Ministre d'État (France) — Wikipédia
Ministre d'État | |
Titulaire actuel Poste vacant depuis le | |
Création | Ancien Régime |
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Mandant | Président de la République (sur proposition du Premier ministre) |
Dernier titulaire | François de Rugy |
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En France, le titre de ministre d'État est utilisé sous différents régimes et dans des situations très différentes. Sous la Cinquième République, le ministre d'État jouit d'une prééminence protocolaire dans le gouvernement, devant les ministres, et, selon une interprétation non admise par tous[1], dispose de la prérogative d'organiser des réunions interministérielles, tel un vice-Premier ministre[2].
Ancien Régime
[modifier | modifier le code]Le titre de ministre d'État est apparu sous Louis XIII pour désigner les conseillers du roi qui siégeaient au Conseil d'en haut, futur Conseil des ministres. Les ministres d'État étaient alors nommés par lettres patentes[3]. À partir de 1661, début du « pouvoir personnel » de Louis XIV, la nomination par lettres patentes disparaît : le roi appelle qui il veut à son Conseil d'en haut. Les invitations royales n'étaient valables que pour une séance et devaient donc être renouvelées tant que la personne désignée gardait la confiance du souverain.
Cependant, le fait d'avoir été invitée une fois au Conseil donnait droit à cette personne d'être appelée ministre d'État sa vie durant[4], et même de toucher une pension viagère d'environ 20 000 livres[3]. Les ministres d'État présents au Conseil restaient peu nombreux, entre trois et cinq au cours du règne de Louis XIV, moins d'une dizaine sous Louis XV et Louis XVI. Ils participaient aussi au Conseil des Dépêches. Il n'y a pas de recouvrement systématique entre la fonction de secrétaire d'État et le titre de ministre d'État, mais plusieurs personnalités réunissaient les deux qualités, surtout les secrétaires d'État des Affaires étrangères[3].
Premier Empire
[modifier | modifier le code]Supprimé au moment de la Révolution française, le titre de ministre d'État a été recréé sous le Premier Empire, Napoléon donne le titre de ministre d'État à des personnalités titulaires de hautes fonctions administratives. Mais ce titre, purement honorifique, ne met pas les bénéficiaires au même niveau que les ministres à portefeuille. L'Empereur lui-même l'a exprimé clairement : « Je ne considère donc l'institution de mes ministres d'État que comme une grande récompense [...]. Mes ministres d'État peuvent et doivent être, pour le travail, sous les ordres de mes ministres, comme le sont les conseillers d'État chargés d'une branche de l'administration ». Cette dignité est viagère mais ceux qui la reçoivent restent, pour leur travail au moins, sous les ordres des ministres de plein exercice. Jusqu'en 1813, les ministres d'Etat ne participent pas au conseil des ministres. Ils sont en revanche admis au Conseil privé et, quoique rarement, à des conseils extraordinaires de cabinet qui se tiennent début 1813 en vue de reformer la régence.
Quinze personnalités seront décorées de ce titre :
- Michel Regnaud de Saint-Jean d'Angély (1807)
- Jacques Defermon des Chapelières (1807)
- Jean-Gérard Lacuée de Cessac (1807)
- Jean-Baptiste Treilhard (1808)
- Emmanuel Crétet de Champmol (1809)
- Bernard-Germain de Lacépède (1809)
- Joseph Fouché (1810)
- Louis-Guillaume Otto de Mosloy (1813)
- Jean-Baptiste Nompère de Champagny (1813)
- Claude-Ambroise Régnier (1813)
- Antoine Boulay de la Meurthe (1815)
- Félix Julien Jean Bigot de Préameneu (1815)
- Jean-Antoine Chaptal de Chanteloup (1815)
- Pierre-Antoine-Noël-Bruno Daru (1815)
- Philippe-Antoine Merlin de Douai (1815)
Restauration
[modifier | modifier le code]Sous la Restauration, le titre est essentiellement honorifique. Il était alors attribué, sans que cela soit systématique ni exclusif, aux ministres sortis de charge, après leur démission. Cette tradition est suffisamment habituelle pour que, par contraste, le fait, pour le roi, de ne pas le donner à un ancien ministre, était considéré comme un affront. En 1815, Louis XVIII a créé un Conseil privé, distinct du Conseil des ministres, et auquel devaient assister les ministres d'État, ce qui n'était pas sans rappeler l'Ancien Régime. Toutefois, ce Conseil privé n'a presque jamais été réuni. Le rôle de ce titre honorifique de ministre d'État est proche de celui utilisé actuellement en Belgique.
