11e régiment d'infanterie (France) — Wikipédia

11e régiment d'infanterie
Image illustrative de l’article 11e régiment d'infanterie (France)
Insigne régimentaire du 11e régiment d’infanterie.

Création 1622
Dissolution 1940
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de terre
Type Régiment d’infanterie
Rôle Infanterie
Ancienne dénomination Compagnie Franches
d'Infanterie de Marine
Régiment de la Marine
Devise His fulta manebunt
Inscriptions
sur l’emblème
Castiglione 1796
Lonato 1796
Wagram 1809
Constantine 1837
Verdun 1916
Les Monts 1917
L'Ourcq 1918
Guise 1918
Anniversaire Saint-Maurice
Fête le 6 juillet (1809, Wagram).
Guerres Première Guerre mondiale
Fourragères aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 1914-1918
Décorations Croix de guerre 1914-1918 trois palmes
une étoile de vermeil
Médaille d'or de la Ville de Milan
Commandant historique Le cardinal de Richelieu a été son premier colonel.
Le cardinal Mazarin, le second.

Le 11e régiment d'infanterie (11e RI) est un régiment d'infanterie de l'Armée de terre française créé sous la Révolution à partir du régiment de la Marine, un régiment français d'Ancien Régime.

Création et différentes dénominations

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insigne de béret d'infanterie

Guerre de Trente-Ans 1635-1648 - Fronde 1649-1652 - Espagne 1653-1659 - Guerre de Dévolution 1667-1668 - Hollande 1672-1678 - Ligue d'Augsbourg 1688-1697 - Succession d'Espagne 1701-1713 - Succession d'Autriche 1740-1748 -Guerre de Sept-Ans 1756-1763 - Corse 1768-1769 - Italie 1796-1800 - Allemagne 1805 - Dalmatie 1806-1809 - Espagne 1811-1813 - Allemagne 1813 - France 1814 - Belgique 1815 - Espagne 1823 - Algérie 1835-1839 - Crimée 1854-1855 - Italie 1859 - France 1870-1871 - Tunisie 1880-1886 - Grande Guerre 1914-1918 - France 1939-1940.

Historique des garnisons, combats et bataille du 11e RI

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Ancien Régime

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11e régiment d'infanterie de ligne ci-devant La Marine (1791-1793)

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L'ordonnance du 1er janvier 1791 fait disparaître les diverses dénominations, et les corps d'infanterie ne sont désormais plus désignés que par le numéro du rang qu'ils occupaient entre eux. Ainsi, 101 régiments sont renommés. Les régiments sont toutefois largement désignés avec le terme ci-devant, comme 11e régiment d'infanterie ci-devant La Marine.
Chaque régiment n'eut plus qu'un drapeau aux couleurs rouge, blanc et bleu, ayant d'un côté cette inscription : Obéissance à la Loi et de l'autre le numéro du régiment et les noms des actions éclatantes où il s'était trouvé.

Guerres de la Révolution et de l'Empire

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Le 14 janvier 1791, il arrive à Toulon et reste dans cette ville jusqu'au commencement de la guerre.

Le 29 septembre 1792, l'armée du Midi envahit le comté de Nice[2].
Alors que le 2e bataillon est jeté dans Monaco[3], le 1er bataillon rallie l'armée du général Anselme, qui, avec une poignée de soldats, soumet en quelques jours le comté de Nice et se distingue d'une manière toute particulière, le 19 novembre, au combat de Sospello. Lorsque la rigueur de la saison força le général à mettre ses troupes en quartiers d'hiver, il entre dans Nice, où il réprime, le 9 décembre, une révolte des habitants.

