Pierre Viénot — Wikipédia
Pierre Viénot | |
Pierre Viénot en 1936, alors sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères. | |
Fonctions | |
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Député français | |
– (9 ans, 11 mois et 30 jours) | |
Élection | 1er mai 1932 |
Réélection | 26 avril 1936 |
Circonscription | Ardennes |
Législature | XVe et XVIe (Troisième République) |
Groupe politique | PSF-PRS (1932-1935) USR (1935-1937) SOC (1937-1940) |
Prédécesseur | Firmin Leguet |
Successeur | Circonscription supprimée |
Sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères | |
– (1 an) | |
Premier ministre | Léon Blum |
Gouvernement | Blum I |
Successeur | François de Tessan |
Ambassadeur de la France libre auprès du Royaume-Uni | |
– (1 an) | |
Gouvernement | France libre |
Biographie | |
Date de naissance | |
Date de décès | (à 46 ans) |
Parti politique | PSF (1932-1935) USR (1935-1937) SFIO (1937-1944) |
Conjoint | Andrée Mayrisch |
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Pierre Viénot, né le à Clermont (Oise) et mort à Londres le , est un homme politique et résistant français.
Député des Ardennes depuis 1932, il soutient le Front populaire et participe au gouvernement Léon Blum comme sous-secrétaire d'État de à . Refusant l'armistice en 1940, il fait partie des parlementaires qui s'opposent au régime de Vichy. Deux fois incarcéré, il rejoint la France libre dont il est l'ambassadeur auprès du gouvernement britannique de 1943 à sa mort en . Il est Compagnon de la Libération.
Biographie
[modifier | modifier le code]Pierre Louis Gustave Viénot est fils d'Adolphe Henry Viénot, notaire à Clermont (Oise) et d'Eugénie Sophie Marie Fidéline Blanche[1].
Il fait ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly, à Paris et s'engage pendant la Première Guerre mondiale, avant même ses dix-huit ans. Sa participation au conflit n'est interrompue que par une permission pour passer son baccalauréat. Même la blessure par balle qu'il reçoit le lors de la bataille de la Somme n'entame pas sa détermination, puisqu'il refuse l'évacuation à l'arrière. Il est de nouveau blessé, plus grièvement, à Villers-Cotterêts, en .
Après des études de droit, il entre au cabinet du maréchal Lyautey, résident général français au Maroc. Si le conservatisme du maréchal ne plaît guère à Pierre Viénot, homme de gauche, il est très influencé par le libéralisme que manifeste le résident général vis-à-vis des Marocains, son grand respect des individus et des coutumes locales. Il noue lors de cette période des liens étroits avec le maréchal[2], mais aussi avec Wladimir d'Ormesson, Paul Desjardins, Félix de Vogüe, André Gide.
De 1923 à 1925, il effectue plusieurs séjours en Allemagne pour préparer le concours d'entrée au Quai d'Orsay ; de 1925 à 1930, Pierre Viénot s'attache à promouvoir un rapprochement entre la France et l'Allemagne. Il conçoit l'idée de former une association franco-allemande : ce sera le Comité franco-allemand d'information et de documentation (de) (CFAID), fondé à Luxembourg en 1926 et patronné par l'industriel luxembourgeois Émile Mayrisch. Il rencontre d'ailleurs à cette période la fille de ce dernier, Andrée Mayrisch, qu'il épouse le à Paris. Il a présidé le bureau berlinois du comité jusqu'en 1929 ; il est alors désavoué du fait de dissensions internes[3],[4],[5].
Le couple Viénot s'installe en 1930 dans les Ardennes et en 1932, Pierre Viénot devient député de Rocroi, avec l'étiquette du Parti socialiste français ; il a défendu en 1931 les ardoisiers qui sont atteints par la crise. Réélu en 1936, il devient sous-secrétaire d'État chargé des protectorats du Maghreb et des mandats du Proche-Orient. Il négocie, à l'automne 1936, les traités accordant l'indépendance au Liban et à la Syrie. Ces traités ne sont pas ratifiés, en raison de l'hostilité du Sénat, mais ils servent de base pour l'indépendance effective de ces pays, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sa politique et son discours à la radio tunisienne du visant à renforcer les droits des Tunisiens lui valent d'être considéré par les plus influents colons comme « l'Antéchrist » (Charles-André Julien). Il a pour chef de cabinet Pierre Bertaux et sera lié à Habib Bourguiba.
En , à la suite du renversement du gouvernement Léon Blum, il adhère à la SFIO. L'année suivante, il critique les accords de Munich et dirige, avec Pierre Brossolette et Daniel Mayer, le groupe Agir, principale organisation socialiste prônant la fermeté face à l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste. Il se ressent de sa blessure de 1918 et doit suivre des cures en sanatorium. Ce qui ne l'empêche pas de militer avec son ami Léo Lagrange, dans le journal Agir pour une modernisation de l'armée comme le conseille le colonel de Gaulle.
