Icosium — Wikipédia

Icosium
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Carte
La mosaïque d'Océanus. Musée des antiquités d'Alger
L'actuelle Casbah d'Alger est construite sur l'Icosium romaine. On peut voir sur cette carte postale de 1950 une colonne romaine à droite de la deuxième entrée.

Icosium est une cité antique (punique puis berbère, ensuite colonie romaine). Elle était située dans l'actuelle Casbah d'Alger.

Étymologie

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Le nom grec d'Icosium ("Ikósion" ) a longtemps été expliqué a posteriori comme dérivant du mot εἴκοσι / eíkosi (« vingt »), par référence aux vingt compagnons d'Héraclès/Hercule, qui auraient fondé la cité pendant leur séjour dans les monts Atlas, au cours de l'un des douze travaux[1].

C'est en réalité la transcription phonétique de son nom punique ʿwyksm[2] (« L'île aux mouettes »)[1], qui fut ensuite transcrit en grec et en latin.

La colonie Punique

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Icosium est à l'origine un petit comptoir punique fondé avant le début du IIIe siècle av. J.C, comme les Carthaginois en installaient le long du littoral tous les 45 à 80 km depuis Carthage jusqu'à l'extrême nord-est de la côte marocaine. Plusieurs découvertes archéologiques ont depuis confirmé cette colonisation punique, notamment la découverte en 1940 de 158 monnaies en plomb et en bronze dans l'ancien quartier de la Marine d'Alger lors de travaux, toutes émises entre le IIIe et le Ier siècle av J.C.[3].

La ville Romaine

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De 146 av. J.C., date de la chute de Carthage qui vit la fin du royaume punique jusqu'en l'an 40 de notre ère, début de l'annexion romaine, Icosium connut une période intermédiaire, quoique déjà sous l'influence de Rome. La Maurétanie Césarienne dont la capitale n'était pas Icosium mais Césarée (Cherchell aujourd'hui) était gouvernée par des rois indigènes. Mais à partir de 25 av. J.C., l'empereur romain Auguste installa des rois vassaux avec Juba II et plus tard, son fils Ptolémée. Sous le règne de Juba II, Icosium connut une renaissance après la révolte de Tacfarinas qui avait endommagé la ville avec l'arrivée de 3 000 soldats romains vétérans[4]. En l'an 40 de notre ère, Ptolémée en voyage à Lugdunum (Lyon) fut assassiné par l'empereur romain Caligula et à partir de ce moment-là, Icosium fit partie intégrante de l'Empire Romain[5].

En l'an 75, l'empereur Vespasien octroya à la ville le privilège des droits latins en tant que colonia Latina. On a retrouvé des traces de la vieille Icosium , notamment à l'emplacement de l'ancienne rue de la Marine qui avait une disposition identique à ce qui était autrefois une voie romaine ainsi que dans la rue Bab-Azoun - rue Bab-el-Oued qui était le "cardo maximus" de la ville[6]. Jusqu'en 1845, on pouvait ainsi voir un aqueduc en ruine près de la "Porte de la Victoire" d'Alger. Il existait des cimetières romains près de Bab-El-Oued. D'autres colonies romaines furent également installées à l'extérieur de la ville près de la rivière appelée à l'époque Savus (peut-être l'Oued El-Harrach actuelle)[7],[8].

Vers le IIe siècle, un afflux de Berbères venant de la campagne changea la démographie de la colonie, de telle sorte que les locuteurs latins devinrent une élite minoritaire.

Histoire ultérieure

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Icosium resta rattachée à l'Empire Romain jusqu'à ce qu'elle soit conquise par les Vandales en 430, comme tout le reste de l'Afrique du Nord. En 442, un accord entre l'Empire Romain et les Vandales permit toutefois à Icosium de continuer à être occupée par les Romains pendant l'occupation vandale du nord de la Maurétanie Césarienne. Quelques tribus berbères prirent ensuite le contrôle de la ville au début du VIe siècle mais la ville fut plus tard reconquise par l'Empire Byzantin. Ceci arriva juste avant la conquête arabe à la fin du VIIe siècle.

Icosium fut ensuite détruite par les Arabes et devint à partir du VIIIème siècle un petit village sans importance. La pluspart des habitants romanisés furent tués ou vendus comme esclaves à Damas. Jusqu'en 950, il ne resta de l'Icosium romaine que des ruines[réf. nécessaire].

