Résurgence du M23 — Wikipédia



Date | Depuis le (3 ans, 3 mois et 25 jours)[1] |
---|---|
Lieu | ![]() |
Changements territoriaux | Dans le Nord-Kivu : le M23 prend le contrôle de Bunagana, Kanyabayonga ,Rutshuru et Masisi, ainsi que de Goma, la capitale provinciale Dans le Sud-Kivu : Capture de la capitale provinciale Bukavu, ainsi que de Kalehe et Walungu |
![]() Soutenu par : | ![]() Soutenu par :
|
![]() ![]() AFC Corneille Nangaa | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
![]() ![]() | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
inconnu | ![]() ![]() |
En Ouganda plus de 30 000 personnes déplacées[13] (2023)
La résurgence du M23 est la reprise en , de l'insurrection armée du Mouvement du (M23) au Nord-Kivu, dans le nord-est de la république démocratique du Congo (RDC). C'est la phase actuelle des conflits qui frappent la région du Kivu depuis 2004. Cette mutinerie fait suite à la première rébellion du M23, défaite en 2013 par les troupes gouvernementales et les soldats de la MONUSCO.
En , le Mouvement du 23 mars qui depuis sa défaite en 2013 était resté discret, reprend les armes, et fin , lance une offensive au Nord-Kivu, affrontant les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC), ses supplétifs (des groupes armés regroupés sous la bannière wazalendo), et la MONUSCO.
Grâce à l'appui de Kigali, le M23 prend progressivement le contrôle de pans importants du Nord-Kivu dans les territoires de Nyiragongo de Masisi, de Rutshuru, et de Lubero, dont les localités stratégiques de Bunagana (en 2022) et Kanyabayonga (en 2024). Selon l'ONG International Crisis Group, en , la rébellion contrôlait environ la moitié de la province du Nord-Kivu. En , un accord de cessez-le-feu est négocié dans le cadre du processus de Luanda, mais les affrontements reprennent et s'intensifient en décembre, à la suite de l'annulation du sommet de Luanda, pour cause de désaccord entre le Rwanda et la RDC. En , le M23 parvient à prendre le contrôle de plusieurs localités clés, dont Masisi et Minova (en), les combats se rapprochent de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, isolant davantage la ville, qui tombe aux mains des rebelles le , et dans les jours qui suivent la rébellion poursuit son expansion territoriale. Deux fronts sont ouverts dans l’est de la RDC : un au Nord-Kivu, où les rebelles tentent de progresser dans le territoire de Lubero vers Butembo, un autre dans le Sud-Kivu où le M23 et les Forces rwandaises de défense (FRD) avancent dans le sud de la province. Lors de leur avancé les troupes rebelles prennent le contrôle de la capitale provinciale Bukavu, sans rencontrer de résistance, les FARDC s'étant retiré de la ville avant l’arrivée des troupes de la coalition M23/FRD, puis s’emparent de différentes localités le long de la route nationale 5, en direction d'Uvira, d'où les soldats congolais tentent de rejoindre Kalemie, alors qu'une partie des forces burundaises, alliés de Kinshasa, commencent à se retirer de l'est de la RDC.
Le M23 et les autres groupes armés impliqués dans le conflit sont accusés de commettre de nombreuses exactions contre les populations locales. Les combats provoquent le déplacement de dizaines de milliers de civils et provoquent un regain de tensions entre la république démocratique du Congo et le Rwanda. Kinshasa accuse Kigali de soutenir les rebelles du M23, des allégations qui sont corroborés par différents rapports d'experts mandatés par l'ONU, les États-Unis et d'autres pays occidentaux, bien que le gouvernement rwandais s'en défende.
Contexte
[modifier | modifier le code]De 2012 à 2013, le mouvement du 23 Mars (M23) mène une rébellion dans le nord-est de la république démocratique du Congo (RDC).
Cette rébellion est instiguée par des anciens membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés dans les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC). Mécontents de leurs conditions, ils accusent Kinshasa de ne pas respecter l'accord de paix du . Comme son prédécesseur le CNDP de Laurent Nkunda, le M23, soutenu par le Rwanda[14],[15],[16], va s'emparer de large pans du Nord-Kivu[14], et prendre le contrôle du chef lieu de la province, Goma, ce qui déclenche une forte mobilisation de la communauté internationale[17]. En , le soulèvement est vaincu par une campagne conjointe de l'armée congolaise et de la MONUSCO, la force locale de maintien de la paix des Nations unies. Le M23 est en grande partie démantelé et ses combattants désarmés puis transférés dans des camps de réfugiés en Ouganda et au Rwanda[14], et le , un accord de paix est signé à Nairobi, mettant fin officiellement à la rébellion[18].
Malgré l'accord, les hostilités entre le M23 et la RDC se sont poursuivies. En 2017, le commandant du M23 Sultani Makenga et 100 à 200 de ses partisans fuient l'Ouganda pour reprendre leur insurrection. Ils installent un camp au mont Mikeno dans la zone frontalière entre le Rwanda, l'Ouganda et la RDC[19],[20]. Le groupe reste ensuite discret, bien que certains membres sont soupçonnés d'avoir agi comme tueurs à gages pour « régler » des conflits dans le territoire de Rutshuru[20].
Le factionnalisme au sein du M23 complexifie la situation, puisque le mouvement s'est scindé en groupes rivaux, respectivement l'Alliance pour le salut du peuple dirigée par Jean-Marie Runiga[note 3] et l'Armée révolutionnaire du Congo de Bertrand Bisimwa[24],[25]. Le groupe de Makenga était de facto isolé des autres forces du M23 qui étaient encore principalement basées en Ouganda[20]. Des recherches ultérieures menées par le Conseil de sécurité des Nations unies ont suggéré que la reprise des armes par Makenga avait amorcé le réarmement et la restauration progressifs du M23, l'Armée révolutionnaire du Congo de Bisimwa se joignant à ces efforts fin 2021 en réorganisant les combattants qu'il lui restait et en recrutant de nouveaux en coopération avec Makenga. Le quartier général du M23 restauré serait situé au mont Sabyinyo[25].
Déroulement
[modifier | modifier le code]Reprise des armes du M23
[modifier | modifier le code]En , le Mouvement du 23 mars (M23) lance plusieurs offensives mineures contre les positions des Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) et des membres de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) près de la frontière entre la république démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et l'Ouganda[16],[19],[1]. Ces attaques donnent peu de résultats, le M23 ne bénéficiant plus de soutien international significatif. L'Ouganda et la RDC ont grandement amélioré leurs relations, coopérant contre un ennemi commun, les Forces démocratiques alliées (ADF), lors de l'opération Shujaa. Début 2022, un nombre croissant de combattants du M23 commencent à quitter leurs camps, et à retourner en RDC[14]. Le mouvement rebelle lance d'autres attaques entre et , lesquelles sont repoussées[19],[25].
Un rapport d'experts mandaté par l'ONU indique que le commandement militaire général de ces attaques est assuré par Sultani Makenga, tandis que le colonel Yusuf Mboneza supervise les opérations sur le terrain, Bertrand Bisimwa, contraint par les autorités ougandaises de quitter Kampala le , demeure le dirigeant politique du M23[25].
Les dirigeants du M23 ont fait valoir que certaines parties de leur mouvement avaient repris l'insurrection, car les conditions de l'accord de paix de 2013 n'étaient pas respectées par le gouvernement congolais[14],[16]. Les rebelles ont également fait valoir qu'ils tentaient de défendre la minorité tutsi du Kivu contre les attaques de combattants hutus tels que ceux des forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR)[26].
En 2022, le M23 n'était que l'un des 120 groupes armés qui opèrent dans l'est de la RDC[27]. Avant , le gouvernement congolais a tenté de renforcer sa position face à la résurgence du M23 en envoyant davantage de soldats. Cependant, cela a affaibli sa présence dans d'autres zones, dont celles touchées par l'insurrection des ADF[25].
Premières attaques significatives des rebelles
[modifier | modifier le code]Dans la nuit du , les rebelles du M23 lancent une nouvelle offensive au Nord-Kivu[28], attaquant d'abord les villages de Tshanzu et Runyoni dans le territoire de Rutshuru[29] depuis leurs fiefs des collines environnantes[16]. Les deux villages avaient été des bastions importants du mouvement M23 pendant la rébellion de 2012-2013[29]. L'attaque rebelle est menée par Sultani Makenga[19]. Le gouvernement de la RDC affirme que le Rwanda soutient l'opération, une affirmation démentie par le gouvernement rwandais[14] et les rebelles[16]. Onesphore Sematumba, chercheur à l'International Crisis Group, soutient que les allégations d'aide rwandaise sont crédibles. Il suggère que la résurgence du M23 est probablement influencée par la volonté du Rwanda d'arrêter un projet d'infrastructure qui relierait la RDC et l'Ouganda[16].
Le , les FARDC repoussent une attaque rebelle contre la ville frontalière de Bunagana, mais le M23 capture plusieurs villages, dont Mugingo, Gasiza, Chengerero, Rugamba, Kibote, Baseke et Kabindi[28]. De plus, un hélicoptère de l'ONU s'écrase à Tshanzu, tuant huit Casques bleus de la MONUSCO (six Pakistanais, un Russe et un Serbe). Les FARDC accusent les rebelles du M23 de l'avoir abattu[14],[20]. À Bunagana, les FARDC reçoivent le soutien de l'armée ougandaise, dont les forces terrestres traversent la frontière, tandis que des avions ougandais bombardent les rebelles[19],[30]. Au 1er avril, les affrontements dans le Rutshuru ont déplacé 46 000 habitants selon le HCR[31]. Les combattants du M23 se retirent dans leurs bases en montagne, leurs premières attaques étant considérées comme un échec[19], et proclament un cessez-le-feu unilatéral[20],[32]. Un ancien officier du M23 a déclaré auTageszeitung que les objectifs de l'offensive rebelle n'étaient pas clairs et spéculé que Makenga souhaitait peut-être mourir dans son pays natal lors d'une dernière bataille[19].
Échec des pourparlers de paix et reprise des combats
[modifier | modifier le code]Le , les FARDC refusent toute négociation avec les forces du M23 basées en RDC et lancent une contre-attaque[20]. Quatre jours plus tard, le M23 annonce qu'il va retirer ses troupes de tous les villages qu'il a capturés[32]. Cependant, les FARDC perdent de plus en plus de terrain au profit des insurgés[20]. Fin avril, le gouvernement de la RDC et certains groupes rebelles tiennent des pourparlers de paix à Nairobi[15], mais la faction Bisimwa du M23 quitte les négociations[24] ou en est expulsée en raison des affrontements en cours au Nord-Kivu[15],[26].
Les forces du M23, dirigées par Makenga[15] avec la faction Bisimwa[24], reprennent leur offensive en mai[15]. Cette opération serait appuyée par au moins 1000 soldats rwandais[33]. Selon une source locale, le M23 envahit Kibumba le [34]. Le 19 mai, des rebelles du M23 attaquent des Casques bleus de la MONUSCO à Shangi, dans le territoire de Rutshuru, alors que ces derniers rejoignaient des opérations de contre-insurrection des FARDC. Les dirigeants rebelles déclarent que l'attaque est une réponse à une précédente opération conjointe FARDC-FDLR[26]. À partir du , les rebelles tentent de marcher sur la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma[15], déplaçant 70 000 personnes[35]. Du 22 au , une bataille fait rage à Kibumba, tandis que les insurgés s'emparent temporairement de Rumangabo avant qu'elle ne soit reprise par les FARDC. Selon des chercheurs indépendants, les insurgés ont été soutenus par des militaires rwandais lors de la bataille de Rumangabo[33].
Le , le M23 atteint la périphérie de Goma[15], mais est repoussé par la MONUSCO, les FARDC[35] et les FDLR[33] à l'issue de violents combats. Les insurgés se retirent et les combats s'interrompent le reste du mois[35]. Les FARDC accusent l'armée rwandaise de combattre directement aux côtés des rebelles, affirmant que des miliciens locaux ont capturé deux soldats rwandais. De l'autre côté, le Rwanda affirme que la RDC a tiré des roquettes sur son territoire, a été aidée par les FDLR[15], et a enlevé les deux soldats[36]. Les combats attisent également les tensions ethniques locales : le commissaire divisionnaire adjoint de la police nationale du Nord-Kivu, François-Xavier Aba van Ang, diffuse une vidéo exhortant les civils à s'organiser en milice pour mener une « guerre populaire » au M23[37]. Bien que cet appel soit désavoué par les autorités, les FARDC arment également les milices locales existantes afin qu'elles puissent participer à la campagne contre le M23[33].