En 1939, il s'engage de nouveau, mais sa santé et son âge le contraignent à rester à l'arrière du front ; il dirige alors des émissions de la Radio Nationale en langue allemande[6]. En juin 1940, il s'embarque sur le paquebot Massilia avec vingt-sept autres parlementaires. Arrivé à Rabat, il est placé en résidence surveillée par l'administration. Renvoyé en France métropolitaine, il est condamné par le tribunal militaire de Clermont, en , à huit ans de prison avec sursis pour « désertion devant l'ennemi ». Ensuite, délivré de ses ennuis avec la justice du régime de Vichy, il fonde le mouvement politique CAS (Comité d'action socialiste) en . Il s'engage dans la Résistance, aux côtés, notamment, de Daniel Mayer et André Philip.
En 1942, il est arrêté puis incarcéré, placé en résidence surveillée puis, malade, muté au sanatorium de Sancellemoz[7] mais parvient à s'évader l'année suivante. Il rejoint alors le général de Gaulle à Londres, et lui porte une lettre d'Édouard Herriot. Dès lors, et jusqu'à son décès, il est l'ambassadeur de la France libre auprès du gouvernement britannique. À ce titre, il fait partie des officiels français qui obtiennent que la France ne soit pas administrée par un Gouvernement militaire allié des territoires occupés (AMGOT), mais par le Gouvernement provisoire de la République française, créé à Alger le . Il accompagne le général de Gaulle dans son voyage en Normandie libérée.
Mais ces efforts ont été trop lourds à supporter pour son organisme devenu fragile, et il est emporté par une crise cardiaque un mois plus tard.
Sa femme sera sous-secrétaire d'État en 1946, députée et maire de Rocroi[8]. Tous deux reposent au cimetière de Chooz (Ardennes).
Honneurs
[modifier | modifier le code]Décorations
[modifier | modifier le code]- Chevalier de la Légion d'honneur (pour sa participation à la Première Guerre mondiale)
- Compagnon de la Libération à titre posthume par décret du [9]
- Croix de guerre – (2 citations, une à l'ordre du régiment en 1916 et une à l'ordre du corps d'armée en 1918)
- Insigne des blessés militaires (2 blessures, en 1916 et en 1918)
Hommage
[modifier | modifier le code]La ville de Revin a fait ériger un buste dans le quartier La Campagne.
Œuvres
[modifier | modifier le code]- Is Germany finished? (Incertitudes allemandes) , Londres : Faber and Faber, 1931.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Archives départementales de l'Oise, état-civil numérisé de Clermont, 3E157/41, NMD 1897-1899, acte de naissance No 300 de l'année 1897, image 85 de la numérisation.
- celui-ci l'appelle mon fils dans sa correspondance
- "Les Documents politiques, diplomatiques et financiers", février 1929
- Guido Müller, « Pierre Viénot et le bureau berlinois du Comité d'études franco-allemand », dans Hans Manfred Bock, Gilbert Kreps, Échanges culturels et relations diplomatiques. Présence française à Berlin au temps de la République de Weimar, Presses Sorbonne nouvelle, (lire en ligne), p. 51-68
- Pierre Bertaux, Un normalien à Berlin, Presses Sorbonne nouvelle, , p. 116-117
- son dernier message : Vous gagnez des batailles. Quoi qu'il arrive encore vous ne gagnerez pas la guerre. Vous ne pouvez la gagnez!
- Biographie de Pierre Viénot.
- Archives départementales de l'Oise, état-civil numérisé de Clermont, 3E157/41, NMD 1897-1899, mention en marge de l'acte de naissance No 300 de l'année 1897, image 85 de la numérisation.
- « Ordre de la libération »
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Pierre Vienot. Ses discours et messages, préface par André Gide, Mort de Pierre Viénot, allocution d'Emmanuel d'Astier, radiodiffusée le , hommage à la mémoire de Pierre Viénot, discours prononcé par René Massigli le , London, Harrison and sons.
- Pierre Renouvin et René Rémond, Léon Blum, chef de gouvernement, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1981 (1re éd., 1967)
- Marc Sadoun, Les Socialistes sous l'Occupation, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1982
- Guido Müller, Pierre Viénot et le bureau berlinois du Comité d'études franco-allemand, in Hans Manfred Block, Gilbert Krebs (dir.), Échanges culturels et relations diplomatiques: présences françaises à Berlin au temps de la République de Weimar, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2004 (Lire en ligne)
- Gaby Sonnabend, Pierre Viénot ( 1897-1944 ): ein Intellektueller in der Politik, Oldenbourg Wissenschaftsverlag, Munich 2005 (En ligne sur perspectivia.net)
- « Pierre Viénot », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
Liens externes
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- Ressource relative à la vie publique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Biographie sur le site de l'ordre de la Libération