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Second Empire
[modifier | modifier le code]La situation était nettement différente sous le Second Empire. Napoléon III avait en effet institué un ministère d'État et le ministre d'État était le titulaire de ce ministère. Le ministère d'État était chargé de la politique de prestige de l'Empire, en particulier de l'organisation de fêtes et cérémonies. Il intervenait dans le domaine des beaux-arts, des théâtres et des musées. Le ministre d'État était donc un ministre à part entière[5],[6].
- du au : François, comte de Casabianca
- du au : Achille Fould
- du au : Alexandre Florian Joseph Colonna Walewski
- du au : Adolphe Billault
- du au : Eugène Rouher
République
[modifier | modifier le code]Les différents régimes républicains ont repris le titre de ministre d'État pour l'attribuer à des membres du Gouvernement qu'il convenait d'honorer.
Sous la Troisième République et la Quatrième République, le titre de ministre d'État était attribué à des personnalités politiques ou non, afin de leur permettre de participer au gouvernement sans avoir la charge d'un ministère. Ces ministres étaient considérés comme des cautions politiques.
Sous la Cinquième République, le titre de ministre d'État est honorifique[7]. Les ministres d'État sont placés protocolairement après le Premier ministre et avant les ministres de pleine délégation, les ministres délégués et les secrétaires d'État. Au sens large, ministre signifie tout membre du gouvernement. La seule prérogative d'un ministre d'État est de pouvoir organiser des réunions interministérielles, normalement apanage du Premier ministre.
Le titre de ministre d'État a jusqu'alors été attribué à des personnalités politiques charismatiques, à des leaders de parti politique (ou de façon rare, à des personnes apolitiques comme André Malraux ou Nicolas Hulot). L'objectif de cette démarche est de légitimer la politique générale du gouvernement envers les administrés et déterminer par l'action des ministères ce qui est considéré comme une priorité gouvernementale. Il peut y avoir plusieurs ministres d'État au sein d'un même gouvernement (jusqu'à six dans le deuxième gouvernement Rocard). Mais plusieurs gouvernements n'en ont pas compté.
De la formation du gouvernement Balladur, le , à celle du gouvernement Raffarin III, le , nul membre du gouvernement n'est nommé ministre d'État[8]. Ainsi, n'ont pas compté de ministre d'État, tous les gouvernements sous la présidence de Jacques Chirac, sauf les deux derniers : les gouvernements Raffarin III et Villepin avec Nicolas Sarkozy. Par la suite, aucun des gouvernements sous la présidence de François Hollande n'a compté de ministre d'État.
Les ministres d'État sont quelquefois comparés à des vice-premiers ministres.
Trois femmes ont été nommées ministres d'État, toutes sous la Cinquième République : Nicole Questiaux, Simone Veil et Michèle Alliot-Marie.
Liste des ministres d'État de la Troisième République
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Liste des ministres d'État du Gouvernement provisoire de la République française
[modifier | modifier le code]Liste des ministres d'État de la Quatrième République
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Liste des ministres d'État de la Cinquième République
[modifier | modifier le code]Gouvernement Michel Debré (1959-1962)
[modifier | modifier le code]- Félix Houphouët-Boigny (1959)
- Louis Jacquinot, chargé du Sahara des Territoires et départements d'outre-mer
- Robert Lecourt (1959-1961), chargé de la Coopération puis chargé du Sahara, et des Territoires et départements d'outre-mer
- André Malraux, chargé des Affaires culturelles
- Louis Joxe (1960-1962), chargé des Affaires algériennes
- André Malraux, chargé des Affaires culturelles
- Pierre Pflimlin (1962), chargé de la Coopération
- Louis Jacquinot, chargé des Départements et territoires d'Outre-mer
- Louis Joxe, chargé des Affaires algériennes
- Gaston Palewski, chargé de la Recherche scientifique et des Questions atomiques et spatiales
Gouvernements Georges Pompidou II (1962-1966)
[modifier | modifier le code]- André Malraux, chargé des Affaires culturelles
