François Buchet — Wikipédia

François Louis Julien Buchet
Naissance
Ernée (Royaume de France)
Décès (à 91 ans)
Toulon (Empire français)
Origine Drapeau de la France France
Grade Général
Années de service 1797 – 1853
Conflits Guerres de la Révolution et de l'Empire
Expédition d'Espagne
Distinctions général de division, pair de France, Grand officier de la légion d'Honneur
Famille Buchet

de gueules à deux haches d'armes d'or, posées en sautoir, au chef d'argent chargé de deux étoiles d'asur

François Louis Julien Buchet est un militaire français ayant servi durant la Révolution française, le Premier Empire et la Restauration, né le à Ernée et mort le à Toulon. Il est élevé au rang de baron en 1829.

François Buchet est né à Ernée, où son père portant le même prénom était notaire royal[1].

Il étudie en vue de la succession de l'office de son père, et faisait ses humanités, au moment où la Révolution française amèna la fermeture des collèges, et change sa destinée.

Révolution française

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République

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Il effectue son apprentissage militaire dans la Garde nationale d'Ernée. À Laval, où se forme un rassemblement de gardes nationales contre l'Armée catholique et royale qui venait de passer la Loire, il effectue, comme canonnier volontaire, ses premières armes. Il prend part lors de la guerre de Vendée à la Bataille de Laval contre l'Armée catholique et royale, le .

Il délaisse sa région, en proie aux guerres civiles, pour devenir engagé volontaire dans la marine. Il entre dans la carrière militaire le , et est reçu comme novice à bord du ponton Le Fort. Le , il passe sur la canonnière La Lise, comme aide timonier, chargé de la comptabilité.

Du , jusqu'au , il remplit les fonctions de commis extraordinaire de la marine à Lorient.

Il demande alors à passer dans l'armée de terre en 1799. On lui propose d'entrer comme fourrier dans l'artillerie de marine ; mais il veut alors rejoindre l'armée de réserve qui entre en Italie, et traversant la France, il est incorporé comme simple soldat, au passage du Col du Simplon, dans la 44e demi-brigade d'infanterie.

Il effectue la Campagne d'Italie qui se termine par la Bataille de Marengo, le .

La Guadeloupe

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Après la bataille de Marengo, il obtint un congé, sur la demande du général Antoine de Béthencourt, commandant les troupes d'expédition de la Guadeloupe

Sous la période du consulat, il est envoyé le en Guadeloupe où il devient secrétaire du général Antoine de Béthencourt. Le , il est nommé sous-lieutenant au 5e bataillon d'infanterie de la Guadeloupe, d'où il est détaché comme aide de camp, successivement auprès du général Antoine de Béthencourt, commandant les troupes, et le de Jean-Baptiste Raymond de Lacrosse, capitaine-général de la colonie.

Après la mort du général Antoine de Béthencourt, le capitaine général Jean-Baptiste Raymond de Lacrosse s'était réservé le commandement des troupes, au lieu de le confier provisoirement au colonel Magloire Pélage. Lacrosse refuse que l'intérim soit exercé par un officier mulâtre et le premier Consul le nomme capitaine général de la Guadeloupe. La révolte éclate à la Grande-Terre, pendant que Lacrosse était à la Basse-Terre. La succession d'Antoine de Béthencourt est à l'origine de la révolte de 1801 des officiers métis et mulâtres Magloire Pélage, Louis Delgrès et leurs compagnons, qui se termine par la reprise de l'esclavage.

Le , Lacrosse est capturé pendant une reconnaissance qu'il faisait en dehors de la ville de la Pointe-à-Pitre[2].

Au mois de , Buchet devient aide de camp du général Antoine Richepanse dans l'armée expéditionnaire de la Guadeloupe, avec le grade de lieutenant[3]. Il participe alors à une expédition sanglante (66 % de perte dans le corps expéditionnaire)[4] qui réussit de justesse à imposer, contre des troupes françaises locales de couleur, un rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe par voie de fait ()[5].

Il est promu capitaine d'infanterie le [6].

Grande Armée

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Il revient en France le , et est nommé adjoint à l'état-major de l'armée des côtes de l'Océan le . Devenu aide de camp du général Pierre-Augustin Hulin, le , il effectue dans la Grande Armée, les campagnes de 1805, 1806 et 1807.

Le , il est promu chef de bataillon, à la suite de la Campagne de Prusse et de Pologne.

