Huperzia selago subsp. selago — Wikipédia
- Lycopodium selago (L.) Basionyme
Huperzia selago subsp. selago est une espèce de lycopodes de la sous-famille des Huperzioideae. On la retrouve en Europe, en Amérique du Nord ainsi qu'au Japon.
Taxonomie
[modifier | modifier le code]Historique et dénomination
[modifier | modifier le code]Espèce décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1753, sous le nom initial de Lycopodium selago[1], reclassé dans le genre Huperzia par le botaniste allemand Johann Jakob Bernhardi en 1829.
Nomenclature
[modifier | modifier le code]Le nom actuelle de Huperzia selago subsp. selago est un autonyme, c’est-à-dire un nom créé automatiquement selon les règles du Code international de nomenclature pour les algues, champignons et plantes (ICN). Ce nom est généré lorsqu’un taxon est subdivisé pour la première fois en sous-espèces : la sous-espèce contenant le type nomenclatural hérite alors du nom répété, ici selago.
Dans ce cas, Huperzia selago subsp. selago désigne la sous-espèce correspondant à la description originale de l'espèce faite par Linné en 1753[2].
Nom vernaculaire
[modifier | modifier le code]Lycopode sabine, Lycopode sélagine ou Sélagine[3].
Étymologie
[modifier | modifier le code]On pense que selago, nom peut-être d’origine celtique, à été attribué par Pline au 1er siècle de notre ère a des conifères, et appliqué ultérieurement à des lycopodes à cause d’une certaine ressemblance des feuilles[4].
Description
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C’est un lycopode aux tiges dressées, de 5-15 cm de hauteur, ramifiées dichotomiquement et formant une touffe. Les feuilles sont rigides et coriaces, généralement d’un vert foncé. Les sporophylles sont peu différenciées, les sporanges étant portés à l’aisselle de feuilles semblable aux autres et ne formant pas d’épis distinctifs.
Il présente la particularité de se reproduire aussi par multiplication végétative grâce à des bulbilles feuillées de quelques millimètres formées près du sommet des tiges. Ces bulbilles se détachent facilement sous l’effet d’un choc et se développent en une nouvelle plante.
C’est une plante vivace à la fructification estivale, mais les spores ne sont parfois, principalement en Grande-Bretagne et en Europe du Nord, dispersées qu’au printemps suivant. Les tiges feuillées sont persistantes[4].
Risques de confusion
[modifier | modifier le code]Peut être confondu avec de grandes mousses, comme le genre Polytrichum, ainsi qu’avec Selaginella selaginoides[4].
Distribution et habitat
[modifier | modifier le code]Distribution
[modifier | modifier le code]On rencontre cette espèce dans les régions tempérées froides de l’hémisphère nord[4].
En Europe
[modifier | modifier le code]Sa répartition est vaste, couvrant tous les pays nordiques et toute l’Europe centrale, ainsi que le nord de la Russie, la Bielorussie, et l’Ukraine. Elle est fréquente aussi en Écosse mais plus disséminée dans le reste des îles Britanniques. Uniquement en montagne et se raréfiant beaucoup, à l’approche du bassin méditerranéen : Pyrénées et cordillère Cantabrique, en Espagne, Alpes et nord des Apennins en Italie, chaînes dinariques et Balkans[4].
En France, cette plante est en régression et ne se trouve pratiquement plus actuellement que dans les massifs montagneux ; massif vosgien, Jura, Alpes du Nord, Massif central, et sur toute la chaîne pyrénéenne. Elle est assez rare dans les massifs montagneux de Corse centrale et très rare dans les Alpes du Sud (région de Lus-la-Croix-Haute et Mercantour; redécouverte en 2000, en Ubaye, dans les Alpes-de-Hautes-Provence où elle n’avait pas été revue depuis le XIXe siècle), ainsi que dans les Ardennes. Cette plante est très localisée aussi sur la périphérie du Massif central : Limousin, monts du Forez, Mézenc et Plateau ardéchois, Aubrac, Rouergue siliceux (Palanges), Cévennes, Aigoual, monts de Lacaune. Elle a existé en quelque localités de basse altitude, dans le bassin Parisien, et principalement en Bretagne et Normandie armoricaine. Elle ne survit plus qu’en quelques populations extrêmement réduites dans les monts d’Arrée dans le Finistère[5].
