 135,8 | 136,2 | 187 | 215,3 | 281,9 | 311,4 | 318,4 | 283 | 226,6 | 193,2 | 113,3 | 106,3 | 2 508,4 |
Précipitations (mm) | 52,1 | 49 | 69,3 | 92,2 | 104,6 | 103,1 | 101,9 | 101,3 | 84,1 | 82 | 86,9 | 65,3 | 991,9 |
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | −8,6 | −6,6 | −1,6 | 3,8 | 9,1 | 14,5 | 17,7 | 17,2 | 12,4 | 10 | 0,2 | −6,3 | 4,9 |
Température moyenne (°C) | −4,6 | −2,4 | 3,3 | 9,4 | 15,1 | 20,5 | 23,3 | 22,4 | 18,1 | 11,4 | 4,6 | −2,4 | 9,9 |
Température maximale moyenne (°C) | −0,6 | 1,8 | 8,1 | 15 | 21,1 | 26,5 | 28,9 | 27,7 | 23,8 | 16,8 | 9 | 1,6 | 15,1 |
Record de froid (°C) | −33 | −29 | −24 | −14 | −3 | 2 | 7 | 6 | −2 | −10 | −19 | −32 | −33 |
Record de chaleur (°C) | 19 | 24 | 31 | 33 | 37 | 40 | 41 | 39 | 38 | 34 | 27 | 22 | 41 |
Ensoleillement (h) | 135,8 | 136,2 | 187 | 215,3 | 281,9 | 311,4 | 318,4 | 283 | 226,6 | 193,2 | 113,3 | 106,3 | 2 508,4 |
Précipitations (mm) | 43,9 | 45,5 | 63,5 | 85,9 | 93,5 | 87,6 | 94 | 124,5 | 81,5 | 80 | 80 | 57,3 | 937 |
Communes limitrophes
[modifier | modifier le code]Subdivisions de la ville
[modifier | modifier le code]Secteurs et quartiers
[modifier | modifier le code]La ville de Chicago est divisée en 77 secteurs communautaires (Community Areas)[161], définis à la fin des années 1920 par le comité de recherche en sciences sociales de l'université de Chicago[162]. Ces secteurs communautaires furent essentiellement créés pour les données démographiques et statistiques de la ville de Chicago et du bureau du recensement des États-Unis et servent également de base à une variété d'initiatives en matière de planification urbaine, à la fois au niveau local et municipal.
Longtemps terre d'immigration, Chicago compte parmi ses habitants de nombreuses communautés d'origine étrangère, comprenant ainsi des Irlandais, des Italiens, des Russes, des Allemands, des Espagnols, des Polonais[N 6], des Chinois, des Coréens et des Mexicains. Elles affichent une volonté d'intégration, même si chacune reste attachée au quartier de sa communauté, et sont l'exemple vivant d'un « creuset démographique » (melting pot) qui, ici plus que partout ailleurs aux États-Unis, donne à la ville son caractère cosmopolite.
D'un point de vue géographique, la ville de Chicago est divisée par la rivière Chicago (Chicago River) en quatre sections[163] : North Side, Downtown, West Side et South Side qui incluent chacune de nombreux secteurs et quartiers de la ville. La section correspondant à Downtown Chicago est la plus petite et se compose des trois secteurs centraux qui constituent le centre-ville (ainsi que le central business district) : Near North Side, Loop et Near South Side. La section la plus grande est celle de South Side qui couvre à elle seule environ 60 % de la superficie totale de Chicago.
Chicago compte environ 228 quartiers (Neighborhoods) répartis à travers les 77 secteurs communautaires de la ville. Il s'agit pour certains d'entre-eux de quartiers « ethniques » qui maintiennent chacun une identité forte ; les plus connus sont situés non loin du secteur financier du Loop, comme Little Italy, Chinatown, Pilsen, Bronzeville, Greek Town, Bridgeport, Little Vietnam, Indian Village et Ukrainian Village ainsi que des quartiers allemands, polonais, afro-américains et hispano-américains, qui n'en sont pas très éloignés. La ville possède aussi des quartiers qui, sans être ethniques, sont très attractifs pour leurs habitants comme pour les visiteurs. Ainsi, Rogers Park, dans le North Side, secteur étudiant connu pour abriter l'université Loyola, passe pour être l'un des plus prisés de la ville. North Center, Lincoln Square et Uptown sont des secteurs liés aux affaires et sont dotés de centres commerciaux, boutiques et restaurants. Jefferson Park, un secteur historique et populaire du nord de la ville, connu à Chicago pour son parc éponyme. Lakeview, situé au nord de Lincoln Park, est l'un des secteurs les plus dynamiques de la ville et jugé très attrayant avec ses bars, ses boîtes de nuit et ses commerces. Le secteur de Lincoln Park est surtout connu pour être le secteur comprenant le plus grand parc public urbain de toute la ville, Lincoln Park. Dans le South Side, le secteur historique de Pullman est connu pour avoir abrité les usines de la Pullman Company et le secteur de Hyde Park pour renfermer dans ses limites l'université de Chicago et Jackson Park.
Downtown Chicago
[modifier | modifier le code]Loop
[modifier | modifier le code]Le secteur du Loop (qui signifie en français « la boucle ») représente la partie centrale de Downtown Chicago, qui est le deuxième plus important quartier d'affaires du continent américain après Manhattan[164]. Le Loop est bordé à l'est par les rives du lac Michigan, au nord et à l'ouest par la rivière Chicago et au sud par Roosevelt Road. Il comprend plusieurs quartiers, dont New Eastside qui a la particularité de posséder un réseau de rues qui s'enchevêtrent sur un triple niveau, South Loop, un quartier récent et animé, et Printer's Row, le « quartier des artistes ». Sa partie Est se compose de Grant Park qui renferme en son sein le Millennium Park. La Chicago Riverwalk, une promenade arborée longeant le bras principal de la rivière Chicago, se trouve au nord du secteur.
