Duché d'Aquitaine — Wikipédia
(oc) Ducat d'Aquitània
Duché de Guyenne (à partir de 1259)
vers 675 – 781
877–1453
de gueules au léopard d'Or | |
Statut | Fief mouvant de la Francie occidentale puis du royaume de France puis du royaume d'Angleterre |
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Capitale | Poitiers (927-1216) Bordeaux (Aquitaine réduite à la Guyenne) |
Langue(s) | Latin médiéval Ancien occitan |
732 | Bataille de Poitiers |
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781-877 | Intégration dans le royaume d'Aquitaine |
1063 | Conquête du duché de Vasconie |
1152 | Possession Plantagenêt (par le mariage d'Aliénor d'Aquitaine) |
12 avril 1229 | Traité de Meaux |
8 mai 1360 | Traité de Brétigny |
1453 | Bataille de Castillon et prise de Bordeaux : rattachement définitif à la France |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Le duché d'Aquitaine, en latin ducatus Aquitaniae[1], couramment appelé, à partir du XIIIe siècle, « duché de Guyenne » en français et ducat de Guiana en gascon, est une entité politique issue de la province romaine d'Aquitaine créée par l'empereur Auguste[2]. Le duché d'Aquitaine, institué à l'époque mérovingienne (675), porte à l'époque carolingienne le nom de royaume d'Aquitaine, composante de l'Empire carolingien de Charlemagne. Le duché est reconstitué au Xe siècle comme fief du royaume de France. Sa capitale est Bordeaux, comme dans l'ancienne province romaine.
Un événement essentiel de l'histoire du duché d'Aquitaine est le mariage en 1152 de la duchesse Aliénor, héritière d'une longue lignée ducale, avec Henri Plantagenêt, qui devient roi d'Angleterre en 1154, de sorte que, de 1154 à 1453, le fief français d'Aquitaine est détenu par les rois d'Angleterre, une des causes du long conflit entre les monarques des deux royaumes.
Le duché d'Aquitaine joue notamment un rôle important au cours de la guerre de Cent Ans (1337-1453). C'est d'ailleurs la prise de Bordeaux par l'armée du roi de France Charles VII en 1453 qui marque la fin des combats dans cette guerre.
En 1469, le roi Louis XI, fils de Charles VII, attribue le duché de Guyenne à son frère Charles, mais celui-ci mourant sans enfant en 1472, le duché réintègre le domaine royal. À partir du XVIe siècle, il devient le gouvernement de Guyenne (appelé gouvernement de Guyenne et Gascogne à partir du XVIIe siècle).
Histoire
[modifier | modifier le code]De la province romaine au royaume carolingien
[modifier | modifier le code]Au Ve siècle, dans l'Empire romain d'Occident, la province romaine d'Aquitaine, entre la Loire et les Pyrénées, passe entièrement sous le contrôle des Wisigoths du royaume de Toulouse, fédérés de l'Empire. Après la fin de l'Empire d'Occident (476), commence la conquête de la Gaule par les Francs saliens de la région de Tournai, dirigés par Clovis, de la dynastie des Mérovingiens.
En 507, Clovis bat les Wisigoths à Vouillé et les contraint à se replier en Hispanie, où ils fondent le royaume de Tolède. L'Aquitaine entre dans le royaume des Francs.
Sous le règne de Charlemagne, le royaume d'Aquitaine est attribué à son fils Louis en 781. Devenu empereur en 814, Louis le Pieux attribue ce royaume à son fils Pépin (817).
Constitution du duché féodal d'Aquitaine
[modifier | modifier le code]De 828 à 902, le comté de Poitiers est disputé entre les deux familles des Guilhelmides et des Ramnulfides. Ce sont finalement ces derniers qui parviennent à conserver le comté et le réunissent au duché d'Aquitaine. En 854, Ramnulf Ier de Poitiers est le premier à cumuler les deux titres.
En 1063, à la suite de la bataille de La Castelle, l'Aquitaine absorbe le duché de Vasconie. Le comte de Gascogne Bernard II Tumapaler abandonne la Vasconie citérieure devant le duc d'Aquitaine Guillaume VIII.
À partir du XIIe siècle, le duc d'Aquitaine est l'un des six pairs laïcs primitifs.
Les deux mariages d'Aliénor (1137 et 1152)
[modifier | modifier le code]En 1137, Guillaume X d'Aquitaine meurt sans postérité mâle. Le duché revient donc à sa fille aînée Aliénor.
Dès 1137, celle-ci épouse Louis VII de France, faisant entrer le duché, ainsi que le comté de Poitou, dans le domaine royal de France.
En 1152, son divorce, suivi de son remariage avec Henri Plantagenêt, permet de réunir au sein d'une seule dynastie l'Anjou, le Maine, la Normandie, le Poitou et l'Aquitaine.
En 1154, Henri Plantagenêt devient roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II. Cet événement instaure la rivalité entre Capétiens et Plantagenêts tout d'abord à travers le comté de Toulouse (grande guerre méridionale), puis après son rattachement à la couronne de France lors de la croisade des albigeois.