Prise de Bunagana, nouvelles avancées rebelles et contre-attaques loyalistes
[modifier | modifier le code]Début juin, des affrontements ont de nouveau lieu à Bunagana[38],[35]. Le , le M23 attaque la MONUSCO à Muhati, dans le territoire de Rutshuru[36]. Le , les FARDC repoussent une autre attaque du M23 sur Bunagana. Contrairement à la précédente attaque contre Bunagana, les forces de sécurité ougandaises de l'autre côté de la frontière n'interviennent pas et se retirent des collines surplombant la ville[30]. Le M23 capture Bunagana le lendemain, après l'avoir encerclé, et ainsi forcé la garnison locale[39] de 137 soldats et 37 policiers à battre en retraite à Kisoro (en) en Ouganda[27],[40], où elle se rend aux forces de sécurité ougandaises. De nombreux civils fuient également de l'autre côté de la frontière[27]. Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, Constant Ndima Kongba, nie d'abord la chute de la ville[39], mais le porte-parole des FARDC Sylvain Ekenge déclare plus tard qu'elle ne constitue « rien de moins qu'une invasion » par le Rwanda[41]. La RDC suspend « tous les accords » avec le Rwanda[42]. À ce stade, deux sources de sécurité congolaises[39] et des députés congolais accusent aussi l'Ouganda de soutenir l'offensive rebelle. Les parlementaires affirment que la retraite ougandaise avait facilité la prise de la ville, accusant Muhoozi Kainerugaba, le chef des troupes ougandaises impliquées dans l'opération Shujaa, de soutenir le M23. La RDC met fin à la coopération militaire avec l'Ouganda[30]. Le gouvernement ougandais interrompt l'opération Shujaa, et l'armée ougandaise affirme que les dernières attaques du M23 ne constituaient pas une menace pour les citoyens et l'équipement ougandais, rendant inutile son intervention[42]. La MONUSCO réfute les affirmations d'un soutien ougandais au M23 et appelle au calme et à la coopération[43].
Le président kényan Uhuru Kenyatta réagit à la chute de Bunagana et aux tensions régionales croissantes en appelant la Communauté d'Afrique de l'Est à organiser « immédiatement » une nouvelle mission de maintien de la paix de la paix appelée Force régionale de l'Afrique de l'Est pour rétablir la sécurité dans l'Est de la RDC[44]. Pendant ce temps, la MONUSCO commence à se préparer à aider les forces de sécurité congolaises à reprendre la ville[45]. Les troupes des FARDC du secteur d'opérations Sokola 2 attaquent depuis Kabindi le [46] et affirment plus tard avoir repris Bunagana[47]. Cependant, la ville est toujours aux mains des rebelles le lendemain et de violents combats se déroulent à l'ouest de celle-ci[30],[48]. Le M23 contre-attaque, capturant la ville de Tshengerero[49] et les villages de Bugusa, Kabindi et Rangira. Les insurgés avancent sur Rutshuru, et abattent un hélicoptère des FARDC[50]. Les combats s'étendent au Parc national des Virunga et des écologistes signalent que cela y menace la survie des gorilles des montagnes[51].
Les avancées renouvelées du M23 auraient fait partie d'un plan de Sultani Makenga visant à isoler et finalement capturer Goma, dans l'espoir d'arracher ainsi des concessions politiques au gouvernement congolais[52]. Du 18 au , la ligne de front se stabilise le long de l'axe Rutshuru-Bunagana. Les forces combinées des FARDC et de la MONUSCO tiennent toujours des hameaux du voisinage immédiat de Tshengerero, tels que Ntamugenga et Rwanguba où se situe un important pont[53],[54]. Les combats se déplacent vers l'axe Runyoni-Rumangabo, où des affrontements sont signalés dans les villages de Kavumu et de Bikenge[54]. Parallèlement, une réunion de la Communauté d'Afrique de l'Est est organisée à Nairobi pour discuter des tensions diplomatiques entre la RDC, le Rwanda et l'Ouganda ainsi que du déploiement d'une nouvelle force de maintien de la paix en réaction aux attaques du M23. Le gouvernement de la RDC déclare qu'il accueillerait favorablement une mission de maintien de la paix sous l'égide de la Communauté, mais uniquement à condition que le Rwanda n'y participe pas[55],[56]. L'organisation appelle ensuite le M23 à se retirer de Bunagana[57] comme condition préalable à un cessez-le-feu, mais les insurgés en font fi[58]. Au contraire, le M23 rouvre le poste-frontière de Bunagana sous sa propre administration[59], après quoi le gouvernement du Nord-Kivu interdit l'importation et l'exportation de marchandises à travers le territoire tenu par les rebelles[60].
Reprise de territoire par les forces progouvernementales et impasse
[modifier | modifier le code]
Du 19 au , les affrontements se poursuivent dans le territoire de Rutshuru, alors que le M23 tente de percer les défenses des FARDC. Au début, les rebelles attaquent des villages le long de l'axe sud, mais sont repoussés à Karambi, Kitagoma, Kitovu, Bweza et Busanza. Ils se concentrent ensuite sur Bikenge, Ruvumu, Shangi et Bukima, envahissant les villages avant que les FARDC n'organisent une contre-attaque. L'armée reprend la plupart de ces hameaux, bien que Ruvumu, Buharo et Rutokara restent aux mains des rebelles. Dans l'ensemble, les forces pro-gouvernementales tiennent leurs positions, mais les assauts rebelles menacent de plus en plus l'axe Matebe-Rwanguba[61],[62]. Human Rights Watch rapporte que 17 civils, dont deux enfants, ont été sommairement exécutés le par le M23 pour collaboration présumée avec les FARDC[63]. Selon le journal Eco News, les FARDC auraient infligé une défaite au M23 sur la ligne de front de Runyoni approximativement à ce moment-là, blessant Sultani Makenga et tuant un autre commandant rebelle, le colonel Yusuf Mboneza[64]. Après une accalmie du 24 au [65], les combats reprennent le , lorsque les rebelles attaquent les FARDC à Bushandaba, Ruseke et sur la colline stratégique de Bikona[66]. Les forces pro-gouvernementales, composées de militaires et de policiers, contre-attaquent et reprennent les villages de Nkokwe, Ruvumu, Rugarama, Rutakara, Ntamugenga et Rutsiro dans le territoire de Rutshuru[67]. Le 29 juin, les FARDC poursuivent leur avancée, capturant Kabindi et Chengerero, bien que le M23 réplique en attaquant Rutsiro[68].
Le , les FARDC affirment avoir remporté une victoire majeure sur le M23 et les troupes rwandaises alliées après de violents combats à Rutsiro, Ntamugenga et Nyabikona[69], expulsant complètement les insurgés du groupement Bweza à Rutshuru[70]. Les affrontements se poursuivent à Bikenge et Ruseke le , les FARDC repoussant les assauts du M23[71]. Le 6 juillet, les FARDC réorganisent le commandement militaire pour améliorer leur efficacité[72]. Le même jour, les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi se rencontrent et, selon la partie congolaise, s'entendent sur un cessez-le-feu et le retrait du M23 du sol congolais. Mais, le lendemain, le M23 attaque Kanyabusoro et Rwanguba[73] et, les jours suivants, il tente de reprendre du terrain : les affrontements se poursuivent dans plusieurs villages des groupements de Bweza et de Jomba[74],[75]. Cependant, en parallèle, les combats cessent ailleurs sur la ligne de front[76].
Dans les jours suivants, les combats cessent en grande partie dans les groupements de Bweza et de Jomba, d'autres éclatent dans le groupement de Kisigari et sur deux collines importantes près de Rumangabo[77]. De violents combats ont également lieu dans le groupement de Bashali Mukoto dans le territoire de Masisi, où deux factions Nyatura (de) s'affrontent. L'aile dissidente du chef de guerre Jean-Marie Nyatura, considéré comme proche du M23, tente de capturer plusieurs villages avant d'être expulsée de la plupart d'entre eux par ses rivaux locaux[78]. Par la suite, il y a une nouvelle accalmie dans les combats[79]. Les négociations se poursuivent entre le Rwanda et la RDC sous médiation internationale, bien que peu de progrès soient réalisés[80]. Le , le président ougandais Yoweri Museveni tente une nouvelle fois de rallier le M23 et le gouvernement congolais à un cessez-le-feu[81]. Pendant ce temps, la MONUSCO et les FARDC annoncent qu'elles regroupent des forces d'autres zones pour préparer une opération et repousser complètement le M23[82]. Le , le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya Katembwe réitère que toute négociation avec les rebelles dépend du retrait préalable du M23 de son territoire occupé[83].

Fin juillet, le M23 a installé ses propres responsables dans les territoires occupés et y perçoit une taxe[84]. Des manifestations violentes éclatent à Goma et dans d'autres villes de l'est du Congo, des civils attaquant du personnel et des bâtiments de la MONUSCO qu'ils accusent d'inaction face aux rébellions régionales en cours. Des manifestants, des Casques bleus et des passants sont tués lors des affrontements[85]. Le North Africa Post prétend que les rebelles ont utilisé les manifestations comme couverture pour des attaques et ont été impliqués dans une attaque contre des Casques bleus marocains à Nyamilima[86]. Un soldat de la MONUSCO est tué dans un affrontement direct avec le M23 à Bunagana[87]. Le , les combats entre le M23 et les FARDC reprennent à Kabingo (territoire de Rutshuru), alors que les rebelles tentaient de récolter les cultures plantées par les habitants[88]. Le , les rebelles et les FARDC se combattent dans cinq villages du Rutshuru[89]. Dans les semaines suivantes, cependant, une trêve est observée le long de la ligne de front. Elle est réprouvée par de nombreux civils locaux qui font valoir que cela permet aux rebelles de consolider leurs gains territoriaux[90].
Le 15 août, le premier contingent de maintien de la paix de la Communauté d'Afrique de l'Est, composé de soldats burundais, arrive au Kivu[91]. L'arrivée des soldats burundais inspire des réactions mitigées aux groupes civils locaux : certains les accueillent favorablement, d'autres les considèrent comme des étrangers exploiteurs et d'autres enfin choisissent la neutralité[92]. Des affrontements sporadiques reprennent le 16 août, lorsque des rebelles, prétendument soutenus par les troupes rwandaises, attaquent Rwanguba, Rangira et Muhibira dans le Rutshuru[93],[94]. Le M23 affirme que ces opérations constituent une réponse à l'agression des FARDC et déclare souhaiter un dialogue avec le gouvernement[95]. Le , le M23 bombarde les positions des FARDC à Jomba, Bweza et Busanza[96].
Offensive renouvelée
[modifier | modifier le code]
Les combats reprennent le après que, selon les FARDC, le M23 ait attaqué un poste militaire. Le 23 octobre, le M23 capture la ville de Ntamugenga, tuant cinq soldats. Les combats s'étendent rapidement à la route nationale 2, un axe stratégique. Ils entraînent la mort de quatre civils et 40 blessés. Le , plus de 23 000 personnes ont été poussées à fuir leur foyer[97],[98]. L'offensive se poursuit le long de la route nationale 2 et le M23 capture Rubare, Kalengera et Kako[99]. Le , les rebelles prennent le contrôle de Rutshuru et de Kiwanja[100]. En réponse à l'offensive, le gouvernement congolais ordonne à l'ambassadeur du Rwanda Vincent Karega de quitter le pays sous 48 heures[101].
Des manifestations anti-rwandaises éclatent le à Goma, exigeant que la RDC quitte la Communauté d'Afrique de l'Est et que la Russie intervienne dans le conflit. Le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya déclare que la RDC ne négociera pas avec le M23[102]. Le , la MONUSCO annonce son « retrait stratégique et tactique » de la base militaire de Rumangabo. Des émeutes éclatent à Goma après des rumeurs selon lesquelles l'ONU transportait des éléments du M23, et plusieurs véhicules de l'ONU sont incendiés[103]. Le , le Kenya annonce qu'il enverra 900 soldats pour lutter contre le M23[104]. Le , l'armée congolaise déclare former 3 000 nouvelles recrues pour combattre le M23[105].
Le , le M23 combat aux abords des villes de Rugari et Tongo et est repoussé de Kibumba[106]. Le , le M23 affirme avoir capturé les villes de Kibumba, Ruhunda, Buhumba, Kabuhanga, Tongo et Mulimbi au forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) qu'il accuse de collaborer avec l'armée congolaise[107]. L'armée ougandaise déclare qu'elle participera à la lutte contre le M23, rejoignant les troupes kenyanes[108].
Le , un sommet de chefs d'État de la région des Grands Lacs s'entendent sur un cessez-le-feu censé s'appliquer au M23 sous les 48 heures et agite la menace de l'imposition de la paix par la force est-africaine[109]. Mais les 29 et 30 novembre, le M23 commet le plus important massacre depuis sa fondation en tuant au moins 131 civils à Kishishe, probablement en représailles à des pertes importantes qu'il a subi face au FDLR aux abords de cette localité quelques jours auparavant[110]. Le 28 décembre, le Soudan du Sud annonce qu'il envoie 750 militaires rejoindre la force régionale de la Communauté de l'Afrique de l'Est[111].
Intensification du conflit dans le Nord-Kivu
[modifier | modifier le code]Début 2024, le M23, soutenu par le Rwanda, lance une offensive dans les territoires de Nyiragongo et du Masisi, à proximité de la ville de Goma. Les combats opposent les combattants du M23 à des groupes armés se disant patriotes congolais, les wazalendo, et provoquent d'importants déplacements de population. Des affrontements se produisent aussi aux environs de Sake, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma, entre le M23 et les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC). Ils risquent de couper la route nationale 2, considérée comme stratégique et empruntée par 150 000 civils en fuite entre le 2 et 9 février. Les forces congolaises, appuyées par les forces de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC, de l'anglais), commencent à faire mouvement vers Sake[112].
