Bataille d'Argentré (1799) — Wikipédia

Bataille d'Argentré

Informations générales
Date
Lieu Argentré-du-Plessis
Issue Victoire des chouans
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
• Capitaine Beaumier • François-Gaspard de La Nougarède
Forces en présence
280 hommes[1] 1 000 hommes[2]
Pertes
42 morts[1]
8 prisonniers au moins[1]
Inconnues

Chouannerie

Batailles


Coordonnées 48° 03′ 26″ nord, 1° 09′ 14″ ouest
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Bataille d'Argentré
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Bataille d'Argentré
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Bataille d'Argentré

La bataille d'Argentré a lieu le , lors de la Chouannerie. Elle s'achève par la victoire des chouans qui s'emparent d'une diligence et repoussent plusieurs colonnes républicaines.

À l'été 1799, les chouans de la région de Vitré sont parmi les premiers à reprendre les armes en Bretagne, après trois années de paix[3]. La division de Vitré est reformée et passe sous le commandement de François-Gaspard de La Nougarède, dit Achille le Brun, lui-même secondé par Joseph Picot de Limoëlan et Louis Hubert[3].

Les 3 et 4 août 1799, deux attaques de diligences sont commises près de Vitré, sur la route entre Rennes et Paris[1]. Lors de la première attaque, un soldat républicain est tué et le reste de l'escorte se rend[1]. Les prisonniers sont ensuite conduits par les chouans dans la forêt du Pertre, où ils sont désarmés, déshabillés et ont les cheveux coupés[1]. Ils sont relâchés sur parole le lendemain et renvoyés sous la conduite d'un guide qui reçoit deux billets signés par Achille le Brun[1],[Note 1]. Le premier billet est un sauf-conduit ordonnant aux chouans « de ne point inquiéter ces militaires, renvoyés sur leur parole de ne se porter à aucune horreur sur les habitants des campagnes, au cas qu'ils fussent obligés de revenir »[1]. Le second est une notification aux autorités militaires et civiles que « les preuves de clémence et de générosité », ainsi données, « ne finiront qu'au cas où ces autorités continueraient à tyranniser les habitants des campagnes et à faire des horreurs »[1].

Déroulement

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Le 4 août, une deuxième diligence est attaquée[1] par plus d'un millier de chouans[2]. D'après le rapport du général Schilt[Note 2], commandant de la 13e division militaire, basée à Rennes, les 125 hommes de l'escorte font une décharge, mais entourés de toutes parts, ils prennent rapidement la fuite[1]. Les chouans font huit prisonniers, puis font descendre les voyageurs pour fouiller la voiture[1]. Mais d'après Schilt, « n'ayant point trouvé de fonds à la République, les chefs ont forcé leurs subordonnés à rendre l’argent qu'ils avaient pris à trois voyageurs, auxquels ils ont laissé la faculté de continuer leur route »[1].

Informée de l'attaque, la ville de Vitré fait aussitôt sortir une troupe de 130 hommes divisée en deux colonnes, et constituée en partie de soldats de la 24e demi-brigade légère, qui font mouvement sur la forêt du Pertre[1]. Une des colonnes, commandée par le capitaine Beaumier, rencontre les chouans à Argentré-du-Plessis, au sud-est de Vitré[1]. D'après le récit d'un officier de la colonne[Note 3], les royalistes font quelques décharges en étant embusqués en avant du bourg, puis ils se replient à l'intérieur[1]. Les républicains tentent d'emporter le bourg, mais ils sont repoussés par les chouans, barricadés dans les maisons, qui fournissent un feu vif et meurtrier[1]. Ils décident donc de se replier, mais leur retraite est coupée par un détachement de chouans qui les prend à revers à l'arrière du village[1]. Le capitaine Beaumier rassemble alors sa troupe et fait sa retraite sur le bourg d'Étrelles, à l'ouest d'Argentré, où le combat s'engage de nouveau[1].

Une autre colonne de 150 hommes, formée en partie par l'escorte de la diligence, se porte à son tour à la rencontre des chouans, mais est elle est également repoussée[1]. Les combats s'interrompent ensuite et les chouans se dispersent[1].

Les notes de l'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand font aussi mention d'un combat livré par la division de La Nougarède à Argentré le 4 août 1799, mais celui-ci ne donne pas davantage de détails dans ses mémoires[3]. Il indique cependant que la division se fit, au cours de cette période, « une belle réputation »[3].

D'après le rapport du général Schilt, les pertes républicaines sont de 42 tués, dont un capitaine et un lieutenant[1]. Le capitaine Beaumier est quant à lui blessé[Note 4]. Le rapport d'un officier républicain fait également mention de « trois officiers tués, huit sous-officiers et autant de soldats » pour la colonne de Beaumier[1]. Celui-ci affirme également que deux chasseurs faits prisonniers par les chouans sont fusillés deux heures après le combat[1].