Le système de numérotation des rues de la ville commence dans le Loop à l'intersection de State Street et Madison Avenue, marquant ainsi l'importance de ce quartier pour l'ensemble de la ville. Enfin, le Loop est célèbre pour être le lieu de naissance des premiers gratte-ciel. Des bâtiments tels que le Montauk Building (1883), le Home Insurance Building (1885) et le Monadnock Building (1891) ont joué un rôle fondamental dans l'histoire de l'architecture moderne notamment grâce à l'ingéniosité des architectes de l'École de Chicago et à l'utilisation des structures métalliques.
Streeterville
[modifier | modifier le code]Situé dans le secteur de Near North Side, le quartier de Streeterville comprend de nombreux hôtels, des restaurants, des boutiques de luxe, des immeubles résidentiels de grande hauteur, des universités, des installations médicales, et des lieux culturels[165]. Plusieurs quartiers historiques se trouvent à Streeterville dont le Old Chicago Water Tower District et le Michigan–Wacker Historic District. Le Old Chicago Water Tower District comprend des édifices historiques tels que la Chicago Water Tower (un château d'eau en forme de tour) et la Pumping Station (une station de pompage), toutes deux conçues dans le style néogothique en 1869. Le Michigan–Wacker Historic District s'étend autour du pont de Michigan Avenue et comprend la Tribune Tower, siège de Chicago Tribune, le Wrigley Building ainsi que plusieurs bâtiments historiques datant des années 1920 tels que le 333 North Michigan.
Principaux quartiers ethniques
[modifier | modifier le code]Chinatown
[modifier | modifier le code]Situé dans le secteur d'Armour Square, au sud-ouest du Loop, le quartier chinois est très caractéristique avec sa rue commerçante, son hôtel de ville chinois et sa chambre de commerce (tous deux regroupés au sein du Pui Tak Center), son temple chinois, son musée Ling Long (qui retrace l'histoire des habitants du quartier), et son parc asiatique : le Ping Tom Memorial Park. Aujourd'hui, il abrite encore des descendants des premiers immigrants chinois arrivés dans la ville vers 1870[166], longtemps après les premiers peuplements de la Californie, de l'Oregon et de Washington, et ceux de la seconde vague d'immigration, qui vinrent s'établir dans les années 1950 et 1960 après la révolution communiste en Chine[167].
Le quartier chinois de Chicago est réputé pour ses nombreuses banques, ses restaurants chinois, ses boutiques, ses épiceries, ses magasins de médecine chinoise, et possède un grand nombre de services destinés aux personnes s'intéressant à la culture chinoise.
Outre le fait qu'il abrite une communauté chinoise, le quartier constitue un centre d'affaires d'importance régionale pour les Chinois vivants dans la région du Midwest, ainsi qu'une destination touristique. Le quartier chinois de Chicago est le troisième du pays en nombre d'habitants, derrière ceux de New York et de San Francisco. Chicago possède d'autres quartiers asiatiques comme Little Vietnam qui se trouve dans le secteur d'Uptown où vit une population majoritairement d'origine vietnamienne, cambodgienne, thaïlandaise et laotienne.
Bronzeville
[modifier | modifier le code]Bronzeville est le principal quartier afro-américain de Chicago. Il s'étale sur les secteurs de Douglas et Grand Boulevard autour de l'Institut de Technologie de l'Illinois. Dans ce quartier se trouvent le Wabash Avenue YMCA, un centre social historique et la Ida B. Wells-Barnett House, résidence de l'avocate des droits civiques Ida B. Wells. Érigé en 1927 dans Bronzeville, le Victory Monument est un Chicago Landmark[168] dédié au 8e régiment de la Garde nationale de l'Illinois, une unité afro-américaine qui a servi en France pendant la Première Guerre mondiale.
Au début du XXe siècle, Bronzeville est connu comme étant « la métropole noire » ; le quartier est l'un des Chicago Landmarks (CL) les plus significatifs de la nation en matière d'histoire urbaine afro-américaine. Entre 1910 et 1920, pendant la crête de la « Grande migration », la population du secteur augmente considérablement alors que des milliers d'Afro-Américains, opprimés et chassés par les Sudistes, émigrent à Chicago à la recherche d'un emploi dans l'industrie[169].
Pilsen
[modifier | modifier le code]Pilsen est un quartier mexicain situé dans le secteur de Lower West Side. À la fin du XIXe siècle, il est habité par les immigrés tchèques qui le nomment « Plzeň », du nom d'une région et d'une ville de République tchèque. Il reçoit également, en plus petit nombre, d'autres groupes ethniques de l'empire austro-hongrois : des Serbes, des Slovaques, des Slovènes, des Croates, des Bosniaques, des Hongrois et des Autrichiens, mais aussi des immigrés d'héritage polonais, estoniens, lettons et lituaniens. Au début du XXe siècle, ces immigrés travaillent en nombre dans les parcs industriels et les usines environnantes. Pilsen est autant peuplé de riches que de pauvres, ses habitants, pour la plupart de descendance slave, n'étant pas spécialement les bienvenus dans les autres quartiers résidentiels de Chicago. Aujourd'hui, Pilsen est un quartier à dominance mexicaine et se compose essentiellement de lotissements résidentiels.