C'est le 1er bataillon qui, au mois de mai 1793, alors que la Convention perdait son temps et ses forces dans les disputes qui se terminèrent par l'assassinat des Girondins, lui envoya une adresse énergique qui se terminait par ces mots : « Du pain et des armes, législateurs, et nous mourrons libres ».
Au début de 1793, le 2e bataillon du « régiment de La Marine » était en garnison Toulon, et s'y trouvait lorsque les habitants la livrèrent aux Anglais et aux Espagnols. Une partie de ce bataillon, qui n'avait pu s'échapper de Toulon au moment de cette trahison, fut, dit-on, contraint de prendre part a la défense, pendant que le reste da corps était dans l'armée assiégeante.

Après la soumission de Toulon, les deux bataillons sont envoyés à l'armée des Alpes, et, le 1er brumaire an III () les 2 bataillons sont amalgamés :
Le 1er bataillon forme le noyau de la 21e demi-brigade de première formation avec le 2e bataillon de volontaires du Var et le 1er bataillon de volontaires de la Haute-Garonne.
Le 2e bataillon forme le noyau de la 22e demi-brigade de première formation avec le bataillon de volontaires de Martigues et le 2e bataillon de volontaires de Marseille également appelé Phalange Marseillaise

11e demi-brigade de première formation (1793-1796)

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En 1793, lors du premier amalgame la réorganisation des corps d'infanterie français le 1er bataillon du 6e régiment d'infanterie (ci-devant Armagnac) qui devait former le noyau de cette demi-brigade, ayant été fait prisonnier à Condé le , la 11e demi-brigade n'a pas été formée.

11e demi-brigade de deuxième formation (1796-1803)

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Guerres de la Révolution et de l'Empire

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La 11e demi-brigade de deuxième formation est formée le 1er vendémiaire an V () par l'amalgame des :

En l'an IV (1796), la 11e demi-brigade de deuxième formation était à l'armée d'Italie, sous les ordres du général Bonaparte. Elle prend une part aux batailles de Lonato et de Castiglione, qui figurent en lettres d'or sur son drapeau, ainsi qu'au combat de Salo et à l'attaque du château de la Corona à Rivolta[4]. Elle fait également partie de l'expédition du Tyrol, prend part ensuite au blocus de Mantoue et aux sanglantes actions livrées sous les murs de cette ville.

En 1797 elle se distingue à la bataille de La Favorite.

En 1798, elle suit le général Berthier dans son expédition sur Rome, et avec le général Championnet elle entre dans Naples. La 11e demi-brigade participe durant cette période au combat de Civita-Castellana le 4 décembre 1798[5], le combat d'Otricoli, livré le 9 décembre[6], et la reprise de Rome le 15 du même mois[6].

Le 3 janvier 1799, la 11e demi-brigade se trouve au siège de Capoue[7]. Lors de la funeste bataille de la Trebbia, elle fait des efforts héroïques pour résister aux soldats victorieux du général russe Souvorov, puis elle prend part à la défense d'Ancône, sous les ordres du général Monnier, et se distingue surtout pendant la retraite de cette garnison sur la Savoie en particulier lors du combat de la Taggia le (17 floréal de l'an VIII)[8].

11e régiment d'infanterie de ligne (1803-1815)

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Guerres de la Révolution et de l'Empire

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Au commencement de l'Empire, le 11e régiment d'infanterie de ligne, constitué avec l'ancienne 11e demi- brigade, faisait partie du camp d'Utrecht, qui devint, à l'ouverture de la campagne de 1805, le 2e corps de la Grande Armée, placé sous les ordres du général Marmont. Il appartenait, avec les 18e léger et 35e de ligne, à la 1re division sous les ordres du général Boudet. Il passe le Rhin à Cassel, traverse le Main à Francfort et se dirige avec les troupes du 2e corps sur Wurtzbourg, de là sur Memmingen. Le 15 octobre, il occupe les ponts d'Unterweiler et d'Oberkirchberg, se joint au corps du maréchal Soult, qui s'avance par Memmingen et Biberach. Il complète l'investissement d'Ulm en s'emparant de la rive droite du Danube. Ulm se rend le 17 octobre.

