Aker (mythologie basque) — Wikipédia

El aquelarre (1798), Francisco de Goya

Aker ou Akerbeltz est un génie ou un Irelu, une divinité maléfique et souterraine dans la mythologie basque ressemblant à un bouc, capable de commander une foule de génies et de déclencher des tempêtes[1].

Étymologie

[modifier | modifier le code]

Aker signifie « bouc » en basque. Le suffixe ra désigne l'article : akerra. Il n'existe pas de genre (masculin, féminin) dans la langue basque et toutes les lettres se prononcent. Il n'y a donc pas d'association comme pour le français où qui se prononce ki. Exemple : lau (le chiffre 4) se prononce laou et non lo (la lettre u se prononçant comme l'espagnol, ou, sauf en souletin, langue parlée en Soule, province française du Pays basque où il se prononce comme en français).

On note la consonance des dieux égyptien Aker et basque Aker, sans certitude. Les deux divinités sont cependant chtoniennes, et commandent à des phénomènes célestes. Il y aurait eu voyage depuis l’Égypte jusque dans les Pyrénées, à travers Carthage et les Ibères.

Attributions

[modifier | modifier le code]

Au bouc étaient associées des notions de pouvoir et de protection sur les animaux d'élevage. Dans de nombreuses maisons, on conservait un bouc noir (Akerbeltz) afin d'assurer une protection de l'ensemble du bétail. C'est ainsi qu'Aker est devenu une divinité souterraine, capable de commander une foule de génies et de déclencher des tempêtes. Avec le christianisme, Aker est devenu une représentation du diable[2].

Outre ses traits généraux, communs à ceux de Mari, il possède des pouvoirs de guérison et une influence bénéfique sur les animaux confiés à sa protection et à sa garde. Chaque bouc noire est considéré comme un symbole mortel. C'est pourquoi dans de nombreuses maisons, voulant éviter que leur bétail ne soit attaqué par quelque maladie, ils élèvent dans l'étable un bouc mâle, qui doit être noir. La sorcellerie, qui eut tant de résonance en Vasconie aux XVIe et XVIIe siècles, donna une notoriété particulière à cette ancienne représentation du numen d'Akerbeltz. Il était vénéré (ou était censé l'être) à l'Akelarre par des sorciers et des sorcières les lundi, mercredi et vendredi soir. Les personnes rassemblées ont dansé et offert du pain, des œufs et de l'argent à leur numen. A en juger par la description de leurs rencontres, ils répondaient à un mouvement clandestin, ancré dans des croyances anciennes, dans l'opposition contre la religion chrétienne et peut-être, plus subrepticement, contre l'état social[3].

Plus d'une quinzaine de lieux de ce culte sont signalés en terres basques : son nom le plus connu est Akelarre. Celui de Zugarramurdi est une plaine située devant l'entrée d'une grotte. Selon la tradition et les documents du XVIIe siècle, en ce lieu et dans cette grotte les sorciers se rencontraient[3]. Akelarre ou Akerlanda (lande du bouc) est le lieu où se déroule le sabbat. Aker était le maître de cérémonie dans ces soirées orgiaques avec les sorcières (sorginak). Il est associé au diable[4]. Les grands procès de sorcellerie qui eurent lieu aux XVIe et XVIIe siècles en Labourd, et à Zugarramurdi, ont permis de définir (et dans une certaine mesure, de créer) les conditions du culte réel ou supposé d'Akerbeltz[5].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. (es) « Urdaibaiko Hiztegi Mitologikoa A-tik Z-ra (Etnografia) » [PDF], sur Urdaibai.org, Eusko Jaurlaritza, Gernika-Lumoko Udala et Urdaibai Biosfera Erreserba, 118p., (consulté le )
  2. José Miguel Barandiaran (trad. Olivier de Marliave, préf. Jean Haritschelhar, photogr. Claude Labat), Mythologie basque [« Mitología vasca »], Toulouse, E.S.P.E.R, coll. « Annales Pyrénéennes », , 120 p. [détail des éditions] (ISBN 2907211056 et 9782907211055, OCLC 489680103)
  3. a et b (es) Akerbeltz, Auñamendi Eusko Entziklopedia
  4. EUSKAL HERRIA, La Página del País de los Vascos en Internet.
  5. * Claude Labat, Libre parcours dans la mythologie basque : avant qu'elle ne soit enfermée dans un parc d'attractions, Bayonne; Donostia, Lauburu ; Elkar, , 345 p. (ISBN 9788415337485 et 8415337485, OCLC 795445010), p. 253

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]