Architecture et urbanisme
[modifier | modifier le code]Naissance des gratte-ciel
[modifier | modifier le code]L'architecture de Chicago a pendant longtemps influencé et reflété l'histoire de l'architecture américaine. La ville de Chicago comprend des bâtiments qui figurent parmi les premiers à être réalisés par des architectes aujourd'hui mondialement reconnus. Comme la plupart des bâtiments du centre-ville ont été détruits par le Grand incendie de Chicago en 1871, les bâtiments de Chicago sont réputés pour leur originalité plutôt que pour leur ancienneté. L'Exposition universelle de 1893 (World's Columbian Exposition) fut l'occasion de mettre en œuvre les théories du mouvement City Beautiful (années 1890 et 1900) et de construire des bâtiments de styles Beaux-Arts et néo-classique comme le musée Field d'histoire naturelle, le musée des Sciences et de l'Industrie, le Chicago Cultural Center, l'Art Institute of Chicago, le Congress Plaza Hotel, l'hôtel de ville de Chicago ou encore le Biograph Theater.
C'est au début des années 1880 que l'École de Chicago (Chicago School) acquit sa renommée internationale dans la construction en armature d'acier, puis, à partir des années 1890, dans l'utilisation des vitres pour les façades. Jusqu'aux années 1900, l'architecture de Chicago sera marquée par les réalisations de Daniel Burnham, Dankmar Adler, Louis Sullivan, William Holabird, Martin Roche et John Wellborn Root[170], tous issus de l'École de Chicago. Parmi les premiers bâtiments modernes de la ville, le Home Insurance Building, construit en 1885 par William Le Baron Jenney, est souvent considéré comme étant le premier gratte-ciel de l'histoire[171]. Bien que la majeure partie du bâtiment fut construite en brique et en pierre, il est le premier immeuble de grande hauteur à ossature métallique avec des colonnes en fonte et des poutres en acier. Les architectes de l'École de Chicago se concentrent sur les bases d'une architecture spécifiquement américaine qui favorise la simplicité des formes. Au début du XXe siècle, Chicago devient le principal foyer du mouvement architectural appelé Prairie School avec des maisons conçues par Frank Lloyd Wright et dont beaucoup sont classées Chicago Landmarks (CL) telles que la James Charnley House (1892) et la Robie House (1908-1910).
Le Montauk Building, conçu entre 1882-1883 par John Wellborn Root et Daniel Burnham, est le premier immeuble dont l'acier fut le principal matériau utilisé pour sa construction[172]. Dans son livre sur l'Exposition universelle de 1893, l'auteur et journaliste Erik Larson déclare que le Montauk Building est devenu le premier bâtiment à s'appeler un « gratte-ciel ». En 1885, le premier gratte-ciel à charpente en acier s'éleva à Chicago, déclenchant l'ère des gratte-ciel aux États-Unis, notamment à New York, puis dans le reste du monde. Dans le milieu des années 1890, Daniel Burnham, John Wellborn Root et Charles B. Atwood conçurent des immeubles avec des ossatures en acier, du verre et de la terre cuite. Cette nouvelle approche de l'architecture a été rendue possible grâce aux entrepreneurs modernes comme George A. Fuller et aux ingénieurs professionnels, en particulier ceux issus de la migration européenne.
Styles architecturaux et patrimoine
[modifier | modifier le code]Comme d'autres métropoles américaines, l'architecture de Chicago se caractérise par son éclectisme. En effet, la Tribune Tower, le 300 West Adams Building, la Pumping Station, des édifices religieux tels que l'église Sainte-Ita et l'église de la Sainte-Famille ainsi que plusieurs bâtiments situés sur le campus de l'université de Chicago sont de style néogothique. L'église Saint-Jean-de-Kenty et l'église Sainte-Hedwige sont de style néo-Renaissance. Classé monument historique, l'InterContinental Chicago Magnificent Mile est l'un des rares bâtiments de style néo-mauresque. Au début des années 1890, le style roman richardsonien fait son apparition avec le Courthouse Place et le Former Chicago Historical Society Building. Le style Art déco s'est imposé à la fin des années 1920 et a explosé à partir de 1930 avec le Chicago Board of Trade Building, le Merchandise Mart ou encore le Carbide & Carbon Building. Le style international s'est surtout imposé après 1945 avec le Crown Hall. Plusieurs quartiers ethniques se distinguent par leurs styles importés comme Chinatown (avec son temple chinois en pagode et sa chambre de commerce appelée Pui Tak Center) ou encore Ukrainian Village (avec ses églises orthodoxes à bulbes comme la cathédrale de la Sainte-Trinité). Dans les années 1960-1970, le désir de préserver le patrimoine architectural de la ville se développa. En 1966 est créée la Chicago Architecture Foundation qui permit la sauvegarde de l'une des plus anciennes demeures de Chicago, la John J. Glessner House, construite entre 1885 et 1886 par l'architecte Henry Hobson Richardson.
