Unterseeboot 505 — Wikipédia

U-505
illustration de Unterseeboot 505
L’U-505 peu après sa capture

Type U-Boot de type IX.C
Classe Unterseeboot type IX classe C (d)
Histoire
A servi dans  Kriegsmarine
Commanditaire Kriegsmarine
Chantier naval Deutsche Werft AG, Hambourg
Commandé
Quille posée
Lancement
Mise en service
Statut Au musée de Chicago
Équipage
Équipage 36 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 76,76 mètres
Maître-bau 6,76 mètres
Tirant d'eau 4,67 mètres
Déplacement 1 120 t (surface), 1 232 t (plongée)
Propulsion 2 moteurs Diesel, 2 électriques
Puissance 2 × 2 200 ch (Diesel)
2 × 500 ch (électrique)
Vitesse 7,3 nœuds (plongée)
18,3 nœuds (surface)
Caractéristiques militaires
Armement Torpilles : 4 à l'avant, 2 à l'arrière
Canons : 1 × 105 mm - 2 × 37 mm
Carrière
Port d'attache Lorient

Unterseeboot 505 ou U-505 est un sous-marin allemand de type IX. C utilisé par la Kriegsmarine pendant la Seconde Guerre mondiale.

Faisant partie de la 2. Unterseebootsflottille, flottille de combat basée à Lorient, il est arraisonné en Atlantique nord le , après un combat acharné avec les destroyers du Task Group 22.3 de la marine américaine. L’U-505 fut capturé, avec son journal de bord et son code secret.

Depuis 1954, il est exposé au Museum of Science and Industry de Chicago.

Caractéristiques techniques

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  • Longueur : 76,8 mètres
  • Largeur : 6,8 mètres
  • Hauteur : 9,60 mètres
  • Tirant d'eau : 4,7 mètres
  • Déplacement en surface : 1 120 tonnes
  • Déplacement en plongée : 1 232 tonnes
  • Propulsion : 2 moteurs Diesel MAN de 4 400 cv et 2 moteurs électriques SSW de 1 000 cv - 2 hélices de 1,92 mètre de diamètres
  • Mazout : 210 tonnes
  • Rayon d'action en surface à 12 nœuds : 11 000 milles
  • Rayon d'action en surface à 18,3 nœuds : 5 000 milles
  • Rayon d'action en plongée à 4 nœuds : 63 milles
  • Rayon d'action en plongée à 2 nœuds : 7,3 milles
  • Armement : 6 tubes lance-torpilles de 53,3 cm ; 1 pièce de 105 mm sur la plage avant, supprimée par la suite ; 1 pièce anti-aérienne de 37 mm ; 2 pièces anti-aériennes jumelées de 20 mm
  • Réserve torpilles : 22

Affectations successives

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(formation de base à Stettin en Pologne )

Commandants successifs

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Début du commandement Fin du commandement Nom du commandant
Axel-Olaf Loewe
Peter Zschech
Paul Meyer
Harald Lange
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8 navires coulés pour un total de 45 005 tonneaux au cours de ses 12 patrouilles.

Navires attaqués par l'U-505
Patrouille Date Nom Nationalité Tonnage Fait
2éme patrouille du 11 février au 7 mai 1942 en Afrique de l'ouest S.S. Benmohr (cargo à vapeur) Drapeau de la Grande-Bretagne Grande-Bretagne 5 920 coulé
M.V. Sydhav (pétrolier) Drapeau de la Norvège Norvège 7 587 coulé
S.S. West Irmo (cargo à vapeur) Drapeau des États-Unis Etats-Unis 5 775 coulé
S.S. Alphacca (cargo à vapeur) Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas 5 759 coulé
3e patrouille du 7 juin au 25 août 1942 dans les eaux du Panama S.S. Sea Thrush (cargo à vapeur) Drapeau des États-Unis Etats-Unis 5 447 coulé
S.S. Thomas McKean (Liberty ship) Drapeau des États-Unis Etats-Unis 7 191 coulé
Urious (bateau de pêche) Drapeau de la Colombie Colombie 153 coulé
4e patrouille du 4 octobre au 12 décembre 1942 dans les Petites Antilles S.S.Ocean Justice (cargo à vapeur) Drapeau de la Grande-Bretagne Grande-Bretagne 7 173 coulé

L'U-505 est mis en chantier le à Hambourg par les chantiers Deutsche Werft AG, avant d'être lancé le et armé le de la même année. L'U-505 est alors affecté à la 4. U-Flottille jusqu'au . Le navire est commandé par le Kapitänleutnant Alex-Olaf Loewe[1].

