Combat de Saint-Michel-et-Chanveaux (1796) — Wikipédia
Date | |
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Lieu | Saint-Michel-et-Chanveaux |
Issue | Victoire des républicains |
République française | Chouans |
• François-Guillaume d'Halancourt | • Louis d'Andigné • Mathurin Ménard |
1 500 hommes[1] | 500 hommes[1] |
6 morts[2] 10 blessés[2] | 6 morts[1] |
Coordonnées | 47° 40′ 52″ nord, 1° 07′ 45″ ouest | |
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Le deuxième combat de Saint-Michel-et-Chanveaux a lieu le lors de la Chouannerie.
Prélude
[modifier | modifier le code]Le , le bataillon des chasseurs belges de Cassel tombe dans une embuscade des chouans à la Croix-Couverte, près du Tremblay, où ils laissent au moins une quarantaine de morts[2],[1].
Après leur victoire, les chouans, commandés par Louis d'Andigné, se retirent à Saint-Michel-et-Chanveaux, un petit bourg situé à proximité de plusieurs bois et forêts[1]. Dès le lendemain du combat de la Croix-Couverte, l'adjudant-général François-Guillaume d'Halancourt, commandant à Segré, décide de lancer une contre-attaque et se porte à la rencontre des chouans[2],[1],[3].
Forces en présence
[modifier | modifier le code]Côté républicain, l'adjudant-général François-Guillaume d'Halancourt passe à l'offensive avec la demi-brigade de l'Allier et les rescapés du bataillon des chasseurs de Cassel[2]. D'après Louis d'Andigné, les républicains rassemblent ainsi 1 500 hommes[1].
D'Halancourt évalue le nombre des chouans à 3 000[3], cependant Louis d'Andigné indique dans ses mémoires qu'il a renvoyé plusieurs compagnies après le combat de la Croix-Couverte et qu'il ne commande plus que 500 hommes lors de cette affaire[1],[3].
Déroulement
[modifier | modifier le code]D'après le récit laissé par Louis d'Andigné dans ses mémoires[Note 1], les chasseurs de Davoisne engagent les premiers le combat avec les républicains et font plier leur avant-garde[1]. Selon le rapport de d'Halancourt[Note 2], les chasseurs de Cassel et les chasseurs de la demi-brigade de l'Allier attaquent à la baïonnette les positions tenues par les chouans[2].
D'après d'Andigné, les deux camps se retrouvent séparés par un ruisseau assez profond qui ne peut être franchi que par une simple planche[1]. Cependant son guide le dirige sur la gauche de ce passage, ce qui permet aux républicains de le franchir et de le déborder sur sa droite[1]. Les chouans et les républicains s'affrontent alors à très courte distance, certains même au corps à corps[1]. D'Andigné tente de s'aventurer dans un chemin creux, mais il fait aussitôt volte-face en constatant que celui-ci est bordé par un grand nombre d'ennemis[1].
Les chouans reculent et finissent par prendre tous la fuite[1]. Selon d'Halancourt, les chouans se battent avec « acharnement », mais ils sont mis en déroute[2]. Les républicains hésitent et lorsqu'ils se décident à lancer la poursuite, leurs adversaires sont hors de portée[1]. D'Andigné se retrouve seul avec un de ses officiers nommé Budan et rejoint une partie de ses hommes près du château de Saint-Michel[1].
Pertes
[modifier | modifier le code]D'après l'adjudant-général d'Halancourt, six chasseurs et volontaires sont tués, dont un sergent, et dix sont blessés, tandis que le nombre des chouans tués est évalué à soixante[2],[3].
Louis d'Andigné fait quant à lui mention de la perte de six hommes du côté des chouans, contre trente chez les républicains[1].