- Louis Jacquinot, chargé des Départements et territoires d'Outre-mer
- Louis Joxe, chargé de la Réforme administrative
- Gaston Palewski (1962-1965), chargé de la Recherche scientifique, Questions atomiques et spatiales
Gouvernements Georges Pompidou III (1966-1967)
[modifier | modifier le code]- André Malraux, chargé des Affaires culturelles
- Louis Joxe, chargé de la Réforme administrative
- Pierre Billotte, chargé des Départements et territoires d'Outre-mer
Gouvernements Georges Pompidou IV (1967-1968)
[modifier | modifier le code]- André Malraux, chargé des Affaires culturelles
- Edmond Michelet, chargé de la Fonction publique
- Pierre Billotte, chargé des Départements et territoires d'Outre-mer
- Maurice Schumann, chargé de la Recherche scientifique, Questions atomiques et spatiales
- Roger Frey, chargé des Relations avec le Parlement
- Henri Rey (1968), chargé du tourisme
Gouvernement Maurice Couve de Murville (1968-1969)
[modifier | modifier le code]- André Malraux, chargé des Affaires culturelles
- Maurice Schumann, chargé des affaires sociales
- Roger Frey, chargé des Relations avec le Parlement
- Jean-Marcel Jeanneney
Gouvernement Jacques Chaban-Delmas (1969-1972)
[modifier | modifier le code]- Edmond Michelet (1969-1970), chargé des Affaires culturelles
- Michel Debré, ministre de La Défense nationale
- Roger Frey, chargé des Relations avec le Parlement
- Pierre Messmer (1971-1972), chargé des DOM et TOM
Gouvernements Pierre Messmer I (1972-1973)
[modifier | modifier le code]- Jean Taittinger, Garde des sceaux, ministre de la Justice
- Valéry Giscard d'Estaing, ministre de l'économie et des finances
- Olivier Guichard, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Equipement et des Transports
Gouvernement Jacques Chirac I (1974-1976)
[modifier | modifier le code]- Michel Poniatowski, Ministre de l'Intérieur
- Jean Lecanuet (1976), Garde des sceaux, ministre de la Justice
Gouvernement Raymond Barre I (1976-1977)
[modifier | modifier le code]- Olivier Guichard, Garde des sceaux, ministre de la Justice
- Michel Poniatowski, Ministre de l'Intérieur
- Jean Lecanuet, Ministre du Plan et de l'Aménagement du territoire
- Gaston Defferre, Ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation
- Michel Jobert, Ministre du Commerce extérieur
- Nicole Questiaux [9], Ministre de la Solidarité Nationale
- Michel Rocard, Ministre du Plan et de l'Aménagement du territoire
- Jean-Pierre Chevènement, Ministre chargé de la Recherche et de l'Industrie[10]
Gouvernements Pierre Mauroy II (1981-1983)
[modifier | modifier le code]- Gaston Defferre, Ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation
- Michel Jobert, Ministre du Commerce extérieur
- Charles Fiterman, Ministre des Transports
- Michel Rocard, Ministre du Plan et de l'Aménagement du territoire
- Jean-Pierre Chevènement, Ministre chargé de la Recherche et de l'Industrie[10]
Gouvernement Laurent Fabius (1984-1986)
[modifier | modifier le code]Gouvernement Jacques Chirac II (1986-1988)
[modifier | modifier le code]- Lionel Jospin, Ministre de l'Éducation nationale
- Pierre Bérégovoy, Ministre de l'Economie, des Finances et du Budget
- Maurice Faure, Ministre de l’Equipement et du Logement
- Roland Dumas, Ministre des Affaires étrangères
Gouvernements Michel Rocard II (1988-1991)
[modifier | modifier le code]- Lionel Jospin, Ministre de l'Éducation nationale
- Pierre Bérégovoy, Ministre de l'Economie, des Finances et du Budget
- Maurice Faure (1988-1989), Ministre de l’Equipement et du Logement
- Roland Dumas, Ministre des Affaires étrangères
- Michel Durafour (1989-1991), Ministre de la fonction publique et des Réformes
- Michel Delebarre (1990-1991), Ministre de la Ville
Gouvernement Édith Cresson (1991-1992)
[modifier | modifier le code]- Lionel Jospin, Ministre de l'Éducation nationale
- Roland Dumas, Ministre des Affaires étrangères
- Jean-Pierre Soisson, Ministre de la fonction publique
- Michel Delebarre, Ministre de la Ville et de l'Aménagement du territoire
- Pierre Bérégovoy, Ministre de l'Economie, des Finances et du Budget
Gouvernement Pierre Bérégovoy (1992-1993)
[modifier | modifier le code]- Jack Lang, Ministre de l'Éducation nationale et de la Culture