De 1806 à 1808, le 11e RI, après un court séjour en Italie, se rend en Dalmatie avec le 2e corps pour s'opposer à l'invasion de la République de Raguse par les Russes et les Monténégrins. Le régiment s'illustra au combat du col de Delibibrich, enlevé de vive force le 30 septembre 1806 et à la bataille de Castel-Nuovo le 1er octobre suivant. Jusqu'à la fin de 1808, le régiment continua d'occuper la Dalmatie.

En 1809, les trois premiers bataillons continuent à faire partie de l'armée de Dalmatie et prennent part aux combats de Bender et de la Zermagua (27 et 28 avril), au combat de la Kita (16 mai), au combat de Gradschatz (17 mai), enfin au combat de Gospich (21 mai) tandis que le 4e bataillon, détaché à l'armée d'Italie, assiste à la bataille de Sacile (16 avril) ainsi qu'aux combats de la Piave et de Prévald. Enfin, le 5 juillet 1809, les quatre bataillons se trouvent à la bataille de Wagram. En poursuivant les ennemis après leur défaite , le 11e de ligne les rencontra à Lâa le 9 juillet, à Tyswitz le 10, et enfin, à Znaïm où il les battit complètement le 11. Le lendemain arrivaient les nouvelles de la paix, dont les préliminaires furent signés le 13 juillet.

De 1811 à 1814, les 1er et 2e bataillons du 11e RI combattirent en Espagne et s'illustrèrent par une série de faits d'armes particuliers parmi lesquels il faut citer la défense du fort de Mora, ou une garnison de 57 grenadiers et sommé de se rendre par un corps de 8 000 Espagnols, se défendit à coups de canon, et fut dégagé quatre jours après par une colonne française, ainsi que la défense du fort de Balaguer, en 1813, bloqué par une division ennemie, qui résista avec sa faible garnison pendant trente-six jours et fut délivré par le général Mathieu.

Pendant ce temps, le 4e bataillon suivait les rangs de la Grande Armée en Allemagne, où il fut rejoint en 1813 par le 3e bataillon avec lequel il prit part aux batailles de Dresde, de Leipzig et de Hanau.

En 1815, rattaché à la 19e division d'infanterie du 6e corps commandé par le comte Lobau, de l'armée du Nord le 11e régiment se trouve à la bataille de Waterloo, durant lequel le baron Aubrée est mortellement blessé, et meurt le 26 juin 1815 par suite de ses blessures.

Après la seconde abdication de l'Empereur, Louis XVIII réorganise de l'armée de manière à rompre avec l'héritage politico-militaire du Premier Empire.
A cet effet une ordonnance du licencie l'ensemble des unités militaires françaises. Au licenciement le fonds du 11e régiment passe dans la légion départementale du Gard.

  • Colonel(s) tué(s) ou blessé(s) alors qu'il(s) commandai(en)t le 11e RI pendant cette période :
    • Colonel Aubrée : blessé le et mort des suites de ses blessures reçues à la Bataille de Waterloo, le .
  • Officiers tués ou blessés en servant au 11e régiment d'infanterie sous l'Empire (1804-1815) :
    • Officiers tués : 30
    • Officiers morts, des suites de leurs blessures : 8
    • Officiers blessés : 88

Légion du Gard (1815-1820)

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Par ordonnance du , Louis XVIII crée les légions départementales. La Légion du Gard, qui deviendra le 11e régiment d'infanterie de ligne en 1820, est créée avec le fonds du 14e régiment d'infanterie de l'Empire et des volontaires de la Côte-d'Or.

1820 à 1848

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Grenadier du 11e de ligne en 1844.