Les deux auteurs évoquent également la mort de Bodard, commissaire civil royaliste et ancien procureur du roi à Angers[2],[1].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]« Dès le lendemain, les républicains voulurent avoir leur revanche le général d'Halencourt, qui commandait à Segré, vint nous chercher avec 1,500 hommes. Nous nous étions retirés à Chauveaux, petit bourg situé proche de plusieurs forêts, position qui nous rendait facile d'éviter l'attaque de l'ennemi. Mais nous étions enivrés de notre succès de la veille et ne voulions pas reculer. Nos compagnies étaient congédiées en partie, nous n'étions que cinq cents. Néanmoins, sans calculer le nombre, nous marchâmes au-devant du général d'Halencourt. Les chasseurs de Davoisne attaquèrent les premiers avec impétuosité, et firent d'abord plier l'avant-garde ennemie. Les républicains, pour venir à nous, devaient traverser un ruisseau assez profond qu'il leur fallait passer un à un sur une planche. Mon guide, par malheur, nous dirigea sur la gauche de ce passage, et notre droite fut bientôt débordée par les nouveaux arrivants. Nous fûmes un moment tellement près les uns des autres, que plusieurs de nos hommes se battaient corps à corps avec les républicains on dut même tuer un de ces derniers sur un des nôtres qu'il avait terrassé. Un chemin creux se trouvait devant moi; je crus pouvoir y pénétrer. Mais il était bordé d'un grand nombre d'ennemis, dont je n'étais séparé que par une haie. Il me fallut reculer; ce fut le signal de la retraite. Tous ceux de nos gens qui étaient de mon côté, me voyant revenir sur mes pas, décampèrent au plus vite dans un instant, tous furent hors de vue. Je restai seul avec M. Budan, brave officier, qui nous avait rejoints depuis peu. Nous traversâmes ensuite une prairie marécageuse qui touche le château de Saint-Michel. Quelques-uns des nôtres, à l'autre extrémité, nous prirent d'abord pour des ennemis et firent feu sur nous; ils nous attendirent, lorsqu'ils nous eurent reconnus. Les républicains paraissaient abasourdis de la vivacité de notre attaque car ils demeurèrent dans la position où elle avait eu lieu, et ils ne songèrent à nous poursuivre que lorsqu'ils ne pouvaient plus nous atteindre.
Cette journée nous coûta six hommes, parmi lesquels, M. Bodard, ancien procureur du roi à Angers, homme d'un grand mérite. Il avait la vue basse, ce qui rendait ce genre de guerre plus dangereux pour lui que pour un autre. Il fut blessé au talon vers la fin de l'action, sans que personne s'en fût aperçu, en sorte qu'il resta absolument seul. Deux républicains le suivaient de près; pour se soustraire à leurs recherches, il alla se cacher dans le grenier à foin d'une ferme; les traces de son sang le décelèrent, il y fut trouvé et massacré. Les républicains quoique victorieux, perdirent trente hommes dans cette affaire[1]. »
— Mémoires de Louis d'Andigné.
« Le lendemain 6, l'adjudant-général d'Halancourt s'est mis à la poursuite des chouans, et les a rencontrés précisément dans l'endroit où ils avoient assailli les chasseurs belges.
Les chasseurs de la demi-brigade de l'Allier et ceux de Cassel se jetèrent à corps perdu dans leurs embuscades, et parvinrent à les débusquer avec leurs bayonnettes, et à les mettre en pleine déroute, malgré l'acharnement avec lequel ils se battirent.
Soixante de ces brigands ont péri dans cette rencontre. Bodard, un de leurs commissaires civils est du nombre. Nous avons à regretter trois chasseurs de Cassel, dont un sergent, trois volontaires de la demi-brigade de l'Allier; nous en avons eu dix blessés[2]. »
— Correspondance de l'adjudant-général François-Guillaume d'Halancourt, rédigé à Segré le 9 germinal an IV ().
Références
[modifier | modifier le code]- Andigné, t. I, 1901, p. 325-326.
- Les Annales de la République française, t. IV, 1799, p. 82.
- Queruau-Lamerie 1913, p. 297.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Louis d'Andigné, Mémoires du général d'Andigné publiés avec introduction et notes par Ed. Biré, t. I, Paris, Plon, , 467 p. (lire en ligne). .
- Les Annales de la République française, t. IV, Paris, J. Ch. Laveaux et Compagnie, Imprimeurs-Libraires, , 426 p. (lire en ligne). .
- Émile Queruau-Lamerie, « Les Chouans de la Basse-Mayenne (suite) », dans Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, t. XXIX, Laval, Imprimerie-Librairie V. A. Goupil, , 536 p. (lire en ligne). .