Aujourd'hui, le panorama urbain de Chicago compte parmi les plus importants du monde[173]. Selon le Council on Tall Buildings and Urban Habitat (CTBUH), il y avait 130 gratte-ciel dans la ville en 2020, ce qui fait de Chicago la deuxième métropole du continent américain après New York à posséder autant d'immeubles de grandes hauteurs dans ses limites municipales[174]. Selon la société Emporis, Chicago est la quatrième ville dans le monde par le nombre de gratte-ciel après Hong Kong, New York et Tokyo[175]. Les bâtiments historiques du centre-ville incluent le Chicago Savings Bank Building, le Peoples Gas Building, le Blackstone Hotel, le Second Leiter Building ou encore le Monadnock Building. De nombreux bâtiments classés ou d'intérêts historiques se trouvent en bordure du lac Michigan et de la rivière Chicago comme le Reid, Murdoch & Co. Building, le Wrigley Building et le Montgomery Ward Company Complex. Deuxième centre d'affaires après Manhattan, le secteur financier du Loop possède le troisième plus haut immeuble du continent, la Willis Tower ; achevée en 1973 et comprenant 108 étages, la tour est avec ses 442 mètres (527 mètres avec ses antennes) le plus haut gratte-ciel du monde jusqu'en 1998[176], et des États-Unis jusqu'en 2013. En 2009, la Trump International Hotel and Tower (423 mètres) devient le deuxième gratte-ciel de la ville et un des plus hauts des États-Unis. Des gratte-ciel construits récemment comme le St. Regis Chicago (363 mètres), le One Chicago (296 mètres), le One Bennett Park (256 mètres), le NEMA (273 mètres) et la Salesforce Tower Chicago (254 mètres) ou en projet comme la Tribune East Tower (433 m ; il sera à son achèvement le deuxième plus haut gratte-ciel de la ville[177]) redessinent le panorama urbain de Chicago.
Le code postal 60602 est considéré par le magazine Forbes comme étant l'adresse la plus charismatique du pays, comprenant dans ses limites des bâtiments classés dans les prestigieuses listes des lieux et édifices protégés comme les Chicago Landmarks (au niveau municipal) ainsi que les National Historic Landmarks et le Registre national des lieux historiques (au niveau fédéral). Des immeubles tels que l'Auditorium Building, le Rookery Building, le Carson, Pirie, Scott and Company Building, le Railway Exchange Building ou encore le Fine Arts Building y sont classés. La dernière génération de gratte-ciel Chicagoans se trouve dans les secteurs de Near North Side et Near South Side, situés respectivement au nord et au sud du secteur du Loop. En effet, si la grande majorité des immeubles de grande hauteur se situe dans le Loop (le quartier des affaires), les constructions s'étendent depuis plusieurs années sur les secteurs limitrophes. Enfin, des genres multiples de maisons urbaines et de condominiums peuvent être trouvés dans les différents quartiers de Chicago. Situées en bordure du lac Michigan, de vastes zones résidentielles s'étirant sur de longues bandes nord-sud sont caractérisées par des pavillons construits pendant le début du XXe siècle et après la Seconde Guerre mondiale.
Morphologie urbaine
[modifier | modifier le code]Depuis sa fondation en 1770, le développement de Chicago résulte d'une succession de paris faits par des urbanistes soucieux d'en faire une ville attrayante. Du fait de sa capacité à s'imposer comme un élément clé de l'organisation territoriale, la ville de Chicago joua un rôle de premier plan dans l'histoire des États-Unis. Ce devenir ne fut pas programmé. Qui aurait permis d'imaginer l'expansion de cette ville en ces lieux inhospitaliers et de la voir se transformer en quelques décennies seulement en l'une des métropoles les plus puissantes du continent américain.
Les contraintes naturelles du site sur lequel est bâti Chicago posèrent des problèmes d'aménagement aux autorités municipales. En effet, le site fut pendant longtemps une plaine marécageuse et la ville souffrit de cet environnement qui rendit très difficile l'installation de voies de communication et de systèmes d'égouts. Au cours des XIXe et XXe siècles, la ville de Chicago se développa vers l'ouest et sur les rives du lac Michigan pour atteindre une longueur nord-sud d'environ 45 kilomètres[178] sur une largeur est-ouest de 25 kilomètres (dans sa partie la plus large), comprenant au total une superficie terrestre de 588 km2. Avec une altitude moyenne d'environ 176 mètres au-dessus du niveau de la mer, le territoire de Chicago est établi sur des terrains assez plats.
Comme bon nombre de villes américaines, la structure urbaine de Chicago est conçue selon un système de rues en grille (appelé « plan hippodamien ») dans lequel il est facile de se repérer car les rues sont rectilignes et se croisent à angle droit, créant des îlots urbains de forme carrée ou rectangulaire[179]. Ce système a été repris à partir du XVIIe siècle par les urbanistes pour la construction des villes sur le continent américain comme ce fut le cas à Chicago. Le quartier de New Eastside, dans le nord-est du Loop, est constitué en grande partie d'un système de rues multi-niveaux ; à l'époque le manque d'espace constructible a conduit les ingénieurs à inventer des rues à étages.
Avant que le Grand incendie de 1871 ne ravage la majeure partie de Chicago, la ville ne comportait que des bâtiments de quelques étages. À la suite de cet événement, la reconstruction de Chicago permit aux architectes et urbanistes de penser la ville sur des critères beaucoup plus modernes[180]. De ce fait, l'incendie constitue un tournant dans l'histoire de Chicago. Il est d'ailleurs fréquent de dater la ville telle que nous la connaissons aujourd'hui par rapport à cet événement. Il faut attendre la reconstruction de la ville pour voir émerger les premiers immeubles de grande hauteur à la fin du XIXe siècle. Aujourd'hui, le secteur financier du Loop est composé en grande partie de gratte-ciel et d'immeubles comportant au moins 10 étages. Les secteurs limitrophes du Loop, tels que Near North Side et Near South Side, se composent aussi principalement de bâtiments à haute densité. Cependant, plus on s'éloigne vers l'extérieur plus les bâtiments deviennent petits, avec moins de 10 étages. Dans un rayon de 5 kilomètres autour du centre-ville, les immeubles se raréfient et les maisons urbaines de type brownstones comportant 4 à 5 étages se succèdent. Dans un rayon de 10 kilomètres autour du Loop, les quartiers périurbains se composent principalement de zones pavillonnaires et de lotissements constitués de maisons individuelles et de duplex ou plus rarement d'immeubles d'habitation.
