Pierre II (roi d'Aragon) — Wikipédia

Pierre II d'Aragon
Illustration.
Pierre II le Catholique, enluminure issue du Liber feudorum Ceritaniae. Unique représentation contemporaine du souverain, réalisée entre 1200 et 1209. fol. 64v. Reg. n.º 4. Archives de la Couronne d'Aragon.
Titre
Roi d'Aragon

(17 ans, 4 mois et 18 jours)
Prédécesseur Alphonse II le Chaste
Successeur Jacques Ier le Conquérant
Comte de Barcelone

(17 ans, 4 mois et 18 jours)
Prédécesseur Alphonse II le Chaste
Successeur Jacques Ier le Conquérant
Seigneur de Montpellier

(9 ans)
Prédécesseur Guilhem IX de Montpellier
Successeur Jacques Ier le Conquérant
Biographie
Titre complet Roi d'Aragon, comte de Barcelone, de Gérone, d'Osona et Cerdagne, de Besalú, de Pallars Jussà, de Sobrarbe et de Ribagorce, seigneur de Montpellier
Dynastie Maison de Barcelone
Date de naissance vers 1178
Lieu de naissance Huesca
Date de décès
Lieu de décès Muret
Père Alphonse II d'Aragon
Mère Sancie de Castille
Conjoint Marie de Montpellier
Enfants Jacques Ier
Sancie († 1206)
Pierre de Rege et Constance (enfants illégitimes)

Pierre II (roi d'Aragon)
Souverain de la couronne d'Aragon

Pierre II d'Aragon dit « le Catholique » (en catalan Pere el Catòlic, en castillan Pedro el Católico), né vers 1178, peut-être à Huesca, et mort le à Muret, est roi d'Aragon et comte de Ribagorce de 1196 à 1213 (sous le nom de « Pierre II »), comte de Barcelone, de Gérone, de Besalú, de Pallars Jussà de 1196 à 1213 (sous le nom de « Pierre Ier »), comte de Gévaudan de 1196 à 1213, seigneur de Montpellier et baron d'Aumelas de 1204 à 1213.

Fils aîné du roi Alphonse II d'Aragon et de Sancie de Castille, Pierre nait vers 1178, probablement à Huesca. Il passe son enfance dans cette ville avec son frère Alphonse. Il est fait chevalier par son père à Sigena en 1188[1].

Roi d'Aragon

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Alphonse II meurt le à Perpignan. Suivant le testament de son père, Pierre II n'est pas censé régner avant d'avoir atteint 20 ans, sa mère devant être tutrice du royaume. De plus, le testament donne à Pierre II le royaume d'Aragon et les comtés de Barcelone, de Roussillon et de Pallars, tandis que son frère Alphonse hérite des comtés de Provence, du Gévaudan et la vicomté de Millau. En , Pierre II prend officiellement possession de ses États lors d'une cérémonie au cours de laquelle il jure de respecter les fueros devant les Cortes réunies à Daroca.

Les premières années de son règne, un conflit l'oppose à sa mère. Il finit par lui accorder les châteaux d'Embid, Épila et Ariza en 1200. L'année suivante, ils se rencontrent à Daroca afin de mettre définitivement fin à leurs désaccords. Pierre doit ensuite s'assurer de la fidélité de Guerau III de Cabrera, vicomte d'Àger et de Cabrera, qui menace le comté d'Urgell. En 1200, il commande la compilation du Liber feudorum Ceritaniae, cartulaire qui compile ses droits en Cerdagne, dans le Roussillon et le Conflent.

Couronnement à Rome

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Pierre II se rend en Italie à la fin de l'année 1204. Il est couronné le en la basilique Saint-Pancrace de Rome par le pape Innocent III[1]. Il prête allégeance au Saint-Siège, jurant de défendre la foi catholique, ce qui est à l'origine de son surnom. Il est le premier roi d'Aragon à être couronné des mains du souverain pontife. Cette reconnaissance de la suzeraineté pontificale ne semble pas avoir été agréée par tous en Aragon[réf. nécessaire].