Départ de Kiel pour Lorient

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L'U-505 appareille de Kiel pour rejoindre Lorient via la mer Baltique, le Jutland, la mer du Nord et l'Océan Atlantique après avoir contourné la Grande-Bretagne. Il arrive sans encombre à Lorient le [1].

Début la chasse en Atlantique

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Le , il appareille pour se rendre le long des côtes de l'Afrique de l'Ouest via le golfe de Gascogne et le Cap vert, à la chasse aux navires alliés.

Le vers 23 h, il coule le cargo mixte britannique Benmohr de quatre coups de torpille. Le lendemain, à 11 h 31, il coule le pétrolier norvégien Sydhav. 12 marins du Sydhav disparaissent dans le naufrage[1]. Les 24 survivants sont pris en charge par le chalutier armé HMS Kelt. L'U-505 étant trop proche de sa cible, il est légèrement endommagé[1]. Le Kplt Loewe se dirige vers le sud et les côtes du Libéria et de la Sierra Leone[1].

Le , il repère le cargo américain West Irmo et son escorteur, le chalutier armé HMS Copinsay. À 21 h 31, le cargo est coulé par un tir de torpille[1]. Le lendemain, à 21 h 29, il coule le cargo néerlandais Alphacca. 14 marins sont tués durant l'attaque[1].

L'U-505 rentre à Lorient le , après une campagne de 86 jours et 4 navires coulés.

Nouvelle campagne

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Le , le Kplt Loewe est promu Korvettenkapitän, et le , l'U-505 repart en direction des Caraïbes. Le but est de couler des navires passant au niveau du canal de Panama. Le , à 18 h 54, il attaque le cargo américain Sea Thrust avec deux torpilles. Le cargo est achevé d'une troisième torpille et coule à 20 h 0. Le lendemain, à 13 h 55, le sous-marin attaque à la torpille le liberty-ship Thomas McKean. Le navire est coulé au canon[1]. L'U-505 se dirige ensuite vers les canots de sauvetage pour interroger l'équipage et lui demander s'il a besoin d'aide. Plusieurs sous-mariniers montent à bord des canots pour prodiguer des soins aux blessés[1].

Le , l'U-505 repère à 13 h 35 le trois-mâts colombien Roamar. Après plusieurs coups de semonce, le voilier continue sa route. Le KKpt Loewe le coule, bien que la Colombie soit alors un pays neutre[2].

Début des difficultés

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Le , les tubes 1 et 3 deviennent inopérants à la suite de fuites d'eau. De plus, la santé du KKpt Loewe est préoccupante[précision nécessaire]. Le , l'équipage reçoit l'ordre de rentrer à Lorient, ce qui est fait le [1].

Changement de commandant

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La dégradation de l'état de santé du KKpt Loewe entraîne sa mutation à terre ; le nouveau commandant, le Kplt Zschech le remplace. Le , l'U-505 appareille pour l'Amérique du Sud. Le , à h 18 min 37 s, l'U-505 coule le cargo britannique Ocean Justice en lui lançant deux torpilles[1]. Le , le sous-marin est attaqué par surprise par le Lockheed Hudson III V9253/L du 53 Squadron de la R.A.F[note 1]. L'U-505 n'a pas le temps de plonger et deux hommes sont blessés, l'armement anti-aérien est détruit, une soute à carburant est percée et l'un des ballasts ne fonctionne plus, privant le sous-marin de plonger. Malgré les dégâts, l'équipage tente de rentrer à Lorient[1].

Le , grâce à des réparations effectuées par l'équipage, l'U-505 peut à nouveau plonger et le , il rejoint Lorient[1].

Nouvelles campagnes

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Il faut 6 mois pour que l' U-505 puisse reprendre la mer. Pendant 3 mois et 23 jours et 6 missions, l' U-505 enchaîne les avaries et ne coule aucun navire ennemi. Moqué par ses pairs, le Klpt Zschech décide le , de mettre fin à ses jours en se tirant une balle dans la tête avec son pistolet Walter PPK[1]. L'OlzS Paul Mayer prend le commandement du sous-marin qui rentre à Lorient le [1].

Un nouveau commandant est affecté au sous-marin, l'OlzS Harald Lange. Harald Lange a servi pendant une année le sous-marin U-180, sous les ordres du commandant Werner Musenberg, avant de prendre le commandement de l’U-505.

Le , l'U-505 appareille pour sa 11e mission et le , il reçoit l'ordre de secourir les potentiels survivants des torpilleurs T25 et T26, ainsi que du destroyer Z27. L'U-505 sauve 33 marins[1].