Le duché des rois d'Angleterre (1154-1453)
[modifier | modifier le code]À partir du XIIIe siècle le nom de duché de Guyenne fut donné au duché d'Aquitaine lorsqu'il fut amoindri par les conquêtes des rois Philippe II Auguste, Louis VIII et, avant restitutions, par Louis XI. Ce nom apparaît pour la première fois dans le traité de Paris, conclu le (validé en 1259), entre Louis IX et Henri III Plantagenêt, roi d'Angleterre, traité qui restituait sa suzeraineté au roi d'Angleterre sur les terres de Guyenne et fiefs attenants (Limousin, Périgord, Saintonge...] sous condition de l'hommage-lige au roi de France, ce qui mettait fin à près d'un siècle de conflit entre les rois, Capétien de France et Plantagenêt d'Angleterre.
En 1294, la guerre de Guyenne, puis en 1324, la guerre de Saint-Sardos oppose la France à l’Angleterre pour la souveraineté de l'Aquitaine. La défaite d'Édouard II fragilisa sa position et il est déposé en 1326 à la suite de l'invasion de l'Angleterre par Isabelle de France.
En 1337, le duché se retrouve entraîné dans la guerre de Cent Ans. Édouard III d'Angleterre et duc de Guyenne fait valoir ses droits sur la succession de Charles IV le Bel. En 1355, partant de Bordeaux, le Prince Noir ravage le Languedoc. L'année suivante, un raid similaire ravage le Poitou. À l'issue du traité de Brétigny en 1360, la souveraineté anglaise sur la Guyenne et la Gascogne est confirmée et les territoires du Périgord, du Limousin, de l'Angoumois, de la Saintonge et de l'Armagnac deviennent anglaises. Entre 1370 et 1374, Bertrand du Guesclin va progressivement reconquérir la Guyenne pour le compte de Charles V. En 1375, seuls Bordeaux et Bayonne restent détenues par l'Angleterre.
Le 18 mai 1412, le parti des Armagnacs, en guerre civile face au parti des Bourguignons, négocie une alliance avec l'Angleterre par le traité de Bourges, où la cessation de la Guyenne était actée en l'échange d'un contingent de 4 000 soldats anglais. Néanmoins le traité n'est jamais entériné. Le duché repasse sous domination anglaise par le traité de Troyes de 1420.
Le duché après la défaite anglaise de Castillon (1453)
[modifier | modifier le code]Le duché est entièrement réuni au domaine royal après la bataille de Castillon (17 juillet 1453), la dernière de la guerre de Cent Ans (la paix ne sera cependant conclue qu'en 1475).
Donné en apanage à son frère Charles par Louis XI en 1469, le duché revient définitivement à la couronne de France à la mort de celui-ci en 1472.
Cartographie
[modifier | modifier le code]- Le sud-ouest du royaume de France en 1034.
- Duché d'Aquitaine
- Duché de Vasconie
- Comté de Toulouse
- Le duché d'Aquitaine (en rose) en 1154, lorsque Henri Plantagenêt devient roi d'Angleterre.
- Le royaume de France en 1328[3] avant le début de la guerre de Cent Ans.
- Territoires contrôlés par le roi d'Angleterre en 1328
- Anciennes possessions des Plantagenêt (1180) reprises par les rois de France
- Autres territoires du royaume de France
- Le royaume de France en 1429[4], partagé entre les Anglais, les Bourguignons et Charles VII, « roi de Bourges ».
Grands fiefs du duché d'Aquitaine
[modifier | modifier le code]Le comté de Poitou
[modifier | modifier le code]Les ducs d'Aquitaine sont aussi comtes de Poitiers et, du Xe siècle à la fin du XIIe siècle, leur résidence habituelle est au palais des comtes de Poitiers). Le mariage d'Aliénor avec Henri Plantagenêt a lieu dans la cathédrale de Poitiers.
Le comté de Poitou est confisqué par Philippe Auguste en 1202.
Autres fiefs
[modifier | modifier le code]Le duc est aussi suzerain de plusieurs fiefs :
- Comté de la Marche
- Comté d'Angoulême
- Comté du Périgord
- Comté d'Auvergne, qui rentre dans le domaine royal en 1271
- Comté du Velay
- Comté de Saintonge
- Vicomté de Limoges
- Seigneurie de Déols
- Seigneurie d'Issoudun
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Formule latine qu'on trouve encore, par exemple sur le blason de La Réole, qui date du Moyen Âge : Urbs Regula Ducatus Aquitaniae.
- La province de Gaule aquitaine d'Auguste s'étend des Pyrénées à la Loire. Elle est divisée vers 300 en trois provinces, Aquitaine I (Bordeaux), II (Bourges) et III (Eauze).
- 1328 est l'année de l'avènement de Philippe VI comme roi de France, cause directe de la guerre franco-anglaise.
- 1429 est l'année où Jeanne d'Arc contraint les Anglais à lever le siège d'Orléans et fait sacrer Charles VII à Reims : le début de la défaite pour les Anglais.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Recueil des historiens des Gaules et de la France, Paris 1781 (page 423), BNF.[réf. à confirmer]
- Claude Perroud, Des origines du premier duché d’Aquitaine, Paris, Hachette, , 287 p. (lire en ligne). — Réédition en 2009 (Nîmes, C. Lacour, coll. « Rediviva ») et en 2020 (Cressé, Éditions des régionalismes, coll. « Arremoludas »). Peut être complété par l’ouvrage suivant :
- Claude Perroud, La Chute du premier duché d’Aquitaine, s. l., Éditions du Bois-Menez, coll. « Textes oubliés / Études et mélanges de Claude Perroud » (no 6), , 71 p. (ISBN 978-2-490135-24-0 et 978-2-490135-25-7, ISSN 2557-8715 et 2679-3679, lire en ligne).