Le régiment fut constitué à trois bataillons de huit compagnies, dont une de grenadiers, une de voltigeurs et six compagnies de fusiliers.
La tenue de l'infanterie de ligne était ainsi déterminée dans l'ordonnance royale du 23 octobre 1820 : habit bleu de roi boutonnant droit sur la poitrine, passepoil écarlate le long des devants, collet écarlate avec passepoil bleu de roi, parements bleu de roi, retroussis bleu de roi, boutons jaunes avec le numéro du régiment, pantalon large et tombant, en drap bleu de roi avec passepoil écarlate (ce ne fut que le 26 juillet 1829 que l'infanterie prit le pantalon garance), shako de feutre noir avec plaque de cuivre jaune aux armes de France portant le numéro du régiment, équipement en buffle blanchi.

De 1820 à 1821, le régiment tient garnison à Paris.
Dans le courant de l'année 1821, le 11e|RI est envoyé au Havre et Dieppe qu'il quitte en septembre 1822 pour aller à Valence.

La guerre ayant été déclarée aux Cortès espagnols, au mois d'avril 1823, le 11e de ligne est appelé à prendre part à cette campagne et entre dans la composition du 2e corps, commandé par le maréchal Molitor, 3e division (lieutenant général de Loverdo), 2e brigade (maréchal de camp Corsin).
Le 9 avril, le 11e RI passe la Bidassoa et entre, le 27 du même mois, à Saragosse, qui ouvre ses portes sans combat aux troupes du 2e corps.
Le 13 juillet, il assiste en réserve à la prise d'assaut du château de Lorca. Le 28 juillet, il prend une part brillante au combat de Campillo de Arenas. Le généralissime duc d'Angoulême, ainsi que le commandant du 2e corps, le comte Molitor, citèrent dans le 11e de ligne, comme s'étant particulièrement distingués dans cette affaire.
Le 4 septembre suivant, à la prise de Malaga, le 11e régiment fit mettre bas les armes à l'arrière-garde du général constitutionnel Riego, qui comprenait 600 fantassins, un régiment de dragons, un de chasseurs à cheval et deux pièces de canon.
En novembre, cette courte campagne, qui ne fut en réalité qu'une brillante promenade militaire, car l'armée française avait pour elle plus des deux tiers de la population, était terminée. Un corps d'occupation était laissé en Espagne pour assurer pendant quelques années l'autorité de Ferdinand VII, dont le trône ébranlé avait été la cause directe de l'intervention armée de la France.
Le 11e de ligne, après avoir cantonné successivement à Valence et à Saragosse, repasse la Bidassoa le 5 janvier 1824 et va former, avec les 1er, 12e, 24e, 52e, 55e de ligne, et le 4e léger, une division de réserve, dite de Bayonne. Il cantonne à Orthez jusqu'au mois de mai 1824. A cette époque, des mouvements insurrectionnels ayant éclaté dans la péninsule, le 11e de ligne est de nouveau désigné pour faire partie d'une brigade d'occupation qui devait occuper l'Aragon.
Le 9 mai il franchit la Bidassoa et va tenir garnison à Saragosse le 21 du même mois. Il séjourna dans cette place près d'une année et, le 14 avril 1825, il rentrait définitivement en France par Saint-Jean-de-Luz.

A sa rentrée en France, il est dirigé sur Verdun, qu'il quitte au commencement de 1827 pour se rendre en garnison à Amiens et à Abbeville. Au mois de juin, il va au camp d'instruction de Saint-Omer, où il se distingue par sa précision dans les manoeuvres, sa belle tenue et son excellente discipline. Il quitte Amiens et Abbeville en septembre 1828 et va occuper :

A la fin de 1829, tout le 11e se rend par étapes à Brest, et c'est dans cette ville qu'il apprend, en juillet 1830, le renversement des Bourbons de la branche aînée du trône de France, et l'avènement de Louis-Philippe Ier.

Une ordonnance du créé le 4e bataillon et porte le régiment, complet, à 3 000 hommes[9].
A la fin d'octobre 1830, le 11e quitte Brest et revient à Soissons, où il ne reste qu'une année. Il appartient alors à la division de réserve commandée par le vicomte Schram de l'armée du Nord.