La MONUSCO affirme que l'armée rwandaise, pour soutenir le M23, utilise du matériel d'attaque sophistiqué. En effet, un de ses drones d'observation a été attaqué par un missile sol-air, tiré depuis une zone contrôlée par le M23. Des renseignements provenant de la France indiquent que ce missile a été lancé depuis un véhicule WZ551, que seul parmi les alliés du M23 le Rwanda est capable de mettre en œuvre. Elle affirme aussi que l'armée rwandaise utilise sur le théâtre d'opération des MANPADS, un système anti-aérien capable de mettre en danger tout appareil volant au dessus de la zone[113]. Des témoignages indiquent aussi que les véhicules de l'ONU subissent des jets de pierres de la part de jeunes de la région, qui les accusent d'inefficacité et de collusion avec l'ennemi. La MONUSCO subit un rejet d'ensemble de la société congolaise, et le gouvernement a demandé son départ rapide[113].
Au matin du , les troupes du M23, soutenues par les Forces rwandaises de défense (FRD) lancent une nouvelle offensive contre Sake, dans le but d'encercler et isoler Goma, dont le ravitaillement est déjà affaibli : les trois principaux axes routiers de Sake, qui permettent d'approvisionner Goma, ont été bloqués par le M23 dans les semaines précédentes[114], mais échouent dans leur tentative de prendre le contrôle de la ville. Les forces congolaises, la SADC, la MONUSCO et les groupes d'autodéfense wazalendo opposent une forte résistance. Mais le M23 et ses alliés accusent les forces gouvernementales congolaise de vouloir massacrer ses propres populations[115].

Le , après deux jours de combats contre les FARDC et les milices wazalendo, le M23 prend le contrôle de Nyanzale (en), ainsi que de plusieurs villages de la chefferie de Bwito dans le territoire de Rutshuru[116],[117],[118]. Les combats vident ces agglomérations de la quasi-totalité de leurs occupants[119],[120], ce sont plus de 100 000 personnes qui prennent la fuite en direction de Goma[121],[122]. Le nombre de victimes civils s'élèverait à au moins 15 personnes, certaines tuées par des tirs d'obus de mortiers tirés sur le camp d'identification de déplacé de Kihondo. Selon un rapport interne de la MONUSCO[121] consulté par l'AFP, le M23 serait l'auteur de ces tirs, ainsi que d'autres tirs sur une base onusienne. Dans les jours qui suivent, la rébellion du M23 continue sa progression en territoire du Rutshuru. Entre le 10 et ce sont les localités de Vitshumbi et Rwindi, situées dans le parc national des Virunga, qui passent sous contrôle du M23, sans que les forces rebelles aient rencontrés de résistance, les FARDC ont quitté Rwindi avant l'arrivée des rebelles selon Jean-Claude Mbabaze, le président de la société civile du Rutshuru[123],[124].
Simultanément, le M23 mènent une offensive dans le territoire de Masisi. Le , les localités de Kashuga et Misinga passent sous contrôle de la rébellion après des combats avec l'armée congolaise[125].
En une semaine, avec l'occupation de Kirima, Kikuku, Kihondo, Mutanda, Somikivu, Bwalanda, Kashalira, Kibingu et Kabanda, ce sont plus de 10 localités qui sont passées sous le contrôle de la rébellion du M23[126],[127],[128]. Selon Richard Moncrieff, directeur de la région des Grands Lacs du groupe de recherche International Crisis Group, le M23 contrôlerai environ la moitié de la province du Nord-Kivu[122],[129].
Prise de Kanyabayonga
[modifier | modifier le code]A partir de fin , de violents combats ont lieu dans le territoire de Lubero aux alentours de la cité de Kanyabayonga. Ils opposent les combattants du M23 aux troupes de l'armée régulière, les FARDC, assisté de milices armées regroupé sous l'appelation wazalendo. Les forces en présence se disputent le contrôle de la localité, un lieu stratégique donnant accès au nord de la province du Nord-Kivu, dont la voie principale permet de rejoindre les villes de Lubero, Butembo et Béni au nord de la région, mais aussi Goma vers le sud[130],[131].
Le , après un mois de combat, les troupes du M23 prennent le contrôle de Kanyabayonga. L'appui des forces de défense du Rwanda (FRD) aurait été déterminant dans la victoire contre les FARDC, qui jusqu'à présent, épaulé par les wazalendo, faisaient déjoué les tentatives des rebelles[130]. Les affrontements se déplacent vers Kaseghe, localité située à environ 20 Km au Nord de Kirumba, qui tombent elles aussi aux mains du M23[132],[133].
Entrée en vigueur de l'accord de cessez le-feu
[modifier | modifier le code]Le , alors que l'accord de cessez-le-feu négocié dans le cadre du processus de Luanda entre Kinshasa et Kigali, par l'entremise de l'Angola[134] entre en vigueur[135], le M23 s'empare sans combattre d’Ishasha, une localité frontalière de l’Ouganda, après avoir pris le contrôle la veille de Nyamilima, une agglomération voisine, là aussi sans rencontrer d'opposition[136]. Lors de la chute d'Ishasha, deuxième poste frontalier à passer aux mains du M23 après Bunagana le [45],[137], près de cent officiers de la police nationale congolaise sont repoussés par le M23, et traversent la frontière pour se réfugier en Ouganda, des centaines de civils fuient eux aussi la ville en direction de l'Ouganda, où ils sont pris en charge par les autorités locales et le haut commissariat aux réfugiés (HCR)[138],[139].
Période d'accalmie, échec des négociations et intensification des combats dans le Nord-Kivu
[modifier | modifier le code]Période d'accalmie et reprise des combats
[modifier | modifier le code]Après la signature du cessez-le-feu négocié en , une période de relative accalmie est constatée, mais les affrontements reprennent en octobre dans le territoire de Lubero[140].
Sommet de Luanda annulé pour cause de désaccord entre le Rwanda et la RDC
[modifier | modifier le code]Après plusieurs réunions entre les diplomaties du Rwanda et de la république démocratique du Congo (RDC), dans le cadre du processus de Luanda, une réunion tripartite entre Félix Tshisekedi, Paul Kagame et João Lourenço est prévue pour le , mais le jour du sommet, Kagame ne fait pas le déplacement à Luanda, estimant selon Kigali, que le sommet n'était « plus pertinent », après que les négociations tenus la veille entre les ministres des affaires étrangères des deux pays se soient terminés par un échec[141],[142].
Après l’annulation du sommet, les affrontements entre les belligérants redoublent d’intensité pour le contrôle de diverses localités dans la province du Nord-Kivu.
Avancée du M23 dans territoire de Lubero
[modifier | modifier le code]Dans le territoire de Lubero, où selon l'ONU, 100 000 personnes ont déjà fuit les combats depuis le [143], le M23 continue son avancée, gagnant du terrain dans la région.
Le , après dix jours de violents affrontements entre les rebelles du M23 et les FARDC appuyée par les wazalendo[144], la ville de Matembe (en), verrou stratégique pour la défense de Lubero-centre, chef-lieu du territoire, située à environ soixante kilomètres, est conquise par le M23, qui, equipé de chars de combat et faisant usage d’armes lourdes, force les FARDC a se retirer dans les environs. Le lendemain la localité d'Alimbongo tombe elle aussi, et passe sous le contrôle du M23[145],[146]. Fin décembre, la ligne de front se trouve à une cinquantaine de kilomètres de Lubero[143], instaurant un climat de peur dans la population civile, qui craint l'arrivée du M23 mais aussi subit les pillages des troupes de l'armée régulière, sensée les protéger[143].
Bataille de Masisi-Centre
[modifier | modifier le code]À partir du , de violents combats prennent place dans le territoire de Masisi, aux environs de Katale, une localité située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de la ville de Masisi[147], qui est convoité par les rebelles du M23, selon plusieurs sources concordantes[147]. Le , le M23 prend le contrôle de Katale, dernier verrou avant Masisi[148], et le , après trois jours de combats dans la région, les rebelles s'emparent de Masisi, à l'issue d'intenses combats opposant les troupes du M23 aux Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC), et aux milices locales wazalendo. À la suite de cette conquête, de nombreux habitants fuient la ville[142],[149]. Selon l'ONU, les affrontements auraient entraîné le déplacement de plus de 100 000 personnes. Dans les jours qui suivent la prise de Masisi-Centre, la communauté internationale condamne l’offensive et appelle la rébellion à respecter le cessez-le-feu conclu en [150]. De son côté le Rwanda, affirme que de nombreuses parties de la localité étaient sous la coupe des FDLR, et regrette le langage « biaisé et simpliste » de la communauté internationale, qui selon lui ne condamne pas « la violation permanente de l'intégrité des terres congolaises appartenant aux communautés congolaises, y compris les Tutsi congolais. »[150].
Le , alors que la veille les offensives des forces loyalistes ont permis de récupérer les collines « des trois antennes », de Kihuli et la vallée de Kimoka autour de la ville de Sake, ainsi que l'agglomération de Ngungu dans le territoire de Masisi[151], l'armée congolaise qui s'est regroupé et réorganisé à la suite de leur retraite du de Masisi-Centre[152], lance une offensive contre les positions de la rébellion dans Masisi. Quelques heures après le début de l'assaut, la cité est reconquise par les FARDC et leurs supplétifs wazalendo, et plus tard dans la journée, l'agglomération voisine de Lushebere est elle aussi reprise[152],[151]. Médecins sans frontières (MSF), indique qu'environ 10 000 personnes auraient trouvés refuges dans l'hôpital général de Masisi ainsi que dans la base de MSF à la suite des affrontements. La majorité des personnes cherchant protection étant des femmes et des enfants. Cet afflux de déplacés laisse craindre à MSF une crise alimentaire et sanitaire si la situation venait à perdurer[153].
Le , le M23 lance une nouvelle attaque en début de matinée, et après de nouveaux affrontements qui les opposent à l'armée régulière et aux wazalendo, Masisi-Centre repasse sous le contrôle de la rébellion[154].
Lancement de l'Opération Caterpillar II par les FARDC
[modifier | modifier le code]A la suite de la reconquête de Ngungu par les forces congolaises, les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC), pour répondre aux violations de cessez-le-feu du M23 et à leur progression dans le territoire de Masisi, mettent en place l’opération « Caterpillar II »[155],[156]. Cette opération est coordonnée par les commandants des provinces du Nord et Sud-Kivu, et a comme objectif de reprendre les territoires conquis par la rébellion et endiguer leur progression[156].
Expansion territoriale du M23 dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu
[modifier | modifier le code]À partir du , dans la province du Nord-Kivu, plusieurs lignes de fronts voient le jour dans les territoires de Nyiragongo, de Masisi, de Rutshuru ainsi que dans le sud du territoire de Lubero[157],[158], où de violents combats opposent les FARDC et leur supplétifs wazalendo à la coalition des troupes du M23 et des Forces rwandaises de défense (FRD) pour le contrôle des zones territoriales. Les troupes loyalistes délogent les forces rebelles de plusieurs localités du territoire de Masisi[159],[160],[156], et un nouvelle offensive lancée par le M23 pour récupérer l'agglomération de Ngungu et ces environs[161], entraine de nouveaux déplacements de la population qui cherchent à fuir les combats[162]. Selon l’UNHCR, plus de 230 000 personnes ont été déplacées depuis le début de l'année à la suite de l’intensification des combats dans la région, portant à 4,6 millions le nombre de personnes déplacés internes dans les provinces du Nord et Sud-Kivu[note 2],[11].
Dans le même temps, le M23 intensifie ses efforts pour percer dans la province du Sud-Kivu, et continuer son expansion territoriale. Le , la rébellion s'empare de la cité minière de Lumbishi dans le territoire de Kalehe[163], qu'elle avait perdu quelque jours plus tôt[164], et dans les jours qui suivent lancent un double assaut sur Minova (en) et Bweremana, deux localités voisines, mais situées respectivement dans les territoires du Sud et du Nord-Kivu. le , après de longs et violents combats dans les chefferies des collines alentours[165], les deux localités passent elles aussi au mains du M23[166],[167], coupant une importante voie d'approvisionnement vers la capitale provinciale de Goma, qui se trouve de plus en plus isolé et encerclée par les combats[166],[168], qui se se tiennent maintenant dans les collines surplombant Sake, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Goma[166].
Bataille de Goma
[modifier | modifier le code]Dans les jours qui suivent la prise de Minova, de violents affrontements ont lieu dans les environs de Sake. Les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) et leurs alliés y affrontent le Mouvement du 23 mars (M23), soutenus par les Forces rwandaises de défense (FRD) qui cherchent à prendre le contrôle de Sake, une localité stratégique considérée comme le dernier verrou sécuritaire à l'ouest de Goma.