En 1906, sous l'administration du maire de Chicago Edward Dunne, la municipalité fit appel aux architectes-urbanistes Daniel Burnham et Edward H. Bennett dans le cadre d'un vaste projet de renouvellement urbain (appelé « Plan de Chicago »[181]) visant à redéfinir le système de rues de Chicago à partir de critères modernes et adaptés aux contextes de l'époque, en effet la voiture se démocratise, la ville gagne 500 000 habitants par décennie, de plus l'assiette fiscale de la mairie permet de lancer de grands projets de ville. En 1909, la Chicago Plan Commission, une commission mise en place par la municipalité de Chicago, valide le plan de Burnham et Bennett qui prévoit un large système de rues en damier, incluant notamment la construction de nouvelles rues sur le concept d'alignement ; la restructuration, l'élargissement et l'embellissement des boulevards déjà existants ; la construction de plusieurs grands bâtiments municipaux ; la création de nouveaux parcs et espaces verts (comme Grant Park, Harold Washington Park et Jackson Park) ; la mise en place d'un nouveau chemin de fer ; la création d'installations portuaires ; et la modernisation de la plupart des boulevards et avenues[182]. Le mouvement City Beautiful inspira les boulevards et les promenades de Chicago[183].
Parcs et espaces verts
[modifier | modifier le code]Quand Chicago s'incorpora en tant que municipalité durant l'année 1833, elle choisit la devise « Urbs in Horto », une expression latine qui signifie en français la « ville dans un jardin »[184]. Aujourd'hui, elle est la deuxième ville après New York à posséder le plus de parcs et d'espaces verts aux États-Unis, totalisant 570 parcs municipaux[185],[186] (soit plus de 30 km2 de verdure) mais aussi 33 plages, 16 lagunes historiques, 9 ports en bordure du lac Michigan[187], 86 piscines, 90 aires de jeux, 230 gymnases, 66 centres de fitness, 9 patinoires couvertes, 11 musées, 2 jardins botaniques et un parc zoologique[188], ce qui fait du Chicago Park District le plus grand système urbain de gestion et d'entretien d'espaces verts de la nation.
Grant Park est un vaste parc public d'une superficie de 1,29 km2 situé dans la partie Est du secteur financier du Loop (Downtown Chicago). On y trouve l'Art Institute of Chicago et la célèbre Buckingham Fountain, une fontaine interactive monumentale située en son centre. Entre juin 1999 et juillet 2004, Grant Park a subi d'importants travaux d'aménagements dans sa partie nord-ouest pour accueillir l'un des lieux les plus attractifs de la ville : le Millennium Park[189] (le « parc du millénaire ») qui connaît un véritable attrait populaire depuis son ouverture[190]. Jackson Park, l'un des parcs les plus populaires de la ville, est situé dans le South Side et s'étend sur une superficie d'environ 2,2 km2 à cheval sur les secteurs de Woodlawn et Hyde Park. Il est surtout connu pour abriter le musée des Sciences et de l'Industrie et la statue de la République, œuvre du sculpteur Henry Bacon qui fut érigée en 1918 pour la célébration du 25e anniversaire de l'Exposition universelle de 1893[191] et du centenaire de l'État de l'Illinois[192]. Jackson Park, qui abrite également un jardin japonais connu sous le nom de « Garden of the Phoenix », est très prisé par les touristes et les résidents pour sa proximité avec les plages. Portant le nom de Potter Palmer, un homme d'affaires influent du Chicago des années 1900, le Palmer Park a vu le jour grâce à cet homme qui fit don à la ville de Chicago en 1904. Ce parc est fréquenté pour ses fresques murales et pour ses installations qui incluent des terrains de baseball, une salle de fitness, des salles de réunion, une piscine extérieure et des courts de tennis.
Créé en 1843, Lincoln Park s'étend sur 4,9 km2, ce qui en fait le plus grand parc public de la ville de Chicago. Nommé en l'honneur du président Abraham Lincoln, il accueille près de 20 millions de visiteurs tous les ans, une fréquentation le classant deuxième après Central Park à New York[193]. Le parc abrite entre autres le zoo de Lincoln Park (Lincoln Park Zoo), le jardin botanique de Lincoln Park (Lincoln Park Conservatory) et le musée d'histoire de Chicago (Chicago History Museum). La partie de Lincoln Park connue sous le nom de Alfred Caldwell Lily Pond a été désignée Chicago Landmark en 2002[194] puis a été ajoutée sur le prestigieux Registre national des lieux historiques et sur la liste des National Historic Landmark en 2006[195]. On peut citer Garfield Park, un autre parc de Chicago connu pour abriter le jardin botanique de Garfield Park, l'un des plus grands conservatoires de plantes des États-Unis[185]. Aménagé par l'urbaniste William Le Baron Jenney, le conservatoire occupe une surface d'environ 18 000 m2 et contient une grande variété de plantes rares et d'arbres provenant du monde entier. D'une superficie de 2,42 km2, Burnham Park s'étend tout en longueur sur 9,66 km en bordure du lac Michigan et abrite certaines structures municipales d'importance, telles que le stade de football du Soldier Field et le centre de convention du McCormick Place. À proximité se trouve le Museum Campus (le « parc des musées ») qui renferme le planétarium Adler, le musée Field et l'aquarium John G. Shedd[196].