Nouvelle base

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En mars, l'U-505 rejoint sa nouvelle base, Brest. Le , le sous-marin appareil pour sa 12e mission, la chasse aux navires alliés le long des côtes de l'Afrique de l'Ouest[1].

Le au soir, le long de la côte ouest de l’Afrique, le radar de l’U-505 détecte la présence de plusieurs bâtiments ennemis. Devant le danger, l’U-505 effectue une plongée rapide à 20 mètres de profondeur. L' U-Boot détecte le bruit des hélices de plusieurs destroyers qui le recherchent. Il s’agit d'un groupe de chasseurs de sous-marins de l’US Navy, composé du porte-avions d'escorte USS Guadalcanal et des destroyers d'escorte, USS Pillsbury (en), USS Pope (en), USS Flaherty (en), USS Chatelain (en) et USS Jenks (en). Les services d'interception Ultra révélent la présence d'un U-Boot dans ce secteur. La patrouille est infructueuse ; le dernier jour, le dimanche , à 11 h 9, alors que le groupe de chasse se prépare à rallier Casablanca, il obtient un contact au sonar.

L'attaque est lancée par le destroyer Chatelain. Il est aidé par une patrouille de deux Wildcats lancés par le porte-avions. Ceux-ci sont capables de distinguer la silhouette du sous-marin, allant jusqu'à mitrailler l'océan pour montrer la position aux destroyers qui grenadent.

Obligé de rester en plongée, les réserves d’air s’amenuisant, l’U-505 est poursuivi et bombardé de charges explosives sous-marines qui bloquent le gouvernail à tribord[3] et les appareils de commande. L'éclairage est coupé ; une voie d'eau se déclare dans le compartiment des tubes lance-torpilles arrière. Le sous-marin s'enfonce doucement dans l’océan. Au capitaine, s'offre deux solutions : soit remonter à la surface et être fait prisonnier, soit sombrer en sabordant le bateau. Si la première solution était envisagée, elle devait être rapidement choisie, car il ne restait que peu d’air comprimé, impératif pour faire remonter le submersible. L'un des pilotes d’avions chargés de surveiller les environs signale une nappe d’huile et l’apparition soudaine du sous-marin qui émerge à 700 yards (640 mètres) du destroyer le plus proche.

Le capitaine de corvette Harald Lange, officier du sous-marin allemand, sort le premier dans la "baignoire" et est mis hors de combat par la mitraille tirée par les deux avions et trois des destroyers. Ordre est donné d'évacuer le bâtiment. Au cours de l'opération l'Oberfunkmaat (Maître-Principal Officier Radio) Gottfried Fischer est tué. L’U-505, évacué par son équipage et hors de combat, est abordé par une chaloupe du Pillsbury, portant une compagnie d'abordage[note 2], négligeant l’équipage qui s'est jeté à l'eau ou dans des radeaux. Avec de grand risques, les marins américains s’emparent du bâtiment, de ses appareils radars, des documents et des codes secrets, neutralisant 13 des 14 charges de sabordage connues pour être installées dans ce type de sous-marin. Il s’agit de la première prise en haute mer d’un navire ennemi par la marine des États-Unis depuis la guerre de 1812.

Le bilan de la chasse de ce sous-marin se solde par 1 mort et 59 survivants, dont 3 blessés (y compris Lange). Les autorités navales américaines, voulant garder le secret[4], décident de diriger l’U-505, non vers Dakar (Sénégal) le port le plus proche, mais vers les Bermudes qui se trouvent à 1 700 milles, pour faire croire à l'amiral allemand Karl Dönitz que le sous-marin avait coulé avec son équipage et avec ses codes secrets. Remorqué par le porte-avions[5], le sous-marin rejoint un remorqueur et, surtout, le pétrolier Kennesec, chargé de faire le plein de combustible en pleine mer. Et, le , l’U-505, battant pavillon américain, entre dans la baie de Port Royal (en), révélant un nouveau type de torpilles : la torpille acoustique G7es (T5) "Zaunkönig" pour laquelle les alliés n’avaient aucune information fiable (les Soviétiques en récupèrent plus tard sur l’épave de l'Unterseeboot 250).

L’U-505 pièce de musée

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L’U-505 au musée de Chicago en 2005.