Durant les affrontements, les belligérants font usage d'armes légères et lourdes, les forces armées congolaises se trouvent sous le feu des M23/FRD, qui bombardent leur position dans Sake[169], auquel les forces régulières disent riposter avec des lance-roquettes[170], et des hélicoptères de combat sont utilisés par les FARDC, en appui des troupes congolaises au sol, pour tenter de stopper l'avancée des rebelles[169],[171]. Des armes technologiques tel que la manipulations de signaux GPS pour perturber les communications des forces loyalistes seraient utilisés par le Rwanda, dont l’usage a déjà été reproché plusieurs fois à kigali par les États-Unis et des experts de l'ONU[171]. Lors des affrontements, des obus de mortier, provenant d'une zone contrôlée par le M23, touchent une position de la MONUSCO à Sake, et blessent légèrement trois casques bleus[171], le gouverneur du Nord-Kivu, le général Peter Cirimwami, décéde à la suite d'une blessure subit le près d'une ligne de front[172],[173], et les combats provoquent le déplacements de nombreux civils qui cherchent à fuir les combats et se dirigent vers Goma[173].
Le , un nouveau front est ouvert par le M23 à Kibumba, situé à une vingtaine de kilomètre au nord de Goma[172], tandis qu'à Sake, des RDF auraient pris position la veille dans la ville[174], et que les militaires congolais et leur supplétifs wazalendo sont rejoints au front par les forces de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en République démocratique du Congo (SAMIDRC), la MONUSCO, qui a activé et renforcé l’opération Springbok[note 4],[171],[173], ainsi que des combattants roumains d’une société de sécurité privée[174]. Durant les combats treize soldats étrangers, sont tués : trois casques bleus, et dix soldats de la SAMIDRC[176].

Au , la situation de Sake reste confuse, Le M23 a annoncé avoir pris le contrôle de la ville[177], ce que confirme des sources officielles dont l'ONU et le Royaume-Uni[178], ainsi que des sources locales, qui indiquent qu'une grande partie de la localité serait contrôlée par le M23[179],[180], mais la prise de la ville n'est pas confirmé par les autorités congolaises, qui déclarent avoir repoussé l'attaque du M23 sur Sake lors d'une contre-offensive[177],[178],[180].
Le , les combats se poursuivent à une dizaine de kilomètres de Goma[181], tandis que sur le plan diplomatique, les appels internationaux à un cessez-le-feu se multiplient. L’Union africaine réclame « la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties », l'Union européenne appelle le M23 à « arrêter son avancée » et le Rwanda à « se retirer immédiatement »[181]. António Guterres, le secrétaire général de l'ONU, appel pour la première fois depuis la résurgence de la rébellion les forces rwandaises à « cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC »[note 5],[181], et les événements poussent le Conseil de sécurité des Nations unies à se réunir en urgence[181],[182]. Dans les jours précédents les autorités congolaises ont rompus les liens diplomatiques avec le gouvernement rwandais[183],[184], demandant à ce dernier de quitter le territoire : le , le Rwanda rappelle ses derniers diplomates présents à Kinshasa[176],[181], de son côté la RDC rappelle le personnel diplomatique du pays le [183].
Lors de la session d’urgence du Conseil de sécurité, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, dénonce une « agression frontale » menaçant la souveraineté de la RDC. Elle demande l’imposition de sanctions contre les autorités rwandaises ainsi qu’un embargo sur les exportations de minerais en provenance du Rwanda[185]. La représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies et cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, confirme que le M23 bénéficie de renforts en provenance du Rwanda au environ de Goma, à proximité de la base MONUSCO de Munigi[185]. Lors de cette même session, l’ambassadeur du Royaume-Uni souligne que les attaques ciblant la MONUSCO peuvent constituer des crimes de guerre passibles de sanctions[185]. L’ambassadrice des États-Unis condamne fermement les hostilités menées par le Rwanda et le M23 dans les localités de Goma et Sake. Elle appelle à un cessez-le-feu immédiat et exhorte les dirigeants congolais, rwandais et du M23 à donner des instructions claires pour éviter que les civils ne soient pris pour cible[185]. Le Rwanda, sommé par l’ONU de se retirer de cette région, annonce pour sa part adopter une « posture défensive durable ». Il justifie cette décision en invoquant des combats constituant, selon ses déclarations, une menace à sa sécurité et à son intégrité territoriale[185].
Dans la nuit du 26 au , le M23 et l'armée rwandaise entrent dans Goma. L’Alliance du fleuve Congo, une coalition anti-gouvernementale qui regroupe des groupes armés et des partis politiques, dont le M23, revendique sa capture et indique avoir ordonné aux militaires congolais de se rendre et de déposer les armes[186].
Avancée vers Bukavu
[modifier | modifier le code]À la suite de la prise de Goma, le M23 continue son avancée en république démocratique du Congo (RDC), son nouvel objectif semble être la ville de Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu, une région dont la MONUSCO s’est retiré en . Lors de la progression de l’insurrection vers le sud, des affrontements opposent les rebelles et les forces rwandaises aux Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) et leurs alliés, des soldats burundais et des groupes armés wazalendo, regroupés dans la zone de Nyabibwe, à environ 80 kilomètres de Bukavu[187].
Le , selon l’ONU, les troupes de la rébellion se trouvent à environ 60 kilomètres au nord de Bukavu, à quelques kilomètres seulement de l’aéroport de Kavumu[188]. Cette rapide avancée dans le Sud-Kivu, accroit les crainte de l’ONU concernant une escalade régionale du conflit[188].
Le , L'Alliance fleuve Congo (AFC), dont fait partie le M23, annonce un cessez-le-feu unilatéral pour raison humanitaire, avec entrée en vigueur le , et déclare n'avoir « aucune intention de prendre le contrôle de Bukavu ou d’autres localités »[189].
Le , les troupes du M23 et les Forces rwandaises de défense (FRD) reprennent les combats au Sud-Kivu et s'emparent rapidement de la cité minière de Nyabibwe[190].
Démantèlement des camps de réfugiés de Goma
[modifier | modifier le code]À Goma, L'AFC/M23 pousse les populations à quitter les camps de réfugiés installés aux portes de la ville à rentrer chez elles[191]. Le , les rebelles donnent un ultimatum de 72 h, aux déplacés pour quitter les camps autour de Goma et retourner dans leurs villages d'origine[192]. Les camps de Bushagara et Kanyaruchinya sont démantelés juste après la prise de Goma par le M23. Certains habitants du camp de Kanyaruchinya indiquent avoir subi des pressions pour partir. Mais la plupart assurent avoir préféré rentrer d'eux-mêmes, avant d'être forcés à le faire[193]. Le , le camp de Bulengo, situé à l'ouest de Goma, était presque vide[194],[195]. Cependant, les conditions de sécurité ne sont pas réunies, et les déplacés craignent de retourner dans des zones toujours dangereuses. Ce retour forcé se fait sans soutien logistique adéquat, aggravant la situation des personnes vulnérables[192]. Selon Human Rights Watch, Le groupe rebelle M23 organise un démantèlement illégal des camps de réfugiés. Le droit international interdisant le déplacement forcé de civils, sauf pour leur sécurité ou des raisons militaires, ces actions pourraient constituer un crime de guerre[196].
Sommet SADC-EAC
[modifier | modifier le code]Le , un sommet régional extraordinaire se tient à Dar es Salam, en Tanzanie, il réunit les membres de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) pour aborder la situation sécuritaire dans l'est de la république démocratique du Congo (RDC)[197],[198]. A l'issue du sommet, les dirigeants appellent à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel[197].
Reprise des combats dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu
[modifier | modifier le code]Front du Nord-Kivu, offensive dans le territoire de Lubero
[modifier | modifier le code]Dans le Nord-Kivu, après plusieurs semaines d’accalmie dans le territoire de Lubero[199], les troupes du Mouvement du 23 mars (M23) et des Forces rwandaises de défense (FRD), qui selon la société civile de Lubero se sont renforcés après la chute de Goma[200], lancent une nouvelle offensive dans le territoire.
Le , les affrontements reprennent, malgré l'appel au cessez-le-feu lancé la veille lors du sommet SADC-EAC. Selon le gouvernement congolais, les troupes du M23/FRD, bombardent les positions des FARDC à Ndoluma, dans la chefferie des Bamate, territoire de Lubero. L'attaque fait quatorze morts, dont des civils, et plusieurs blessés. Le gouvernement signale également des attaques similaires en début de semaine dans les localités de Kanyambi, Ndolama et Tshulo, dans le même territoire[201]. Le , de violents affrontements éclatent entre les rebelles du M23, soutenus par l'armée rwandaise, et les FARDC, appuyées par les Wazalendo, sur la ligne de front de Lubero. Les rebelles larguent des bombes sur des positions de l'armée congolaise à Kivisire, à 15 km de Mambasa, où des tirs à l'arme lourde sont entendus[202],[203]. Les combats se poursuivent les jours suivants, notamment le 13 février, où des détonations d'armes lourdes sont de nouveau entendues à Kivisire[204],[205].
Le , les forces du M23/FRD, contournent les positions militaires congolaises à Mutongo et Kanyambi, et prennent le contrôle de Ndoluma après des combats intenses avec les forces armées congolaises, qui se replient dans le village de Kitsombiro[206]. Le lendemain les rebelles s'emparent de Kitsombiro, à 30 km de Lubero-centre, après des affrontements avec les FARDC, qui se replient à Katondi[207].
Le , les rebelles tentent de progresser dans les environs, les affrontements se concentrent entre les villages de Kitsombiro et Katondi, où l'armée congolaise est installée. Elle repousse les rebelles dans la périphérie de Kitsombiro sans les déloger de l’agglomération[208].
L'offensive du mouvement rebelle dans cette zone provoque la fuite des habitants des villages environnants vers Lubero-centre et Butembo[203], suscitant l'inquiétude des résidents locaux face à l'afflux de déplacés[207]. La fermeture de centaines d'écoles dans la zone, privent de nombreux enfants d'accès à l'éducation et exacerbe les tensions causées par les mouvements rebelles. Les combats se rapprochant de Lubero-centre, plusieurs centaines de familles se réfugient à Butembo[209].
Parallèlement, à l’avancée du M23 et de militaires rwandais vers le nord de la province du Nord-Kivu[210], des Force de défense du peuple ougandais (UPDF) sont envoyé pour sécuriser la ville de Bunia en Ituri. Selon les gouvernements congolais et ougandais l'envoi de troupes est effectué dans le cadre de l'opération Shujaa qui à pour but de combattre les ADF[211]. Mais cet apport de troupe amplifie la crainte de certains analystes d'une implication régionale dans le conflit[210], qui conduirait à une répétition de la situation de 1998, lorsque l'Ouganda et le Rwanda ont soutenu des groupes rebelles dans la région durant la deuxième guerre du Congo[211], et où des affrontements entre les armées rwandaises et ougandaises lors de la guerre des 6 jours à Kisangani, ont causé plus de 1 000 morts et plusieurs centaines de blessés parmi les civils[212].
Le , vingt combattants présumés des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)[note 6] vêtus d'uniformes portant le drapeau de la RDC, sont remis par le M23 aux autorités rwandaises. La remise s'effectue au poste-frontière entre Goma (RDC) et Gisenyi (Rwanda). Parmi les prisonniers figurent le général Ezéchiel Gakwerere, accusé d'avoir participé au génocide des Tusti de 1994 au Rwanda, et le commandant Gilbert Ndayambaje, condamné en 2018 à la perpétuité pour crimes contre l'humanité en RDC. Le M23 déclare poursuivre la traque d'autres membres des FDLR à Goma. Le colonel Joseph Mweisire des Forces rwandaises de défense (FRD) affirme que cette arrestation contribuera à la pacification de la région et que les rebelles seront poursuivis en justice[213].
Front dans le Sud-Kivu, prise de Bukavu, avancée dans le sud de la province
[modifier | modifier le code]À la suite du cessez-le-feu décrété lors du sommet SADC-EAC le , une accalmie de courte durée est constaté dans le Sud-Kivu, mais les combats reprennent le . Les forces des M23/FRD attaquent des positions de l'armée congolaise près d'Ihusi, à 70 km de Bukavu, et les rebelles tentent de prendre le contrôle des hauts plateaux afin de couper les voies d'approvisionnement des FARDC. Mais l'offensive est contenue par les militaires burundais[7].
Dans son rapport mensuel, l'OCHA indique que depuis le , au moins 30 000 personnes provenant des villages situés sur le littoral de Minova (en) se sont déplacées vers le territoire d'Idjwi, ainsi que vers Kalehe-centre, Katana, Kavumu, Mudaka et Bukavu. D'autres déplacés se dirigent vers Bunyakiri à l'ouest de Kalehe, et Kalungu, au nord[214],[215].
Le , les troupes M23/FRD prennent le contrôle de Kalehe-centre et Ihusi, forçant les les militaires congolais à se replier. La coalition occupe la partie littorale du territoire de Kalehe, tandis que les forces gouvernementales conservent le contrôle du haut plateau où se trouve la chefferie de Buloho[214]. Les rebelles progressent jusqu'à Kasheke, les militaires congolais se repliant à Kabamba[214]. Le gouvernement congolais condamne la violation du cessez-le-feu par le Rwanda et le M23, et appelle à une réunion urgente des chefs d’État-major décidé lors du sommet SADC-EAC[201].