Guerre d'indépendance espagnole

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Le , il est nommé à l'état-major du Joachim Murat, Grand-duc de Berg et de Clèves, à Bayonne. Là, il y reçoit la mission délicate d'aller en Espagne étudier la situation de ce pays auquel Napoléon Ier veut déclarer la guerre. Son rapport impressionne Henri-Jacques-Guillaume Clarke, ministre de la guerre, qui renvoie son auteur à l'empereur Napoléon Ier avec ordre de ne pas lui cacher la vérité[7].

Le , jour du Soulèvement du Dos de Mayo, le commandant Buchet est dépêché en courrier par Joachim Murat, afin d'informer le général Jean-Andoche Junot, gouverneur du Portugal, des événements survenus en Espagne, et de lui demander une démonstration de forces sur la frontière.

Buchet s'acquitte de cette difficile mission pendant la Guerre d'indépendance espagnole. Le trajet est périlleux. Buchet, arrêté à Maqueda, manque d'être égorgé. À la Bataille de Talavera, il se réfugie au milieu du régiment le Prince, cavalerie[8]. À Mérida, il force le commandant d'un bataillon de gardes vallonnes à le protéger. À Badajos, il est l'objet d'une rumeur parmi le peuple attroupé[9].

Buchet devient, le , adjoint au chef d'état-major du 4e corps de l'armée d'Espagne.

Peu après, il quitte l'Espagne pour être muté le au 13e régiment d'infanterie de ligne, alors en campagne en Italie. À Vicence, il sauve la ville du pillage en faisant, malgré l'ordre du commandant, une sortie contre les insurgés[10].

Le , il est promu major en second au 84e régiment d'infanterie de ligne, il marche avec son régiment pour faire la Campagne de Russie. Nommé le major au 22e régiment d'infanterie légère, il doit se rendre à ce régiment de Varsovie à Naples[11].

D'Italie, il part en 1812 pour la Campagne de Russie. Après les désastres de la campagne, le major Huchet reçoit ordre de rejoindre les bataillons de guerre sur l'Elbe. Il arrive à temps pour prendre part à la Bataille de Bautzen, où il est décoré de la croix d'officier de la Légion d'honneur. Le , il est promu colonel du 6e régiment d'infanterie de ligne.

Il défend héroïquement à la bataille de Leipzig une des dernières positions pour donner au maréchal Étienne Macdonald le temps d'opérer sa retraite. Tombé au pouvoir des Russes avec les restes de son régiment, il est fait prisonnier, le lors de la bataille de Leipzig. Il refuse avec mépris l'offre que lui effectue le prince Bernadotte de lui épargner la prison, et préfère partager le sort de ses frères d'armes, emprisonné en Russie.

Libéré de captivité en , il est placé en non-activité, lors de la première Restauration. Pendant les Cent-Jours, il est nommé colonel du 35e régiment d'infanterie de ligne qui est affecté au corps d'observation du Var, où il maintient l'ordre avec fermeté[12].

Restauration

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Le , lors de la seconde Restauration, il est remis en non-activité mais il est rappelé le pour prendre le commandement la légion de l'Ardèche. Le , il est promu maréchal de camp et prend part à l'expédition d'Espagne, s'illustre au combat de Campillo de Arenas et est blessé lors du combat de Lorca.

Il commande plus tard une brigade lors de la Conquête de l'Algérie par la France et se signale au Combat du col de Mouzaïa.

Il intervient pendant en 1834 lors de la Révolte des canuts et reçoit de la ville de Lyon, en reconnaissance, une épée d'honneur.

En 1835, il est nommé général de division, grand officier de la Légion d'honneur. Il est nommé pair de France le .

Le , il est maintenu lieutenant général[13]

À l'avènement de Louis-Napoléon Bonaparte, il renonce à la vie publique et est membre du conseil municipal de Toulon, où il commandait la garde nationale. Il prend sa retraite le 1er janvier 1853. En 1865, il fonde un lit à l'hôpital d'Ernée, sa ville natale, en exprimant le désir qu'il fût particulièrement affecté aux soldats malades.

Il meurt à Toulon le [14]. Il est enterré au cimetière central de Toulon[15].

Buchet reçoit le titre personnel de baron par lettres patentes du . Il s'était marié à Toulon en 1816 avec Mlle Favier de laquelle il laissa deux fils. La famille Buchet possède des alliances avec les familles Colle, et de Rocca-Serra.

