Murshid — Wikipédia
Murshid (arabe : مُرْشِد, « guide »), ou Murād (مُرَاد)[1], est un mot qui désigne souvent les maîtres spirituels dans le soufisme[2]. Le disciple s'appelle, lui, murīd (arabe : مُريد), c'est-à-dire aspirant à la connaissance mystique[3]. Dans l'alévisme, murshid correspond au rang de dede ou chef spirituel.
Étymologie
[modifier | modifier le code]« Murshid » est un terme qui dérive de la racine Râ' - Shîn - Dâl, qui porte l'idée de « suivre la bonne direction, le bon chemin » et encore d'« être bien dirigé ». Dans cette même racine, on trouve le mot rashîd, qui signifie « réfléchi, raisonnable, sensé ». Enfin, la forme verbale 'arshada signifie « conseiller, diriger, guider, enseigner » et celui qui fait cela est un murshid, donc un « conseiller, pilote, guide »[4].
Autres dénominations
[modifier | modifier le code]On trouve aussi, pour désigner le guide spirituel dans le soufisme, les mots murâd (au sens de « celui qui est désiré » par celui qui désire, c'est-à-dire le murîd). Mais ce guide spirituel est aussi connu sous le nom de pir (en persan : پیر) ou de shaykh (arabe شَيْخ), autrement dit d'« ancien » et par là « directeur spirituel »[1],[5]. On emploie aussi en Asie du Sud, en particulier dans les confréries Chistiyya et Naqshbandiyya, le mot khawdja[1].
Caractéristiques
[modifier | modifier le code]Murshid est le nom généralement donné aux maîtres ou guides spirituels dans le soufisme. Le disciple est appelé murid (arabe : مُريد (), l'aspirant, l'adhérent. Le terme murshid est courant dans les )confréries soufies soufis telles que la Qadiriyya, la Chishtiya, la Shadhiliya ou encore la Suhrawardiya. Le chemin du soufisme commence lorsqu'un étudiant (murid) prête serment d'allégeance ou bay'a (bai'ath) à un guide spirituel (murshid). Pour être effectif, ce pacte doit être accompagné par la récitation à voix haute de ce verset du Coran (Al-Fath, 10[6]): « Ceux qui te [= Mahomet] font allégeance ne le font qu'à Dieu : c'est la main de Dieu qui se pose sur les leurs. »
Le murshid a pour rôle de guider spirituellement et d'instruire verbalement le disciple sur son chemin soufi, mais seul celui qui est arrivé au bout du chemin peut être un guide spirituel au sens plein du terme « murshid ». Habituellement, un murshid est autorisé[Par qui ?] à être enseignant pour une tariqa (voie mystique). Toute tariqa soufie a un murshid, qui est en même temps le chef d'un ordre spirituel.
Au sein du soufisme, il s'agit de la transmission de la lumière divine du cœur du murshid à celui du disciple, lumière qui surpasse toute autre source de connaissance et constitue la seule manière de progresser directement vers le divin. Le concept de murshid est important dans la plupart des tariqas. Il suppose que de la forme de préexistence à la prééternité, il restera toujours un Qutb (en)(« pôle » ou « homme universel ») sur la Terre, qui serait la manifestation parfaite d'Allah, et suivrait les traces de Mahomet.
Notes
[modifier | modifier le code]- (en) Carl W. Ernst (en) & Bruce B. Lawrence, Sufi Martyrs of Love. Chisti Sufism in South Asia and Beyond, New York, Palgrave Macmillan, 2002, xiv + 241 p. (ISBN 978-1-403-96027-6) p. 19
- Rachida Chih (Préface de Michel Chodkiewicz), Le soufisme au quotidien. Confréries d'Égypte au XXe siècle. Arles, Sinbad - Actes Sud, 359 p. (ISBN 978-2-742-72548-9) p. 350.
- Chih 2000, p. 350
- Daniel Reig, Dictionnaire arabe-français / français-arabe, Paris, Larousse, 1998, rééd. 2015 (ISBN 978-2034-51336-7). V. entrée no 2087
- Dominique Sourdel et Janine Sourdel, Dictionnaire historique de l’islam., Paris, PUF, (réimpr. 2004, coll. Quadrige dicos), 1010 p. (ISBN 978-2-130-47320-6), p. 668
- Traduction Jacques Berque. Le Coran. Essai de traduction. Albin Michel, 1995.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Rochdy Alili, Qu'est-ce que l'islam, Paris, La Découverte, , 367 p. (ISBN 978-2707-12554-5), p. 204-205
- Chikh Bouamrane et Louis Gardet, Panorama de la pensée islamique, Paris, Sinbad, , 368 p. (ISBN 2-727-40203-1), p. 207-210
- Rachida Chih (préf. de Michel Chodkiewicz), Le soufisme au quotidien. Confréries d'Égypte au XXe siècle, Paris - Arles, p. 350., Sinbad - Actes Sud, , 359 p. (ISBN 978-2-742-72548-9), chap. IV (« Maîtres et disciples »), p. 171-240
- Alexandre Popovic (Dir.) et Gilles Veinstein (Dir.), Les Voies d'Allah. Les ordres mystiques dans le monde musulman des origines à aujourd'hui, Paris, Fayard, , 711 p. (ISBN 978-2-213-59449-1), passim — V. Index p. 694, entrées murchid et murîd
- (en) Annemarie Schimmel (trad. de l'anglais et de l'allemand par Albert Van Hoa, préf. de Carl W. Ernst (en)), Le soufisme ou les dimensions mystiques de l'islam, Paris, Cerf, (1re éd. 1996), 637 p. (ISBN 978-2707-12554-5), p. 134-137 et passim — V. Index, entrée « Sheikh (guide spirituel) », p. 626