René Levasseur — Wikipédia
Député de la Sarthe | |
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Sépulture | Cimetière de l’Ouest (d) |
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René Levasseur, dit Levasseur de la Sarthe, né le à Sainte-Croix, intégrée depuis dans la commune du Mans, mort le au Mans, est un chirurgien accoucheur et homme politique français, député de la Sarthe à la Convention.
Un chirurgien spécialisé dans l'obstétrique
[modifier | modifier le code]Il fait ses études de chirurgie à Paris : en , il est élève de l'école de Saint-Cosme de Paris » et déclare que « ses préférences s'étaient portées sur les études obstétricales»[1] ; en 1772, il se présente comme « ci- devant chirurgien à l'hôpital général de Paris ».
Il est reçu chirurgien au Mans en 1773. Il est spécialisé dans l'obstétrique et est chirurgien accoucheur.
Dès 1771, le Bureau d'agriculture du Mans relaie -vainement- auprès du premier chirurgien du roi sa demande de création d'une école de sages-femmes[2].
À la fin de l'année 1795, il est nommé médecin de l'hôpital militaire Jean-Jacques de Dijon[3].
Il est « professeur départemental d'obstétrique » dans la Sarthe pendant quelques années.
Un républicain convaincu[4]
[modifier | modifier le code]René Levasseur fait partie de la municipalité du Mans en 1790 et de l'administration du district en 1791.
Il est élu député de la Convention par le département de la Sarthe (1792). Il vote la mort du roi « sans sursis et sans appel au peuple » lors du procès de Louis XVI (). Au mois de mars suivant, il est à l'origine de la création du Tribunal révolutionnaire « sans appel et sans recours au tribunal de cassation ». Il se montre un des ennemis les plus féroces des Girondins, notamment les 31 mai et 2 juin 1793, soutenant ce jour que la loi exigeait que tous les gens suspects soient mis en état d'arrestation, et que les Girondins étaient éminemment suspects en raison de leur hostilité à l'égard du peuple de Paris. En mission à l'armée du Nord, il combat à Hondschoote (6-)[5], et voit son cheval tué sous lui. Chargé de rétablir l'ordre à Beauvais et dans l'Oise, en , il est jugé trop modéré dans la répression et on lui adjoint André Dumont.
Au mois de novembre suivant, il est envoyé dans le district de Gonesse, en Seine-et-Oise, pour y réprimer les troubles éclatés. Il est ensuite substitué par Clémence[6].
Il participe au vote de l'abolition de l'esclavage en .
Levasseur est à l'origine de la mise en accusation de son collègue Philippeaux -qui fut guillotiné- et de l'envoi, au tribunal révolutionnaire, des dix « comploteurs bazinistes » qui, eux, furent acquittés. Un des « tombeurs » des Dantonistes ou Indulgents, René Levasseur est envoyé en avril 1794 rétablir l'ordre dans les Ardennes. Il s'y fera remarquer par sa férocité, envoyant 28 conseillers municipaux au tribunal révolutionnaire à Paris, tous ayant été guillotinés, y trouvant son surnom de « boucher de Sedan ». De retour à Paris, lors de la chute de Robespierre le 9 thermidor an II (), ce « montagnard », pourtant proche de l'« Incorruptible » vote avec les Thermidoriens, ce qui lui permettra d'éviter d'être arrêté. Puis, siégeant sur la « petite montagne », il s'en prend aux « successeurs du tyran ». Ce « prédicateur de révoltes » est impliqué dans l'insurrection de germinal et, après d'être caché pendant quinze jours, est arrêté, emprisonné à Besançon, jusqu'à l'amnistie votée par la Convention à sa séparation ().
« Ennemi par principes de Napoléon »[7]
[modifier | modifier le code]Sous le Directoire, il cesse toute activité politique. Il revient dans la Sarthe, et retourne à ses activités médicales. Il est nommé médecin-chef des hospices et de la prison du Mans.
En 1816, il est contraint à l'exil, en application de la loi du excluant de l'amnistie les régicides. Il s'établit en Belgique.
Profitant de la loi d'amnistie du , il revient au Mans où il décède, le , en ne reniant rien de ses engagements passés. En 1829 et 1831, il publie ses mémoires en grande partie rédigées par Achille Roche et son fils Francis Levasseur.