Chute de Bukavu
[modifier | modifier le code]Le , le M23 et les forces rwandaises avancent sur la route nationale 2 en direction de Bukavu, et prennent le contrôle de Kabare, Kabamba, Katana[216],[217] et l'aéroport de Kavumu, un site stratégique qui permet le ravitaillement et le transport des troupes de l’armée congolaise, ainsi que le dernier verrou avant Bukavu[218]. Les rebelles continuent leur avancé et pénètrent dans les faubourgs nord-ouest de Bukavu, rencontrant très peu de résistance, les forces armées congolaises et burundaises s'étant repliées vers le sud-est en direction de la frontière avec le Burundi[219],[220]. Le lendemain, l'insécurité s'accroît dans Bukavu où des pillages généralisés ont lieu. Des groupes de jeunes, se présentant comme des Wazalendo et des civils armés participent à ces exactions. Les habitants craignant une escalade de la violence se réfugient chez eux ou tentent de fuir la ville[221],[222].
Le 16 février, le M23 entre finalement dans le centre de Bukavu, sous les applaudissements d'une partie de la population[223]. Le groupe prend le contrôle de plusieurs quartiers et lieux clés, dont la résidence du gouverneur et le poste frontière de Ruzizi 1 avec le Rwanda[224]. Après la prise de Goma fin janvier, cette avancée permet au M23 et à son allié rwandais de contrôler les deux côtés de la frontière du lac Kivu et les ravitaillements par voie aérienne[223],[225]. La dernière fois que la République démocratique du Congo a perdu simultanément le contrôle des deux capitales du Kivu remonte à 1998, durant la deuxième guerre du Congo[225].
Avancée dans le sud de la province
[modifier | modifier le code]Après la prise de Bukavu, le M23 continue son expansion territoriale dans le Sud-Kivu. Ils progressent vers le sud de la province, en direction d'Uvira. Dans la soirée du , après de violents affrontements avec les militaires burundais, l'armée congolaise et des wazalendo, la rébellion prend le contrôle de la cité de Kamanyola, située dans le territoire de Walungu à 45 km de Bukavu. Défait les forces burundaises se replient vers la plaine de la Ruzizi, alors que l'armée congolaise a déjà battu en retraite à Uvira[226],[227]. Kamanyola est une zone stratégique, poste frontière avec le Rwanda et le Burundi, positionné sur la route nationale 5 (RN5). La capture de la ville permet au M23 de poursuivre sa progression vers Uvira, située à environ 75 kilomètres au sud, et à quelques kilomètres de la frontière avec le Burundi. Luvungi tombe elle aussi aux mains du M23[228].
Face à l'avancée des combattants du M23 et de leurs alliés rwandais, le Burundi retire discrètement des troupes de l'est de la RDC, avant qu'elle ne soient pris au piège par l'arrivée du M23 à Uvira[229]. Bien que des démentis officiels soient émis, des sources officielles et militaires confirment ce retrait[229],[230]. Elles font mention de soldats burundais qui rentrent à pied au Burundi, traversant la rivière Rusizi à Sange, affamés et sans munitions[230].
Le , des colonnes de combattants du M23 continuent leur avancé le long de la RN5 et prennent le contrôle de Sange[231], situé à 35 kilomètres d’Uvira sans déclencher de combats, la population s'étant réfugiés dans les montagnes environnantes[232]. Dans le même temps à Uvira, des affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les miliciens wazalendo causent la mort d'au moins 17 personnes. Les miliciens s'opposent au départ des militaires vers Kalemie, avec leur armes de guerre, exigeant que ces équipements restent à Uvira, et exécutant sommairement ceux qui désobéissent à cet ordre[233]. Ces violences entraînent des pillages et des exactions perpétrés par les soldats à l'encontre de la population locale, poussant la majorité des habitants à fuir vers le Burundi, Kalemie ou Moba[233]. Les habitants restant vivent dans la peur, confinés chez eux[234]. Le , des colonnes de militaires congolais provenant de la plaine de Ruzizi traversent la ville pour rejoindre le port de Kalundu, espérant embarquer vers Kalemie. Plusieurs quartiers sont sous le contrôle des miliciens wazalendo, et les stations de radio locales ont cessé d'émettre. La population s'informe principalement via des médias internationaux et des radios burundaises[234].
Le , L'armée congolaise lance une attaque contre les rebelles Twirwaneho, un groupe armé aligné sur le M23, autour de la ville de Minembwe au Sud-Kivu dans le but de la reprendre, et affirme avoir tué quatre commandants rebelles dans une frappe de drone[235].
Analyse
[modifier | modifier le code]En 2022, Bintou Keita, haut responsable de l'ONU pour la RDC, à la suite des avancées du Mouvement du 23 mars (M23), affirme que le mode opératoire du M23 s'apparente plus à celui d'une armée conventionnelle, que celui d'un groupe armé, et averti que les capacités du groupe dépassent celles de la MONUSCO[236]. Selon des chercheurs du Conseil de sécurité des Nations unies, la présence d'individus en uniforme rwandais parmi les rebelles est prouvée par des photos et des images de drones, expliquant en partie le professionnalisme accru des forces du M23[72]. Le chercheur congolais Josaphat Musamba est du même avis, affirmant qu'il était « clair qu'il y a un soutien » derrière la résurgence du M23. Le directeur du Groupe d'étude sur le Congo (GEC), Jason Stearns (en), a déclaré que, bien qu'il n'y ait « aucune certitude » que le Rwanda soutienne l'offensive du M23, la puissance de feu des rebelles et divers rapports de première ligne rendaient l'implication rwandaise « très probable ». Indépendamment du rôle possible du Rwanda dans l'offensive, les analystes ont averti que le M23 n'avait jamais été un simple pion rwandais et avait toujours poursuivi des objectifs propres[237]. Début , un rapport pour l'ONU rédigé par des chercheurs indépendants fourni de nouvelles preuves du soutien rwandais au M23, notamment des photos et des vidéos montrant des soldats rwandais se déplaçant sur le territoire congolais et des éléments du M23 équipés d'armes rwandaises[238],[239]. Le , dans un nouveau rapport, le groupe d'experts confirme qu'il existe des « preuves substantielles » que l’armée rwandaise est directement intervenue sur le territoire congolais à la fois pour venir en renfort au M23 et pour combattre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)[240], ce que dénie le gouvernement rwandais. Les États-Unis suspendent toutefois leur aide au Rwanda en , en s'appuyant sur l'interdiction du recrutement d'enfants-soldats[241].
En , L'utilisation d'armes plus sophistiquées, neuves et récentes et de moyens aériens par l'armée rwandaise et le M23 est rapporté dans un note de l'ONU[242]. Des renseignements provenant de la France indiquent que ce missile a été lancé depuis un véhicule WZ551, que seul parmi les alliés du M23 le Rwanda est capable de mettre en œuvre. La MONUSCO affirme aussi que l'armée rwandaise utilise sur le théâtre d'opération des MANPADS, système anti-aérien capable de mettre en danger tout appareil volant au dessus de la zone[113]. L'arrivée de ce type d'armes dans une zones ou des armées régionales sont présentes, suscite en RDC et aux Nations unies, des inquiétudes quant à une escalade du conflit[242].
En , un nouveau rapport de l'ONU affirme que « 3 000 à 4 000 militaires rwandais » combattent activement au côté du M23, mettant en œuvre de l'artillerie lourde, des véhicules blindés équipés de radars et de systèmes de missiles antiaériens, des pick-up et des camions de transport de troupes, modifiant ainsi la dynamique du conflit, clouant notamment au sol tous les moyens aériens militaires des FARDC. Les chercheurs mandatés par le Conseil de sécurité estiment que l’armée rwandaise a « de facto » pris « le contrôle et la direction des opérations du M23 et que son intervention militaire « a été déterminante dans la spectaculaire expansion territoriale réalisée entre janvier et mars 2024 ». Début avril 2024, la zone d’influence du M23 était ainsi la plus vaste jamais enregistrée, représentant une augmentation de 70 % par rapport à novembre 2023. Le M23 encercle désormais la ville de Goma. Kigali ne conteste même plus les accusations de Kinshasa d’ingérence et de pillage. Les experts de l’ONU ont aussi épinglé l’Ouganda, affirmant que des membres de son service de renseignements ont apporté un « soutien actif » au M23. Leur rapport souligne un « passage régulier de troupes » du M23 et du Rwanda en territoire ougandais. Ce que Kampala dément[243],[244].
Motivations du M23
[modifier | modifier le code]En 2022, Jason Stearns (en) fait valoir que la nouvelle offensive du M23 visait peut-être à imposer l'inclusion du groupe dans un programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). Les tentatives précédentes du M23 pour faire partie de ce processus, y compris après l'accord de 2013, ont échoué en raison de la très forte opposition de la population congolaise. L'un des problèmes qui entravent toute tentative de démobilisation complète du M23 est le fait que plusieurs membres du groupe rebelle sont connus pour avoir commis divers crimes de guerre au fil de leur implication dans des insurrections, avant même l'émergence du M23 lui-même. Cela rend leur intégration dans les forces de sécurité congolaises ou leur amnistie difficiles à justifier en RDC[237].
Mercenaires
[modifier | modifier le code]Ralf
[modifier | modifier le code]La société militaire privée Ralf, est dirigée par le Franco-Roumain Horatiu Potra[245].
En novembre 2022, Ralf a signé des accords avec le gouvernement de la RDC, par l'intermédiaire de la société Congo Protection. Des centaines d'anciens militaires et policiers sont recrutés en Roumanie, des ingénieurs et des mécaniciens en Biélorussie et en Bulgarie, des pilotes en Algérie[245].
Agemira
[modifier | modifier le code]La société militaire privée Agemira, est une compagnie situé en Bulgarie mais fondée par le Français, Olivier Bazin (ancien gendarme)[245]. Il gravite surtout dans les réseaux sombres de la Françafrique depuis plus de trente ans, comme négociant en matières premières et en influences auprès des dirigeants africains[245].
En 2022, un contrat avec Kinshasa est signé pour la remise en état de la flotte aérienne congolaise, deux Soukhoï russes et trois hélicoptères, ainsi que de quelques pistes d'aéroports, mais surtout pour conseiller l'état-major à Goma sur l'organisation et la stratégie militaire à conduire face aux rebelles du M23[245].
Exactions, violations des droits humains et crime de guerre
[modifier | modifier le code]Mouvement du 23 mars
[modifier | modifier le code]Depuis sa résurgence en 2021, le Mouvement du 23 mars (M23) est accusé par différents rapports de l'ONU, de Human Right Watch (HRW), et d'Amnesty International, d'avoir commis des viols, des agressions sexuelles et d'autres formes de violences sexuelles à l'encontre de femmes et de filles, notamment dans les zones qu'il contrôle. Le groupe armé est aussi soupçonné d'avoir exécuté sommairement des civils, souvent en représailles ou dans le cadre de campagnes de terreur. Il est entre autre accusé d'avoir perpétré le massacre de Kishishe, en , faisant 171 morts[246], ce que dément le M23[247], alors que Kigali accuse le gouvernement congolais d'avoir fabriqué le massacre[248]. Entre et , 8 exécutions sommaires et 14 cas de viol ont été documenté par HRW[note 7][249],[250].
Selon le rapport final du groupe d'experts sur la république démocratique du Congo mandaté par l'ONU de , lors de leurs offensives, les troupes du M23 et des Forces rwandaises de défense (FRD) prennent principalement pour cible des localités situées dans les bastions des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR)[244] et des Nyatura (en)[251]. Lors de ces raids, les civils, principalement des Hutu, perçus comme ayant collaboré avec l'ennemi, sont punis, sous forme d'exécutions, de tortures, de destructions de villages, de pillages ou de détentions arbitraires[252],[251]. Selon ce rapport, la rébellion est aussi accusée d'enrôler des enfants dans ses rangs, les enfants sont recrutés dans les zones de la république démocratique du Congo contrôlées par la rébellion, parfois de force, ainsi que dans des camps de réfugiés au Rwanda et en Ouganda[253].
Début 2025, le rapport annuel de Human Rights Watch sur la situation en république démocratique du Congo accuse l'armée rwandaise et le M23 d'avoir commis de graves violations des lois de la guerre lors de leurs offensives près de Goma en 2024, notamment en ciblant des zones civiles[254].
Armée congolaise, wazalendo et groupes armés
[modifier | modifier le code]Exactions commises par l’armée congolaise
[modifier | modifier le code]En , certains membres des Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) sont accusés par Human Rights Watch (HRW) de collaborer avec des groupes armés ayant formés une coalition patriotique contre le Mouvement du 23 mars (M23), alors que ces derniers sont impliqués préalablement dans de graves exactions[249],[255].
Cette accusation est corroborée par le rapport final du groupe d'experts mandaté par l'ONU de , qui accuse la république démocratique du Congo (RDC), d'utiliser comme supplétifs des groupes armés regroupé sous la bannière wazalendo, autrefois combattus par l'armée congolaise[256],[257], et qui sont accusés d'avoir contribué à perpétrer le conflit dans l'est du pays, et d'avoir commis par le passé de nombreuses exactions dans la région : recrutement d'enfants soldats[258], violences contre la population civile et les forces armées régulières[256],[259].