Titres et décorations

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Notes et références

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  1. François, son père, mari d'Elisabeth Gombert, notaire à Ernée de 1773 à 1781 possédait la Guédonnière, 1777. Julien Buchet était aussi notaire à Saint-Germain-d'Anxure, 1757, 1778, où François Buchet avait été chirurgien en 1719. Il possédait L'Augeardière à Larchamp, comme héritier de Marie-Buchet, femme de Louis Ambroise, poêlier à Laval, 1765.
  2. si j'avais cru M. BUCHET, je ne serais pas ici. C'est, qu'en effet, ce sous-lieutenant avait cherché à détourner le capitaine général de la confiance où on l'entraînait, et disait qu'il fallait se maintenir, autant que possible, à l'appui du fort de la Basse-Terre, et que l'exercice du pouvoir légal arrêterait bien des défections.
  3. « Le général en chef, « Au citoyen BUCHET, aide de camp du général Lacrosse. » Je vous préviens, citoyen, que d'après les bons témoignages qui avaient été rendus de votre bonne conduite et de vos talents militaires, j'ai fait choix de vous pour être employé près de moi en qualité d'aide de camp, avec le grade de lieutenant. Vous commencerez dès aujourd'hui à remplir ces fonctions. » Au quartier général, le premier germinal an 10. » Signé: A RICHEPANCE. » Vu par le chef d'état-major général de l'armée de la Guadeloupe. » Signé: MÉNARD. »
  4. Gérard Lafleur, « "La Guadeloupe de 1803 à 1816 : de l’Empire à la Restauration" », Bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe., no Numéro 172,‎ , p. 1-116 (lire en ligne)
  5. « Guadeloupe, 1802 : le combat de Delgrès contre le combat de Richepance », sur manioc.org, (consulté le )
  6. » Le Ministre de la marine et des colonies au citoyen HUCHET, capitaine d'infanterie. « C'est avec plaisir, citoyen, que je vous annonce que le premier consul, sur le compte que je lui ai rendu de votre conduite distinguée a la Guadeloupe, dans l'armée aux ordres de feu le général Richepance, vous a élevé au grade de capitaine, par son arrêté du 27 frimaire. » Je mande au préfet colonial, qu'à compter de ce jour vous devez jouir du traitement fixé pour votre grade. Paris, le 15 nivôse an Il de la République. Signé: DECRÈS.
  7. « Que dit-on de mes projets ? lui dit Napoléon. — Sire, répondit Buchet, la nation espagnole est attachée à ses princes ; elle semble redouter le renversement de la branche régnante, et, le cas échéant, il y aura une levée de boucliers générale. Mais les Espagnols verraient volontiers le mariage du prince Ferdinand avec une princesse de la famille de Votre Majesté. ». Ces conseils ne prévalurent pas.
  8. Le colonel veut le dérober sous l'uniforme espagnol, ce à quoi il se refuse.
  9. Qui avait fait main basse sur tous les Français qui s'y étaient trouvés isolés.
  10. Cette action d'éclat lui vaut un cheval d'honneur tout équipé. ROYAUME D'ITALIE. — Vicence, le 5 août 1809. Le Podesta de Vicence à M. BUCHET, chef de bataillon. « Ayant vu et apprécié le zèle, la fermeté et l'activité que vous avez apportés dans le commandement des troupes qui vous a été confié, pour préserver cette ville des entreprises des insurgés qui la menaçaient, je viens vous prier d'accepter le cheval tout équipé, qui vous est offert, comme un faible témoignage de cette cité que j'ai l'honneur de représenter. Veuillez, Monsieur le Commandant, agréer l'expression de ma profonde estime. Le Podesta de Vicence, Signé : ANGUISSOLA.
  11. Après avoir inutilement demandé au major-général de ne pas quitter la Grande Armée.
  12. A ses soldats révoltés il jeta ses épaulettes, puis prenant un fusil et croisant la baïonnette, dit d'une voix forte et énergique : « J'étais votre colonel et je suis le premier soldat du régiment, vienne qui l'osera ». Les soldats émus lui rendirent ses épaulettes et rentrèrent dans le devoir.
  13. France, Collection complète des lois, décrets d'intérêe général, traités internationaux, arrêtés, circulaires, instructions, etc, vol. 42, Société du Recueil Sirey, (lire en ligne), p. 63
  14. Le général comte Clouard, commandant de la subdivision du Var, termine le discours qu'il prononce sur la tombe de Buchet par : « Qui de nous n'a connu cet homme des anciens jours, ce vénérable patriarche, et admiré, sous le poids des ans, sa verdeur physique et morale, sa merveilleuse mémoire, son esprit de modération, de justice et de charité et les exemples de piété donnés modestement à tous. Comme les anciens preux, il s'est montré dans sa longue carrière fidèle au trône et à l'autel ; il a vu venir à lui la mort avec la sainte placidité d'une âme que Dieu seul habite et qui retourne à son Créateur. La foi domine la mort, le juste ne meurt pas. »
  15. Cimetières de France et d'ailleurs

Bibliographie

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Liens externes

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