D'une superficie de 48 ha, Northerly Island est une péninsule aménagée en parc comprenant un port de plaisance et plusieurs plages. Situé entre Burnham Park (au nord) et Jackson Park (au sud), Promontory Point s'étend sur 16 ha au bord du lac Michigan et offre un point de vue unique sur la skyline de Chicago. En plus des projets continus d'embellissement pour les nombreux espaces verts existants, un certain nombre de nouveaux parcs ont été créés ces dernières années dont le Ping Tom Memorial Park dans le quartier de Chinatown, aménagé en bordure de la branche sud de la rivière Chicago, avec ses jardins de bambous, ses pelouses bien entretenues, ses promenades et ses bateaux-dragons.
Lincoln Park, Grant Park, Jefferson Park, Palmer Park, Calumet Park et Eugene Field Park pour ne citer qu'eux sont protégés et inscrits sur le prestigieux Registre national des lieux historiques.
L'organisation mondiale pour la protection de l'environnement Greenpeace, en partenariat avec la ville de Chicago et le comté de Cook ont signé une charte pour la protection et la conservation des forêts situées dans le nord-ouest de la ville, notamment autour des secteurs de Dunning, O'Hare et Norwood Park[197]. Depuis plusieurs années ces forêts qui étaient menacées par l'expansion urbaine sont désormais protégées et classées comme étant des parcs naturels. Formée en 1975, Friends of the Parks (« Les amis des parcs » en français) est une association qui a pour but de surveiller et de défendre l'environnement dans la région de Chicago ; plus précisément, elle surveille le bon fonctionnement, l'entretien et la sécurité des parcs publics qui sont sous la responsabilité du Chicago Park District ainsi que les réserves forestières du comté de Cook qui sont sous la responsabilité du Forest Preserves of Cook County.
Population et société
[modifier | modifier le code]Démographie
[modifier | modifier le code]Historique des recensements | |||
Ann. | Pop. | %± | |
---|---|---|---|
1830 | 250 | — | |
1840 | 4 470 | ▲ +1 688 % | |
1850 | 29 963 | ▲ +570,31 % | |
1860 | 112 172 | ▲ +274,37 % | |
1870 | 298 977 | ▲ +166,53 % | |
1880 | 503 185 | ▲ +68,3 % | |
1890 | 1 099 850 | ▲ +118,58 % | |
1900 | 1 698 575 | ▲ +54,44 % | |
1910 | 2 185 283 | ▲ +28,65 % | |
1920 | 2 701 705 | ▲ +23,63 % | |
1930 | 3 376 438 | ▲ +24,97 % | |
1940 | 3 396 808 | ▲ +0,6 % | |
1950 | 3 620 962 | ▲ +6,6 % | |
1960 | 3 550 404 | ▼ −1,95 % | |
1970 | 3 366 957 | ▼ −5,17 % | |
1980 | 3 005 072 | ▼ −10,75 % | |
1990 | 2 783 911 | ▼ −7,36 % | |
2000 | 2 896 016 | ▲ +4,03 % | |
2010 | 2 695 598 | ▼ −6,92 % | |
2020 | 2 746 388 | ▲ +1,88 % | |
Est. 2023 | 2 664 452 | [1] | ▼ −2,98 % |
Données officielles (U.S. Census Bureau)[198] |
Avec son développement économique, la population de Chicago explose à partir des années 1850 : elle se multiplie par 3,7 en une décennie et accède à la neuvième place des villes les plus peuplées des États-Unis. À la fin du XIXe siècle, Chicago est la cinquième ville la plus peuplée du monde derrière Londres, New York, Paris et Berlin[9], et la ville ayant la croissance démographique et le développement urbain le plus important à ce moment-là[199]. Chicago est pendant près d'un siècle la deuxième ville des États-Unis derrière New York. Le maximum démographique est atteint en 1950, puis la ville entre en décroissance jusque dans les années 1990, la suburbanisation des classes moyennes faisant baisser la population de la ville au profit des banlieues résidentielles, elle cède ainsi sa place de seconde ville du pays au profit de Los Angeles.
En 2020, selon les estimations du Bureau du recensement des États-Unis, la ville de Chicago compte 2 746 388 habitants[10], ce qui représente plus de la moitié de la population du comté de Cook et un peu plus du cinquième de celle de l'État de l'Illinois.
Chicago est à ce jour la troisième ville la plus peuplée des États-Unis derrière New York et Los Angeles. La densité moyenne atteint 4 532 habitants au kilomètre carré : il s'agit d'un chiffre plus élevé qu'à Los Angeles, mais beaucoup moins important qu'à New York. Chicago est le siège du comté de Cook, qui est avec 5 275 541 habitants en 2020, le deuxième comté le plus peuplé des États-Unis après celui de Los Angeles[200].
Le revenu médian pour un ménage dans la ville est de 38 625 dollars, et de 42 724 dollars pour une famille. Les hommes ont un revenu médian de 35 907 dollars en moyenne contre 30 536 dollars pour les femmes. Le revenu par habitant dans la ville est de 20 175 dollars. 19,6 % de la population vivaient au-dessous du seuil de pauvreté dont 16,6 % comprend des familles[201]. De toute la population, 28,1 % des moins de 18 ans et 15,5 % des plus de 65 ans vivent au-dessous du seuil de pauvreté. De toute la population de la ville, 26,2 % ont moins de 18 ans, 11,2 % ont entre 18 et 24 ans, 33,4 % de 25 à 44 ans, 18,9 % de 45 à 64 ans, et 10,3 % 65 ans et plus. L'âge médian est de 32 ans. Pour environ 100 femmes, il y a 94 hommes. Pour 100 femmes de 18 ans et plus, il y a 91 hommes.