Notes et références

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  1. « Au moment où j'allais clore une lettre, le général Roulland m'écrit que, dans les environs de Vitré, l'escorte de la malle a été attaquée par les brigands, qui en ont fait toute l'infanterie prisonnière, à l'exception d'un homme qui a été tué ; ces malheureux militaires ont été conduits à une lieue et demie de la grande route dans la forêt de Pertre, d'où, après les avoir désarmés, déshabillés et leur avoir coupé les cheveux, on les a renvoyés sous la conduite d'un guide. »

    — Lettre de Baymé, commissaire général près l'administration d'Ille-et-Vilaine, adressée au ministre de la guerre, le 4 août 1799.

  2. « La diligence venant de Paris à Rennes, escortée par un détachement de 125 hommes, a été attaquée sur la même route, par la même bande de brigands qui a sommé l’escorte de se rendre. Celle-ci lui a répondu par une décharge mais elle a été bientôt entourée de toutes parts ; les uns ont pris la fuite et les autres, au nombre de 8, ont été faits prisonniers. Les Chouans, après avoir fait descendre les voyageurs, ont fouillé la voiture et, n’y ayant point trouvé de fonds à la République, les chefs ont forcé leurs subordonnés à rendre l’argent qu’ils avaient pris à trois voyageurs, auxquels ils ont laissé la faculté de continuer leur route…

    Cet événement ayant été connu à Vitré, un détachement de troupe, fort de 130 hommes, s’est porté en deux colonnes vers la forêt du Pertre. L’une d’elles a rencontré les brigands sur la commune d’Argentré. Le combat s’est engagé avec ardeur ; 42 républicains ont été tués, au nombre desquels un capitaine et un lieutenant… Une autre colonne de 150 hommes, qui à l’arrivée des débris de la première, marcha sur Vitré, fut aussi repoussée ; de sorte que nous avons été complètement malheureux[1]. »

    — Jean Jacques Schilt

  3. « Les brigands, prévenus de toutes parts, s’étaient embusqués en avant d’Argentré, d’où, après quelques décharges, ils s’étaient repliés sur le bourg. Barricadés dans les maisons, ils ont fourni un feu si vif et si meurtrier qu’il n’a pas été au pouvoir de notre détachement de les déloger. Cependant une portion des brigands s’est portée en arrière du village pour couper la route à notre détachement. Alors, le capitaine Beaumier, qui commandait l’expédition, a rassemblé sa troupe et s’est mis en mesure de repousser les brigands et faire sa retraite sur Etrelles, par la route de la Guerche. Le combat s’est engagé de nouveau et, si les brigands ont eu quelques succès en cette occasion, ils le doivent au grand nombre dont était composé leur rassemblement, à la mort de trois officiers de la 24e légère et au défaut de cartouches de notre détachement. En sorte que, les autres colonnes républicaines n’ayant pu se réunir assez tôt pour se porter sur le lieu du combat, les brigands se sont dispersés, selon leur usage, et ont évité de se compromettre de nouveau. Nous avons à regretter 3 officiers tués, 8 sous-officiers et autant de soldats… Plusieurs chasseurs sont rentrés. Ils ont été témoins de la conduite contre-révolutionnaire qu’a tenue l’administration municipale d’Argentré ; on y a souffert que deux chasseurs faits prisonniers aient été fusillés par les brigands deux heures après l’affaire[1]. »

    — Rapport d'un officier républicain de la première colonne

  4. Dans un rapport adressé le 13 août au Directoire, le général Bernadotte écrit que « blessé la main gauche et renversé d'un coup de pierre à la tempe, cet officier allait tomber au pouvoir des Chouans, lorsqu'un chasseur à cheval lui facilita les moyens de se relever et detendre mort à ses pieds un chef de Chouans qui allait l'égorger »[1].

Références

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  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z et aa Chassin, t. III, 1899, p. 334-335.
  2. a et b Patu-Deschautschamps 1840, p. 571.
  3. a b c et d Pontbriand 1897, p. 405-406.

Bibliographie

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  • Charles-Louis Chassin, Les pacifications de l'Ouest 1794-1801-1815 : Du dix-huit fructidor au Concordat et à l'invasion, t. III, Paris, Paul Dupont, , 803 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • F. L. Patu-Deschautschamps, Dix années de guerre intestine : présentant le tableau et l'examen raisonné des opérations des armées royalistes et républicaines dans les départements de l'ouest, depuis le mois de mars, 1793 jusqu'au Ier août 1802, Gaultier-Laguionie, , 635 p. (lire en ligne)
  • Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 629 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article