En , 84 soldats sont jugés en RDC pour des crimes contre des civils dans la province du Sud-Kivu, incluant meurtres et viols. Le procès, tenu par un tribunal militaire à Bukavu, fait suite à des exactions commises dans plusieurs villages des territoires de Kabare et Kalehe, alors que des rebelles du M23 menacent la région depuis la prise de Goma fin janvier. La partie civile a demandé la peine de mort pour tous les accusés, alors que la RDC a levé en mars un moratoire de plus de vingt ans sur la peine capitale, une décision critiquée par les défenseurs des droits humains[260].
Respect du droit des conflits armés
[modifier | modifier le code]Les actions militaires menées par des Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) et ses supplétifs causent parfois des pertes civiles, et peuvent soulever la question du respect du droit des conflits armés. Dans un rapport sur la situation en RDC, Human Rights Watch (HRW) indique que l'usage de tirs d'artillerie lourde sur Mweso lors des opérations militaires menées par les FARDC pour le contrôle de la localité en , ont entraîné la mort d'au moins 19 civils et fait plusieurs blessés dans la population. L'ONG dénonce également le placement de positions militaires à proximité de sites abritant des populations déplacées, exposant ces dernières à des risques élevés, ainsi que des attaques perpétrées par les FARDC et ses supplétifs contre des camps de déplacés, tuant et blessant des civils. Des événements qui selon HRW, prouvent l'implication des FARDC et des wazalendo dans « des violations crédibles du droit de la guerre »[254].
Wazalendo et groupes armés
[modifier | modifier le code]Les wazalendo, des groupes d'autodéfense congolais, constitués de civils engagés pour la défense de leur pays, et de combattants de milices armés convertis en supplétifs de l'armée congolaise, dont les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR)[note 6], font l'objet de plusieurs accusations : exécutions extrajudiciaires, pillages, rackets[252], violences sexuelles[249],[250], et recrutement d'enfants soldats[253].
À partir de , des actes de violence et de pillage, des vols, des meurtres et des enlèvements perpétrés par des wazalendo, sont reportés dans la ville de Goma[261],[262], ces actes s'amplifient en avril, à la suite du repli des FARDC et de leur supplétifs wazalendo dans la ville de Goma. Les soldats de l'armées régulières et la police sont eux aussi accusés par la population locale d'exactions et de plonger la ville dans un climat d'insécurité[263],[264].
Les wazalendo sont aussi soupçonnés d'enrôler des enfants dans leurs rangs, le rapport de l'ONU de fait mention de la présence d’enfants soldats aux alentours des Goma et de Saké, près des camps de déplacés notamment. Plusieurs groupes armés sont cités dans le document : le NDC-R/Guidon, l’APCLS, les FDLR, l’UPCRL[253].
Discrimination et violences contre la communauté Tutsie congolaise
[modifier | modifier le code]Depuis la reprise des activités militaires du Mouvement du 23 mars (M23) en 2021, la violence contre la communauté tutsie congolaise a augmentée[265],[note 8], elle est confrontée à des préjugés, des attaques violentes et de la discrimination[267], de nombreux congolais considèrent que les tutsis sont des partisans de la rébellion du M23, dont le leadership est majoritairement tutsi[265],[266], ou les perçoivent comme servant les intérêts rwandais[268].
Initiatives diplomatiques
[modifier | modifier le code]Depuis 2022, des initiatives diplomatiques sont initiées afin de désescalader les tensions dans l'est de la RDC :
- Le processus de Luanda, mené sous l'égide de l'Angola, qui se concentre sur le dialogue régional et les questions de sécurité transfrontalière, notamment entre la RDC et le Rwanda ;
- Le processus de Nairobi, soutenu par le Kenya, qui vise à faciliter le dialogue entre le gouvernement congolais et les groupes armés[269].
- Plusieurs sommets régionaux ont aussi lieux pour discuter de la situation sécuritaire dans l'est de la république démocratique du Congo (RDC).
Processus de Luanda
[modifier | modifier le code]Le processus de Luanda est une série de négociations et d’accords diplomatiques initiés à partir de 2022 sous l’égide de l’Angola pour résoudre les tensions et conflits, et promouvoir la paix et la sécurité dans l'est de la république démocratique du Congo (RDC), en particulier face à la résurgence du groupe rebelle Mouvement du 23 mars (M23) et aux tensions entre la RDC et le Rwanda.
Le Processus de Luanda est lancé sous la médiation du président angolais João Lourenço, désigné comme facilitateur par l’Union Africaine[270]. Plusieurs sommets sont organisés à Luanda entre les parties concernées :
- En , une première réunion entre le président de la RDC, Félix Tshisekedi, et le président du Rwanda, Paul Kagame, aboutit à un engagement de désescalade et à un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu[271].
- En , un nouveau sommet réaffirme la nécessité d’un retrait immédiat du M23 des zones occupées et d’un dialogue politique inclusif pour stabiliser la région[109]. Il impose aussi un accord de cessez-le-feu au M23, et confirme l'intervention de la force régionale de la CAE contre le M23 en cas de refus de ce dernier de cesser les hostilités et de se retirer[109]. Le M23 déclare ne pas être tenu par l'accord signé à Luanda, rappelant qu'il n'était pas présent lors des négociations[109].
- En , à Luanda, sous l'égide de l'Union africaine, les participants d'une réunion quadripartite réunissant les membres de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), et de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) s'accordent sur l'harmonisation des initiatives politiques et militaires concernant la crise dans l'est de la RDC[272].
- En , Le président angolais Joao Lourenço accueille Paul Kagame pour tenter de relancer le processus de Luanda, et de rétablir le dialogue entre le Rwanda et la RDC[273], dont les relations sont des plus tendues[274].
- Le , un accord de cessez-le-feu est négocié entre Kinshasa et Kigali, par l'entremise de l'Angola[134]. Le cessez-le-feu doit entrer en vigueur le , immédiatement après la fin de trêve humanitaire, en place depuis le , et partiellement respectée. L'accord prévoit aussi la mise en en œuvre d'un plan de neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) par la RDC et les signataires se sont accordés pour travailler sur un plan de désengagement des forces en conflit dans la région[275],[276]. Dès le lendemain de l'annonce de cet accord l'Alliance fleuve Congo (AFC), une coalition de groupes armés dont le M23 fait partie, indique par un communiqué ne pas être directement concerné par un accord au lequel il n'a pas participé à l'élaboration[135].
- le , à Goma, les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda lancent officiellement le Mécanisme de vérification Adhoc renforcé (MVA-R) sous médiation angolaise, pour surveiller la situation sécuritaire dans l'est de la RDC[277].
- le , un concept d’opérations (CONOPS) est signé par les ministres des affaires étrangères de la RDC et du Rwanda, à Luanda, sous la médiation du président angolais. ce document, mis au point par des experts militaires et du renseignement[278], prévoit des actions ciblées contre les FDLR et le retrait progressif des forces rwandaises en RDC[277],[278].
- En , un sommet prévu le est annulé à la dernière minute en raison de désaccords persistants entre la RDC et le Rwanda[146].
Sommets régionaux
[modifier | modifier le code]Sommet régional extraordinaire SADC-AEC du
[modifier | modifier le code]Le , un sommet régional extraordinaire se tient à Dar es Salam, en Tanzanie, réunissant pour la première fois les membres de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) pour aborder la situation sécuritaire dans l'est de la république démocratique du Congo (RDC)[279],[197]. Les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi ont participé à la rencontre, ce dernier par vidéoconférence[197]. A l'issue du sommet, les dirigeants ont appelés à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, et ont demandé aux chefs des forces de défense de se réunir sous cinq jours pour élaborer un plan de sécurisation pour Goma, et fournir des directives techniques sur la cessation des hostilités[197]. Dans un communiqué commun, ils ont insistés sur l’importance de l'aide humanitaire, notamment le rapatriement des défunts et l'évacuation des blessés, et plaidé pour l'ouverture de couloirs humanitaires[197]. Les participants ont aussi réaffirmé leur soutien à la RDC pour préserver sa souveraineté et son intégrité territoriale, mais sans faire explicitement référence au Rwanda[197]. Ils ont plaidés pour la fusion des processus de paix de Nairobi et de Luanda, et ont exhortés Kinshasa et Kigali à reprendre les discussions, insistant aussi pour que le gouvernement congolais mette en œuvre le plan de neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)[197].
Alors que la délégation rwandaise considère que le sommet à répondu à ces attentes, il a suscité des réactions mitigées en RDC. Le gouvernement congolais appréciant l'engagement des dirigeants en faveur de l'intégrité territoriale du pays. Cependant, l'absence de condamnation explicite du Rwanda dans le communiqué final a été critiquée par une partie de la classe politique, qui dénonce le soutien du Rwanda au Mouvement du 23 mars (M23)[280]. Par ailleurs, un dialogue incluant les rebelles du M23 reste pour beaucoup hors de question[280].
Résolutions de l'ONU
[modifier | modifier le code]Le , le Conseil de sécurité de l'ONU adopte à l'unanimité une résolution exigeant la cessation immédiate des hostilités par le Mouvement du 23 mars (M23) et le retrait des forces rwandaises de la République démocratique du Congo (RDC). Le Conseil condamne fermement ces actions et demande le démantèlement des administrations parallèles illégitimes établies par le M23. Le Conseil appelle également à la reprise des pourparlers diplomatiques entre la RDC et le Rwanda, conformément aux processus de Luanda et de Nairobi, et condamne l'exploitation illicite des ressources naturelles dans l'est de la RDC, exhortant les entreprises minières à adopter le Mécanisme régional de certification. Enfin, il demande l'ouverture de couloirs humanitaires et insiste sur le respect du mandat de la MONUSCO, exigeant la cessation des hostilités contre les soldats de la paix[281]. Cette résolution condamne pour la première fois de manière explicite le Rwanda pour son soutien aux rebelles du M23[282].
Procédures judiciaires et pénales
[modifier | modifier le code]Le 14 octobre 2024, une enquête est ouverte par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan, sur les crimes de guerre commis depuis dans la province du Nord-Kivu, dans l'est du territoire congolais. tous les auteurs de crimes présumés seront visés par cette enquête[283].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « M23 offensive (2022) » (voir la liste des auteurs).
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Rébellion du M23 » (voir la liste des auteurs).
Notes
[modifier | modifier le code]- En un protocole d'accord de défense est signé entre la république démocratique du Congo (RDC) et le Burundi[5].
En , selon les experts, 1 070 soldats de la FDNB sont secrètement déployés début pour sécuriser le territoire de Masisi, en dehors du cadre de la Force régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC).
Fin 2023, Kinshasa dénonce l’accord conclu avec la Communauté d'Afrique de l'Est, Le Burundi maintient ses troupes en RDC à la demande des autorités congolaises[6].
A partir de , environ 10 000 soldats de la Forces armées du Burundi seraient déployé dans le Sud-Kivu en appui de l'armée congolaise[7]. - Début , selon l'UNHCR, le nombre de déplacés internes s'éleve à 4,6 millions de personnes dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu[11]. Ce chiffre représente le nombre de déplacés engendré par les différents conflits qui touchent la région du Kivu, dont l'insurrection du M23, mais aussi les actions des différentes milices opérant dans la région : ADF, CODECO qui comptent parmi les milices les plus actives des 120 groupes armées identifiés dans la région[12].
- ↑ Lors de la première rébellion du M23, Jean-Marie Runiga fut le président de sa branche politique, jusqu'en . Quelques mois avant la défaite du M23, il est destitué par Sultani Makenga, le chef militaire de la rébellion, qui l'accuse de soutenir Bosco Ntaganda, sous mandat d'arrêt de la cour pénale internationale. Á l’issue de cette destitution une scission du mouvement entre les pro-Runiga et les pro-Makenga s’ensuit[21]. Après des affrontements entre les deux factions, celle loyale à Runiga et Ntaganda est mise en déroute par la faction de Makenga. Runiga et ses troupes trouvent refuge au Rwanda[22],[23].
- ↑ L'opération Springbok est une initiative de la MONUSCO mise en place en , qui vise à soutenir l’armée congolaise dans la protection des civils et la défense de position dans les régions de Goma et Sake, afin d’empêcher leur prise par les rebelles du M23[175].
- ↑ Jusqu'au les troupes rwandaises n'ont jamais été explicitement appelé à se retirer de RDC et de cesser leur soutien au M23 par le secrétaire général des Nations unies. António Guterres s'était limité à faire référence aux conclusions d’un rapport de référence d’experts de l’ONU mettant en lumière le rôle de Kigali aux côtés du M23
- Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont un groupe armé Hutu, avec pour objectif la reconquête du pouvoir au Rwanda, et dont certains membres auraient participés au génocide des Tutsi en 1994.
Le gouvernement rwandais considère les FDLR comme une menace pour la sécurité du Rwanda.