La proportion d'Afro-Américains est relativement importante (29,2 %) par rapport à d'autres villes comme New York (28 %) ou Los Angeles (12 %). Elle reste cependant inférieure à celle de Détroit, d'Atlanta ou de Washington, D.C. Les Hispaniques et Latinos représentent 28,6 % de la population, soit une proportion équivalente à celle de New York mais inférieure à celle de Los Angeles. Les trois quarts d'entre eux sont d'origine mexicaine[202].
Profil démographique | 1940 | 1970 | 1990 | 2010[203] | 2020[204] |
---|---|---|---|---|---|
Euro-Américains | 91,7 % | 65,6 % | 45,4 % | 45,0 % | 47,7 % |
—Blancs non hispaniques | 91,2 % | 59,0 % | 37,9 % | 31,7 % | 33,3 % |
—Hispaniques/Latino-Américains | 0,5 % | 7,4 % | 19,6 % | 28,9 % | 28,6 % |
Afro-Américains | 8,2 % | 32,7 % | 39,1 % | 32,9 % | 29,2 % |
Asio-Américains | 0,1 % | 0,9 % | 3,7 % | 5,5 % | 6,8 % |
En 2020, l'aire métropolitaine de Chicago (Chicago metropolitan area ; communément appelée « Chicagoland ») rassemblait quelque 9 618 502 millions d'habitants, ce qui en fait la troisième des États-Unis[14] et la quatrième d'Amérique du Nord[15] après celles de Mexico, New York et Los Angeles. La région métropolitaine de Chicago-Naperville-Joliet (MSA) regroupe 252 municipalités dont Chicago en constitue la ville centre. Elle s'étend sur trois États et comprend quatorze comtés, dont neuf comtés du nord-est de l'Illinois (Cook, DeKalb, DuPage, Grundy, Kane, Kendall, Lake, McHenry et Will), quatre comtés du nord-ouest de l'Indiana (Jasper, Lake, Newton et Porter), et un comté du sud-est du Wisconsin (Kenosha) couvrant une superficie totale de 24 800 km2. À l'échelle du continent américain (les Amériques), elle est la septième aire urbaine après celles de Mexico, New York, São Paulo, Rio de Janeiro, Los Angeles et Buenos Aires et se classe au 26e rang mondial pour sa population[205].
Selon l'American Community Survey pour la période 2010-2014, 64,11 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler l'anglais à la maison, 24,5 % déclare parler l'espagnol, 2,04 % le polonais, 1,65 % une langue chinoise, 0,83 % le tagalog, 0,53 % l'arabe et 6,34 % une autre langue[206].
En 2015, selon une étude de l'institut de sondage The Gallup, 3,8 % de la population de la ville s'identifient comme appartenant à la communauté LGBT : lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres (3,6 % au niveau national)[207],[208].
L'écart d'espérance de vie entre les habitants des quartiers riches et ceux des quartiers pauvres peut atteindre 30 ans[209].
Religion
[modifier | modifier le code]Avec son histoire cosmopolite, Chicago a un patrimoine religieux riche tel qu'il est représenté par l'architecture et les institutions à travers la ville.
Le christianisme est la religion dominante de la population de la ville (environ 54,14 % des Chicagoans)[212]. Il est représenté à travers ses différentes confessions, comprenant ainsi les catholiques, les protestants, les orthodoxes, les anglicans et les chrétiens orientaux (Églises des trois conciles). L'immigration en provenance de pays d'ancienne chrétienté d'Europe (d'Irlande, d'Italie, de Pologne…), d'Amérique latine (du Mexique, de Colombie, de Cuba…) et d'Afrique subsaharienne (d'Éthiopie, du Congo, de Nigeria…) grossit encore les rangs de ses fidèles. La francophonie est un signe tangible de la présence historique française dans la région, Chicago se compose aussi d'une communauté catholique Francophone[213]. D'autres religions sont représentées à Chicago, comme le judaïsme, l'hindouisme, le bouddhisme, l'islam, le sikhisme et le bahaïsme. En 2015, environ 59,87 % des habitants de Chicago étaient affiliés à une religion[212]. En raison de cette diversité, Chicago a une architecturale religieuse variée.
Grâce à sa taille et à sa notoriété, la ville de Chicago a acquis une reconnaissance mondiale dans le domaine de la religion. Elle a accueilli les deux premières réunions du Parlement des religions du monde[214]. La première eut lieu en 1893 à l'occasion de l'Exposition universelle et la deuxième en 1993 au Palmer House Hotel pour célébrer le centenaire de la première[214]. Chicago abrite de nombreuses institutions théologiques, qui incluent des séminaires, des écoles, des collèges tels que l'Institut Biblique Moody et des universités comme l'université DePaul et l'université jésuite Loyola par exemple. Chicago est le siège de nombreux chefs religieux et de toute une série d'évêques d'un large éventail de confessions chrétiennes. Le seul temple de la foi bahá'íe en Amérique du Nord est situé à Wilmette[215], en banlieue nord de Chicago.
D'éminentes personnalités religieuses ont visité la ville, dont le dalaï-lama et Mère Teresa. Le pape Jean-Paul II a visité Chicago en 1979 dans le cadre de son premier voyage aux États-Unis après avoir été élu à la papauté en 1978[216].