Il mène une politique monétaire hasardeuse, afin de financer ses guerres, et baisse la valeur de la monnaie. Il concède à la ville de Montpellier le privilège de nommer ses propres magistrats.

Lutte contre les Almohades

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La Couronne d'Aragon (en bleu) de 1195 à 1224.

Pierre II poursuit l'expansion de son royaume vers le sud, en luttant contre les Almohades. Il repousse la frontière au sud de l'Aragon et s'empare de plusieurs villes, comme Mora de Rubielos (1198), Manzanera (1202), Rubielos de Mora (1203) et Camarena (1205). En 1201, il fonde l'ordre militaire des chevaliers de Saint-Georges d'Alfama et lui confie des terres dans la région de Tortosa, afin qu'ils protègent les côtes catalanes des pirates musulmans et l'aident dans ses nouvelles conquêtes. En 1210, il mène la guerre contre le taïfa de Valence et s'empare d'El Cuervo, Castielfabib et Ademuz, au nord de ce royaume.

Pierre II réaffirme également son alliance avec le royaume de Castille. Les rois d'Aragon et de Castille, Pierre II et Alphonse VIII, se rencontrent en 1204 à Campillo, près de Tarazona : la frontière entre les deux royaumes est définitivement fixée en ce lieu. Pierre II apporte une aide matérielle à Alphonse VIII lors de ses campagnes contre le royaume de Navarre d’une part et les musulmans d’autre part. Il participe, aux côtés des rois de Castille et de Navarre à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, au cours de laquelle les Almohades subissent une défaite décisive.

Politique provençale

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Carte du royaume d'Aragon et de ses vassaux sous le règne de Pierre II.
La bataille de Muret d'après une enluminure du XIVe siècle (Grandes Chroniques de France, BNF, Ms français 2813, fol. 252v.).

Le royaume d'Aragon est fortement implanté dans le sud du royaume de France : le roi aragonais est l'héritier de la politique comtale barcelonaise qui, depuis le milieu du XIe siècle, s'étend au-delà des Pyrénées, contre les ambitions des comtes de Toulouse. Les rois d'Aragon sont comtes de Carcassonne et du Razès en titre, même si leurs vassaux, les vicomtes Trencavel, prêtent hommage alternativement aux comtes de Toulouse et aux rois d'Aragon afin de préserver leur indépendance. Plusieurs autres seigneurs reconnaissent la suzeraineté du roi d'Aragon, tels que le comte de Comminges, le comte de Bigorre et le vicomte de Béarn. Les autres territoires au nord des Pyrénées, les comtés de Provence, du Gévaudan et de Millau ont été cédés à son frère Alphonse de Provence.

Pierre II est proche de la culture provençale et occitane. Sous son règne, les influences provençales et occitanes pénétrent la cour aragonaise. Pierre II lui-même se forge l'image d'un chevalier idéal « de haute stature et d'allure altière ». Il reçoit à la cour les troubadours Raimon de Miraval, Guiraut de Calanso et Guy d'Uzès.

Le roi d'Aragon est d'abord amené à s'intéresser aux affaires de Provence, à la suite du conflit qui oppose son frère au comte de Forcalquier, Guillaume IV. Il développe ensuite une politique matrimoniale intense. En 1200, sa sœur, Éléonore, épouse Raymond, héritier du comte de Toulouse et les deux frères concluent un traité d'amitié avec lui. En , Pierre II épouse Marie de Montpellier, séparée depuis 1201 de Bernard IV de Comminges et fille unique de Guilhem VIII, seigneur de Montpellier. Cependant, à cause d'une forte antipathie l'un pour l'autre, les deux époux se séparent rapidement. En 1206, Pierre II réclame l'annulation du mariage, afin d'épouser Marie de Montferrat, mais le pape Innocent III s'y oppose[1]. Les Montpelliérains doivent recourir à un subterfuge pour aboutir à la naissance de l'infant Jacques en 1208. Ce dernier est le seul enfant légitime du couple.

Pierre renforce son emprise sur Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers et de Carcassonne, et obtint de lui l'hommage. En 1204, il force son frère et le comte de Forcalquier à faire la paix.