Durant les différents conflits, les FARDC, tour à tour, combattent ou s'allient aux FDLR, un reproche récurrent de Kigali aux différents gouvernements congolais. - ↑ « Human Rights Watch a également reçu des informations crédibles à propos de plus d’une dizaine d’autres exécutions sommaires commises par les forces du M23, mais en raison des contraintes d’accès et de sécurité, n’a pas pu corroborer de manière indépendante ces éléments. »
- ↑ Selon Jason Stearns (en), « Il n’y a pas eu de recrudescence du sentiment anti-Tutsis avant la réapparition du M23, en novembre 2021. C’est plutôt en réponse à la rébellion du M23 que les persécutions contre la communauté tutsie ont augmenté en s’appuyant sur les mêmes arguments conspirationnistes que Charles Onana cherche à crédibiliser et à infuser » dans la société congolaise[265]. Cette analyse est partagé par Onesphore Sematumba, un chercheur spécialiste de la région des Grands Lacs à l’International Crisis Group et s’accorde avec plusieurs rapports du Groupe d’experts du Conseil de sécurité de l’ONU, tel qu le rapport de , où il est mentionné que « les membres de la population tutsie interrogés par le Groupe d’experts ont confirmé que les actes de violence avaient coïncidé avec la résurgence du M23. »[266]
Références
[modifier | modifier le code]- « Attaque dans le Nord-Kivu : des habitants témoignagent »
, sur Deutsche Welle, (consulté le )
- ↑ « « Ils échangeaient par talkie-walkie » : en RDC, les liens entre l’Ouganda et la rébellion du M23 interrogent »
, sur lemonde.fr, (consulté le )
- (en) « MONUSCO », sur MONUSCO (consulté le ).
- ↑ (en) « Photo du jour du samedi 3 juillet 2022 », sur Flickr (consulté le ).
- ↑ « La RDC et le Burundi signent un accord de coopération sécuritaire »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ « Dans l’est de la RDC, l’étau du M23 se resserre autour de Goma, faisant craindre une « déflagration régionale » »
, sur Le Monde, (consulté le )
- Libération et AFP, « Rébellion du groupe armé M23 : les affrontements reprennent dans l’est du Congo »
, sur Libération (consulté le )
- ↑ « Cinq questions sur l'offensive des rebelles dans l'est de la République démocratique du Congo »
, sur France Info, (consulté le )
- ↑ « Conflit dans l’est de la RD Congo : Le pari raté sur les mercenaires roumains », sur BBC News Afrique, (consulté le ).
- ↑ (en) Agence France-Presse, « Rwanda Inside DRC, Aiding M23 - Report », sur voaafrica.com, (consulté le ).
- « L'escalade de la violence dans l'est de la RDC provoque le déplacement de plus de 230 000 personnes depuis le début de l'année »
, sur UNHCR, (consulté le )
- ↑ « RDC : le président proclame « l’état de siège » dans deux provinces touchées par la violence », Le Monde, (lire en ligne
, consulté le )
- ↑ « Ouganda : plus de 30 000 réfugiés attendent une aide humanitaire après avoir fui la RDC »
, sur Médecins sans frontières, (consulté le )
- (en) « M23 rebels in DR Congo deny shooting down UN helicopter », BBC, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Human Rights Watch, « DR Congo: Civilians at Risk Amid Resurgence of M23 Rebels - Democratic Republic of the Congo | ReliefWeb », (consulté le )
- (en) Martina Schwikowski, « M23 rebels resurface in DR Congo », Deutsche Welle, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Les rebelles du M23 se retirent de Goma »
, sur France 24, (consulté le )
- ↑ « La RDC et le M23 signent un accord de paix », Le Monde, (lire en ligne
, consulté le )
- (de) Simone Schlindwein, « Neue Kämpfe im Osten Kongos: UN-Blauhelme sterben », Die Tageszeitung: taz, (ISSN 0931-9085, lire en ligne, consulté le )
- International Crisis Group, « Apaiser les tensions dans l'Est de la RD Congo et les Grands Lacs », Crisis Group Africa Briefing, , article no 181 (lire en ligne)
- ↑ « RDC : Jean-Marie Runiga, chef politique du M23, démis de ses fonctions »
, sur Jeune Afrique, (consulté le )
- ↑ AFP, « RDC : une faction des rebelles du M23 en fuite au Rwanda »
, sur Libération, (consulté le )
- ↑ Marie-France Cros, « L’une des deux factions du M23, battue, a fui au Rwanda »
, sur La Libre, (consulté le )
- (en) James Karuhanga, « Rwanda Will Not Be Drawn Into Intra-Congo Conflict - Govt Spokesperson », The New Times, (consulté le )
- « RDC : Recrutement, réarmement et réorganisation du M23, l'Ouganda et le Rwanda ont servi de base arrière »
, sur Beto.cd, (consulté le )
- (en) « DR Congo: UN condemns M23 rebel attacks on peacekeeping force in North Kivu », sur Africa News, (consulté le )
- (en) Robert Muhereza, « Congolese soldiers flee as M23 rebels take over town », sur Daily Monitor, (consulté le )
- Bisong Etahoben, « 5 DR Congo Chiefs Flee Chiefdoms, Take Refuge In Goma After Persistent M23 Rebel Attacks », HumAngle, (lire en ligne, consulté le )
- « M23 rebels attack military positions in eastern DR Congo », Al Jazeera, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Fresh fighting erupts in Bunagana », sur Daily Monitor, (consulté le )
- ↑ Lisa Schlein, « Thousands Fleeing Violent Clashes in DRC in Need of Emergency Aid », Voice of America, (lire en ligne, consulté le )
- Bisong Etahoben, « M23 Rebels Withdraw From Villages Captured In DR Congo », HumAngle, (lire en ligne, consulté le )
- « Rwanda Inside DRC, Aiding M23 - Report », Voice of America, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) Djaffar Al Katanty, « Heavy fighting as Congo tries to fend off resurgent M23 rebels », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
- Mohammed Yusuf, « DRC Army: M23 Rebels Kill Two Congo Soldiers as Fighting Resumes », Voice of America, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « DR Congo army accuses Rwanda of deploying soldiers 'to defend M23' », sur Daily Monitor, (consulté le )
- ↑ TV5 Monde, « RDC : les autorités accusent Kigali d'exactions » [vidéo] (consulté le )
- ↑ (en) « Congo Says Rwandan Forces Supported Latest Rebel Attacks as Thousands Flee », sur Voice of America, (consulté le )
- (en) Djaffar Sabiti et Stanis Bujakera, « Congo rebels seize eastern border town, army blames Rwanda », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) Bisong Etahoben, « M23 Rebels Reclaim DR Congo Region After Military Takeover », sur HumAngle, (consulté le )
- ↑ (en) Al-Hadji Kudra Maliro et Justin Kabumba, « Congo military accuses Rwanda of invasion; rebels seize town », Washington Post, (consulté le )
- (en) Robert Muhereza, « Uganda halts Congo military operations », sur Daily Monitor, (consulté le )
- ↑ « Prise de Bunagana : "Nous n'avons rien vu, ni entendu que les Ougandais auraient trahi leurs alliées FARDC" (MONUSCO) », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ (en) « Kenya calls for immediate deployment of regional force to eastern Congo », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
- « RDC: les troupes de la MONUSCO "en position défensive" près de Bunagana », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : les FARDC lancent l'assaut contre le M23 près de Bunagana », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Rutshuru : les FARDC reprennent le contrôlent de la cité de Bunagana - Agora Grands-Lacs », sur Agora Grands-Lacs, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : reprise des combats entre FARDC et M23 autour de Bunagana », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ (en) Djaffar Sabiti et Stanis Bujakera, Reuters, « Congo soldier shot dead in Rwanda, rebels make gains in east », National Post, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : la situation militaire demeure tendue à Jomba », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « RDC-Rwanda : les acteurs de la société civile environnementale préoccupés par le sort des gorilles de montagne », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ (en) « UN report on DR Congo says M23 rebels plan to capture key city », sur Daily Monitor, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : Calme précaire à Rutshuru sur la ligne de front entre l'armée et le M23 », sur Radio Okapi, (consulté le )
- « Nord-Kivu : nouveaux affrontements entre FARDC et M23 dans le groupement Bweza », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ (en) « DR Congo agrees to EAC force deployment without Rwandan army », sur Daily Monitor, (consulté le )
- ↑ (en) « Museveni in Kenya for EAC meeting to discuss DR Congo conflict », sur Daily Monitor, (consulté le )
- ↑ (en) Andrew Bagala, « EAC leaders order M23 rebels out of Bunagana », sur Daily Monitor, (consulté le )
- ↑ (en) Andrew Bagala et Robert Muhereza, « Congo-M23 ceasefire fails », sur Daily Monitor, (consulté le )
- ↑ (en) « DR Congo rebels reopen border post with Uganda », sur Daily Monitor, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : interdiction d'importer et d'exporter les marchandises via Bunagana », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : les combats s'intensifient entre les FARDC et M23 à Rutshuru », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : 13 civils tués par les bombes lancées par le M23 à Kisigari », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ (en) « DR Congo: Resurgent M23 Rebels Target Civilians », Human Rights Watch, (consulté le )
- ↑ « Le Potentiel : « Paix durable dans l’Est : Félix Tshisekedi : « La voie diplomatique demeure l’option idéale et privilégiée » », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : trois jours d'accalmie sur les lignes de front à Rutshuru », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « RDC : nouveaux affrontements entre l'armée et le M23 à Rutshuru », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Rutshuru : les FARDC reprennent le contrôle de 4 villages jadis occupés par le M23 », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : deux villages de Jomba sous contrôle des FARDC », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : les FARDC affirment avoir « neutralisé 27 rebelles M23 » à Rutshuru », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « RDC : reprise des combats entre les FARDC et le M23 à Kisigari », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : calme précaire dans les zones de Bikenke et Ruseke », sur Radio Okapi, (consulté le )
- « RDC : changement à la tête du commandement militaire au Nord-Kivu et en Ituri », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « RDC : reprise des combats entre les FARDC et le M23 », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : poursuite des combats entre FARDC et M23 à Ntamugenga », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Combats FARDC-M23 : environ 2 600 ménages des déplacés recensés au village Buhiri », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : afflux de déplacés à Nyirangongo à la suite des combats entre FARDC et M23 », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : 5ème jour d'accalmie sur les lignes de fronts à Rutshuru », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Masisi : déplacement de la population à la suite des affrontements entre deux factions de Nyatura à Bashali Mukoto », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : des dizaine (sic) de familles continuent d'affluer vers Nyirangongo », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « La République : « Guerre Rwanda – RDC. Luanda, échec ! » », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Combats FARDC-M23 : Yoweri Museveri préconise un cessez-le-feu sur la ligne de front », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « RDC : la MONUSCO dément avoir fait un aveu d'impuissance face aux rebelles », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Patrick Muyaya : « Il faut que le M23 retourne à ses positions initiales » », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : le M23 installe une administration parallèle à Jomba », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ (en) « At Least 15 Killed as Anti-UN Protests Spread in Eastern DR Congo », Al Jazeera, (consulté le )
- ↑ (en) « UN Chief offers condolences to Morocco following death of Moroccan Blue Helmet in DRC », The North Africa Post, (consulté le )
- ↑ (en) « UN honors five peacekeepers killed in eastern DRC », Africa News, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu: reprise des combats entre FARDC et M23 à Rutshuru », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Affrontements FARDC-M23 : au moins 5 villages vidés de leurs populations à Rutshuru », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Rutshuru : la société civile déplore la trêve des FARDC engagées aux combats contre le M23 », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Mutualisation des forces de l'EAC : les groupes armés ciblés par la force militaire régionale », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ (en) « Burundi Troops Split DRC Opinions », sur Voice of America, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : l'armée dénonce de graves violations des droits humains lors des attaques du M23 le 16 août », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : reprise des combats entre FARDC et M23 », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ (en) Bisong Etahoben, « M23 Rebels Want Dialogue With DR Congo Government », sur HumAngle, (consulté le )
- ↑ « Rusthuru: le M23 accusé de bombarder ce vendredi les positions des FARDC à Rwanguba », sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Congo fighting flares as hundreds shelter in convent - army, MSF », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « DR Congo troops clash with M23 rebels », France24, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) « DR Congo Army Clashes With M23 Rebels Around Strategic Eastern Highway », The Defense Post (consulté le )
