Nationalisme chypriote turc — Wikipédia
Le nationalisme chypriote turc est un nationalisme ethnique favorable à l'indépendance de la république turque de Chypre du Nord et soutient essentiellement que cette dernière demeure indépendante de la Turquie, tout en s'opposant à l'idée d'une Chypre unie avec la république de Chypre dominée par la Grèce. L'objectif du taksim, c'est-à-dire la division de l'île de Chypre en parties turque et grecque, est largement répandu parmi les nationalistes chypriotes turcs. Néanmoins, un nombre considérable d'entre eux souhaitent l'annexion de Chypre par la Turquie[1],[2].
Histoire
[modifier | modifier le code]En 1911, des rassemblements contre l'Énosis (unification de Chypre et de la Grèce) sont organisés par les Chypriotes turcs autour de l'île. Ces rassemblements constituent le premier incident majeur du nationalisme chypriote turc au XXe siècle, et la première action organisée contre l'Énosis par les Chypriotes turcs[3]. Les années 1920 sont une décennie décisive en termes de compartiments ethno-religieux plus stricts ; de ce fait, les Chypriotes turcs restés sur l'île adoptent peu à peu l'idéologie du nationalisme turc en raison de l'impact de la révolution kémaliste[1].
Dans les années 1950 et 1960, le nationalisme chypriote turc se développe principalement en réaction au nationalisme grec et chypriote grec et à leur désir de réalisation de l'Énosis[4],[5],[6]. Dans un premier temps, les Chypriotes turcs sont favorables au maintien de la domination britannique[7]. Cependant, ils sont alarmés par les appels à l'Énosis lancés par les Chypriotes grecs, constatant que l'union de la Crète à la Grèce avait entraîné l'exode des Turcs crétois, ce qui constituait un précédent à éviter[8],[9], et prennent une position partisane face à l'activité militante de l'EOKA[10]. Le slogan « Taksim ou la mort » est fréquemment utilisé lors des manifestations chypriotes turques et turques à la fin des années 1950 et tout au long des années 1960. Bien qu'après les conférences de Zurich et de Londres, la Turquie semble à la fois accepter l'existence de l'État chypriote et se distancier de sa politique de partage de l'île, l'objectif des dirigeants turcs et chypriotes turcs reste la création d'un État turc indépendant dans la partie nord de l'île[11].
Le 6 août 1964, des unités de la Garde nationale chypriote et des groupes armés chypriotes turcs commencent à s'affronter près de Kókkina. Le 8 août 1964, après avoir attendu près de deux jours, la Turquie intervient, lorsqu'il était devenu évident que les Chypriotes grecs ne se retireraient pas de Kókkina, mais se contenteraient d'engager des forces de siège de plus en plus nombreuses jusqu'à ce que les Chypriotes turcs soient à court de fournitures. Cet incident marque un tournant important dans le nationalisme tant turc que chypriote turc, et provoque une montée massive des opinions nationalistes parmi les Chypriotes turcs. Cette augmentation est majoritairement favorable à l'idée d'une annexion turque de Chypre[12],[13].
Le 20 juillet 1974, la Turquie envahit l'île à la suite d'un coup d'État parrainé par la junte grecque contre le président Makários III, dans le but d'unifier l'île à la Grèce.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Turkish Cypriot nationalism » (voir la liste des auteurs).
- (en) Ilia Xypolia, British Imperialism and Turkish Nationalism in Cyprus, 1923-1939 : divide, define and rule, Routledge, , 204 p. (ISBN 9781138221291, lire en ligne)
- (en) George Kyris, The Europeanisation of Contested Statehood: The EU in northern Cyprus, Routledge, , 168 p. (ISBN 978-1317032748, lire en ligne)
- (tr) « KIBRIS » , sur users.metu.edu.tr (consulté le ).
- (en) Niyazi Kizilyürek, « The politics of identity in the Turkish Cypriot communit : a response to the politics of denial ? » , sur persee.fr, (consulté le ).
- (en) Judy Carter, George Emile Irani et Vamik D. Volkan, Regional and Ethnic Conflicts : Perspectives from the Front Lines, Taylor and Francis, (ISBN 978-1317344667, lire en ligne)
- (en) Yiannis Papadakis, Nicos Peristianis et Gisela Welz, Divided Cyprus: Modernity, History, and an Island in Conflict, Indiana University Press, , 250 p. (ISBN 9780253111913, lire en ligne)
- (en) Daria Isachenko, The Making of Informal States : Statebuilding in Northern Cyprus and Transdniestria, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 37 p. (ISBN 9780230392076, lire en ligne)
- (en) Chrysostomos Pericleous, Cyprus Referendum: A Divided Island and the Challenge of the Annan Plan, I.B.Tauris, , 448 p. (ISBN 9780857711939, lire en ligne)
- (en) Farid Mirbagheri, Historical Dictionary of Cyprus, Scarecrow Press, , 288 p. (ISBN 9780810862982, lire en ligne)
- (en) Behlul Ozkan, From the Abode of Islam to the Turkish Vatan: The Making of a National Homeland in Turkey, Yale University Press, , 283 p. (ISBN 978-0-300-18351-1, lire en ligne)
- (it) Giampiero Bellingeri et Matthias Kappler, Cipro oggi, Bologne, Il Ponte, , 77 p. (ISBN 978-88-89465-07-3, lire en ligne)
- (en) Pierre Oberling, The Road to Bellapais: The Turkish Cypriot Exodus to Northern Cyprus, Social Science Monographs, , 256 p. (ISBN 0880330007, lire en ligne)
- (en) Clement H. Dodd, The History and Politics of the Cyprus Conflict, Palgrave Macmillan, , 352 p. (ISBN 978-0-230-27528-7, lire en ligne)