Famille
[modifier | modifier le code]Il est le fils de Gabriel Levasseur, maître tailleur d'habits et d'Anne David. Il se marie deux fois:
- Le à Pont-de-Gennes, « ci- devant chirurgien à l'hôpital général de Paris, chirurgien au Mans », ii épouse Marie Reine Lafosse (1749 Nanterre-?), fille de Jean-Baptiste Lafosse, « fermier général du prieuré de Pont-de-Gennes » et de Reine Thérèse Bourbier[8]. De leur union naissent trois enfants :
1° le colonel René Gabriel Levasseur (1772-1830), chevalier de la Légion d’honneur le , et officier de l’ordre le [9], qui épouse Sophie Amélie Widt;
2° François Laurent surnommé Francis Levasseur (1776-1872 Château-du-Loir) enseignant et homme de lettres[10]
3° Reine Levasseur (1777-1867) qui épouse au Mans le (20 frimaire an VII), Edme Marin Lemaître (1761 Nevers-1833 Le Mans), ex-prêtre assermenté, ex-curé de Rouez-en-Champagne et alors employé à la Direction du département de la Sarthe, veuf[11].
René Levasseur et Marie Reine Lafosse divorcent au Mans le 1er prairial an V.
- René Levasseur se remarie avec Anne Conard (ou Cosnard) le 10 Brumaire an VIII ()[12]. Ils ont une fille:
4° Anne Adélaïde Levasseur (Le Mans 1802-?) qui épouse à Ixelles Aimé Eugène Laurence Dumont, fils d'André Dumont, ancien député de la Somme, et de Marie Thérèse Reine Victoire Prévost[13].
Il écrit dans ses Mémoires (tome 1), au chapitre sur le décret du 16 pluviôse an II, que son opposition à la traite des Noirs l'aurait brouillé avec Jean David de la Brosse, son oncle maternel, planteur à Saint-Domingue et propriétaire de « plusieurs centaines de nègres »[14] qui l'aurait déshérité.
Œuvres
[modifier | modifier le code]- Dissertation sur la symphytéotomie et sur l'enclavement, Bruxelles, 1822: « par René Levasseur, ci-devant médecin de l'hôpital militaire de Dijon, ancien chirurgien de l'hôpital civil et militaire du Mans, ancien professeur d'accouchement», Bruxelles, chez l'auteur, rue de Namur, n° 964, et Berthou, libraire.
- R. Levasseur a publié ses Mémoires en quatre volumes (Paris, 1829-1831): tome 1 publié par Rapilly, 1829 numérisé ; tome 2, publié par Baudouin frères, 1830, numérisé; tome 3 publié par Levavasseur, 1831 numérisé; tome 4 publié par Levavasseur, 1831, numérisé. Ils ont été partiellement réédités par Christine Peyrard en 1989 aux éditions Messidor. Karl Marx les a lus et commentés en vue d'écrire une histoire de la Convention.
- Manuel des accouchemens, manuscrit inédit conservé à la Bibliothèque municipale du Mans.
Hommages
[modifier | modifier le code]- Un boulevard du Mans porte son nom, depuis 1889.
- Une statue en bronze à son effigie avait été installée en 1911, place de la Préfecture (actuellement place Aristide Briand) au Mans[15]. Elle est fondue sous le régime de Vichy, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux[16].
- Sa tombe, surmontée d'un obélisque évoquant les symboles maçonniques, est au cimetière de l'Ouest (dit grand cimetière) au Mans[17]. Vandalisé en 1852, l'ouvrage sera reconstruit. En visite au Mans, l'écrivain allemand Ernst Jünger évoque ce monument dans son journal[18]à la date du .
- En 2015, les Archives départementales de la Sarthe ont organisé une exposition sur René Levasseur à l'occasion du 220e anniversaire de l'abolition de l'esclavage[19].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- André Bouton, Le Maine: liv. 2. XIXe siecle. L'aube des temps nouveaux dans le Maine, Impr. Monnoyer, 1974, p. 42.
- Il propose la création d'« une école pratique et gratuite pour enseigner la théorie et la pratique des accouchements principalement pour les sages-femmes de campagne ». André Bouton, Le Maine: liv. 2. XIXe siècle. L'aube des temps nouveaux dans le Maine, Impr. Monnoyer, 1974, p. 42.
- G. Pottier, « René Levasseur de la Sarthe...», Province du Maine, 1972, p. 159.
- « ... le meilleur gouvernement est le gouvernement républicain... » René Levasseur, Mémoires, Paris, Levavasseur, tome 4, p. 282.