- ↑ (en) Justin Kabumba et Krista Larson, Associated Press, « Rebels makes new advance, and Congo expels Rwandan envoy », sur ABC News (consulté le )
- ↑ « DR Congo expels Rwandan ambassador as M23 rebels seize towns », Al Jazeera, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) « DRC Rules out Talks with ‘Terrorist’ M23 As Tensions Worsen », sur ChimpReports, (consulté le )
- ↑ (en) AfricaNews, « Protesters in DRC set fire to UN vehicles in Goma », sur Africanews, (consulté le )
- ↑ (en) Lenin Ndebele, « Kenya to deploy army to eastern DRC to fight M23 rebels », sur News24 (consulté le )
- ↑ « Congo trains 3,000 new army recruits amid Rwanda tensions », greenwich time, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Thousands displaced as M23 rebels near key DRC city of Goma », Al Jazeera, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « M23 claims capture of FDLR strongholds », The New Times, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Uganda Readies Strike Force to Counter M23 Rebels », Chimp Reports, (lire en ligne, consulté le )
- « RDC : un accord de cessez-le-feu conclu au mini-sommet de Luanda »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ Christophe Châtelot, « RDC : avec le massacre de Kishishe, « on assiste peut-être à un tournant » dans la lutte contre le M23 », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Le Soudan du Sud va envoyer 750 militaires en RDC pour combattre les rebelles du M23 », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ Philippe CHAPLEAU, « En République démocratique du Congo, les rebelles du M23 menacent la grande ville de Goma », sur Ouest France, (consulté le )
- Par L'Obs avec AFP, « Conflit du M23 en RDC : l’armée rwandaise utilise des missiles sol-air, selon un document de l’ONU », sur L'Obs, (consulté le )
- ↑ « Combats dans l’Est de la RDC: pourquoi le contrôle de la ville de Sake est stratégique »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ Freddy Ruvunangiza, « Nord-Kivu: désespérés, les rebelles du M23-RDF-AFC lancent une contre-offensive pour s'emparer de la cité stratégique de Sake - La Prunelle RDC », sur laprunellerdc.cd (consulté le )
- ↑ « RDC: les rebelles du M23 ont pris le contrôle de la ville de Nyanzale, au nord de Goma »
, sur Radio France internationale, (consulté le )
- ↑ « Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 5 mars 2024 | Couverture des réunions & communiqués de presse »
, sur Organisation des Nations unies, (consulté le )
- ↑ « En RDC, le M23 s’empare d’une base des forces gouvernementales »
, sur Jeune Afrique, (consulté le )
- ↑ « RDC: au moins 18 civils tués dans de violents affrontements entre le M23 et les FARDC à Bwito »
, sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu: poursuite des combats entre FARDC et M23 à Bwito »
, sur Radio Okapi, (consulté le )
- « RDC : 'plus de 100.000' nouveaux déplacés en deux jours de combats selon l'ONU »
, sur TV5 Monde, (consulté le )
- « RDC : au moins 10 morts dans la prise de Nyanzale par le M23 »
, sur Africanews, (consulté le )
- ↑ Coralie Pierret, « RDC: le M23 investit deux localités sans combattre »
, sur Radio France internationale, (consulté le )
- ↑ « Guerre dans l’est de la RDC : une nouvelle force régionale condamnée à l’impuissance ? », Le Monde, (lire en ligne
, consulté le )
- ↑ « Masisi : le M23 occupe Kashuga et Misinga, après des combats avec les FARDC »
, sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Évaluation Rapide de Crise M23 – Rapport #16, Province du Nord Kivu, 15 mars 2024 - Democratic Republic of the Congo »
, sur ReliefWeb, (consulté le )
- ↑ « RDC — Nord Kivu: Évaluation Rapide de Crise M23 (15 Mars 2024) »
, sur Organisation internationale pour les migrations, (consulté le )
- ↑ « Actualité | Nord-Kivu : la pêcherie de Vitshumbi tombée entre les mains du M23 »
, sur mediacongo.net, (consulté le )
- ↑ « RDC: 250 000 personnes déplacées en un mois, l'ONU dénonce une crise humanitaire "sans précédent" »
, sur Voice of America, (consulté le )
- « Dans l’est de la RDC, les rebelles du M23 intensifient leur emprise sur le Nord-Kivu »
, sur Le Monde, (consulté le )
- ↑ « RDC: après de violents combats, la ville de Kanyabayonga tombe aux mains des rebelles du M23 »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ « Insécurité dans l’Est de la RDC : Les rebelles du M23 ont-ils changé de stratégie ? »
, sur BBC News Afrique, (consulté le )
- ↑ « Au Nord-Kivu, des femmes violées sur le chemin des champs »
, sur Deutsche Welle, (consulté le )
- Agence France-Presse, « La France « salue le cessez-le-feu » entre Kinshasa et Kigali dans l’est de la RDC », sur Mediapart, (consulté le )
- « Est de la RDC: le cessez-le-feu entre en vigueur alors que le M23 progresse »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ Agence France-Presse, « RDC: la rébellion du M23 s’empare d’une localité frontalière de l’Ouganda », sur Mediapart, (consulté le )
- ↑ « RDC: le M23 occupe la cité frontalière de Ishasha peu avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu »
, sur Actualite.cd, (consulté le )
- ↑ (en) Reuters, « Africa Congolese police officers flee to Uganda as fighting intensifies », sur Reuters, (consulté le )
- ↑ « En RDC, le M23 s’empare d’une localité à la frontière de l’Ouganda - Jeune Afrique.com »
, sur Jeune Afrique, (consulté le )
- ↑ « RDC: les rebelles du M23 revendiquent la prise de Kalembe, une ville dans l'est du pays »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ « Est de la RDC: sommet Tshisekedi-Kagame annulé, pas d'accord en vue », La Croix, (lire en ligne
, consulté le )
- Le Monde et Agence France-Presse, « En République démocratique du Congo, les rebelles du M23 s’emparent d’une nouvelle ville clé dans l’Est », Le Monde, (lire en ligne
, consulté le )
- « RDC: à Lubero, sous la menace du M23, la peur et la défiance »
, sur TV5 Monde, (consulté le )
- ↑ « RDC: après d’intenses combats de plusieurs jours, les rebelles du M23 s'emparent de la localité de Matembe (Lubero) »
, sur Actualite.cd, (consulté le )
- ↑ « RDC: le M23 s'empare de la localité de Matembe dans le Lubero »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- « RDC : avancée du M23 dans l'est du pays au lendemain du sommet avorté à Luanda »
, sur TV5 Monde, (consulté le )
- « Conflit dans l'est de la RDC: violents combats entre l'armée et le M23 dans le territoire de Masisi »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ « Conflit dans l'est de la RDC: le M23 s'empare d'une localité stratégique dans le territoire de Masisi »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ Héritier Baraka, « Conflit dans l'est de la RDC: le M23 s'empare de la ville-clé de Masisi », sur Radio France internationale, (consulté le ).
- « RDC : Kigali déclare que des secteurs pris par le M23 étaient entre les mains de « génocidaires » »
, sur Jeune Afrique, (consulté le )
- « En RDC, l'armée reprend le chef-lieu du territoire de Masisi au M23 dans le Nord-Kivu »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- « L'armée congolaise reprend Masisi-Centre au M23 – DW – 08/01/2025 »
, sur Deutsche Welle, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu: plus de 10.000 personnes réfugiées à l’hôpital général de Masisi et à la base de MSF alors que les combats se poursuivent »
, sur Médecins sans frontières, (consulté le )
- ↑ « Masisi-Centre de nouveau sous occupation du M23 »
, sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Lieutenant-colonel Guillaume Njike : « Les FARDC ont récupéré Ngungu, repoussé l’ennemi et sécurisé la population » »
, sur Radio Okapi, (consulté le )
- « RDC: l'armée annonce la reprise de cinq agglomérations dans le territoire de Masisi »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ « RDC: intensification des combats dans l'est du pays »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ « Violents combats entre FARDC et M23 dans 3 territoires du Nord-Kivu »
, sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « L’armée reprend le contrôle de Lumbishi au Sud-Kivu »
, sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Democratic Republic of Congo army retakes towns from M23 rebels in North Kivu »
, sur aa.com.tr (consulté le )
- ↑ « FARDC et M23 à Masisi : Bataille pour le contrôle de Ngungu centre ce mercredi »
, sur Actualite.cd, (consulté le )
- ↑ « Nord-Kivu : la poursuite des combats autour de Ngungu entraîne une nouvelle vague de déplacés »
, sur Radio Okapi, (consulté le )
- ↑ « Est de la RDC : le M23 a pris le contrôle de la cité minière de Lumbishi »
, sur Jeune Afrique (consulté le )
- ↑ « En RDC, le groupe armé M23 part à la conquête de la région du Sud-Kivu »
, sur Courrier international, (consulté le )
- ↑ « RDC : les cités de Bweremana et Minova passent sous occupation des rebelles du M23 »
, sur Radio Okapi, (consulté le )
- « RD Congo: nouvelle avancée du M23 dans l'est, selon l'armée »
, sur TV5 Monde, (consulté le )
- ↑ « RDC: symbole de la résistance depuis des mois, la localité côtière de Bwerema passe sous contrôle du M23 »
, sur Actualite.cd, (consulté le )
- ↑ (en) « Congo rebels seize eastern town on critical supply route », sur www.reuters.com, (consulté le )
- « Conflit dans l'Est de la RDC: les combats se poursuivent autour de Sake »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ « Est de la RDC: poursuite des combats, les Casques bleus 'engagés' contre le M23 »
, sur TV5 Monde, (consulté le )
- « Conflit dans l'est de la RDC: les combats ont repris à Kibumba et à Sake »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- « RDC: le général Peter Cirimwami, gouverneur militaire du Nord-Kivu, est mort dans des combats à l’Est »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- « Reprise des combats dans l'est de la RDC, plus de 400 000 déplacés »
, sur TV5 Monde, (consulté le )
- Agence France-Presse, « À Goma, « la peur gagne du terrain » »
, sur Le Devoir, (consulté le )
- ↑ Zanem Nety Zaidi, « L’opération Springbok de la Monusco ne convainc pas »
, sur Deutsche Welle, (consulté le )
- « République démocratique du Congo : la rébellion du M23 et 3 000 à 4 000 soldats rwandais menacent Goma », Le Monde, (lire en ligne
, consulté le )
- « Conflit dans l'Est de la RD Congo : Que sait-on vraiment de la situation ? »
, sur BBC News, (consulté le )
- (en-GB) Wedaeli Chibelushi et Marina Daras, « DR Congo fighting: M23 rebels kill Governor Peter Chirimwami »
, sur BBC, (consulté le )
- ↑ « République démocratique du Congo : la rébellion du M23 aux portes de Goma », Le Monde, (lire en ligne
, consulté le )
- « Conflit dans l’est de la RDC : que se passe-t-il à Goma ? »
, sur Le Point, (consulté le )
- « République démocratique du Congo : réunion d’urgence à l’ONU alors que le M23 est aux portes de Goma », Le Monde, (lire en ligne
, consulté le )
- ↑ « RDC: réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU tandis que les combats font rage autour de Goma »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- « La RDC rappelle ses diplomates au Rwanda: une décision regrettable, selon Kigali »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ « La Rdc annonce la cessation de toutes ses activités diplomatiques et consulaires avec le Rwanda »
, sur Présidence de la RDC, (consulté le )
- « À l'ONU, la RDC réclame des sanctions contre le Rwanda alors que les combats font rage autour de Goma »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ >« République démocratique du Congo : les rebelles du M23 revendiquent la prise de Goma »
, sur Ouest France, (consulté le )
- ↑ « RDC: La progression du M23 vers Bukavu ralentie par l'armée et les forces burundaises »
, sur Challenge, (consulté le )
- « RDC : après Goma, le M23 avance « assez rapidement » vers Bukavu, selon l’ONU »
, sur Organisation des Nations unies, (consulté le )
- ↑ « RD Congo : le M23 décrète un "cessez-le-feu", Tshisekedi et Kagame attendus samedi à Dar es Salaam »
, sur France 24, (consulté le )
- ↑ « Est de la RDC : le M23 progresse dans le Sud-Kivu, violant son propre cessez-le-feu »
, sur Jeune Afrique, (consulté le )
- ↑ « Guerre en RDC : dans un Nord-Kivu sous domination du M23, les déplacés, exsangues, regagnent leurs villages »
, sur Le Monde, (consulté le )
- Omar Ouahmane, « À Goma (RDC), une situation apocalyptique après les violents combats pour prendre la ville »
, sur France Inter, (consulté le )
- ↑ « RDC: à Goma, les déplacés commencent à rentrer chez eux »
, sur TV5 Monde, (consulté le )
- ↑ « RD Congo : les déplacés de Goma forcés de quitter les camps, la Belgique veut sanctionner le Rwanda »
, sur France 24, (consulté le )
- ↑ « RDC: à Goma, le M23 demande aux déplacés de rentrer chez eux »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ « RD Congo : Le M23 ordonne aux personnes déplacées de quitter des camps de Goma »
, sur Human Rights Watch, (consulté le )
- « Sommet EAC-SADC: les dirigeants appellent à un «cessez-le-feu immédiat» dans l'est de la RDC »
, sur Radio France Internationale, (consulté le )
- ↑ « Est de la RDC: deuxième jour d'accalmie après un appel régional à un cessez-le-feu »
, sur TV5 Monde, (consulté le )
- ↑ « RDC: reprise des combats sur le front de Lubero au lendemain d'une attaque meurtrière à la bombe larguée par le M23 »
, sur Actualite.cd, (consulté le )
- ↑ « RDC : à Lubero, on se prépare au pire en pensant à l'avenir »
, sur Deutsche Welle, (consulté le )