Héros de Las Navas de Tolosa

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La situation et les rapports de force sont bouleversés en 1208 par le déclenchement de la croisade des albigeois. Les croisés, menés par Simon de Montfort, s'emparent de Béziers et mettent le siège devant Carcassonne. Pierre II se rend à Carcassonne afin de convaincre son vassal, Raimond-Roger, de discuter avec les croisés.

En , Pierre II assiste à Narbonne à une entrevue entre Simon de Montfort, Raimond VI et les légats Arnaud Amaury, évêque de Narbonne, et Raimond, évêque d'Uzès. Le but de la rencontre est de trouver un accord entre le comte de Toulouse et les croisés. Simon de Montfort propose de fiancer sa fille avec l'héritier du roi d'Aragon, Jacques Ier. Il jure fidélité à Pierre II pour le comté de Carcassonne, tandis que Jacques est envoyé en otage auprès de lui, dans cette ville.

Revenu en Aragon, Pierre II contribue à la victoire chrétienne de Las Navas de Tolosa en [1]. Mais dès les premières semaines de 1213, son attention se porte à nouveau vers Toulouse. Il prend sous sa protection les comtes de Toulouse, de Foix et de Comminges, et le , Raymond VI rend hommage à Pierre II d'Aragon. Le , les deux hommes et le comte de Foix investissent Muret, où Simon de Montfort et les croisés se sont réfugiés. Le , les croisés de Simon de Montfort écrasent les coalisés au cours de la bataille de Muret. Pierre II, héros de Las Navas de Tolosa est tué au combat par l'épée d'un chevalier artésien, Alain de Renty. Raymond VI, d'ailleurs en butte avec l'évêque Foulques de Marseille, ne peut alors éviter la conquête de Toulouse par Simon IV de Montfort en et s'exile à la cour d'Aragon à Barcelone.

Le cadavre du roi, excommunié par le pape, est ramené par les chevaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Toulouse. En 1217, le pape Honorius III accepte que sa dépouille soit mise en terre et il est définitivement enterré dans le monastère Sainte-Marie de Sigena, près de Huesca[1].

Il a donné son nom au lycée Pierre d'Aragon qui se situe à Muret.

Notes et références

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  1. a b c d et e (es) Esteban Sarasa Sánchez, « Pedro II de Aragón », Diccionario Biográfico Español. [lire en ligne]

Bibliographie

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  • Michel Roquebert, Histoire des cathares, Paris, Perrin, coll. « Tempus », , 544 p. (ISBN 2262018944).
  • (es) Martín Alvira Cabrer, « La Cruzada Albigense y la intervención de la Corona de Aragón en Occitania: El recuerdo de las crónicas hispánicas del siglo XIII Hispania », Revista española de historia, vol. 60, nº 206, 2000, pp. 947-976 (ISSN 0018-2141).
  • (es) Martín Alvira Cabrer, 12 de Septiembre de 1213: El Jueves de Muret, Université de Barcelone, Barcelone, 2002 (ISBN 978-84-477-0796-6).
  • (es) Martín Alvira Cabrer, Muret 1213. La batalla decisiva de la Cruzada contra los Cátaros, Ariel, Barcelone, 2008 et 2013 (ISBN 978-84-477-0796-6).
  • (es) Martín Alvira Cabrer, Pedro el Católico, Rey de Aragón y Conde de Barcelona (1196-1213). Documentos, Testimonios y Memoria Histórica, 6 vols., Saragosse, Institución Fernando el Católico (CSIC), 2010. (ISBN 978-84-9911-066-0) [lire en ligne]
  • (es) Damian J. Smith, « Motivo y significado de la coronación de Pedro II de Aragón Hispania », Revista española de historia, vol. 60, nº 204, 2000, pp. 163-179 (ISSN 0018-2141).
  • (ca) Jordi Ventura i Subirats, Pere el Catòlic i Simó de Montfort : els càtars, Catalunya i les terres occitanes Selecta-Catalònia, Barcelone, 1996 (ISBN 978-84-7667-078-1).

Liens externes

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