Turkmène — Wikipédia

Turkmène
Türkmen dili
Pays Turkménistan, Afghanistan, Turquie, Iran, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kazakhstan, Irak, Syrie
Nombre de locuteurs 6 500 000 (1995)
Typologie SOV, agglutinante
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau du Turkménistan Turkménistan
Codes de langue
IETF tk
ISO 639-1 tk
ISO 639-2 tuk
ISO 639-3 tuk
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
WALS tkm
Glottolog turk1304
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme (voir le texte en français)
Hemme adamlar öz mertebesi we hukuklary boýunça deň ýagdaýda dünýä inyärler. Olara aň hem wyždan berlendir we olar bir-birleri bilen doganlyk ruhundaky garaýyşda bolmalydyrlar.
Carte
Image illustrative de l’article Turkmène

Le turkmène (autonyme : Türkmençe, /tʏɾkmøntʃø/) est une langue appartenant au groupe des langues turques parlée par plus de six millions de personnes en Asie centrale, principalement au Turkménistan, où il est la langue nationale, et dans les pays voisins (Iran, Afghanistan…).

Prononciation et écriture

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Le turkmène a été écrit avec un alphabet arabe adapté, puis avec un alphabet latin jusqu’en 1940. L’État soviétique force alors l’adoption d’une variante de l’alphabet cyrillique pour l’écriture du turkmène. Depuis le , l’alphabet officiel est une variante de l’alphabet latin avec quelques diacritiques[1], proche de celui du turc.

Alphabet turkmène
Lettres latines Lettre cyrillique Prononciation
A a А а [a(ː)]
B b Б б [b]
Ç ç Ч ч [t͡ʃ]
D d Д д [d]
E e Е е [(j)e]
Ä ä Ә ә [æ(ː)]
F f Ф ф [ɸ]
G g Г г [ɡ], [ʁ]
H h Х х [h], [x]
I i И и [i(ː)]
J j Җ җ [d͡ʒ]
Ž ž Ж ж [ʒ]
K k К к [k], [q]
L l Л л [l]
M m М м [m]
N n Н н [n]
Ň ň Ң ң [ŋ]
O o О о [o(ː)]
Ö ö Ө ө [ø(ː)]
P p П п [p]
R r Р р [r]
S s С с [θ], [s]
Ş ş Ш ш [ʃ]
T t Т т [t]
U u У у [u(ː)]
Ü ü Ү ү [y(ː)]
W w В в [β]
Y y Ы ы [ɯ(ː)]
Ý ý Й й [j]
Z z З з [ð], [z]

L’alphabet cyrillique turkmène utilisait également les lettres Ё, Э, Ю, Я (correspondant à ýo, e, ýu, ýa), ainsi que Ц, Щ, Ъ et Ь dans des mots empruntés au russe.

Harmonie vocalique

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L’harmonie vocalique, commune à la plupart des langues turques, est présente en turkmène[2]. Selon ce principe, les voyelles sont séparées en deux classes : les voyelles claires (ä, e, i, ö, ü) et les voyelles sombres (a, y, o, u). En principe, il ne peut y avoir que des voyelles d’une seule classe au sein d’un même mot ; pour cette raison, les suffixes ont généralement au moins deux formes. Ainsi, le suffixe du pluriel peut être -lar ou -ler : guş (« oiseau ») donne guşlar et gün (« jour ») donne günler.

Certains suffixes peuvent avoir quatre voyelles différentes : c’est par exemple le cas du suffixe possessif de la première personne du singulier qui a les formes suivantes (s’il est ajouté à un mot qui se termine par une consonne)[3] :

  • -ym après a ou y,
  • -im après ä, e ou i,
  • -üm après ö ou ü,
  • -um après o ou u.

L’harmonie vocalique souffre de nombreuses exceptions, en raison des nombreux mots empruntés au persan, à l’arabe et au russe (par exemple kitap, « livre », issu de l’arabe, comporte une voyelle claire et une sombre). Dans ce cas, c’est la dernière voyelle qui est prise en compte pour le choix des suffixes (kitaplar).

Assimilation

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Les consonnes voisées s’assourdissent en fin de mot ou de syllabe : -b devient -p, -d devient -t, etc. En revanche, les consonnes -p, -t, -k et se voisent devant un suffixe commençant par une voyelle longue (dans les mots mono- et dissyllabique) : at (« nom ») donne adym (« mon nom »)[4].

Les suites de lettres zd et nd (qui peuvent apparaître lors de l’ajout d’un suffixe) se prononcent respectivement zz et nn[5].

Le turkmène, comme les autres langues turques, est une langue agglutinante qui utilise de nombreux suffixes. Il n’a pas de genre grammatical mais il distingue le singulier et le pluriel. Il possède six cas : nominatif, accusatif, datif, génitif, locatif, ablatif.

Comme dit précédemment, les suffixes du pluriel sont -lar ou bien -ler. Dans les mots se terminant par -i ou -y, la dernière voyelle devient ou -u : süri (« troupeau ») devient sürüler[6].

Suffixes possessifs

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En turkmène, la possession est indiquée par un suffixe qui s’ajoute à l’objet possédé[3],[7]. Ces suffixes ont plusieurs formes : quand le mot se termine par une consonne, le suffixe commence par une voyelle et inversement.