En mars 1831, de nouveaux drapeaux sont distribués à l'armée, ils succèdent aux blancs étendards fleurdelisés de la Restauration, et portent les trois couleurs surmontées du coq gaulois. Ils ne mentionnent dans leurs plis soyeux aucune campagne, mais d'un côté « Le roi des Français au 11e régiment de ligne » , et de l'autre la devise de la Légion d'honneur : « Honneur et Patrie ».
En septembre 1831, il est envoyé au Puy.

En mai 1833, le régiment va tenir garnison à Lyon, qu'il quitte pour faire partie, en septembre, de la division active des Pyrénées occidentales avec cantonnements divers dans le département des Basses-Pyrénées. Le 3e bataillon est à Montpellier et le dépôt reste au Puy.

Le 20 mars 1835, il abandonne ses cantonnements de la frontière pyrénéenne et va tenir garnison à Toulouse, où il reçoit, au mois d'octobre suivant, son ordre d'embarquement pour l'Algérie.
Le 11e régiment de ligne, s'embarque à Port-Vendres les 24 et 25 octobre 1835 pour l'Algérie. Il est fort de 56 officiers et 2 300 hommes de troupe et constitué à trois bataillons de six compagnies, le dépôt reste à Toulouse. Débarqué à Alger les 29 et 30 du même mois, le 11e de ligne est aussitôt dirigé sur la province d'Oran, où il prend part, à peine arrivé, sous les ordres du général d'Arlange, à la reconnaissance dirigée du camp du Figuier sur la forêt de Muley-Ismaël, centre important des dissidents arabes.
Le 21 novembre, il fait partie du petit corps d'armée que rassemble le maréchal Clausel, gouverneur général, pour l'expédition de Mascara. Le 11e de ligne fait partie de la 3e brigade, commandé par le général d'Arlange, avec le 1er bataillon d'Afrique. L'armée, forte de 11 000 hommes, quitta Oran le 25 novembre. Elle devait se porter sur Mascara, capitale de l'émir Abd-el-Kader, en chasser ses partisans et y proclamer un bey vassal de la France. Le 1er décembre, l'armée arriva au pied des montagnes de l'Atlas, qui bordent le Sig, et rencontra la cavalerie de l'émir. Une lutte ardente s'engagea alors et l'ennemi repoussé abandonna son camp. La journée du 3 fut plus vive encore, l'armée, ayant traversé l'oued Sig sur des ponts de chevalets, s'élança au pas de course vers le bois de l'Habrah, occupé par l'ennemi et engagea une brillante action à la baïonnette, dans laquelle le 11e RI, bien que nouveau venu en Algérie, se distingua par son intrépidité. Le maréchal Clauzel, ayant repoussé les bandes d'Abdel-Kader, fit exécuter un changement de direction à droite et se porta vers les montagnes. Ce mouvement soutenu par l'artillerie éloigna la cavalerie arabe qui harcelait les flancs et permit à la colonne expéditionnaire de continuer paisiblement sa route. Cependant, à la hauteur des quatre marabouts de Sidi Embarek, ayant rencontré un profond ravin, qui traverse l'étroite vallée où elle devait s'engager, la colonne fut accueillie par un feu très vif de mousqueterie, accompagné d'horribles clameurs. C'était l'infanterie de l'émir qui, embusquée sur les bords de ce ravin, prenait l'offensive. Quelques pièces de canon placées sur un mamelon appuyaient à droite cette attaque, tandis que sur notre flanc gauche un feu bien nourri et assez meurtrier nous assaillait. La position redoutable des Arabes n'arrêta pas nos soldats qui s'élancèrent à la baïonnette et couronnèrent les hauteurs, débusquant de toutes parts l'ennemi. Le lendemain de cette brillante affaire, les quatre brigades du corps expéditionnaire passèrent l'Habrah et prirent leurs bivouacs à Aïn Kebira, sans avoir été inquiétées. Le 5 décembre, elles arrivaient à Mascara, abandonné par Abd-el-Kader. Après un séjour de quelques jours, le maréchal Clausel ordonna la retraite, et le 12 le corps expéditionnaire rentrait à Mostaganem. Dans cette courte expédition, le 11e de ligne avait fait preuve d'une solide fermeté et d'un superbe entrain , qui lui valurent les félicitations du duc d'Orléans et du maréchal Clausel : « Le 11e de ligne soutient le choc avec sang froid et la fermeté des vieilles troupes ».