Le bâtiment, révélé au public à la fin de la guerre, fait une tournée d’exposition dans différents ports de l’Atlantique dont celui de Portsmouth (New Hampshire). Le commandant Gallery, originaire de Chicago, expose le sous-marin dans sa ville comme prise de guerre, avec l’autorisation du Congrès. Pour payer le transport, il fallait disposer d’une somme de 250 000 dollars, sans compter l’étude des travaux nécessaires pour le transformer en navire musée. Le , l’U-505 est remorqué le long du fleuve Saint-Laurent, traverse trois grands lacs, fait quelques escales au Québec, à Baie-Comeau () à Montréal, Toronto, Buffalo et Détroit. Le , il arrive à Chicago : il restait à résoudre l’acheminement final jusqu’au Museum of Science and Industry, qui se trouve à 264 mètres du rivage.

Après avoir été vidé de son appareillage superflu, du matériel de survie, des couchages et de quelques cloisons pour l'alléger le plus possible, le sous-marin est hissé à l’aide d’un treuil et de 42 vérins sur des rouleaux d’acier et tiré vers sa dernière destination. Le vendredi , le bâtiment a effectué un peu plus de la moitié du parcours, ce qui montre la série de manœuvres longues, laborieuses et délicates à effectuer. Le , le conservateur du musée inaugure la présence de la Kriegsmarine devant 15 000 spectateurs, le vice-amiral Daniel V. Gallery[6] qui représente les hommes qui ont capturé le sous-marin, en présence du révérend père Christopher J. Weldon qui termine la réception de l’U-Boot par une prière.

La différence de température dans la ville de Chicago peut atteindre plus de 50 °C [réf. nécessaire] entre les fortes chaleurs et les refroidissements, entraînant soit la possible dilatation, soit la contraction de la coque de plus de 6 centimètres.

Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Unterseeboot 505 » (voir la liste des auteurs).
  1. Les U-Boote disposaient à leur bord du système de détection de radars Metox, signalant les ondes émises par les avions alliés. L'astuce développée par les équipages alliés était donc, lorsqu'un sous-marin allemand était repéré, de couper le radar pour que le système Metox n'ait pas le temps de détecter l'arrivée de l'avion.
  2. Le commandant Gallery avait envisagé la capture d'un sous-marin. Il avait, pour ce faire, prévu une procédure avant le départ et entraîné des équipes de chacun de ses navires. Il raconte qu'à l'exposé de sa décision il avait rencontré un scepticisme poli chez ses interlocuteurs.

Références

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  1. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Jean-Louis Maurette, « L'incroyable fin du U-505 », 39/45 Magazine, SARL Edition Heimdal, no 332,‎ (ISSN 0761-7348)
  2. Cet incident est d'autant plus grave que le voilier appartenait à un diplomate colombien. Cet évènement précipite l'entrée en guerre de ce pays aux côtés des Alliés.
  3. C'est-à-dire qu'il est bloqué en laissant le sous-marin tourner à droite.
  4. Il fut même question, un temps, de faire passer en cour martiale le commandant Gallery, qui dirigeait le task-group pour avoir capturé le sous-marin au lieu de le couler. En effet, le commandement allié estimait que cette capture allait ruiner Ultra, le système mis en place pour écouter et décoder les messages secrets allemands. Les prisonniers sont enfermés dans un camp spécial, sans que la Croix-Rouge soit avertie et ils passent pour morts. Les marins américains sont chapitrés pour garder le silence sur leur exploit.
  5. C'est le seul cas connu d'un porte-avions continuant à lancer des avions tout en ravitaillant à la mer, en remorquant un sous-marin.
  6. Daniel Vincent Gallery, 1901-1977.

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Bibliographie

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La capture de l’U-505, par le commandant Gallery :

L'affaire, vue par un des marins allemands :

  • (en) Hans Jacob Goebeler et John Vanzo, Steel boat, iron hearts : a U-boat crewman's life aboard U-505, New York, NY, Savas Beatie, , 258 p. (ISBN 978-1-932714-07-4, OCLC 57404259).
  • Le livre écrit par Hans Herlin, traduit en Français par R. Jouan, édité en 1960, Les Damnés de l'Atlantique, (en allemand Verdammter Atlantik) dont un chapitre retrace l'histoire de ce sous-marin, depuis le 26/08/1941, jour de sa mise en service, jusqu'au jour de sa capture.
  • « L'incroyable fin du U-505 », dans Jean-Louis Maurette, U-Boote et la base de Keroman 1940-1945, Ile de Groix, Groix Editions & Diffusion, , 68 p. (ISBN 978-2-37419-066-2), p. 51-61
  • Atlas de l'Histoire : no 31 du mois d'avril 1963 - article signé Léonce Peillard

Filmographie

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Films retraçant une aventure de sous-marins :

Articles connexes

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Liens externes

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