Pilar Llop — Wikipédia
María Pilar Llop Cuenca ([maˈɾia piˈlaɾ ˈʎop ˈkwɛ̃ŋka][a]) est une juge et femme politique espagnole née le à Madrid, proche du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Elle est ministre de la Justice depuis .
Licenciée en droit de l'université complutense de Madrid, elle est juge depuis 1999, spécialisée dans la violence de genre depuis 2009. Entre 2011 et 2015, elle est administratrice au Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ).
Elle s'engage en politique en 2015, comme candidate puis députée socialiste à l'Assemblée de Madrid. Son nom est évoqué l'année d'après pour se présenter aux élections générales. Elle démissionne en 2018 pour devenir déléguée du gouvernement contre la violence de genre.
Elle renonce à ce poste au bout de neuf mois pour se représenter à l'Assemblée de Madrid en comme deuxième de liste du PSOE, après avoir été pressentie pour se présenter à la mairie de Madrid. À l'issue du scrutin, elle échoue à prendre la présidence du parlement régional puis elle est désignée sénatrice.
À l'ouverture de la XIVe législature des Cortes Generales en , elle est élue au second tour de scrutin présidente du Sénat. Elle devient en ministre de la Justice à la faveur d'un ample remaniement ministériel.
Vie privée
[modifier | modifier le code]María Pilar Llop Cuenca naît le à Madrid dans une famille modeste. Elle est la fille d'un chauffeur de taxi originaire de Barcelone — qui sera par la suite employé de banque — et d'une coiffeuse issue d'une famille des Asturies. Elle parle parfaitement catalan, maîtrise l'anglais, le français et l'allemand, et manie le bulgare[1],[2],[3].
Elle est mariée et mère d'une fille[4].
Formation et vie professionnelle
[modifier | modifier le code]Elle est licenciée en droit de l'université complutense de Madrid, puis elle suit une formation en traduction juridique de l'anglais et de l'espagnol à l'université d'Alicante[5].
Elle intègre la carrière judiciaire en 1999 et devient alors juge pénale à Mataró. Ayant atteint en 2004 le grade de magistrate, elle travaille au sein de la direction générale de la Coopération de la Commission européenne sur les questions judiciaires entre 2006 et 2009. Elle retrouve ensuite la magistrature, comme juge de violence de genre à Madrid[2],[6],[7].
Entre 2011 et 2015, elle exerce d'importantes responsabilités administratives auprès du Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ) en tant qu'administratrice au sein du cabinet technique. Elle est ainsi cheffe de l'Observatoire de la violence domestique et de genre, puis secrétaire de la commission de l'Égalité, du Forum Justice et Handicap, et enfin du comité de direction[8].
Engagement politique
[modifier | modifier le code]Députée régionale
[modifier | modifier le code]Elle se place en disponibilité en 2015, afin de se présenter aux élections à l'Assemblée de Madrid du 24 mai. Elle figure en 8e position sur la liste du Parti socialiste de Madrid-PSOE (PSM-PSOE), conduite par l'universitaire sans étiquette Ángel Gabilondo, elle-même n'appartenant pas au PSOE[9].
À l'issue du scrutin, elle est élue députée à l'Assemblée de Madrid, où elle est porte-parole du groupe parlementaire socialiste pour la justice et membre de la députation permanente[7].
Dans la perspective des élections générales anticipées du 26 juin 2016, son nom est cité comme candidate pour occuper la deuxième place de la liste du PSOE dans la circonscription de Madrid, dont la première position est réservée au candidat du parti à la présidence du gouvernement, en l'espèce Pedro Sánchez. Ce dernier choisit finalement d'investir une autre magistrate proche des socialistes, Margarita Robles[10],[11].
Déléguée contre la violence de genre
[modifier | modifier le code]En , elle renonce à son mandat de parlementaire après que le nouveau gouvernement socialiste de Pedro Sánchez l'a nommée déléguée contre la violence de genre[12].
Au mois de septembre suivant, elle est perçue comme une potentielle candidate à la mairie de Madrid, qui échappe aux socialistes depuis 1989, pour des élections municipales de mai 2019, mais elle s'y oppose, ne se voyant pas mener campagne. Les socialistes choisissent finalement Pepu Hernández comme chef de file municipal[13],[14].
Elle est finalement relevée de ses fonctions à sa demande le , afin de participer aux élections à l'Assemblée de Madrid du 26 mai 2019, en deuxième position sur la liste dirigée par Gabilondo[15].
Après le scrutin, au cours duquel la liste socialiste arrive en tête mais sans possibilité de forger une majorité, elle est proposée par son groupe parlementaire comme candidate à la présidence de l'Assemblée lors de l'ouverture de la XIe législature, le . Soutenue par Más Madrid et Podemos, elle recueille 64 voix, soit trois de moins que la majorité absolue et quatre de retard sur le député de Ciudadanos Juan Trinidad[16].
Présidente du Sénat
[modifier | modifier le code]Elle est désignée en juillet sénatrice par l'Assemblée de Madrid[17]. Sous la XIIIe législature, elle occupe la présidence de la commission parlementaire de la Défense[18].
À la suite des élections anticipées du 10 novembre 2019, la commission exécutive du PSOE la choisit comme candidate à la présidence du Sénat en remplacement de Manuel Cruz, tandis que Meritxell Batet est confirmée pour présider le Congrès des députés[6]. Pilar Llop est effectivement élue à cette fonction le suivant au second tour, par 130 voix — à seulement trois voix de la majorité absolue — contre 109 au conservateur madrilène Pío García-Escudero[19]. Elle est ainsi la seconde femme et la seconde sénatrice désignée[b] à diriger les travaux de la chambre haute[1].