- Roland Dumas, Ministre des Affaires étrangères
- Michel Delebarre, Ministre de la fonction publique
Gouvernement Édouard Balladur (1993-1995)
[modifier | modifier le code]- Simone Veil, Ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville
- Charles Pasqua, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire
- Pierre Méhaignerie, Garde des sceaux, ministre de la Justice
- François Léotard, Ministre de la Défense
Gouvernement Jean-Pierre Raffarin III (2004-2005)
[modifier | modifier le code]Gouvernement Dominique de Villepin (2005-2007)
[modifier | modifier le code]Gouvernements François Fillon II (2007-2010)
[modifier | modifier le code]- Jean-Louis Borloo, Ministre de l'Écologie
- Michèle Alliot-Marie (2009-2011), Garde des sceaux, ministre de la Justice et des libertés puis Ministre des Affaires étrangères et européennes
Gouvernements François Fillon III (2010-2012)
[modifier | modifier le code]- Alain Juppé, Ministre de la Défense et des Anciens Combattants puis Ministre des Affaires étrangères et européennes
- Michèle Alliot-Marie (2009-2011), Garde des sceaux, ministre de la Justice et des libertés puis Ministre des Affaires étrangères et européennes
- François Bayrou, garde des sceaux, ministre de la Justice
- Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire
- Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur
Gouvernements Édouard Philippe II (2017-2020)
[modifier | modifier le code]- Nicolas Hulot (2017-2018), ministre de la Transition écologique et solidaire
- Gérard Collomb (2017-2018), ministre de l'Intérieur
- François de Rugy (2018-2019), ministre de la Transition écologique et solidaire
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Ministre d'Etat : un titre honorifique sans conséquence juridique », sur Public Senat, (consulté le ).
- « Quelle différence entre un « ministre » et un « ministre d’État » ? », Ouest-France.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Bernard Barbiche, Les institutions de la monarchie française à l'époque moderne, PUF, Paris, 1999 (ISBN 2-13-048195-7), p. 291-292.
- Philippe Sueur, Histoire du droit public français (XVe – XVIIIe siècles), t. 1, La constitution monarchique, 2e éd., PUF, Paris, 2013 (ISBN 2-13-045012-1), p. 200.
- [Les archives du ministère d'État sous le Second Empire sont conservées aux Archives nationales dans la sous-série F/70. Voir la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales « https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/pog/consultationPogN3.action?nopId=c614wveivem-5morqi3nw5t0&pogId=FRAN_POG_03&search= »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- Les archives de la gestion des travaux au bâtiment du ministère d'État pour le Second Empire sont conservées aux Archives nationales (France)
- Carcassonne et Guillaume 2022, no 75.
- Chauvin et al. 2004, p. 157, n. 4.
- Nicole Questiaux fut ministre de la Solidarité nationale dans les gouvernements Mauroy I, et Mauroy II (jusqu'au 29 juin 1982) mais ministre d'État seulement dans le premier, donc qu'un mois, du 22 mai au 22 juin 1981.
- Ministre de l'industrie à partir de 1992.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- [Avril et Gicquel 2004] Pierre Avril et Jean Gicquel, « Chronique constitutionnelle française ( – ) », Pouvoirs, no 110 : « Paris », , p. 199-233 (DOI 10.3917/pouv.110.0199, lire en ligne ).
- [Avril et Gicquel 2012] Pierre Avril et Jean Gicquel, « Chronique constitutionnelle française ( – ) », Pouvoirs, no 163 : « Les partis politiques », , p. 159-185 (DOI 10.3917/pouv.163.0159, lire en ligne [PDF]).
- [Carcassonne et Guillaume 2022] Guy Carcassonne et Marc Guillaume (préf. Georges Vedel), La Constitution, Paris, Points, coll. « Essais » (no 319), , 16e éd. (1re éd. ), 489 p., 11 × 18 cm (ISBN 978-2-7578-9703-4, EAN 9782757897034, OCLC 1343867788, BNF 47295767, SUDOC 264224329, présentation en ligne, lire en ligne).
- [Chavin et al. 2004] Francis Chauvin, Bénédicte Delaunay, Carine Moreau-Soulay et Hervé Rihal, « Chronique de l'administration », Revue française d'administration publique, no 109 : « La régulation », , p. 157-171 (DOI 10.3917/rfap.109.0157, lire en ligne ).