Du 8 janvier au 12 février 1836, le régiment prend part à l'expédition de Tlemcen sous les ordres du gouverneur général, Bertrand Clauzel. Chargé de protéger le convoi au passage du gué situé au confluent de l'Isser et de la Tafna, pendant que le maréchal Clausel poussait une pointe vers Raschgoul, il fut vigoureusement attaqué le 26 janvier par 2 000 cavaliers et 600 fantassins arabes. Une section de 16 grenadiers de la compagnie de grenadiers du 2e bataillon attendit à bout portant le feu des Kabyles, et, quoique cette décharge lui eût tué quatre hommes, elle n'en resta pas moins à son poste en repoussant l'ennemi à la baïonnette.
Du 22 au 25 février, le régiment fit partie, sous les ordres du général Perregaux, de l'expédition dirigée contre les Gharabas[10], qui avaient attaqué nos tribus alliées. Nos troupes tombèrent sur l'ennemi et, après leur avoir fait subir une razzia désastreuse, elles se portèrent sur Habrah et dans la vallée du Chéliff, où elles recueillirent de nombreuses soumissions arrachées, plutôt à la terreur qu'à la propre inspiration des remuantes populations de cette vallée. Le 11e fit de nouveau preuve, dans cette expédition, de ses qualités de bravoure et d'entrain. Il se fit notamment remarquer dans le combat du 28 mars où il débusqua les Kabyles de toutes les positions qu'ils avaient prises pour arrêter la marche de la colonne.
Le 5 avril 1836 , le 11e de ligne s'embarque à Mers el-Kébir pour Alger, où il est immédiatement employé à la construction des routes, des établissements divers et des retranchements constitués dans la plaine de la Metidja pour la mettre à l'abri des incursions des tribus guerrières de l'Atlas.
Le 8 mai, douze compagnies du régiment, deux escadrons de spahis et quatre pièces de montagne, partit du camp de Boufarik pour marcher à la rencontre de Sidi Embarek, bey de Miliana qui avait envahi la Mitidja à la tête de nombreux contingents. Il aborda vigoureusement l'ennemi au combat de Méred et le rejeta dans l'Atlas, après lui avoir fait éprouver des pertes sérieuses.
Du 9 au 12 novembre de la même année, le 11e RI prit part à une nouvelle expédition dirigée contre le même Sidi-Embarek et s'avança, tout en refoulant devant lui les bandes ennemies, jusqu'à Blida, en suivant les crêtes du Petit-Atlas.