Lors de sa première intervention, elle exprime sa « profonde gratitude pour la confiance » du Sénat envers elle et rappelle son engagement en faveur de la lutte pour l'égalité de genre, signalant que les femmes « représentent la moitié de la population et doivent être présentes dans tous les espaces publics ». Elle ajoute que les pouvoirs publics « ont l'obligation de mettre un terme à la violence machiste [et doivent] revendiquer le pacte national contre la violence de genre »[20]. Le lendemain, elle est reçue en audience par le roi Felipe VI au palais de la Zarzuela, afin de l'informer officiellement de la constitution du Sénat de la XIVe législature[21].
Ministre de la Justice
[modifier | modifier le code]Pedro Sánchez annonce le un important remaniement de son gouvernement[22]. À cette occasion, Pilar Llop est nommée ministre de la Justice[23]. Avec l'ensemble de ses nouveaux collègues, elle prête serment le devant le roi Felipe VI et Pedro Sánchez[24]. En sa qualité de grand notaire du Royaume, elle est assermentée en premier[25].
Le même jour que son assermentation, elle renonce à son mandat de sénatrice, quelques jours seulement après avoir été confirmée au Sénat par l'Assemblée de Madrid[26]. Le porte-parole du groupe socialiste, Ander Gil, la remplace peu après à la présidence de la chambre haute[27]. José Cepeda prend sa suite comme sénateur désigné de la communauté de Madrid en septembre suivant[28].
Avec la ministre des Affaires économiques, Nadia Calviño, et le ministre de la Sécurité sociale, José Luis Escrivá, elle fait partie des trois membres de l'exécutif à ne pas se présenter aux élections générales anticipées du 23 juillet 2023[29].
Notes
[modifier | modifier le code]- Prononciation en espagnol d'Espagne retranscrite selon la norme API.
- Un sénateur désigné est élu par une assemblée de communauté autonome, contrairement à un sénateur élu, qui est issu du suffrage universel direct.
Références
[modifier | modifier le code]- (es) Miriam Ruiz Castro, « Pilar Llop, segunda presidenta del Senado no elegida en las urnas », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Juan Carlos Merino, « Pilar Llop, la presidenta que fue feliz en Catalunya », La Vanguardia, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Nuria Hernández, « Así es Pilar Llop, la próxima presidenta del Senado: jueza políglota, feminista y madre de una hija », Vanity Fair, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Antonio Ruiz Valdivia, « 19 cosas que no sabías de Pilar Llop », El Huffington Post, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Pilar Álvarez, « Una juez feminista y experta en violencia contra las mujeres », El País, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Carlos Cué, « Pilar Llop, juez especialista en violencia de género, será la nueva presidenta del Senado », El País, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Julia Pérez, « Pilar Llop, una jueza de trinchera equilibrada y dialogante », Público, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « Quién es Pilar Llop, la jueza especialista en violencia de género que presidirá el Senado », 20 Minutos, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « Mercedes González y Pilar Llop, 'números dos' del PSOE en el Ayuntamiento y la Comunidad », El Mundo, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « La jueza Pilar Llop será la número dos de Sánchez en el sitio de Batet », El Nacional, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Juanma Romero, « Pedro Sánchez ficha a la jueza Margarita Robles como número dos por Madrid », El Confidencial, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Pilar Álvarez, « Pilar Llop, nueva delegada del Gobierno para la Violencia de Género », El País, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Pablo García, « Pilar Llop, la jueza que baraja Pedro Sánchez como candidata a alcaldesa de Madrid », El Independiente, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Marta Belver, « El PSOE no encuentra un candidato que quiera medirse con Carmena en el Ayuntamiento de Madrid », El Mundo, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « El cargo de delegada del Gobierno para la Violencia de Género queda vacante tras el cese de Pilar Llop », Europa Press, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « Juan Trinidad, nuevo presidente de la Asamblea de Madrid », Telemadrid, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Irene Castro, « Pilar Llop, una jueza especialista en violencia de género y con perfil dialogante para presidir el Senado », eldiario.es, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Miquel Alberola, « El PSOE copa la presidencia de 28 de las 29 comisiones del Senado », El País, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « Batet y Llop, elegidas presidentas del Congreso y del Senado », Diario de Burgos, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Paloma Cervilla, « Pilar Llop, presidenta del Senado, coloca a la violencia de género en el centro de su mandato », ABC, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « Pilar Llop comunica oficialmente al rey la constitución del nuevo Senado », eldiario.es, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Carlos E. Cué et José Marcos, « Sánchez da un vuelco a la legislatura con un cambio profundo del Gobierno », El País, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Alberto León, « Sánchez revoluciona el Gobierno con una "renovación generacional" para "impulsar la recuperación económica" », Radiotelevisión Española, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) EFE, « Los nuevos ministros del Gobierno toman posesión de sus cargos », Radiotelevisión Española, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) EFE, « Toma de posesión de los nuevos ministros del Gobierno de Pedro Sánchez », Cadena SER, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) EFE, « Llop renuncia a su escaño de senadora autonómica », COPE, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Europa Press, « Ander Gil, elegido nuevo presidente del Senado », El Confidencial, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) EFE, « José Cepeda (PSOE) toma posesión como senador en sustitución de Pilar Llop », COPE, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) José Marcos, « Así quedan las listas del PSOE: desembarco de ministros y un hueco para los derrotados del 28-M », El País, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Conseil général du pouvoir judiciaire
- Violence contre les femmes
- Liste de dirigeantes politiques
- Liste des ministres espagnoles