Hors d'Europe
[modifier | modifier le code]On la rencontre en Asie, à travers la Sibérie jusqu’au Kamtchatka et au Japon, et plus au sud dans le Caucase et l’Himalaya. Également au Groenland et en Amérique du Nord, principalement dans une grande partie du Canada et dans le nord-est des États-Unis. L’espèce à été remplacée par Huperzia suberecta aux Açores et à Madère[4].
Habitat
[modifier | modifier le code]C’est une plante montagnarde des terrains siliceux ou calcaire acidifiés en surface. Pousse soit à découvert sur les rebords rocheux, dans les landes à callune et myrtille ou à rhododendrons, ainsi que dans les tourbières, soit en sous-bois, dans les endroits frais, talus humide, berges de ruisseaux ou rochers. Optimum de 500-600 m jusqu’à plus de 2000 m d’altitude. Elle descend exceptionnellement en plaine sous les latitudes française, dans les landes à bruyères et des tourbières, mais des stations de basse altitude sont plus fréquentes en Europe du Nord[4].
Nombre chromosomique
[modifier | modifier le code]Le nombre chromosomique et le degré de ploïdie sont encore mal connus et ne semble pas constants à travers l’aire européenne de l’espèce. Des anomalies dans le déroulement de la méiose ont parfois été observées, suggérant des phénomènes d’hybridations; il semble donc s’agir d’un groupe plutôt que d’une seule espèce[4].
Utilisation par les Gaulois
[modifier | modifier le code]Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle mentionne une plante nommée selago et ressemblant à la sabine[6]. Elle n'est pas identifiée avec certitude, mais Georges Dottin dans son ouvrage La Langue gauloise l'identifie à Huperzia selago[7].
Ce rite de cueillette, à rapprocher de celui que Pline décrit pour le gui, semble indiquer que la plante est sacrée et prise aux dieux, ce qui nécessite un sacrifice en compensation et des marques de respect. Pour Armand Delatte, il n'est pas forcément question de passer son bras droit par le trou gauche de sa tunique, mais simplement de cueillir la plante à travers la tunique à l'endroit du bras gauche[8].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ C. Linnaeus, Species Plantarum, Tomus II, 1753, page 1102.
- ↑ N.J Turland et al., Code international de nomenclature pour les algues, champignons et plantes, Genève, , 316 p. (ISBN 978-2-8277-0137-7, DOI 10.5281/zenodo.377010, lire en ligne), chap. 26.3. (« Noms des taxons de rang inférieur a l'espèce »), p. 87
- ↑ « Huperzia selago (L.) Bernh. ex Schrank & Mart. », sur Tele Botanica (consulté le )
- Rémy Prelli et Michel Boudrie, Les Fougères et plantes alliées d'Europe, Editions Biotope, , 528 p. (EAN 9782366623208), p. 44-45
- ↑ Rémy Prelli et Michel Boudrie, Les Fougères et plantes alliées d'Europe, Editions Biotope, , 528 p. (EAN 9782366623208), p. 431
- ↑ Encyclopédie de l'Arbre Celtique, Selago
- ↑ G. Dottin, La langue gauloise, Paris, 1920
- ↑ Armand Delatte, Herbarius : recherches sur le cérémonial usité chez les anciens pour la cueillette des simples et des plantes magiques, 1938
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (fr) INPN : Huperzia selago (L.) Bernh. ex Schrank & Mart., 1829 (TAXREF)
- (en) Flora of North America : Huperzia selago
- (en) Catalogue of Life : Huperzia selago (L.) Bernh. (consulté le )
- (fr) Tela Botanica (France métro) : Huperzia selago (L.) Bernh. ex Schrank & Mart., 1829
- (fr) Tela Botanica (La Réunion) : Huperzia selago (L.) Bernh. ex Schrank et Mart.
- (fr + en) ITIS : Huperzia selago (L.) Bernh. ex Schrank & Mart.
- (en) NCBI : Huperzia selago (taxons inclus)
- (en) GRIN : espèce Huperzia selago (L.) Bernh. ex Schrank & Mart.