Royaume de Haute-Bourgogne — Wikipédia

Royaume de Haute-Bourgogne
Royaume de Bourgogne transjurane

888933

Description de cette image, également commentée ci-après
Haute-Bourgogne (en vert) au Xe siècle
Informations générales
Capitale Saint-Maurice d'Agaune
Religion catholicisme
Histoire et événements
843 Traité de Verdun : l'Empire carolingien est divisé entre les trois fils de Louis le Pieux
855 Traité de Prüm : la Francie médiane est divisée entre les 3 fils de Lothaire Ier : Lothaire II de Lotharingie (Lotharingie, dont la Haute-Bourgogne ), Charles de Provence (Basse-Bourgogne) et Louis II d'Italie (Italie).
870 Traité de Meerssen : Charles II le Chauve et Louis II le Germanique se partagent la Lotharingie de leur neveu Lothaire II.
880 Traité de Ribemont : Louis III de France et Carloman II (rois de Francie occidentale) accordent la totalité de la Lotharingie à Louis III de Germanie contre sa neutralité dans le conflit.
888 Mort de Charles III le Gros. L'Empire carolingien traverse une nouvelle crise successorale. Rodolphe Ier, fils du duc de Bourgogne transjurane Conrad II, parvient à se faire élire roi de Bourgogne transjurane par le concile d'Agaune.
933 Union du royaume de Basse-Bourgogne (cisjurane et Provence) avec le royaume de Haute-Bourgogne (transjurane).
Roi de Bourgogne Transjurane
888-912 Rodolphe Ier de Bourgogne
912-937 Rodolphe II de Bourgogne

Entités précédentes :

Le royaume de Haute-Bourgogne (ou royaume de Bourgogne transjurane) était un État féodal qui a existé aux IXe et Xe siècles (transjuran signifiant à l'est des Monts du Jura).

Issue de la partition de la Bourgogne impériale lors du traité de Prüm, (elle-même issue de la division du royaume de Bourgogne (ancienne Burgondie) à la suite du traité de Verdun de 843), son territoire s'étendait dans les actuelles Suisse, Savoie, Franche-Comté et la vallée d'Aoste.

Vers 933, sous les règnes de Rodolphe II (mort en 937) et de son fils Conrad le Pacifique (mort en 993), le royaume de Haute-Bourgogne et le royaume de Provence s'unissent. Le royaume ainsi formé prend le nom de « royaume des Deux-Bourgognes ou d'Arles », et se place sous la suzeraineté des souverains germaniques à partir de 1032, à la mort du fils de Conrad, Rodolphe III.

Le traité de Verdun de 843 divise de façon définitive l'empire carolingien. Le royaume de Bourgogne, donne naissance, à l’ouest de la Saône, à une Bourgogne franque rattachée à la Francie occidentale (dont vient la Bourgogne ducale), et à l’est de cette même rivière, à une Bourgogne impériale, lot de l’empereur Lothaire Ier, rattachée à la Francie médiane. À la mort de l'empereur en 855, la Francie médiane est partagée entre ses trois fils lors du traité de Prüm :

Mais les héritiers mâles de l'empereur Lothaire Ier disparaissent les uns après les autres, et leurs descendants par les femmes (ou ceux de ses frères Louis le Germanique et Charles le Chauve) tentent de se dépouiller mutuellement. Les Normands ravagent le nord, les Sarrasins menacent le midi, partout règne l'anarchie.

La Transjurane de Lothaire II comprenait l'Helvétie, composée des diocèses de Lausanne (le Pays de Vaud), de Genève (avec Gex, le Valromey, la Haute-Savoie dont le Genevois, le Chablais et le Faucigny, le nord du Bourget) et de Sion (le Valais, avec St-Maurice-d'Agaune) ; plus Belley et la Tarentaise (mais dès 858 ces deux derniers pays passent à son frère Charles de Provence). En fait, Lothaire II perd vite le contrôle effectif de la Transjurane, son beau-frère le Bosonide Hu(c)bert en devenant le marquis puis le duc (il est aussi l'abbé laïc de St-Maurice) ; mais vers 864/866, Hubert est éliminé par le Welf Conrad II d'Auxerre (mort en 876), qui prend les mêmes titres. La souveraineté de Lothaire II sur la Transjurane, pourtant toute nominale, disparut même, puisqu'il dut la transférer à son frère aîné l'empereur Louis d'Italie en 859, sauf sur le Mont-Joux et le Pipicensis (la bande de terres entre l'Aar et la Birse).

À Conrad succède son fils le marquis Rodolphe Ier (éponyme des Rodolphiens), sous la souveraineté de Charles le Chauve (mort en 877 ; empereur et roi d'Italie en 875 ; oncle de Lothaire II) puis de son neveu Charles le Gros (fils du Germanique ; empereur en 881 et roi d'Italie en 879). Entre-temps, le beau-frère de Charles le Chauve (et le neveu maternel du duc Hucbert), Boson (mort en 887), a tenté de fonder en 879 un nouveau royaume de Provence et Cisjurane augmenté des pays de la Saône et du Doubs (à cheval sur la Saône : la rive droite/occidentale, plus la rive gauche/orientale - l'Outre-Saône - dont la Franche-Comté) et du diocèse de Lausanne ; mais ce ne fut qu'un feu de paille, du moins dans son extension de part et d'autre des monts du Jura.