Avec 2 442 000 fidèles, Chicago accueille le troisième plus important archidiocèse catholique des États-Unis[217]. De ce fait, la ville possède un grand nombre d'édifices religieux, avec pas moins de deux cents églises sur son territoire. Parmi les édifices les plus notables, il y a la basilique Notre-Dame-des-Douleurs de Chicago de style néo-Renaissance qui est l'une des trois paroisses de la ville de Chicago à porter le titre de basilique. Elle fut la première à obtenir ce titre en 1956 par autorisation spéciale du pape Pie XII[218]. La cathédrale du Saint-Nom de Chicago est l'un des principaux sanctuaires catholiques de la ville et la cathédrale Saint-Jacques de Chicago est l'église-mère du diocèse épiscopalien de Chicago depuis 1955[219]. D'autres édifices notables comme l'église Saint-Stanislas-Kostka de Chicago et l'église Saint-Jean-de-Kenty de Chicago sont également de style néo-Renaissance. La ville compte aussi plusieurs églises orthodoxes dont la plus connue est sans doute la cathédrale de la Sainte-Trinité. Fondée en 1888, l'église Sainte-Hedwige de Chicago est une église catholique monumentale dépendant de l'archidiocèse de Chicago. Construite dans le style néo-Renaissance, son architecture rappelle la période faste de l'Union de Pologne-Lituanie ; elle est dédiée à sainte Hedwige. L'église de la Sainte-Famille de Chicago, de style néogothique, est l'une des plus anciennes églises catholiques de la ville et la première paroisse jésuite de Chicago. Le temple mormon de Chicago (Chicago Illinois Temple) est le principal temple de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours de la communauté mormone de Chicago[220].
Foyer de la congrégation First United Methodist Church of Chicago, le Chicago Temple Building est avec ses 173 mètres l'église la plus haute du monde[221],[222]. Administré par l'archidiocèse de Chicago et destiné aux jeunes gens se préparant à la prêtrise, le séminaire préparatoire archevêque Quigley (Archbishop Quigley Preparatory Seminary) a formé près de 2 500 prêtres[223], deux cardinaux[224], plus de 51 évêques[225], deux experts du concile Vatican II et de nombreux récipiendaires de la Medal of Honor et de la médaille présidentielle de la Liberté.
Chicago est le siège archiépiscopal ou épiscopal de plusieurs Églises :
- Archidiocèse de Chicago, catholique (voir aussi : liste des évêques et archevêques de Chicago) ;
- Éparchie Saint-Nicolas de Chicago des Ukrainiens, gréco-catholique de rite ukrainien ;
- Éparchie Saint-Thomas-l'Apôtre de Chicago des Syro-Malabars, catholique de rite syro-malabar ;
- Archidiocèse Saint-Thomas de Chicago ;
- Archidiocèse épiscopal de Chicago.
Criminalité et sécurité
[modifier | modifier le code]Chicago a presque définitivement fait oublier sa mauvaise réputation, héritée de la période agitée de la prohibition dans les années 1920 et 1930, quand les activités d'Al Capone et de la pègre lui valurent le surnom de « Capitale du crime ». Depuis la fin des années 1990, le sentiment d'insécurité a fortement baissé et il est tout à fait possible de se promener sans crainte dans la plupart des secteurs de North Side, Downtown et West Side. Cela est en partie dû au renforcement de la présence policière. Il est seulement conseillé aux touristes d'être vigilants et d'éviter de jour comme de nuit certains secteurs de South Side tels que Woodlawn, South Shore, Englewood, Greater Grand Crossing, Roseland, Riverdale, Pullman et West Pullman, et de certains secteurs de West Side tels que North Lawndale, Austin, West Garfield Park et East Garfield Park[226].
En 2006, selon le Chicago Police Department (CPD), la criminalité violente a baissé dans la ville de Chicago[137]. Entre 1997 et 2006, le nombre de crimes et délits (vols, cambriolages, violences, viols, meurtres, incendies criminels, dégradations volontaires etc.) a baissé de 34 %, passant de 254 573 à 166 057. On recensait dans la ville 761 meurtres en 1997, 467 en 2006, puis une nouvelle légère hausse avec 508 homicides en 2012 dont 82,4 % avec une arme à feu ; les meurtres représentent 1,3 % des violences commises contre les personnes. Malgré un pic des homicides commis dans la ville en 2012, cela reste inférieur en comparaison avec des villes plus petites comme Détroit et La Nouvelle-Orléans[227],[228].
Néanmoins en 2016, la ville connaît une recrudescence de meurtres et établit un nouveau record pour les vingt dernières années avec 762 meurtres. La ville totalise ainsi 5 376 meurtres en 10 ans. Seul un tiers des affaires de meurtre ont été résolues en 2016[229]. En 2020-2021, Chicago n'échappe pas à une recrudescence des homicides qui touche les grandes villes des États-Unis. C'est ainsi que 90 meurtres ont été recensés pour le seul mois de juin 2021. La maire de Chicago Lori Lightfoot, qui avait refusé l'aide de Donald Trump, a accepté les renforts fédéraux de Joe Biden[230].
En 2021, Chicago est devenue la ville américaine avec le plus grand nombre de carjackings. Chicago a commencé à connaître une augmentation significative de cette pratique de vol de voiture après 2019, et au moins 1 415 de ces crimes ont eu lieu dans la ville en 2020[231]. Selon le Chicago Police Department, les pirates routiers utilisent des masques faciaux largement portés en raison de la pandémie de Covid-19 en cours pour se fondre efficacement dans le public et dissimuler leur identité. Le 27 janvier 2021, la maire Lori Lightfoot a décrit l'aggravation de la vague de piraterie routière comme étant « une priorité » et a ajouté 40 policiers à l'unité des vols de voiture avec violence du CPD[232].