"La ville romaine s'étendait le long de la côte avec la colline derrière. Elle était protégée par un rempart avec des tours. Certaines parties existent encore aujourd'hui à plusieurs endroits ... les fortifications entouraient une partie de la Casbah moderne au Sud-Ouest ainsi que le quartier Bab-El-Oued (d'Alger) au Nord-Est. Elles allaient jusqu'au Square Bresson au Sud-Est. A l'extérieur existaient des villas dans la plaine côtière et, plus souvent, sur les flancs des collines. On trouva quelques sculptures à ces endroits : deux têtes de femme, une statue de Pomone, une autre statue d'une divinité féminine, une tête de l'empereur Hadrien. Elles se trouvent toutes au Musée des Antiquités d'Alger. A l'intérieur de la ville basse, qui était densément peuplée, un réseau de rues perpendiculaires formaient des insulae. Leur plan peut souvent être tracé dans la grille du réseau urbain moderne. Ainsi le decumanus maximus suivait la rue Bab Azoun moderne ... Parmi les monuments découverts ou repérés dans la ville, les bains publics sont d'une particulière importance. Quatre citernes placées côte à côte et deux mosaiques ornementales indiquent qu'un premier établissement de bains se trouvait sous la vieille cathédrâle. Un second fut trouvé sous la première église Notre-Dame-des-Victoires. Un troisième fut découvert dans les faubourgs au Sud-Est, près du Jardin d'Essai. D'après l'inscription (CIL VIII,9256) , un mithraeum existait sans doute. Aucune église n'est connue à cet endroit mais des chapiteaux et une fenestella confessionis [9](au musée d'Alger), indiquent la présence d'un édifice consacré au culte chrétien".

Marcel Le Glay

Après les dieux phéniciens et le panthéon des dieux romains, le christianisme commença à être pratiqué à la fin du IIe siècle et devint la religion principale des berbères romanisés d'Icosium au début du IVe siècle.

Le diocèse d'Icosium fut créé en l'an 400. Trois évêques de la ville sont connus depuis l'antiquité et ont été mentionnés dans les textes jusqu'au Ve siècle. Le premier fut Crescens, évêque donatiste, qui participa au concile chrétien de Carthage en mai 411, concile qui opposa donatistes et catholiques. Ensuite, l'évêque catholique Laurentius qui participa au concile de Carthage en 418 comme représentant de la Maurétanie Césarienne. Saint Augustin l'évoque d'ailleurs dans une lettre adressée au Pape Célestin Ier[10]. Le dernier évêque d'Icosium dont on mentionne l'existence est Victor, évêque catholique qui fut convoqué en février 484 avec tous les prélats de la Maurétanie Césarienne sur ordre du roi vandale Huniric IV, qui voulait imposer l'arianisme. Quelques semaines après cet événement, celui-ci interdit le catholicisme, les évêques furent chassés de la ville et expulsés, les uns dans la campagne africaine, les autres en Corse. Le diocèse d'Icosium disparut définitivement autour de l'an 500.

Notes et références

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  1. a et b (en) Edward Lipiński, Itineraria Phoenicia, Leuven/Paris/Dudley (Mass.), Peeters, , 635 p. (ISBN 90-429-1344-4, lire en ligne).
  2. Ghaki (2015), p. 66.
  3. Joseph Cantineau et Louis Leschi, « Monnaies puniques d'Alger », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 85, no 4,‎ , p. 263–272 (DOI 10.3406/crai.1941.77434, lire en ligne, consulté le )
  4. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, 3.19 and 5.20
  5. John Reynell Morell
  6. Map of ancient remains in the marine quarter of Algiers
  7. CIL VIII Suppl. 3, 20853
  8. Brills N.P. Icosium
  9. « Définition de fenestella confessionis », sur Dictionnaire de l'Académie Française
  10. (it) San't Agostino -Lettera 209 (lire en ligne)

Bibliographie

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  • Mansour Ghaki, « Toponymie et Onomastique Libyques: L'Apport de l'Écriture Punique/Néopunique », dans La Lingua nella Vita e la Vita della Lingua: Itinerari e Percorsi degli Studi Berberi, vol. 4, Naples, Unior, , 65-71 p. (ISBN 978-88-6719-125-3, ISSN 2283-5636, lire en ligne)
  • Michèle Coltelloni-Trannoy, « Encore les Icositani... », dans Visions de l'Occident romain. Hommages à Yann Le Bohec, vol. 40, Paris, De Boccard, , 137-152 p. (ISBN 978-2-904974-42-7)

Articles connexes

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Liens externes

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