Après que Charles le Gros (dernier fils de Louis le Germanique ; roi d'Alémanie, de Germanie, d'Italie et de France, empereur en 881, le dernier à rassembler le domaine carolingien) eut été déposé en et fut mort le 13 janvier suivant, les nobles et les principaux membres du clergé de Haute-Bourgogne se réunirent dans l'abbaye territoriale de Saint-Maurice d'Agaune en , et proclamèrent roi le fils du duc Conrad et gendre du roi Boson, le marquis Rodolphe Welf[1],[2]. Au printemps 888 (en avril ?), Rodolphe est aussi couronné roi de Lotharingie à Toul par l'évêque Arnaud (Arnald). Apparemment, profitant de la légitimité conférée par son élection, Rodolphe affirma ses droits sur l'ensemble de la Lotharingie, prenant la plus grande partie de l'Alsace et de la Lorraine. Mais son ambition est contestée par l'empereur Arnulf de Carinthie (mort en 899 ; petit-fils du Germanique), qui força rapidement Rodolphe à abandonner l'essentiel de la Lotharingie en échange de sa reconnaissance en tant que roi de Bourgogne. Cependant, les hostilités entre Rodolphe et Arnulf semblent avoir continué avec intermittence jusqu'en 894. Un fils d'Arnulf, Zwentibold (mort en 900), devint alors roi de Lotharingie en 895.

En 933, le roi de Bourgogne transjurane Rodolphe II (petit-fils maternel du roi Boson) en compétition avec Hugues d'Arles (petit-fils du duc Hubert) pour la couronne d'Italie, aurait obtenu de ce dernier la cession de l'ancien royaume de Provence en échange de l'abandon des ambitions italienne. Poupardin cite Liutprand de Crémone[3] : « Quand le roi Hugues l’apprit, il lui envoya des députés, et donna à Rodolphe toute la terre qu’il avait tenue en Gaule avant de monter sur le trône, en même temps qu’il recevait de lui le serment qu’il ne rentrerait jamais en Italie ». Cet accord, dont l'existence est discutée[4], aurait écarté définitivement Charles-Constantin de Vienne de la succession de son père Louis l'Aveugle (empereur, roi de Provence et d'Italie, mort en 928, fils du roi Boson) et l'aurait conduit à faire appel au roi des Francs Raoul, qui ne put cependant lui assurer que le Viennois.

Les deux royaumes bourguignons sont ainsi réunifiés au sein du royaume des Deux-Bourgognes ou royaume d'Arles, mais sous l'égide des rois de Germanie Henri l'Oiseleur et son fils Otton. Après Rodolphe II vinrent son fils Conrad le Pacifique puis son petit-fils Rodolphe III (mort en sans postérité). Et c'est un arrière-arrière-petit-fils d'Otton et un neveu par alliance de Rodolphe III, l'empereur Conrad le Salique, qui recueillit en 1032 la succession du royaume d'Arles, dont la Transjurane.

Partition de la Bourgogne

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Division de la Bourgogne lors des partitions successives de l'empire carolingien

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Evolution territoriale de la Bourgogne

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Notes et références

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  1. Réginon de Prüm: AD 887.
  2. Florian Mazel, Féodalités (888-1180), Humensis, 04/05/2010
  3. Liutprand de Crémone, Antapodosis, l. III, c. 48.
  4. Carlrichard Bruhl, Naissance de deux peuples : Français et Allemands, IXeXIe siècle, Fayard, 1995, 387 p.

Bibliographie

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  • René Poupardin :
    • Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855 – 933), É. Bouillon, 1901 (lire en ligne).
    • Le royaume de Bourgogne (888 – 1038) : étude sur les origines du royaume d'Arles, Librairie Honoré Champion, Paris, 1907 (lire en ligne).
  • Honoré Bouche, Histoire de Provence.
  • Frédéric Charles Jean de Gingins de la Sarraz, Mémoires pour servir à l'histoire des royaumes de Provence et de Bourgogne jurane, Lausanne, 1851.
  • E.-F. Grasset, Notice sur les chartes impériales du royaume d'Arles, existant aux archives départementales des Bouches-du-Rhône, parue dans : Répertoire des travaux de la société de statistique de Marseille.
  • François Demotz :
    • L’An 888. Le Royaume de Bourgogne. Une puissance européenne au bord du Léman, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Le savoir suisse », , 142 p., chap. 83.
    • La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens, Lausanne, Société d'histoire de la Suisse romande, 2008.
  • Bertrand Schnerb, L'État bourguignon 1363 – 1477, Éditions Perrin, 1999.
  • Paul Bonenfant :
    • Philippe le Bon : sa politique, son action, De Boeck Université, 1996, 476 p., (ISBN 2804121151).
    • « La persistance des souvenirs lotharingiens », dans Bulletin de l'Institut Historique Belge de Rome, fascicule XXVII, 1952, p. 53 – 64.
    • « Les projets d'érection des Pays-Bas en royaume du XVe au XVIIIe siècle », dans Revue de l'Université de Bruxelles, tome XLI, 1935-1936, p. 151 – 169.
  • Chaume (Abbé), « Le sentiment national bourguignon de Gondebaud à Charles le Téméraire », 1922, dans Mémoires de l'Académie de Dijon, p. 195 – 308.
  • Yves Cazaux, L'idée de Bourgogne, fondement de la politique du duc Charles, « 10e rencontre du Centre Européen d'Études Burgondo-médianes », Fribourg, 1967, Actes publiés en 1968, p. 85 – 91.
  • « État bourguignon et Lotharingie », Académie royale de Belgique, dans Bulletin de la classe des lettres et des sciences morales et politiques, 5e série, tome XLI, 1955, p. 266 – 282.
  • Alexandre Pahud, Les assemblées judiciaires du royaume de Bourgogne (Xe – XIe siècles), Orbe, Alexandre Pahud, coll. « Cahiers d'études indépendantes », , 83 p.

Articles connexes

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Liens externes

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