Abd-el-Kader venait de se rendre à Médéa où sa présence soulevait une ardente effervescence dans toutes les tribus de l'Atlas et de la Mitidja. La ville de Blida venait même de se déclarer ouvertement pour lui. L'insurrection gagnait, et le remuant émir n'avait qu'un signal à donner pour mettre en feu toute la Mitidja et venir planter ses drapeaux sous les remparts d'Alger. Le nouveau gouverneur général, Charles Marie Denys de Damrémont (ancien colonel du 11e de ligne), comprit la gravité de cette situation et, pour contenir les Arabes par l'effet moral d'un acte d'autorité, il se porta, le 28 avril 1837, devant Blida. Le 11e faisait partie de cette nouvelle expédition. Dès le matin, nos troupes couronnaient les hauteurs qui dominent Blida et paralysaient les résistances des montagnards. Cette prompte démonstration ramenait immédiatement le calme dans la Mitidja, et les bandes d'Ab-el-Kader se repliaient poursuivies par nos troupes jusque sous les murs de Miliana.
Le 5 avril 1837, le 1er bataillon du régiment fort de 18 officiers et 475 hommes de troupe, était parti d'Alger pour la province de Bône, où il allait contribuer à préparer par de longs et pénibles travaux la deuxième expédition de Constantine. Il fut employé d'une manière très active à la mise en état de défense des camps de Dréham, de Neschmeya et de Haman-Berda, ainsi qu'à la construction des casernes et des magasins de Guelma. Il ouvrit et répara les routes destinées à relier entre eux ces différents postes.
Pendant ces travaux, les soldats du 11e RI furent souvent obligés de quitter la pioche pour pendre le fusil. Le 24 mai, deux compagnies du régiment, détachées à Guelma, délogèrent avec la plus grande vigueur l'ennemi d'une forte position[11]. Le 26 juin, la garnison de Guelma, forte de 700 hommes environ, se porta à la rencontre de 5 000 cavaliers arabes qui s'avançaient sur le camp pour l'enlever ou le bloquer. Les Arabes, vigoureusement attaqués par nos soldats, s'enfuirent en désordre, laissant un grand nombre des leurs sur le champ de bataille.
Le 1er bataillon du 11e de ligne est désigné pour faire partie de la seconde expédition de Constantine[12]. Il se concentre à cet effet à Aïn Berda, où, le 1er octobre 1837, se trouvait réuni tout le corps expéditionnaire. Celui-ci se composait de quatre brigades d'infanterie appuyées par une artillerie respectable et un matériel de siège comprenant dix-sept pièces de différents calibres. Le gouverneur général, Damrémont dirigeait l'expédition dont Louis d'Orléans duc de Nemours, fils cadet du roi Louis-Philippe, commandait une des brigades. Le bataillon du 11e de ligne constituait, avec le 23e de ligne, le bataillon turc, le 3e bataillon d'Afrique et deux pièces de campagne, la 2e brigade de la petite armée française. Cette brigade était placée sous les ordres du général Trézel. L'armée bivouaqua le 2 octobre à Ras El Agba, le 3 à Sidi-Tamtam, le 4 à Méris, le 5 à Bou-Merson et, le 6 elle gravissait les hauteurs de Mansourah qui dominent Constantine. Les pièces de siège, bien que le sol fût profondément détrempé par les pluies diluviennes qui tombaient depuis quelques jours, furent aussitôt hissées sur les positions d'où elles devaient battre en brèche les remparts de Constantine.





Second Empire

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Guerre franco-allemande de 1870

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Au , le 11e régiment d'infanterie de ligne fait partie de l'armée du Rhin.

Avec le 4e bataillon de chasseurs du commandant Foncegrives et le 46e régiment d'infanterie du colonel Pichon, le 11e forme la 1re brigade aux ordres du général Grenier (puis Saurin). Cette 1re brigade avec la 2e brigade du général baron Nicolas-Nicolas, deux batteries de 4 et une de mitrailleuses, une compagnie du génie constituent la 1re division d'infanterie commandée par le général de division Goze. Cette division d'infanterie évolue au sein du 5e corps d’armée ayant pour commandant en chef le général de division de Failly.

Le 17 novembre 1870 eut lieu, le combat de Torçay ou fut engagé une compagnie de marche du 11e RI qui composait le 36e régiment de marche.

Le , les 8e compagnies des 2e et 3e bataillons du « 11e régiment d'infanterie de ligne » qui composaient le 29e régiment de marche furent engagés dans les combats de Chilleurs, Ladon, Boiscommun, Neuville-aux-Bois et Maizières dans le Loiret.
Le , la compagnie de marche du 11e RI qui composait le 36e régiment de marche est engagé dans l'affaire du Gué-du-Loir.