Suffixes possessifs en turkmène
Personne Singulier Pluriel
1re -m
-im/-ym/-um/-üm
-miz/-myz
-imiz/-ymyz/-umyz/-ümiz
2e
-iň/-yň/-uň/-üň
-ňiz/-ňyz
-iňiz/-yňyz/-uňyz/-üňiz
3e -si/-sy
-i/-y

Le suffixe possessif se place après le suffixe du pluriel, le cas échéant. Dans un mot qui se termine par -e, cette voyelle est remplacée par -ä- aux première et deuxième personnes. Quelques exemples :

  • öý : « maison » → öýüň : « ta maison » ;
  • gül : « fleur » → gülleri : « ses fleurs » ou « leurs fleurs » ;
  • köçe : « rue » → köçämiz : « notre rue » ;
  • dost : « ami » → dostum : « mon ami ».

Suffixes de cas

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Les cas sont indiqués par des suffixes attachés aux noms. Ces suffixes ont eux aussi plusieurs formes, selon l’harmonie vocalique et la dernière lettre du mot[8].

Suffixes de cas en turkmène
Cas Suffixe
Nominatif
Accusatif -i/-y
-ni/-ny
Datif -a/-ä/-e
Génitif -iň/-yň/-uň/-üň
-niň/-nyň/-nuň/-nüň
Locatif -da/-de
Ablatif -dan/-den

Certains cas provoquent des changements dans le radical :

  • un -e en fin de mot devient -ä- devant les terminaisons de l’accusatif et du génitif ;
  • dans les mots dissyllabiques, -i et -y deviennent -ü- et -u- devant le suffixe de l’ablatif ;
  • au datif, si le mot se termine par -e, ou -i, la terminaison est  ; -y devient -a et les autres voyelles sont inchangées.
Exemples de mots déclinés
Sens « main » « veau » « montagne »
Nombre Singulier Pluriel Singulier Pluriel Singulier Pluriel
Nominatif el eller göle göleler dag daglar
Accusatif eli elleri göläni göleleri dagy daglary
Datif ele ellere gölä gölelere daga daglara
Génitif eliň elleriň göläniň göleleriň dagyň daglaryň
Locatif elde ellerde gölede gölelerde dagda daglarda
Ablatif elden ellerden göleden gölelerden dagdan daglardan

Vocabulaire

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Pronoms personnels

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Le turkmène a six pronoms personnels. Le pronom siz est équivalent au « vous » français : il permet de s’adresser à plusieurs personnes et de vouvoyer[9].

Pronoms personnels turkmènes
Nombre Singulier Pluriel
Personne 1re 2e 3e 1re 2e 3e
Nominatif men sen ol biz siz olar
Accusatif meni seni ony bizi sizi olary
Datif maňa saňa oňa bize size olara
Génitif meniň seniň onuň biziň siziň olaryň
Locatif mende sende onda bizde sizde olarda
Ablatif menden senden ondan bizden sizden olardan
Numéraux cardinaux en turkmène
1 bir 10 on 100 bir ýüz
2 iki 20 ýigrimi 200 iki ýüz
3 üç 30 otuz 1 000 bir müň
4 dört 40 kyrk 1 000 000 million
5 bäş 50 elli 1 000 000 000 milliard
6 alty 60 altmyş 0 nol
7 ýedi 70 ýetmiş
8 sekiz 80 segsen
9 dokuz 90 togsan

Les nombres se forment en juxtaposant ces numéraux : on bir (11), otuz üç (33), ýetmiş dört (74), etc[10].

Français Turkmène
noir gara
bleu gök
marron goňur, mele
gris çal
vert ýaşyl
orange narynç, mämişi
rose gülgün
violet benewşe, melewşe
rouge gyzyl
blanc ak
jaune sary

Expressions courantes

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Français Turkmène
oui hawa
non ýok
au revoir sag boluň, hoş
bonjour ertiriňiz haýyrly bolsun
bonsoir agşamyňyz haýyrly bolsun
bonne nuit gijäňiz rahat bolsun
s'il vous plaît -aý/-äý [note 1]
merci sag boluň
Parlez-vous anglais ? Siz iňlis dilinde gepleýärsiňizmi ?
Je ne parle pas turkmène Men türkmen dilinde geplemeýärin
Qu'est-ce que ça veut dire ? Munuň manysy näme ?
  1. -aý/-äý sont des suffixes verbaux, comme on peut le voir dans "Maňa beräý!" (s'il vous plait, donnez-le moi).

Notes et références

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  1. Blacher 2002, p. 21
  2. Blacher 2002, p. 24–25
  3. a et b Грунина 2005, p. 36–37
  4. Blacher 2002, p. 25-26
  5. Грунина 2005, p. 35
  6. Blacher 2002, p. 29
  7. Blacher 2002, p. 29–31
  8. Blacher 2002, p. 35–39
  9. Blacher 2002, p. 40–41
  10. Blacher 2002, p. 51–52

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Bibliographie

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  • Philippe-Schmerka Blacher, Parlons turkmène. Türkmençe gepleýäris, Paris, L’Harmattan, , 232 p. (ISBN 2-7475-2683-6, présentation en ligne)
  • (ru) Б. Чарыяpoв et Назаров О., « Туркменcкий язык », dans Э. Р. Тенишев, Е.А. Поцелуевский, И. В. Кормушин, Языки мира: Тюркские языки, Moscou,‎ (ISBN 5-85759-061-2), pp. 412–426
  • (ru) Э. А. Грунина, Туркменcкий язык, Moscou, Восточная литература,‎ , 288 p. (ISBN 5-02-018455-1)

Articles connexes

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Liens externes

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