Ordinatio Imperii — Wikipédia
Droit romano-germain
Nom court | Ordinatio Imperii |
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Type de document | Capitulaire |
Législateur | Louis le Pieux |
Année | |
Langue | Latin |
L'Ordinatio Imperii — l'Ordonnancement de l'Empire, en latin[1] — est un capitulaire édicté à Aix-la-Chapelle, en , par l'empereur Louis le Pieux, fils et successeur de Charlemagne, afin de régler la succession de l'Empire carolingien.
Son texte nous est parvenu par un unique manuscrit, coté ms. Paris lat. 2718 fol. 76r-77v, qui est une copie insérée dans un codex, le Parisiensis latinus 2718, provenant de l'ancienne église collégiale Saint-Martin de Tours et conservé à Paris, par la Bibliothèque nationale de France[2].
Contexte
[modifier | modifier le code]Le , à Rome, le roi des Francs et des Lombards, Charlemagne, est couronné empereur par le pape Léon III, relevant ainsi une dignité disparue, en Europe occidentale, depuis l'abdication, le , de Romulus Augustule, le dernier empereur romain d'Occident.
En 806, Charlemagne organise sa succession. Il réunit les grands en assemblée à Thionville et décide un partage de ses territoires en trois royaumes attribués à ses trois fils légitimes : Charles le Jeune, Pépin d'Italie et Louis le Pieux[3]. Le titre impérial n'est attribué à aucun d'eux. Mais Pépin meurt en 810 et Charles en 811.
En 813, Charlemagne réunit les grands en assemblée à Aix-la-Chapelle et leur fait proclamer Louis le Pieux co-empereur.
Charlemagne meurt le à Aix-la-Chapelle. Louis le Pieux lui succède et, en 816, est couronné empereur, à Reims, par le pape Étienne IV.
Louis le Pieux a alors trois fils légitimes : Lothaire, l'aîné ; Pépin, le cadet ; et Louis, le benjamin.
Deux conceptions dynastiques entrent alors en confrontation. D'un côté, la coutume germanique[réf. nécessaire], que soutient l'aristocratie, veut que le territoire sur lequel règne un souverain soit divisé entre tous ses fils légitimes après sa mort ; c'est ainsi qu'il en a été décidé pour la totalité des souverains mérovingiens et carolingiens jusqu'à Louis le Pieux. De l'autre, une conception nouvelle, celle de l'indivisibilité du titre impérial au même titre que celui du pape, c'est-à-dire le fait qu'une seule personne peut être empereur. Cette conception est soutenue par les ecclésiastiques.
Contenu
[modifier | modifier le code]L'empereur trouve alors un compromis entre ces deux conceptions[4],[5],[6].
Lothaire, le fils aîné, est désigné comme le principal successeur et est immédiatement couronné par son père comme empereur associé. Les territoires soumis à son pouvoir ne sont pas décrits puisqu'il hérite de l'imperium, l'autorité suprême, sur l'empire entier.
Ses deux frères n'exerceront, quant à eux, qu'une autorité limitée. Leur pouvoir est défini comme une potestas, c'est-à-dire comme un pouvoir d'exécution qui reste subordonné à l'auctoritas dont il dépend. D'autre part, leur pouvoir ne s'exercera que sur des territoires délimités, correspondant à d'anciennes principautés périphériques : Pépin, le cadet, sur le duché d'Aquitaine, celui de Vasconie et la marche de Toulouse ainsi que sur quatre comtés : celui de Carcassonne, en Septimanie, et ceux d'Autun, d'Avallon et de Nevers, en Burgondie ; et Louis, le benjamin, sur la Bavière. Enfin, ils ne disposeront de leurs royaumes qu'après la mort de leur père.
Suites
[modifier | modifier le code]Cette constitution, si elle satisfait les évêques, choque la majorité des grands laïcs de l'empire et s'avère trop novatrice par rapport aux coutumes franques. De plus, elle devient caduque en 823 lorsque naît un quatrième fils de Louis, le futur Charles le Chauve. Cette constitution est en grande partie responsable des guerres civiles qui suivront dans l'empire.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (fr) Joseph Canning, Histoire de la pensée politique médiévale (300-1450), trad. en français par Jacques Ménard, Paris, Éditions du Cerf, coll. Vestigia - Pensée antique et médiévale, 2003, p. 96, extraits en ligne sur books.google.fr (consulté le 6 mars 2014)
- (fr) Présentation du manuscrit, dans Catalogue général des manuscrits latins, Paris, Bibliothèque nationale, Département des manuscrits, 1952, tome III : Nos 2693 à 3013 A, pp. 22-25 (consulté le 5 mars 2014)
- (fr) [1] (consulté le 5 mars 2014)
- Laurent Theis, L'Héritage des Charles : De la mort de Charlemagne aux environs de l'an mil, Nouvelle histoire de la France Médiévale, II, Points Histoire
- Balard et Genêt 1988, p. 51.
- Balard et Genêt 1988, p. 52.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Michel Balard et Jean-Philippe Genêt, Des Barbares à la Renaissance, vol. 14/456/9, t. 20, Paris, Hachette, coll. « Initiation à l'Histoire », , 280 p. (ISBN 978-2-01-006274-2)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Texte de l'Ordinatio Imperii
- (la) Texte, dans Monumenta Germaniae Historica, Capitularia regum Francorum, I, VIII : Hludowici Pii Capitularia (814-827), texte n° 136, pp. 270-273, en ligne sur www.dmgh.de
- Sur l'Ordinatio Imperii
- (en) Mickael Frassetto, « Ordinatio Imperii », dans John M. Jeep (éd.), Medieval Germany: An Encyclopedia, New York, Garland, 2001, p. 581, en ligne sur books.google.fr
- (de) Thomas Bauer, « Die Ordinatio Imperii von 817, der Vertrag von Verdun 843 und die Herausbildung Lotharingiens », dans Rheinische Vierteljahrsblätter, Bonn, Röhrscheid, vol. LVIII (1994), pp. 1-24, en ligne sur www.mgh.de
- (en) Peter R. McKeon, « 817: A Disastrous and Almost Fatal Year for the Carolongians », en ligne sur www.history.ubc.ca, le site officiel du département d'histoire de l'Université de la Colombie-Britannique (Canada)