De 1871 à 1914

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Sous la Troisième République, le régiment stationne en Algérie et en Tunisie entre 1880 et 1886.

Soldats du 11e RI vers 1910

Affectation : 33e DI d' à .

« Le 11e RI français résiste jusqu'au dernier souffle. » Colonel allemand Martin, 1914.

« Régiment superbe d'élan et d'audace, aussi ardent à l'attaque qu'endurant et tenace dans la défense. » Général Anthoine, 1917.

Entre-deux-guerres

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Il est dissous le [14].

Seconde Guerre mondiale

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Le 11e RI est formé le  ; il est sous les ordres du lieutenant-colonel Pamponneau puis commandant Nicolaï le , il appartient à la 35e division d'infanterie. Régiment d'infanterie type Nord-Est de réserve A, il est mis sur pied par le centre mobilisateur d'infanterie no 171 de Toulouse. Parti aux armées le , arrivée aux armées le , du au en position de soutien sur la ligne maginot plateau de Rorhbach, du 1er novembre au en ligne secteur N de Bitche, du 9 au combats d'avant-postes au N de Bitche, du au en 2e position secteur de Vissembourg, du au combat défensif sur la ligne canal des ardennes bois de Sy (ardennes), combat retardateur de Boult du Bois germont, du 13 au combat retardateur de Sainte Menehould les Islettes, combat de Triaucourt, combat de Rosnes, Villotte, Gimecourt, Beaufremont, du 16 au combats partiels dans la région de Veaucouleurs, capture au bois du Feys près de Germiny le (source chef de bataillon Soumet ex chef de l'EM du 11e RI)

Fourragère aux couleurs de la Croix de guerre 1914-1918
Fourragère aux couleurs de la Croix de guerre 1914-1918

Il porte, cousues en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions suivantes[15] :

Drapeau du 11e régiment d'infanterie de ligne

Décorations

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Sa cravate est décoré de la Croix de guerre 1914-1918 avec 3 citations à l'ordre de l'armée (3 palmes), puis une citation à l'ordre du corps d'armée (étoile de vermeil) . La Médaille d'or de la Ville de Milan . Il a le droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 1914-1918.

His fulta manebunt

(Nous resterons dans la lumière)

" Marchons gaîment, marchons la b…en avant."

Personnalités

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Sources et bibliographie

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Notes et références

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Références

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  1. Etienne Félix Eugène Appert sur Mémoire des Hommes
  2. 1793, MONACO EN REVOLUTION
  3. 1793, MONACO EN REVOLUTION.
  4. Charles Echard : Masséna attaque le château de la Corona à Rivolta, août 1796
  5. Abel Hugo France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1837. Tome 2, page 227 et suivantes
  6. a et b Abel Hugo France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1837. Tome 2, page 228
  7. Abel Hugo France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1837. Tome 2, page 230
  8. Abel Hugo France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1837. Tome 2, page 29-30
  9. Histoire de l'infanterie en France de Victor Louis Jean François Belhomme Vol 5 page 151
  10. Les Femmes arabes en Algérie/Les Beni-Gharabas
  11. Le système colonial à Guelma dans la durée
  12. Ernest Mercier :Les deux sièges de Constantine (1836-1837)
  13. Opération du 13e corps et de la 3e armée durant le Siège de Paris (1870) par le général Vinoy, pages 7 et 15
  14. Auguste Édouard Hirschauer, « Annexe 2 : Notice Historique », dans Rapport fait au nom de la Commission de l'armée, chargée d'examiner le projet de loi adopté par la chambre des députés, relatif à la constitution des cadres et effectifs de l'armée, Impressions du Sénat (no 263), (lire en ligne), p. 196-197.
  15. Décision no 12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, no 27, 9 novembre 2007

Articles connexes

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