- « Adresse de la commune de Hondschoote (Nord) qui se félicite du représentant du peuple Levasseur grâce auquel l'ennemi est chassé de leur commune, lors de la séance de la 1ère sans-culottide an II » (17 septembre 1794). Numérisé sur Persée. Dans ses Mémoires, Levasseur rappelle que ses adversaires y étaient les émigrés (tome 4, p. 281).
- « René Levasseur », Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française. –, Paris, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », , [détail des éditions] (ISBN 978-2-221-08850-0), p. 950
- René Levasseur, Mémoires, Paris, Levavasseur, tome 4, p. 279. En ligne
- Archives départementales de la Sarthe, 1 MI 1097 R3, registre paroissial de Pont-de-Gennes (1760-1779), vues 232-233, 11 février 1772, mariage Levasseur-Lafosse.
- « Cote LH/1624/88 », base Léonore, ministère français de la Culture, Archives nationales, dossier de Légion d'honneur de René Gabriel Levasseur (avec extrait de baptême)
- Voir sa notice sur le site de la BNF: https://data.bnf.fr/fr/15484219/francois-laurent_levasseur/
- G. Pottier, « René Levasseur...», La Province du Maine, 1965, p. 377.
- Gaston Pottier, « René Levasseur...», Province du Maine, 1972.
- Robert Legrand, Dix ans de conflits en Picardie: 1789-1799, Abbeville, Impr. F. Paillard, 1992, p. 79.
- Jean David de la Brosse possède une habitation à Saint-Domingue (à Jean-Rabel), mais il décède à Nantes avant le 30 mai 1785. Gustave René Esnault, Inventaire des minutes anciennes des notaires du Mans (XVIIe & XVIIIe siècles), Le Mans, Leguicheux, 1895, p. 80.
- « La statue de René Levasseur », sur www.perche-gouet.net
- « La statue de René Levasseur », sur www.ouest-france.fr
- Serge Bertin (sous la direction de), Le territoire partagé : guide des cimetières de la Sarthe, Le Mans, éditions Cénomane, , 207 p. (ISBN 978-2-916329-17-8), page 123.
- Ernst Jünger (trad. de l'allemand), Second journal parisien : journal III, 1943-1945, Paris, Christian Bourgois éditeur, , 427 p. (ISBN 2-267-01303-7), page 128
- « Exposition sur René Levasseur », sur www.archives.sarthe.com
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Christine Peyrard, Les Jacobins de l’Ouest: Sociabilité révolutionnaire et formes de politisation dans le Maine et la Basse-Normandie (1789-1799), Paris, Publications de la Sorbonne, 1996.
- François Dornic, « LEVASSEUR (René-Gabriel) », dans Jeannine Labussière, François Dornic, Roger Lauvrière et Bernard André, Grands notables du Premier Empire. 9. Loir-et-Cher - supplément, Sarthe, Maine-et-Loire, Morbihan, Louis Bergeron et Guy Chaussinand-Nogaret (dir.), Paris, Éditions du CNRS, 1983, p. 112-113.
- Gaston Pottier, « René Levasseur de la Sarthe, conventionnel (1747-1834) », Province du Maine, t. 68 (1966), fasc. 23, p. 289-299; t. 69 (1967), fasc. 25, p. 85-94, fasc. 26, p. 221, fasc. 27, p. 310, fasc. 28, p. 456, t. 70, fasc....
- Paul Delaunay, L'Obstétrique dans le Maine au XVIIIe et au XIXe siècle : les cours de sages-femmes sous l'ancien régime ; le cours départemental d'obstétrique ; la Maternité de l'hôpital du Mans ; documents inédits sur le conventionnel Levasseur, 1911.
- Léon Deschamps, « René Levasseur, le boucher de Sedan », La Révolution française, , p. 25-35.
- Dr Paul Hervé, « René Levasseur, chirurgien-accoucheur au Mans, ancien Conventionnel (1747-1834) », Archives médicales d'Angers, 1899, 40 p.
- « René Levasseur », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
- Linus Lavier, Le conventionnel René Levasseur, impr. Champion, Le Mans, 1876.
- Paul Piolin, La conjuration des Bazinistes et René Levasseur, Le Mans, 1867.
- Almire Lepelletier de la Sarthe, Histoire de la Province du Maine, Le Mans, 1861.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressource relative à la santé :
- Ressource relative à la vie publique :
- Club René Levasseur de la Sarthe